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(Flashback) « venir ambe l'ametlla al front. » (CHARLOTTE&KATELL)

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Les choses sont allées vites ces derniers jours. Des bonnes nouvelles, des moins bonnes et des évènements qui pourraient provoquer ma lente et terrible descente aux enfers. Jader. Encore bien endormie, je me mors instinctivement la lèvre et me retourne dans les draps plusieurs fois. Pour le moment, je tiens le coup. J’en suis convaincue, même s’il n’y a plus grand chose pour m’occuper l’esprit. Les cours sont terminés, les examens réussis et le bal est passé. Je prépare vaguement ma revanche sur Meghan et il me reste aussi des personnes à remercier. N’allez pas le hurler sur les toits, mais sans ces personnes je n’aurai jamais pu m’en sortir. Après avoir traîné un long moment dans mon lit, je donne rendez vous à l’une d’elles. Un café, dans Cambridge, plus tard dans le courant de l’après midi. Je ne sais à quel point je peux considérer cette fille comme proche, mais elle est de ceux que j’apprécie le plus depuis mon arrivées.

Les heures passent, j’émerge à mon rythme et je la rejoins avec un peu de retard, alors que je ne suis pas entièrement réveillée, mais la dose de maquillage rattrape la majeure partie des dégats. Ponctuelle, presque parfaite à mon goût, Charlotte est à l’heure, assise en terrasse. J’admire cette fille. Je n’irai pas dire que je l’envie pour autant – nous sommes trop différentes je suppose –, mais elle est aimée par beaucoup d’étudiants et de professeurs sur le campus, déjà, et puis elle répond toujours – ou du moins souvent – présente pour son prochain. Presque une mère Thérésa dans son genre, en plus cool, que j’aime considérer comme une poupée que je peux traîner dans les magasins de Cambridge et habiller comme bon me semble, ou presque. « Bon tarda. » Je ne peux m’empêcher de lui adresser la parole en catalan, cela doit être ma façon de m’ouvrir, de ne pas paraître froide et montrer que je me sens en confiance en sa présence. En outre, en bonne européenne que je suis, je lui dépose un petit baiser sur la joue. Dans le courant de ces derniers mois, je ne me suis toujours pas habituée à certains comportements typiquement américains comme oublier les embrassades en guise de salut et prendre les autres dans les bras à la place. Je m’installe juste en face, commande un frapuccino et la fixe dans les yeux. « Alors meilleure vice présidente… Félicitations ! » Oui, j’en profite aussi pour glisser ces quelques mots que je n’ai pas eu le temps de les lui dire lors du bal, tout en applaudissant. On remerciera le coup de fourchette de Meghan au cours de la soirée, soit disant accidentel selon les dires de cette dernière, qui a écourté les festivités en ce qui me concerne.

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La fin de l'année était finalement arrivée, et avec elle, la fin du stress causé par les examens. Examens que j’avais, grâce à mon travail assez soutenu, réussi, au détriment de certaines choses. Ma vie sociale, entre autre, qui s’était résumée à mes livres, ma chambre, la bibliothèque et ceux qui s’était dévoués – ou que j’avais trainés – à étudier avec moi. Ma vie sociale avait donc été mise entre paranthèse, ce qui ne m’avait pas forcément déplu. Aucune complication, pas de sentiments à prendre en compte, les livres font de très bons compagnons. Mais le bal était arrivé, et cela avait été le retour parmi le peuple harvardien. Entre les élections, le dîner, et tout le reste, cela avait été une soirée… intéressante. Mais aujourd’hui, j’avais rendez-vous au La Luna Caffe avec Katell, que j’avais de maintes fois trainé à la bibliothèque avant nos examens. Je l’aimais bien, et j’aimais presque autant le café où nous avions rendez-vous. Un endroit calme, une terrasse ensoleillée, des sièges relativement confortables, et, le meilleur pour la fin, des grandes tasses de café, avec un grand pouvoir énergisant !

J’étais arrivée quelques minutes avant l’heure due, et avait déjà commandé ma boisson. Comme d’habitude, un grand café macchiato au caramel. Je vis Katell arriver, je souriais alors qu’elle me faisait la bise, en bonne européenne qu’elle était. « Bon tarda. » Ces manières différentes, ça me troublait toujours. C’était bien plus simple de prendre quelqu’un dans ses bras que de lui faire la bise. Au moins pour une simple raison : il n’y avait pas de problème de nombre de bise. Comment savoir si c’en était une, deux, trois, voire même quatre ? J’en étais toujours troublée… « Hey Katell ! »Je me contentais d’un salut classique en guise de réponse. L’anglais était ma langue maternelle, je ne pouvais rien y faire ! Je l’observai s’installer devant moi, et commander à son tour alors qu’elle me félicitait. « Alors meilleure vice présidente… Félicitations ! » Un sourire éclaira mon visage. Je n’avais pas vraiment compté sur ma nomination en tant que meilleure vice-présidente de Harvard, et cela m’avait vraiment touché. Enfin, mon discours de remerciement avait été légèrement gâché par l’alcool qui était présent dans mon sang. Je ne sais quel Mather avait trouvé ça drôle. Au moins, ça avait animé la soirée… ! « Merci beaucoup, ça me touche ! » Je buvais une longue gorgée de café avant de planter mes yeux dans les siens. « En parlant du bal… Comment c’est passé ta soirée ? J’ai pas eu le temps de te voir ! » Enfin, je n’avais fait que croiser les gens, échanger quelques mots avant de partir voir d’autres personnes, se chercher un verre ou alors, prendre le repas. Tout le monde s’était un peu éparpillé, en fait.

