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[J'espère que ça te plaira, Miss Tuning :P !]
La rue semblait calme, et paisible. Il s'agissait d'une nuit comme les autres, où chacun était rentré chez soi. Les lampadaires éclairaient de manière très contrastée la route ténébreuse. Les enseignes et devantures des magasins étaient éteintes, comme endormies, et un silence de mort s'imposait sur l'avenue. Mais au loin, une sorte de grondement commença à se faire sentir. Dans un vrombissement assourdissant, les voitures tranchèrent le bitume surchauffé par des pneus qui crissaient dans un vacarme abominable. Quatre bolides développant des centaines de chevaux stéroïdés fonçaient à toute blinde, fracassant la paisible tranquillité des riverains. A l'arrière du peloton, une Honda 2000 gris métallisé affrontait avec hargne une Dodge Viper GTS d'un rouge sanguin, qui slalomait sur une ligne invisible, marquant sa trajectoire comme avec un fer rouge, se déportant tantôt à gauche, tantôt à droite, afin d'empêcher le concurrent de queue de la dépasser. Une trentaine de mètres plus en avant, une Mitsubishi Eclipse Spyder décapotables et aux chromes apparents cherchait à rattraper, tout à l'avant, en pôle position, la Nissan Skyline GTR-34 bleue nuit qui semblait impossible à arrêter. Cette dernière ralentit très nettement à l'approche du virage en épingle très serré de la fin de parcours, ses roues avant cherchant d'abord à virer sur la gauche pour insérer le mouvement, puis vers la droite, se mettant ainsi à "drifter", déraper par à-coups de frein à main, ne perdant ainsi que très peu de vitesse et conservant une avance considérable sur son adversaire de seconde position. La Skyline accéléra de plus belle, repassant la cinquième vitesse, ses moteurs rageant d'une haine implacable, dans une course effrénée rythmée par une musique aux basses envahissantes et aux airs de soleil tropical.
Derrière le volant de la belle bleue, situé à droite, on retrouvait le célèbre Eliot et incroyable pilote de rodéos Danny H. Shepard, meilleur parmi les excellents, grand parmi les vainqueurs, que l'ont décrivait comme étant tout bonnement impossible à battre. Ses cheveux blonds ondulaient, fouettés par le vent qui jaillissait de la fenêtre entre-ouverte, et il avait toujours ce petit sourire suffisant des bons jours où il se sentait en veine et où il ne manquerait pas de faire remarquer son indicible talent à vaincre le moindre de ses concurrents. Il franchit la ligne d'arrivée une première fois et son rictus satisfait s'intensifia : plus qu'un seul tour de ce circuit relativement rapide et expéditif, dans lequel la plus grande difficulté était principalement de réussir son départ. La foule amassée sur les trottoirs et les bords de la voie hurlait le nom de leur héros sans la moindre fausse note, et le beau jeune homme ne s'en trouvait que plus amusé. Son pied écrasa l'accélérateur, cherchant à battre de nouveaux records de vitesse au volant de sa voiture favorite, dérapant au moindre virage qu'il prenait sans aucune erreur, comme si elle évoluait sur des rails mesurés au millimètre près. Danny savait ce qu'il faisait et où il allait ; ce qui le surprenait le plus, c'était qu'il y ait encore des inconscients pour le défier sur son propre circuit de compétition.
De temps à autres, le jeune homme jetait des regards furtifs sur ses rétro-viseurs, vérifiant qu'aucun de ses adversaire n'ait rattrapé la considérable avance qu'il maintenait sur eux, et il avançait d'autant plus vite. Il finit par se tourner vers la place passager, sur laquelle était assise une brune tout à fait sublime qui semblait s'amuser tellement que cela aurait dû être interdit. Joignant son rire à celui de la belle, Danny accéléra encore et dérapa à nouveau sur le dernier virage, accentuant cette fois le mouvement pour s'amuser à ce que la voiture fasse un tour complet sur elle-même, emportée dans son élan, avant de repartir de plus belle. Il ne restait qu'une ligne droite de trois cent mètres, soit sept à huit secondes de course au grand maximum, et à cause de son idiotie - qui avait fait rire absolument tout le monde - le premier concurrent, ou second au classement, gagnait du terrain grâce à l'injection de nitrométhane dans son réservoir, un gaz synthétique hautement polaire habituellement utilisé comme solvant, mais qui fonctionne plutôt bien comme carburant à haut potentiel. Danny éclata de rire. Le mec avait certainement quelque chose à compenser : la précocité avec laquelle l'autre pilote avait balancé la sauce était des plus hilarante, et le bel Eliot ne pouvait s'empêcher de tourner cela en ridicule. Il hocha la tête d'un signe affirmatif à l'intention de sa splendide co-pilote de toujours, une Cabot nommée Elia, afin de lui indiquer qu'il l'autorisait à activer les injecteurs de protoxyde d'azote, un comburant doublant la puissance du moteur en favorisant la combustion. Il s'agit de l'un des principaux procédés de sur-alimentation absolument illégaux aux Etats-Unis, par conséquent il semblait évident de constater que Danny en possédait un. Sans le moindre effort, il doubla la Mitsubishi et franchit la ligne d'arrivée avec une facilité déconcertante.
Ne pouvant s'empêcher d'étaler sa fière victoire, il dérapa une dernière fois avant de stabiliser son véhicule au milieu d'une foule en liesse venue acclamer leur champion. Danny planta son regard dans celui d'Elia, se perdant dans ses yeux noisette d'un charme absolu. Peu importait de battre les autres d'un mètre ou de cent kilomètres : ce qui compte, c'est gagner. Et pour ça, Danny était le meilleur. Il lui fallut quelques instants pour se rendre compte qu'il tenait la main de la jeune femme dans la sienne. Il la porta jusqu'à ses lèvres et l'embrassa dans la paume : il avait prit cette habitude, comme si la Cabot était en réalité son porte-bonheur. Elle ne ratait jamais aucune de ses courses et il s'en sentait presque rassuré, son absence étant pratiquement synonyme sinon d'échec au moins de pessimisme de la part du beau mec. Il lui sourit et sortit de la voiture afin de serrer quelques mains et d'empocher les cent mille dollars de sa victoire bien méritée, dont il reversa dix mille à l'organisateur, un ami à lui, afin de le remercier pour l'invitation. Il avait là de quoi s'offrir une voiture aussi chère que celle qu'il possédait déjà, et ça n'était pas rien. Même s'il était plutôt riche, il tenait à gagner son propre argent, et coinça la grosse liasse de billets verts dans sa poche. Il adorait l'odeur du pognon et du protoxyde les soirs de compètes, lui trouvant un air de... Victoire...
Une fois remonté dans la Skyline avec sa compagne d'aventures, il démarra sur un degré bien plus calme que précédemment, cherchant d'abord à raccompagner Elia chez elle, comme à chaque fois. Sur le trajet, ils discutaient de la course. Il coupait toujours la musique pour la laisser parler. Il écoutait chacune de ses remarques et de ses critiques : elle l'aidait à progresser. Elle n'était pas que sa plus grande fan, mais également son coatch, et il se sentait bien avec elle. Puis, prit comme par un coup de tête irréfléchi, il lui demanda en plein milieu de la conversation :
- Et si, pour une fois, je te gardais toute à moi ce soir ?
(Invité)