CAMILO ♢ DRAGONFLY

Il y a des moments qu'on sait agréables dans le futur, et d'autres nous font douter. Ces autres nous barbouillent, parfois. Quelque chose nous dit qu'on ne devrait pas dire ou faire cela. Ce quelque chose, c'est l'instinct. Nos tripes qui nous préviennent d'un danger.
Grenade n'a jamais appris à utiliser son instinct. Tout ce par quoi elle jure est la logique. Pure et dure. Simple et rationnelle. Et jamais elle n'a eu de raison l'invitant à croire en son instinct.
And.. Well, that day finally came.

Originaire de New York, Grenade est habituée aux chaleurs étouffantes, mais pas à la sécheresse ambiante de l'Arizona. Alors elle entreprend de trouver le point d'eau idéal qui lui offrira à la foi un bronzage idéal mais aussi un ombrage suffisant pour lui faire oublier la fournaise du Grand Canyon. A cet instant précis, elle pourrait presque entendre La Primavera de Vivaldi, si les étoiles ne la fascinaient pas autant. Elle était loin du camp, avait marché le long d'un sentier puis bifurqué à gauche en voyant un semblant de verdure, mais la nuit n'était pas noire pour autant. Le bruit cristallin de l'eau contre les rochers la rend presque folle et résister à l'envie est une peine perdue, elle se baignera ce soir, peu importe les risques.
Un à un ses habits s'échouent sur les rochers secs. Ce n'est pas la température ambiante qui lui donne la chair de poule, mais la peur d'être chopée. C'est presque une libération de sentir l'eau entourer son corps de ses milliers de bras. Grenade quitte l'endroit où elle a plongé pour rejoindre la cascade. Plus elle avance, plus le bassin se fait profond et elle décide de s'immerger entièrement. Chaque fois qu'elle se baignait seule, la même sensation de cocon l'enveloppait. Et elle adorait ça.
Son brushing étant ruiné, Grenade s'aventura derrière la cascade, espérant trouver une grotte cachée, mais seul un bassin d'eau plus froide l'accueillit. Déçue, elle rejoignit le bol d'eau en passant une nouvelle sous la cascade, ses crâne et dos martelés. Une fois à la surface, elle passe une main de son front à sa nuque avant d'essuyer son visage et enfin ouvrir les yeux.

« AH PUTAIN ! »

Un homme, plutôt bien foutu fallait l'avouer, était campé non loin d'elle. Quatre secondes pour le remarquer. Qu'est-ce qu'il foutait ici ? Deux secondes pour cacher sa poitrine dans l'eau. Trois de plus pour se rendre compte que cette dernière était aussi claire que de l'eau de roche. Cinq secondes pour nouer ses bras sur son torse, et dix de plus pour chercher ses habits des yeux pour finalement voir quinze secondes plus tard qu'ils ne sont plus là. Trente-neuf secondes pendant lesquelles l'individu avait bien eu le temps de se rincer l’œil. Moins d'une minute et pourtant Grenade avait l'impression d'être observée depuis bien cinq. Et ce salaud semblait bien avoir planqué ses fringues. Alors sèchement, comme une mère surplombe un gamin, elle lui demanda à sa façon.

« Sérieux, mec ? »

Ma coloc' avait une petite fête chez elle, mais en bonne Mather c'était surtout une réunion sur le futur de la maison et d'autres trucs dans le genre, pour lesquels j'étais pas invité. Et j'allais pas demander de prendre ma douche chez un autre de mes plans cul, on sait bien que c'est l'autre qui prendra une douche "particulière". Du coup je m'étais perdu sur le bord du lac, j'avais pris un coin tranquille pour aller me baigner, en boxer certes mais ca paraissait pas en dessous de l'eau alors, who gives a f*ck? Je courus donc en vitesse après avoir caché mes vetements derrière un rocher et plongeais rapidement, histoire de me mouiller sèchement, d'un coup. L'eau était froide, mais une baignade dans de l'eau pure ca valait la peine, surtout que c'était mieux qu'une douche sale. Puis je tournais la tête et apercus une jeune blonde, qui avait pris un peu plus (ou moins) d'une minute pour bien se cacher. Bien formée et assez gâtée fallait l'avouer mais hey, t'es nu dans le lac, fais pas le con. Elle s'approcha de moi, toujours cachée, même si sa poitrine pouvait être vue relativement facilement en-dessous de l'eau, pour me demander ce que je faisais. Je riais un peu. Je me baignes, j'ai pas le droit? À moins que tu veuilles te joindre à moi... Je me mordis la lèvre inférieure. 10 mots, une provocation, et le tout dès ma première phrase, Supercam était déchâiné ce soir.