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Son salut typiquement américain me surprend, un jour je m’y ferai. Je m’en fais la promesse. La conversation commence à s’installer et je manque de rire en repensant à son état lorsqu’elle est allée sur scène remercier ceux qui avaient votés pour elle. J’espère qu’elle a été filmée. « Merci beaucoup, ça me touche ! » C’est dur de me retenir, en réalité. C’est plus fort que moi. Je colle mes doigts à mes lèvres et me mord l’intérieur de la joue en prime. Je doute que Charlotte puisse se vexer, mais rire en toute discrétion, ça je ne sais pas encore faire. Heureusement qu’un serveur ne tarde pas pour déposer ma boisson, il pourrait m’éviter de m’afficher en public. Jouer la carte de la discrétion ne peut pas me faire de mal après tout. Ma mâchoire se décontracte dans l’immédiat. « En parlant du bal… Comment s’est passée ta soirée ? J’ai pas eu le temps de te voir. » Je croise les jambes, hausse les épaules et réfléchit. Sachant qu’elle est particulièrement proche de Meghan, je ne sais pas par quoi commencer, quoi lui dire et ne pas lui dire. « Tu le mérites amplement après tout ! » Histoire de faire passer le temps, je continue sur ma lancée, de la féliciter. Faites une croix sur le calendrier, c’est plutôt rare de ma part d’avoir de telles pensées positives pour quelqu’un et de le lui dire. Je prends note de ces conseils, de sa capacité à m’extraire de mon lit pour aller à la bibliothèque ou du moins jeter un rapide coup d’œil à mes cours afin d’avoir la conscience relativement tranquille à la fin de la journée. Et puis après avoir bu une seconde gorgée de mon frappuccino, je commence à aborder le sujet du bal de fin d’année. « La soirée… Ah… » Ouais, c’est toujours aussi compliqué. Je frotte le dos de la main contre mon jean et relève mes lunettes de soleil. « Plutôt bien en soi… » Faisons un rapide récapitulatif. Je n’ai pas vu mon cavalier lors du cocktail, cocktail que j’ai passé en compagnie de Jürger qui s’est moqué de moi une nouvelle fois et m’a proposé un défi toujours aussi tordu. Quant au cavalier, il ne m’a pas posé de lapin heureusement, je l’ai retrouvé plus tard à la même table que Meghan et Marloes. Première mauvaise nouvelle. Et la fourchette. Deuxième mauvaise nouvelle. Voilà le dernier terme qui me reste encore en travers de la gorge. Je suis assez étonnée que Charlotte n’ait pas eu d’écho à ce sujet. Mais pourquoi pas… Si l’on écoutait Meghan, Marloes et Nikolaï, il ne s’agissait que d’un accident. Mon œil. « Jusqu’à un certain petit accident, mais c’est trois fois rien. Et toi ? En dehors de ton très beau et magnifique discours, que s’est-il passé ? » Je sors ce sourire qui signifie que du positif. Je doute que cet accident intéresse mon amie-tutrice-mentor.

