PLEASE DON'T LEAVE の MAXEO

Avait-il vraiment du mal à dormir ou bien était-ce son instinct de beau gosse qui l'avait réveillé ? Quoiqu'il en soit, trois heures du mat, Leo sortit de sa chambre en quête d'un verre d'eau, il avait du mal à trouver le sommeil, ou plutôt après s'être endormi, il s'était réveillé et le voilà incapable de retourner se coucher. Par pur réflexe, il jeta un coup d’œil à l'extérieur, en règle générale le camping était calme à cette heure-ci, il n'y avait que quelques épaves rentrant d'une soirée improvisé dans le chalet de l'un ou de l'autre et autres filles rentrant de chez leur amant pour traîner dehors à une heure pareille. Autant dire que lorsqu'il vit une silhouette féminine avec une valise il fut un peu surpris et chercha à savoir qui jouait les fugitives à cette heure-ci. Dieu rende grâce aux lampadaires, il ne mit pas longtemps à comprendre que la fille à la valise n'était autre que Maxine. Surpris et curieux, il attrapa rapidement un tee-shirt pour sortir, allant directement à la rencontre de la jeune femme. « Tu fais quoi, tu déménages ou quoi ? » dit-il avec un sourire, quand même un peu inquiet de la voir traverser le camping avec toutes ses affaires. Il se doutait qu'il y avait peut-être plus qu'un changement de location.

Avant de rentrer à Cambridge, Maxine devait passer par l'Arizona, chercher ses dernières affaires. Malheureusement, elle avait dû réagir, et vite pour ne pas en pâtir. La nouvelle était tombée et elle n'allait pas se laisser faire. Si ces parents lui coupaient les vivres, elle se devait de réagir. Elle n'allait pas quitter Harvard et retourner en Suisse pour devenir SDF. Non, elle allait bosser, c'était sa seule bonne option après tout. Arrivée vers midi au Summer Camp, Maxine décida d'attendre la nuit tombée pour faire sa valise dans le plus grand calme. Dorénavant, elle devait moins penser à elle et plus penser à comment subvenir à ses besoins. Ses frais de scolarité étaient déjà payés alors elle pouvait se préoccuper des autres problèmes qu'elle pourrait rencontrer. Maxine ne pensait qu'à ça alors qu'elle commençait à préparer sa valise. Elle espérait évidemment rebondir vite pour pouvoir narguer ses parents. Jamais elle n'irait s'excuser, ça voudrait dire qu'elle s'écraserait devant eux et elle ne veut plus s'écraser. Plus jamais. Elle était en âge d'affirmer ses opinions et les déclarer tout haut. Sur ces pensées, Maxine termina sa valise, les yeux dans le vague, blasée. Elle attendit tranquillement qu'il soit vers trois heures du matin pour pouvoir partir dans le noir, histoire qu'on ne la repère pas. Elle n'avait pas envie qu'on lui pose de questions, elle n'avait pas non plus envie d'y répondre. Alors, la belle blonde traîna sa valise en faisant le moins de bruit possible, mais évidemment, ce qu'elle craignait arriva, quelqu'un l'avait repérée et ce fut, pour arranger ses affaires, Leo qui lui demanda, en gros, ce qu'elle faisait. Il n'était pas question pour Maxine de dire ces véritables intentions, personne ne devait savoir. Elle se retourna rapidement vers Leo, en faisant un petit sourire. On peut dire ça comme ça, je rentre chez moi en fait, je vais passer l'été là bas. Comme mensonge, Maxine pouvait faire mieux mais ce mensonge là était tout à fait crédible. Et d'ailleurs, monsieur Halberstam avait oublié la politesse ? On ne dit plus bonsoir ?

