BACK IN BUSINESS ₪ ANDREW

C’est un étrange message que Cody reçut aujourd’hui, envoyé depuis le portable d’Andrew. Ouais, j’précise depuis quel portable il a été envoyé, parce que Bleeker croyait un peu au canular là. Disons que la relation entre Andrew et Cody se limitait à celle d’employeur à employé. De plus, il ne fallait pas oublier le fait que le Canadien n’avait jamais fait l’unanimité lors de l’entretien d’embauche avec Alexia et qu’en plus de ça, la start-up de cette dernière – dans laquelle il bossait – avait lamentablement coulé alors que Cody s’occupait de tout ce qui concernait les finances. Donc ouais, à part discuter boulot, l’ancien président Lowell n’avait absolument aucune idée de ce que voulait Andrew. Mais pour la curiosité et parce qu’il n’avait rien de mieux à faire à ce moment-là – et aussi parce qu’on lui promettait de boire un verre après – Cody prit le chemin du chalet du prince d’Angleterre. Une fois arrivé, il fit le tour du chalet pour vérifier s’il n’y avait pas des gardes comme à Buckingham, ceux qui ont les cheveux de Marge Simpson en noir sur le crâne. Et malheureusement non, donc c’est avec une once de déception qu’il toqua à la porte, attendant qu’Andrew lui ouvre.  
 

Cela faisait quelques jours que je pensais à prendre un directeur financier parce que l'actuel allait prendre sa retraite et je n'étais pas du genre à faire passer des entretiens pour avoir de nouveaux membres de mon personnel, parce que je ne faisais que très rarement confiance aux gens. Néanmoins je savais que je n'avais guère le choix alors je m'étais mis à chercher le succès d'Harold Klyberg mais jusqu'à maintenant tous les CVs que j'avais pu lire ne m'inspiraient guère confiance. Mais alors que je regardais des trucs sur mon ordinateur portable qui me suivait partout même en vacances, j'eus comme un déclic ! Je savais qui j'allais prendre pour gérer la cellule finances de mon entreprise. Cody Bleeker ! Ce bonhomme, ex-président de la Lowell House, avait fait ses preuves même si je devais avouer que j'avais mis certaines réserves quant à ses qualités lorsque j'avais assisté à son entretien, il y a un an. Mais j'avais confiance aux jugements d'Alexia et comme Tecwave avait malheureusement coulé, je pouvais lui offrir un poste dans mon entreprise surtout qu'il la connaissait étant donné qu'il faisait partie du projet d'association Tecwave/Arunthia Aviation... Bref, aussitôt, je prenais mon téléphone afin de lui adresser un sms pour lui expliquer ce que j'attendais de lui; en somme je lui demandais de venir me rejoindre dans le chalet que j'occupais en compagnie de ma future épouse. Je me remettais par la suite dans mes dossiers et ce jusqu'à ce que j'entende des coups frappés à la porte d'entrée du chalet. Je me levai tranquillement, verrouillant mon ordinateur puis j'allai ouvrir mon invité. [colo=crimson]" Ah Cody ! Bonjour à toi ! Entres, je t'en prie "[/color] dis-je avec un sourire tout en m'effaçant légèrement pour qu'il puisse entrer.

Être appelé par Andrew était quelque chose déroutant pour Cody qui ne savait pas trop dans quel pétrin il se foutait. Pétrin ou pas d’ailleurs, c’est juste qu’il s’imaginait le pire, genre peut-être que l’ancien copain d’Alexia avait détourné des fonds et mis tout sur le dos de Cody, ou une merde du style qu’il devrait payer dans tous les cas. Mais quand Andrew lui ouvrit, il avait l’air étrangement guilleret, serein. Ça déconcerta le Lowell qui entra, restant pour le moment murer dans le silence. Mais il s’empressa d’interroger le prince d’Angleterre ; « ça va ? » Mais ce n’était pas un ça va dans le vent, c’était le ’ça va’ de quelqu’un qui s’inquiète, qui se demande ce qui se passe, qui a besoin qu’on le rassure sur le fait que oui, tout va bien. Il était loin de s’imaginer qu’Andrew projetait de lui offrir un job prestigieux, le genre de truc qui ne se refuse pas.  
 

Bon je me demandais comment j'allais procéder pour annoncer à mon invité que je comptais lui proposer l'un des postes les plus importants de mon entreprise, je me doutais bien qu'il devait clairement se demander pourquoi je le convoquais comme ça et qui plus est en plein Summer Camp ! Tant pis pour les préparatifs, j'allais directement parler du sujet qui m'interessait et la raison pour laquelle je lui avais demandé de me rejoindre en ce jour. Le Lowell me demanda aussitôt si ça allait, alors je ne pus m'empêcher de faire un sourire amusé parce que c'était assez drôle de voir à quel point il semblait étrangement nerveux à l'idée de notre entrevue. " Ne t'inquiète pas, tout va bien " répondis-je posément avant de poursuivre : " Vas-y installes-toi ! Pour ce que je vais te dire, je pense que le mieux c'est d'être confortablement assis. ". J'indiquai les fauteuils dans la pièce principale du chalet. J'attendais qu'il se mette assis pour m'asseoir à mon tour sans le quitter des yeux.