Bravo, Grenade, magnifique. En plus de s'approprier un lac tout entier, elle pouvait se ronger les ongles jusqu'au poignet pour avoir écouté ses envies plutôt que son instinct. Peut-être qu'il n'était pas si mauvais, le petit. Forte de posséder des preuves, elle décida d'écouter ses tripes, au moins pour cette nuit. Je me baignes, j'ai pas le droit? À moins que tu veuilles te joindre à moi... Dieu, il était sexy quand il mordait sa lèvre inférieure. Et son rire lui faisait une de ses gueules d'anges, putain. Effrayée et amusée par ses propres pensées, elle ne savait pas quoi en tirer, sauf qu'elle était contente qu'il soit venu se baigner. Mais elle lui devait des excuses, non ? Elle sourit, un vrai sourire avec les dents, en regardant ailleurs et secouant la tête. « Je suis désolée, tu m'as fait peur, c'est tout. » Tenir une discussion dans l'eau c'était pas facile, sachant que la jeune fille n'avait pas pied. Elle plongea et se rapprocha du garçon rapidement, et quand elle émergea et elle se trouva légèrement trop proche de lui. Et merde, elle qui pensait avoir pied à cet endroit, c'était raté. Elle hésita, ça se voyait sur sa tête, elle serrait légèrement ses lèvres. Mais elle galérait vraiment à garder la tête à la surface tout en restant gracieuse alors elle posa une main proche du cou (magnifiquement bronzé) de l'inconnu. « Je peux ? » L'eau dévoilait plus de leur anatomie, mais Grenade n'osait pas regarder. Elle n'osait même pas plonger ses yeux dans ceux du jeune homme, elle savait que ce serait fatal. Et elle faisait tout pour que sa main contre son corps soit le seul contact physique qu'ils aient pour l'instant.
Et cette fois particulièrement, elle était fière de bronzer nue.

Nos corps se frôlaient presque, mais pour l'instant la seule parcelle de peau qui nous reliait fut sa main et mon cou mouillé, et cette dernière était fort agréable au toucher. J'avais l'impression de subir un massage alors que sa peau ne faisait qu'à peine effleurer la mienne. Je me rapprochais un peu et ma main se glissai le long de son bras, que je caressais avec tendresse. Je penchais légèrement ma tête pour la fixer avec douceur mais intensité d'un regard qui risquais de lui faire perdre tous ses moyens, et moi plus que quiconque le savait bien, tant j'avais utilisé ce regard auparavant. Avant, il va falloir que tu me donnes ton nom mademoiselle... Je laissais ma langue prononcer chaque syllabe avec douceur, pesant sur chaque lettre des mots que je lui chuchotais à l'oreille. Elle était un peu perturbée, ca se voyait dans ses yeux, mais je savais qu'elle allait succomber à la tentation d'ici peu.