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Je remarquais que Katell se retenait de rire. Pensait-elle à mon ‘discours’ effectué lors du bal de fin d’année ? C’était probable. Tout comme celui d’Apple et Andy, mon intervention avait été assez… mémorable. Je souris également en repensait à ce début de soirée… Est-ce que cela avait été filmé ? Je me renseignerais. Le serveur arriva, posant le café de Katell devant elle, ce qui eut pour effet de décrisper sa mâchoire qui se retenait de rire. Esquivant tout d’abord ma question, j’eu encore le droit à des félicitations par rapport à ma nomination en tant que meilleure vice-présidente. Tout bien réfléchis, ce n’étais pas habituel d’avoir autant de compliments et de remarques positives de la part de mon amie, aussi les prenais-je à leur juste valeur. Je prenais une gorgée de mon café qui se refroidissait à vue d’œil alors que Katell commença à aborder le thème du bal de manière plutôt… hésitante. Ses mains s’agitaient, alors qu’elle aborda un petit ‘incident’ qui impliquait une certaine amie. Je savais bien que les relations entre Katell et Meghan étaient loin d’être rose… J’en avait entendu rapidement parlé, mais jamais avec l’une des intéressées… La version de chacune m’intéressait, en fait. Je les aimais toutes les deux, et je n’aimais pas prendre de partis en amitié « Un accident avec Meghan, c’est ça ? J’en ai entendu très rapidement parlé… mais j’ai rien compris à vos histoires pour être honnête. Faudra que tu m'expliques ! » Un rire m’échappa, bien qu’en soit, le sujet ne s’y prêtait pas. Mais aborder de tels sujets était toujours plus facile sur un ton humoristique, mon expérience me l’avait appris ainsi en tout cas. Mais je ne savais pas si Katell souhaitait parler beaucoup plus de ce qui s’était passé au bal, en fait… Je buvais une gorgée de mon frappuchino avant de continuer à propos de ma propre soirée au bal… qui restait encore confuse dans mes souvenirs. J’avais levé la pédale sur la boisson après mon discours ce qui m’avait permis de ne pas finir complètement ivre, et le repas s’était terminé… enfin non, mon repas ne s’était techniquement pas terminé, mais j’avais fini la soirée dans le bureau du doyen. Avec Damian. Je ne m’étalais pas sur le sujet. « Ma soirée ? Pas grand-chose d’intéressant… J’ai profité de mon cavalier et de ma table… un certain temps en tout cas. » Je n’allais pas mentir non plus, surtout que nous nous étions assez tôt éclipsé de la salle de bal. Je ne savais pas vraiment s’il fallait –et si oui, comment- aborder le sujet Damian. Katell n’avait pas été celle avec qui j’en avais parlé le plus, et je ne savais pas encore non plus comment aborder cette relation, après tout ce qui c’était produit, toutes nos hésitations aussi. J’allais bien voir, mais je ne préférais pas encore trop en parler… mais Katell était tout de même une amie proche… Je buvais encore une gorgée de mon café avant de poser mes yeux dans ceux de mon amie et de jouer avec une mèche de mes cheveux.

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Je me permets de prendre une nouvelle longue gorgée de café, sans craindre de m’étouffer suite à une question en rapport avec un sujet qui l’aurait peu intéressée à mon avis. Toujours méfiante, je ne sais jamais à quel point j’ai noué telle ou telle amitié. « Un accident avec Meghan, c’est ça ? J’en ai entendu très rapidement parler… mais j’ai rien compris à vos histoires pour être honnête. Faudra que tu m’expliques ! » Et là, je sens ladite gorgée passer par le mauvais chemin. Il faut croire que oui, Charlotte, est mon amie. Sincèrement, je suis étonnée. En effet, la jeune vice présidente – qui mériterait bien le « grade » au-dessus, entre nous – est également une grande amie de Meghan, enfin ça date depuis plus longtemps qu’avec moi. Ainsi je suis surprise de savoir qu’elle souhaiterait connaître mon sentiment quant à l’« attaque » de Meghan. Oui, je lui expliquerai, quand je saurai par où commencer. Depuis notre rencontre ou l’épisode de la soirée de fin d’année ? Charlotte continue sur sa lancée alors que je reste pensive, ce qui me ramène aussitôt sur terre. « Ma soirée ? Pas grand chose d’intéressant… J’ai profité de mon cavalier et de ma table… un certain temps en tout cas. » Je hausse un sourcil et joue avec le reste de la mousse de mon frapuccino. « Un certain temps ? » Je relève mon regard et la fixe. « Ça paraîtrait déplacé si je m’y intéresse ? » Ma curiosité est toujours à l’affut, surtout quand mes interlocuteurs ne terminent pas leur phrase. Je lâche un petit soupir, non pas que cela m’ennuie, mais je pourrai carrément la harceler de question. Dans une seconde vie, je vous jure que j’aurai pu être un redoutable inspecteur. En attendant, je me doute que je vais devoir raconter quelque chose en échange. Et puis si mon altercation avec Meghan l’intéresse tant, c’est le moment ou jamais de me jeter dans la gueule du loup, avec un minimum de retenu cependant pour le bien de notre amitié. « Autant que je me lance et qu’on ne tourne pas autour du pot. La conversation était plutôt vivante, animée… Tu vois le truc ? Je cache pas que nous avions tous plus ou moins arrangé l’apéritif préparé, moi la première. » Merci Jürgen pour ta flasque de vodka, au passage. « Esprits échauffés, de la tension à la table et ça s’est terminé avec la fourchette dans la main. Enfin il n’y a pas morts d’homme non plus. » Nikolaï et moi avons été installé à leur table au dernier moment, nous avions un peu moins de place que prévu pour nos faits et gestes. Ceci explique cela aussi, mais je me refuse de l’avouer. Ma réaction à la suite avait laissé croire que je considérai Meghan comme étant l’unique responsable de l’accident, jamais je n’avais autant piaillé de ma vie comme une furie. Bref, pas besoin d’épiloguer sur le fait qu’elle m’a offert une jolie petite cicatrice en guise de cadeau de fin d’année. « Tiens, bienvenue à Harvard et à septembre prochain. »

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