Derechef, Andrew le rassura en lui disant que tout allait bien. Mmh oui, mais si tout allait pour le mieux, Cody ne serait pas là. Nooon, Cody serait les doigts de pieds en éventail en face de la piscine, une bière à la main avec ses colocs de tente. Alors non, tout n’allait pas bien. « OK … » répondit Cody en arquant un sourcil, suspicieux à propos de la suite du programme. Il l’invita ensuite à s’asseoir, proposition que Cody ne pouvait refuser pour deux raisons ; déjà, la peur de l’annonce de sa raison ici et, deuxièmement, son fauteuil lui faisait de l’œil et il rêvait secrètement d’y poser ses fesses. Ce qu’il fit sans plus attendre. Et là, orgasme du postérieur. Mamma miaaaa, Cody se sentait comme un ministre à l’intérieur, il avait envie de dominer le mondeee là-dedaaaans, il voulait faire comme le méchant dans James Bond et se retourner en caressant un gros chat blanc vicelard. Mais il se retint, pas devant Andrew quoi. Au lieu de ça, il croisa les doigts, attendant sa sentence. « Tu vas me dire ce qui se passe ? » se risqua-t-il finalement à demander.  
 

C'était assez drôle de voir à quel point mon invité semblait totalement inquiet de ce que je m'apprêtais à lui annoncer. Je voyais déjà sa réaction d'ailleurs ! Mais il le méritait tout de même, parce qu'il faisait du bon travail lorsqu'il travaillait pour Alexia et pour ma part, j'avais besoin d'un nouveau directeur des finances et quoi de mieux qu'un type en qui ma jumelle de coeur avait pleinement confiance. Bref, je lui disais de s'installer dans le fauteuil face à moi et la tête qu'il faisait me fit sourire d'un air amusé. Il semblait apprécier le fauteuil à sa juste valeur, j'avais bien fait de les avoir emmenés non ? Quoi de mieux qu'avoir des fauteuils très confortables pour des entretiens même si je n'étais pas censé travailler pendant ces vacances. J'inspirais profondément avant de fixer mon interlocuteur dans les yeux puis je prenais de nouveau la parole : " Eh bien te rappelles-tu du jour où Alexia t'a embauché ? Soit l'année dernière... Eh bien je voulais te dire personnellement que j'ai eu vent de tes qualités et de tout ce que tu as accompli pour Tecwave... Mais puisque la start-up d'Alexia a malheureusement coulé, je voulais te proposer de poursuivre ce que tu as déjà commencé. Or cette fois, je veux que tu prennes les fonctions de Directeur des Finances dans mon entreprise, nous avons besoin  de jeunes esprits comme le tien ". Je m'interrompis finalement pour attendre sa réponse avant de surenchérir ou non sur ce que je venais de lui dire.

L’ambiance n’aidait pas à rassurer Cody. Vous voyez, Andrew était bien trop calme, trop serein, donc le Canadien se disait qu’il était peut-être manipulé quoi, un truc du style, un truc pas rassurant du tout. Heureusement que les fauteuils de ministre virent lui mettre un peu de baume au cœur, si bien qu’il se détendit un peu. Jusqu’à ce qu’Andrew évoque son poste dans la start-up d’Alexia ; Ah, c’était donc ça, on parlait bien affaire ici. Cody roula des yeux, se rappelant effectivement de l’entretien d’embauche un peu chaotique, où il avait crié au favoritisme parce qu’Alexia avait couché avec le candidat avec qui il était en compétition. Heureusement qu’Andrew avait fait l’arbitre ce jour-là. Mais le plus étrange, c’est quand Andrew lui proposa de prendre le poste de directeur des finances. Là, honnêtement, Cody plissa les paupières, cherchant l’arnaque. Ensuite, il tourna la tête à gauche, à droite, avant de se rapprocher de lui et lui souffler ; « Elles sont où ? Les caméras ? Il doit bien y en avoir, n’est-ce pas ? C’est une caméra cachée, on est d’accord ? Je vais jouer le jeu, pas de souci. » Sur ce, il se ré-installa confortablement dans le fauteuil et sur-joua son rôle, ne pensant pas une seconde qu’Andrew était sérieux quand il lui proposait ces fonctions. « Oh, euh, merci monsieur Windsor, c’est un grand plaisir que vous me faites. Euh, je ne pourrais jamais vous remercier à la hauteur de ce que vous m’offrez. » Il n’y croyait pas une seconde. C’était juste pas possible.
 

Eh bien étant donné l'état dans lequel se trouvait mon interlocuteur, je me disais qu'il était grand temps que je lui dévoile la vérité alors je me suis lancé et j'avais commencé par lui dire que j'avais eu vent de ses qualités et tout le bon travail qu'il exécutait au sein de Tecwave, puis par la suite, j'en arrivais à ce que je devais lui proposer : le poste de directeur des Finances d'Arunthia Aviation. Il allait pouvoir une vie incroyable parce que c'était un poste vraiment prestigieux. La réaction du jeune homme ne m'étonna guère : il semblait croire qu'il y avait une arnaque et il demandait même où se trouvait la caméra mais avant que je ne puisse répondre à ce qu'il disait, il se remettait correctement sur son fauteuil avant de me remercier tout en usant de tournures qui me sourirent bien sûr parce que j'étais bien habitué à ces termes là. " Pour commencer, évites le soutenu parce que ça fait vraiment trop protocolaire et j'ai l'impression d'être ma Grand-Mère, sa Majesté la Reine. " commençai-je avec un ton amusé puis je poursuivis d'une voix plus sérieuse : " Sinon, ce n'est pas une arnaque. Mon directeur des Finances actuel part à la retraite à l'issue des vacances alors je cherche un nouveau. Alexia m'a parlé de toi et même si tu as crié au scandale l'année dernière, ton travail m'a impressionné donc voilà je te propose le poste. Bien sûr tu peux refuser mais si je le fais c'est parce que je place ma confiance en toi. ". Je fis légèrement craquer mon cou attendant la réponse du jeune homme.