Quelque chose sonnait faux dans l'explication que lui donna la jeune femme. Leo fronça les sourcils en détaillant le visage de la blonde. Ouais ouaiiiiis le mec est en psychologie et c'est un grand fan de Mentalist, pas la peine de le prendre pour un débile, il sait quand même voir quand on lui ment. Puis il s'était particulièrement intéressé à la psychologie de Maxine fut une époque lorsqu'il craquait sur la très sage demoiselle, mais siiii il en était même arrivé au rencard supra romantique dans un restau italien, wesh ça s'oublie pas ça, de mémoire de Leo Halberstam ça n'était pas arrivé deux fois dans sa vie, voyez même sa meuf n'avait pas eu le droit à un tel dîner. Tout ça pour dire qu'il avait eu l'occasion d'étudier à maintes reprises les expressions du visage de la blonde, et actuellement elle n'avait vraiment pas une tête à partir en vacances chez ses parents. Il n'arrivait pas à mettre le doigt sur la raison mais ça se voyait, un truc clochait, il n'arrivait pas encore à savoir quoi exactement, mais il le sentait, son sixième sens. « Tu es sure ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Oh c'est bon on a jamais dit qu'il était bon enquêteur, c'est clair que là c'était mal barré pour qu'il puisse tirer au clair la vérité des choses, maiiiis il y arriverait d'une façon ou d'une autre. « C'est dommage que tu partes aussi vite, j'ai l'impression d'avoir vu personne, tu aurais quand même pu me réserver une soirée. »

Ca devenait presque gênant. Leo regardait Maxine, guettant le moindre faux pas de la jeune fille et ça en devenait presque gênant. La blonde était à deux doigts de faire un sourire crispé, mais il le remarquerait direct. Et puis, il y aurait des questions, encore des questiooooons. Maxine devait camper sur ses positions. (et non, il n'y a aucun jeu de mot avec le camping) Après tout, elle n'avait rien dit à personne, même pas à sa propre jumelle, bien trop honteuse de la situation alors elle ne se voyait pas tout dire au jeune homme, même s'il voulait lui tirer les vers du nez. Bon, bon, bon, il fallait trouver une échappatoire et vite. Alors, quand le jeune homme lui demanda si elle était sûre en fronçant les sourcils en mode "je vais te cramer cherche pas à me mentir", Maxine répondit du tac au tac, pensant qu'il allait la croire. Bah oui, j'suis sûre. Un petit sourire se dessina sur le visage de la jeune fille, un vrai cette fois. Les paroles de Leo la faisaient sourire. Maxine n'avait pas vu grand monde non plus pendant le mois de juillet, donc elle comprenait que le garçon dise ça. Et puis, elle avait été absente ces derniers jours, elle était en Suisse après tout. Désolée, je t'en réserve une quand on rentre à Cambridge, promis. Elle était sincère. Après tout, Leo était devenu son ami, depuis le temps, et ce, même si c'était le copain de sa cousine. Le sourire de Maxine s'élargit doucement, oubliant presque la raison de son départ.

La jeune femme semblait croire pouvoir leurrer Leo. Ah il allait peut-être falloir arrêter de prendre le brun pour un imbécile. Peut-être qu'il pouvait se montrer particulièrement idiot mais il lui restait un semblant de jugeotte. Alors il ne se laissa pas faire et attrapa une des valises de la blonde. « Très bien, je vais t'accompagner alors, avec tous tes bagages tu dois galérer et tu vas réveiller le camping ! » Cette fois-ci Maxine ne pouvait plus mentir, n'y s'échapper, le jeune homme allait la suivre, et qu'elle ne compte certainement pas lui faire lâcher l'affaire, il irait jusqu'en Suisse avec elle pour être certain que c'était bien cela qu'elle avait prévu de faire. Il en avait assez des non-dits, des petits secrets, des fuites. « J'espère que tu tiendras ta parole, moi je me souviendrais de ta promesse en tout cas. » dit-il en souriant, l'air faussement outré à l'idée qu'elle puisse oublier de lui accorder une soirée. Leo prit fermement la poignée de la valise de la jeune femme qu'il avait piqué, se mettant en marche. « Tu prends l'avion à Phoenix ? Il y a des trains à cette heure-là ? » dit-il en haussant les sourcils, lui faisant comprendre qu'il ne croyait pas un mot de voyage chez papa-môman alors qu'elle avait l'occasion de se dorer la pilule en Arizona. Elle mentait, il en était certain et qu'elle n'essaye pas de dire le contraire mais il était quand même curieux de savoir ce que cacher la blonde.

Leo était très dur à convaincre apparemment, elle ne le connaissait pas comme ça. On aurait dit un détectrice ou un inspecteur voulant tirer les verres du nez d'un suspect. En tout cas dans cet exercice là, il était très déterminé pour avoir des réponses. Il ferait un bon inspecteur ce con. Leo insistait pour l'accompagner soit disant pour l'aider. Bon, Maxine n'était pas idiote, elle savait très bien que Leo va en profiter pour soit lui poser des questions soit pour voir si Maxine mentait ou non. La blonde n'avait pas vraiment le choix, il se douterait de quelque chose si elle refusait alors que d'habitude, elle acceptait de l'aide avec plaisir. Alors, elle joua le jeu. C'est gentil Leo, je me voyais pas réveiller tout le camping, ça ferait mauvais genre non ? dit-elle en riant doucement, naturellement. Maxine laissa Leo prendre une de ses valises, souriant en coin. Bien sûr que je vais m'en souvenir et je tiendrais ma promesse. Oh, on parlait de Maxine Monroe quand même ! La cabot se remit également en marche, vers la sortie du parking. Oui je le prends là bas, et je ne crois pas qu'il y ait de train, j'ai appelé un taxi en fait. Maxine faisait attention à ses paroles, pour que tout soit logique. Et d'ailleurs, ce qu'elle disait était vrai, elle profitait des dernières vivres que lui donnait ses parents quoi.

La jeune femme acceptait que Leo l'aide à porter ses valises, ce qui le laissa perplexe. Il s'attendait à un refus net de la part de Maxine, il se doutait bien que le fait qu'il soit dans ses pattes n'aidait en rien à ses projets de fuite ou de fugue. Imaginez qu'elle soit en train de chercher à quitter le pays au bras d'un beau milliardaire italien en chaussures en croco, Leo n'allait pas l'aider. Le mec allait voir la blonde avec un beau gosse, de suite il allait penser à de l'adultère et Halberstam ne voulait pas se mettre en elle et son mec. En admettant qu'elle ait enfin un mec. Il souleva simplement la valise de la jeune étudiante sans une remarque, curieux de voir jusqu'où elle allait chercher à l'entourlouper. « Très bien alors une fois que tu seras revenue de chez tes parents, tu viendras me faire le débrief des chaleurs caniculaires suisses, tu me prendras des photos de chamois dis ? » Aaaah il la tenait ! Voyons voir si elle allait ramener un selfie avec un chamois suisse ! « Tu veux pas que je t'accompagne jusqu'à la gare ? Il ne faudrait pas que tu te trompes de train, à deux il y a moins de risque de se perdre. Tu prends le train jusqu'à où ? »

La jeune femme était parfaite dans son rôle – parfaite tout court en fait. Leo y aurait presque cru si son instinct ne lui laissait pas entendre qu'il y avait quelque derrière ce départ précipité. Il lui fit promettre de ramener quelques souvenirs de Suisse, des preuves de son passage par son pays natal, elle lui proposa des chocolats, comme si elle cherchait à l'amadouer. « Je ne dirais jamais non à une boîte de Lindt ! » dit-il fièrement, il comptait avoir le droit à une boîte de Champs-Elysées. Puis, il avait décidé de l'accompagner, portant sa valise, décidant même de l'accompagner jusqu'à l'aéroport. Maxine avait beau dire qu'elle était assez grande pour le faire toute seule, le jeune homme était persuadé qu'elle voulait juste se débarrasser de lui. Prenant donc un air tout à fait consterné, sa voix monta d'un octave. « Non je tiens à t'accompagner ! Tu as quelque chose à cacher ? C'est pour ça que tu ne veux pas que je vienne c'est ça ? »

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