Putain, il lui arrivait quoi encore. C'était quoi cette chaleur intense dans son bas-ventre, alors qu'elle était enveloppée dans un liquide froid. Et c'était comme si elle était irrémédiablement attirée par l'homme à côté d'elle, elle n'avait jamais ressenti une envie aussi intense. Le destin voulait qu'elle succombe, mais c'était si bon de résister. Quand il caresse son bras des frissons s'élèvent sur sa peau, il doit sûrement les sentir. Son souffle chaud contre l'oreille de la jeune fille lui procure un léger tremblement; cette partie là de son anatomie réagissait particulièrement violemment aux avances. Son nom ? Pourquoi ne pas faire danser le mystère entre eux ? Elle finit par elle aussi plonger son regard dans celui, un regard flamboyant de désir, auquel il ne saurait dire non. Doucement, elle fait glisser sa main jusque dans sa nuque, rebroussant la base de sa chevelure, toujours sans lui répondre. Elle ne comptait pas le faire, elle voulait qu'il parle encore, que sa voix la réchauffe. Lentement, elle finit par enrouler ses bras autour de lui, coller sa poitrine contre son torse. Elle était proche, trop proche pour que cette conversation ne reste qu'anodine. Mais pas assez, elle voulait être contre lui, elle voulait sentir ses mains enserrer ses hanches. Alors elle s'approcha encore, jusqu'au point de contact, leurs nez. Elle ne pouvait plus voir distinctement ses yeux, elle ne pouvait que respirer à plein nez ses hormones. La tension était au maximum et leurs corps chargés à bloc.

Toujours pas de réponse, probablement voulait-elle faire durer le suspense, ou bien essayer de me tenter. Mais ne voyait-elle pas qu'elle me tentait deja? Elle fit un pas en avant, et colla son nez au mien. Je sentais sa respiration, nos corps nus et chauds submerger de chaleur toute l'eau qui nous entourait. Mes mains passaient de son bras à ses hanches que je caressait avec douceur. Sa morphologie était quelque peu étrange. Elle était assez maigre mais réussissait tout de même à avoir des fesses fermes et rebondies ainsi qu'une poitrine qui, à vue d'oeil, était assez généreuse. Cette dernière fut plaquée contre mon torse, et la sensation de ses tétons contre mes pecs me fit frémir un peu. Et doucement, je déposait un doux baiser sur ses lèvres pulpeuses, et un autre puis un autre. Ce n'était rien de sauvage, à nouveau, un baiser qui voulait dire "rends-moi ca". Et puis je voulais pas mettre la langue tout de suite, je voulais voir ce qu'elle pouvait faire pour m'exciter. Je reculais un peu et mordis ma lèvre. Elle avait tout de suite compris ce que je voulais dire.

L'eau était oppressante, gênante. Grenade sentait les mains du jeune homme contre ses hanches mais la sensation était trop imprécise, elle avait l'impression que ses mains glissaient plutôt que caressaient. Mais avant qu'elle puisse faire un geste, il avança la tête l'embrassa tendrement, et au premier abord Grenade ne répondit pas totalement à son baiser. Lorsqu'il s'éloigna il mordit une nouvelle fois ses lèvres. Et encore une fois, Grenade survécu à une vague d'excitation. Elle emprisonna sa nuque d'une main et plaça l'autre dans ses cheveux avant de lui rendre ses baisers, avec plus de passion. Elle quitta ses lèvres pour l'embrasser dans le cou, puis lui titiller timidement l'oreille, elle ne savait pas s'il aimait. Et tandis qu'elle l'embrasse, elle enroule ses jambes autour de ses hanches, et entame de lents mouvements de bassin, comme un lap dance sous l'eau. Ce moment dura quelques minutes, qui passèrent bien trop vite à son goût, mais Grenade avait une idée derrière la tête. Elle quitta les lèvres du beau gosse pour le défier d'un regard coquin, joueur. « Tu voulais connaître mon nom ? » Elle passe un doigt presque fébrile, léger sur ses belles lèvres roses, et arbore un sourire endiablé. « Il va falloir que tu me rattrapes. » Elle ne comptait pas lui fausser compagnie. Elle voulait seulement s'amuser un peu, et surtout trouver un endroit plus approprié, comme sa voiture. Après avoir lancé un dernier regard à son prétendant, elle attrapa son paréo bleu nuit, et fila à douce allure vers sa voiture. Elle ne voulait pas non plus le perdre. Alors quand elle arriva à son alfa, elle attrapa la clé qu'elle avait laissée sur une des roues et fit ronronner le moteur. Elle alluma les codes et s'assit sur le capot avant, attendant son arrivée. Pitié qu'il ne tarde pas.