ghost from my past ✱ nat'

Cinéma en plein air. Je me suis étalé de la crème pour les insectes de partout. Je n'ai clairement pas envie de finir dévoré par ces bestioles ni défigurés si possible. Je suis complètement mort mais je n'ai pas envie de passer ma soirée au chalet, encore une fois. Je suis assez sage depuis que Sienna m'a récupéré au poste de police de Lake Havasuu mais il ne faut pas abuser non plus. On est là pour s'amuser et ces types l'ont carrément mérité, je n'en démords pas. Pris d'une envie pressante de faire pipi et voyant la queue interminable aux toilettes mis en place, je me dirige vers le fond de l'aire prévue et me soulage rapidement. Je soupire parce que ça fait un bien fou. J'entends du bruit à côté de moi et grimace rapidement. Non mais j'ai pas fini de vider ma vessie là ! Je me dépêche de finir mes petites affaires et je referme ma braguette tout aussi rapidement. Une jeune blonde passe à côté de moi et je souris. Ce n'est que lorsque je vois son visage que je me fige. J'ai le sang glacé et je déglutis avec difficulté. " Natalia ? " Ouai non, c'est pas possible. Ma petite soeur est morte en janvier sous mes yeux, dans mes bras. C'est impossible que ce soit elle. Ma main est sur son épaule et mon regard est perdu dans le vide, dans ses yeux que je cherche activement. Non, c'est pas possible...

Je me suis faite avoir, ce film est nul à chier. Je ne parle pas de cette façon du septième art en général mais là, je n'en peux plus, il faut que je bouge. Je me relève de ma place que je partage avec une araignée et je me secoue des brindilles et autres particules végétales qui souillent ma robe. Une fois dépoussiérée je plonge dans le bois par lequel je croyais être arrivée ici mais j'ai l'air d'avoir fait fausse route. Cela fait dix bonne minutes que je tourne en rond, mon portable ne détecte aucun réseau, super. Je traverse enfin une clairière et aperçoit un jeune homme. Je me sens moins seule, je dois me rapprocher de la civilisation. Je passe droit devant devant lui et j'entend tout à coup mon prénom, enfin je crois à moins que j'ai halluciné. Je me retourne et me fige devant lui en le dévisageant. Je ne connais pas ce beau brun mais il semble que lui me connaisse. Il pose sa main sur mon épaule et à ce contact inattendu je tressaille. Il paraît si perdu et momifié. Je commence à paniquer, qu'est-ce qu'il me veut ? J'ai la bouche entre ouverte, paralysée. Il faut que je parle sinon cet instant étrange ne cessera jamais. " Comment me connaissez vous ? On s'est déjà croisé quelque part ? " lui demandais-je en reculant d'un pas pour rompre le contact. Je dois faire quoi maintenant, fuir ? " