You're the fear, I don't care 'cause I've never been so high ► Bane

J'avais besoin de m'amuser, de me laisser aller, de faire la fête sans me retenir, peu importe quelles en seraient les conséquences. Le Summer Camp, que je pensais être une pause pendant l'année, un moyen de respirer un peu, s'était avéré être tout le contraire. Tout les matins, le réveil était insupportable à cause d'une fête vécue la veille, les souvenirs s'embrouillant et les conneries s'enchaînant. Des engueulades, des coups d'un soir, voilà quel était mon quotidien, ce à quoi je dédiais mes journées car rester au Summer Camp juste pour  bronzer? Non merci, ce genre d'événements devait ajouter du piment à votre vie, pas vous assommer pendant les vacances d'été! Souriant aux délicieux souvenirs faits durant ce dernier mois, je me servais un troisième verre d'alcool, déjà euphorique. Qui sera ma nouvelle cible ce soir ? Quel mec jalousera en me voyant aux bras d'une nouvelle bombe? me demandais-je, mon regard faisant le tour de la boîte de nuit. Certaines femmes se déhanchaient d'une manière qui se voulait sexy mais qui ne risquait d'exciter personne, excepté quelqu'un de plus désespéré qu'elles. Ces filles là, je les évitais pour une seule bonne raison : elles n'en valaient pas la peine, trop simples à séduire. Une femme réussit néanmoins à avoir mon attention, belle, grande, tout à fait mon type. L'approchant doucement, fixant son dos pour ne pas la perdre de vue, je ne réalisais qu'une fois arrivée à sa hauteur que je la connaissais déjà. Bane. On s'était rencontrés au bar, douce, sincère, un peu trop à mon goût, me poussant à la coacher, la prendre sous mon aile. Tant pis, ce soir était spécial, pourquoi ? J'allais tout simplement braver les interdits. « Besoin d'un verre ? » lui demandais-je avec un clin d’œil. « Bon ce n'est pas moi derrière le bar mais je peux toujours m'arranger pour que ton verre soit le meilleur ! » rajoutais-je un sourire amusé aux lèvres, en référence à notre rencontre.

J’avais déjà bien vécu mon summer camp depuis mon arrivée. J’avais fait des rencontres extraordinaires comme désagréables et je ne savais pas vraiment quoi faire de plus. Ça faisait trois nuits que moi et Naima on s’empêchait mutuellement de dormir avec nos inconnus d’un soir et je voulais un peu de changement. Je voulais essayer de trouver une personne bien pour une fois. Enfin, c’est ce que je m’étais dit avant de me rendre à la boîte de nuit du moment. Je m’étais promise de changer de façon de faire, j’avais voulu m’en convaincre, mais tout le monde me connaissait maintenant, je tenais peu mes promesses quand on m’offrait trop de verres d’alcool. Et avant même de m’y rendre, j’avais partagé plusieurs shooters avec Naima. La sale amie qu’elle était n’avait pas voulue m’accompagnée mais je voulais à tout pris sortir, donc je me retrouvais là, entrain de danser doucement, écoutant surtout les battements de la musique pour me baser dessus. Jusqu’au moment ou un simple « Besoin d’un verre ? » arrivait à mes oreilles. Je me retournais de manière soi-disant sexy avant de me rendre compte qu’il s’agissait de mon barman préféré. « BLAKE ! » Sans même que je réponde, il continuait simplement, me disant que malheureusement ce n’était pas lui derrière le bar, ce qui me faisait faire une moue un peu triste. L’alcool commençait son accession fulgurante à ma tête, je ferais n’importe quoi ce soir. Il me redonnait le sourire en disant qu’il pouvait m’arranger le meilleur de tout les verres. Mes dents étaient toutes de sortie et je déposais mon gobelet vide sur la table à mes côtés. Enfin, je n’avais pas vraiment regardé s’il y avait une table, je l’avais juste lâché. Comme si de rien n’était pour m’approcher de Blake. « Ho mon dieu bien sûr que je veux un verre ! Qu’elle question aussi. » Je le prenais dans mes bras, comme ça. Sans raisons. Je l’aimais bien ce gars. Il était gentil et j’avais l’impression qu’il me comprenait un minimum. En le relâchant je l’attrapais par la main. « On y va. » Je commençais à marcher, gardant sa main dans la mienne jusqu’au niveau du bar, où je me tournais de nouveau vers lui. « Tu prends quoi toi ? Et tu me proposes quuuuuoi ? » J’étais curieuse, trop même parfois. Mais c’est ce qui faisait mon semi-charme.

