Ruby & Clay ☼ Paranoïa

Paranoïa  

Ruby, Léo & Clay

Plus les secondes s'égrènent et plus je m'dis qu'elle est bonne à enfermer celle-ci. Et d'une tentative de morsure entre deux paroles agressives. Ses dents viennent de pincer vivement mes chairs. Continue ma p'tite et c'est chez les blouses blanches que tu vas finir. Quelques coups d'œil me suffisent pour savoir qu'elle n'est sous l'emprise d'aucun stupéfiant, ni même de l'alcool d'ailleurs sans quoi j'en aurais ressenti les effluves à une si faible distance. Le diagnostique est posé: elle est tout simplement cinglée. Ce n'est que lorsque mes yeux percutent ceux de sa victime enfin relevée et que cette dernière tente pitoyablement de s'excuser que l'ironie de la situation est à son paroxysme. Lockhart? J'aurais du m'en douter, toujours à trainer là où il ne faut pas. N'était-elle pas censée être encore en Arizona?  " Je suis désolée, mais merci..." Quelles douces paroles que celles qui viennent tout juste d’être prononcées. J'en aurai presque la larme à l’œil si.... Je plaisante. Tous ceux qui me connaissent un temps soit peu savent pertinemment que ce genre de simagrées ne me touchent pas le moins du monde. Lockhart aura beau sécher ses pleurs, la voir dans cet état de faiblesse m'enchante. Puis elle se rapproche et gifle cette folle dont je maintiens toujours contre moi la silhouette, geste qui ne me choque pas plus que çà. Mais pour avoir déjà vu des junkies en pleine hallu, j'suis pas certain que ce soit la meilleure des idées bien que ce fusse très plaisant à regarder. Là, elle la secoue un peu, ses mains cramponnées sur ses épaules. " Arrêtes tes conneries ! On ne veut pas te tuer, on veut juste te calmer de ta crise ! " Comment te dire Léo.... t'as encore beaucoup à apprendre sur le mot " apaiser ", il te suffirait pourtant à l'occaz d'ouvrir un dico.  Dévisageant le monde qui nous entoure, je ne trouve rien d'autre à dire qu'un  " Faudrait p't'etre revoir tes fréquentations Lockhart. La prochaine fois, laisse-les au CHA. "

La claque eut l'effet d'une bombe sur Ruby, elle ne bougea pas durant quelques secondes, le regard dans le vide. Qu'avait-elle fait ? Pourquoi ? Elle sentit une boule se former dans sa gorge et les larmes redoublèrent, tandis que ses jambes cotonneuses la lâchaient. Elle s'écroula au sol en pleurant, la tête entre les mains. « Qu'est-ce que j'ai fait... », se disait-elle pour elle-même en pleurant. Elle avait essayé de tuer sa jumelle, elle l'avait agresser et cette pensée la torturait, lui faisait extrêmement de mal. Elle pleurait sans retenue, choquée par ça, par ses actes horribles. Elle resta au sol durant plusieurs minutes, sans rien dire, sans bouger : seulement à pleurer toutes les larmes de son corps. Au bout d'un moment, elle se mit à répéter : « Je suis désolée, je suis désolée... », sans s'arrêter. Elle se sentait tellement mal d'avoir fait une chose comme ça et n'osait même plus regarder sa soeur. « Pardon...Je suis horrible... »

Paranoïa  

Ruby, Léo & Clay

" C'est ma soeur jumelle ". Non... Sérieusement? Encore l'une des tes blagues vaseuses Lockhart? Dans le doute, je lâche le corps de l'ingénue et détaille les traits de son visage. Aucune ressemblance, elle se fout de ma gueule c'est d'une évidence... Mais une autre conversation, un autre délire me revient alors en tête: des paroles échangées avec une autre blonde le mois dernier dont j'espère toujours l'appel. " Dans cette famille c'est tout ou rien ",  " Tu n'as pas idée. " m'avait-elle sournoisement soufflé. Maintenant je comprends mieux le sous-entendu. Et moi qui disait çà pour déconner, tout compte fait, je n'étais pas si loin de la vérité.
Au final, la folle semble retrouver ses esprits et s'écroule à terre en pleurs, se donnant davantage en spectacle alors que Léonora se jette à ses pieds pour la réconforter. J'aime ma sœur moi aussi mais que Dieu me garde d'une telle honte. Le petit gars en uniforme choisit cet instant précis pour m'accoster " Ça va le faire vous pensez? " Là, je me retourne vers lui, sans la moindre expression d'affichée. Ah si, peut-être celle du gars légèrement étonné face à un mec qui ne sait pas faire face à ses responsabilités... " Il serait peut-être temps de changer de métier l'ami "
D'une oreille attentive, j'écoute les recommandations que fait Léo à sa dite "sœur" jusqu'à ce qu'elle se grille d'elle même " on rentre à la maison. Ton père ". Ah. A moins que sa mère fut une adepte des parties à trois, des jumelles sont censées venir de la même union non? J'dis çà, j'dis rien, mais c'est ce que j'ai principalement retenu du secondaire. Il est vrai que je ne vais pas chercher midi à quatorze heures mais ce détail, plus le fait qu'elle ne se ressemblent pas, fait j'en tire direct ma conclusion.

C'est alors qu'elle me tend de ses doigts fins un petit objet métallique dont je reconnaitrais l'éclat entre milles, qui quelques jours plus tôt avait fait l'objet de textos entre nous deux. " Tiens profites de l'occasion pour le récupérer. " Mais la colère surpasse alors la reconnaissance et je m'en empare sans la remercier. Un coup d'oeil dessus et mon pouce, d'un geste habile, l'ouvre pour en vérifier le mécanisme. Une flamme s’épanche lentement au-dessus de l'évent et un sourire se peaufine sur mes lèvres.  Et là le p'tit gars en costard revient à la charge, sans doute frustré par son manque de spontanéité au tout début de la bagarre. " C'est interdit de fumer ici ". Je le toise du regard, étouffant la flamme de mes doigts sous ses yeux avant de prendre le chemin de la sortie, bousculant au passage quelques abrutis. Famille de barges...