Elle grimaçait, tentant de faire ce qui ressemblait à une moue triste mais cela n'était pas immonde, loin de là, la rendant même craquante. Je m'étais alors empressé de la rassurer, lui promettant le meilleur verre, lui redonnant ainsi le sourire. Bane s'empressa d'accepter, faisant passer ma question pour quelque chose de débile, après tout on était en boîte de nuit, un verre vide à la main, plutôt logique qu'il lui en fallait un autre. Ceci était la raison pour laquelle elle m'emmena au bar, me prenant par la main comme un enfant de cinq ans mais peu importe, avec elle j'étais bien, on se connaissait par cœur, aucune gêne, aucun secret, rien que deux jeunes idiots. « Tu prends quoi toi ? Et tu me proposes quuuuuoi ? » Curieuse, comme à son habitude. Pourtant elle devait savoir que je ne lui dirais rien, je voulais lui faire une surprise, quelque chose qui sortait de l'ordinaire. « Moi je prend un shot. Et toi.. Hum laisse moi réfléchir.. » je fis mine de penser pendant quelques minutes, prêt à tout pour l'agacer, pour rigoler un peu. Bane était là pour ça après tout non ? Quel intérêt d'aller en boîte de nuit si ce n'était pour s'éclater un maximum, pour faire des conneries qui ne nous ressemblaient pas ? Il fallait quelque chose de spécial ce soir, un souvenir marquant, qui lui donnerait ce sourire que j'aimais tant. Alors, sans prévenir, sans attendre une seconde de plus, je collais mes lèvres aux siennes. Notre relation était spéciale, nous n'étions pas amants ou quoi que ce soit dans ce genre mais Bane aurait pu être la femme de ma vie. Notre amitié était sans disputes ou en tout cas pas de très importantes, ce qui aurait fait de nous un des couples les plus stables. Mais nous n'étions pas amoureux. Nous étions uniques, trouvant dans l'autre ce qui nous manquait. Voilà pourquoi ce baiser, voilà pourquoi cette soirée, parce qu'au fond nous étions encore immoraux.

J’étais une fille avec beaucoup à donner. Je n’aimais pas particulièrement recevoir parce que j’avais vite appris que tout pouvait se renverser du jour au lendemain. Quand on est une fille adoptée, on sait à quoi s’attendre, on sait que quiconque on rencontre, il suffit d’une erreur pour que la cadence s’inverse. Je voyais Blake en face de moi et j’avais peur de le perdre à cause de mes bêtises, à cause de ce que je faisais sans cesse, sans réfléchir. Pourtant je lui souriais en lui offrant le plus possible de la personne que je suis réellement. Il est pour moi comme ce meilleur ami étrange et mystérieux. Je savais bien la réputation qu’il pouvait avoir auprès des filles et je ne prenais jamais peur devant lui. Je le connaissais un peu et rien ne pourrait se passer entre nous. Ou alors si peu. Il en avait une autre dans le cœur et je l’encourageais quand le cœur m’en disait de la pousser vers elle. Il me proposait un verre et je l’emmenais directement vers le bar. Je jouais presque le rôle de l’enfant insolite quand l’alcool prenait le dessus sur mes actes. Je n’étais pas bourrée, ou alors très peu. Je voulais simplement profiter de ma complicité avec lui et de cette soirée qui nous ouvrait les bras. Il m’annonçait que lui prendrait un shot avant de m’annoncer qu’il réfléchissait sur ce qu’il allait m’offrir. Je faisais une mine interrogatrice. Me demandant se qu’il tramait. S’il allait murmurer à l’oreille du barman pour que je n’entende rien, ou s’il allait dire un nom bien particulier de cocktail pour qu’encore une fois je ne comprenne pratiquement pas. Je me rapprochais alors d’un pas vers lui, toujours cette moue sur le visage. Je ne savais pas à ce moment-là que ses lèvres allaient se coller au mienne. Dans un sursaut mais aussi avec une agréable sensation. Je fermais tendrement les yeux, me laissant aller dans son sens. Blake et moi, c’était particulier. Très particulier. Il était normalement censé me coacher et m’aider à m’ouvrir aux autres. Je ne lui avais encore pratiquement rien dit de ma vie et il avait tout de suite été là pour moi. Alors, était-ce mal de penser que tout ceci était exactement ce qu’il me fallait, maintenant. Je décollais mes lèvres avec une lenteur décadente. « Blake… Je… Qu’est-ce que… » Sans même m’en rendre compte, je posais ma main dans son cou pour le ramener vers moi et l’embrasser à nouveau. Si une seule personne nous reconnaissait, nous étions foutu. Mais je m’en fichais. Je me fichais qu’on puisse dire que j’étais une mauvaise personne. Parce qu’au pire on allait s’arranger pour mettre ça sur le dos de l’alcool. Une soirée n’est rien sans ses débordements.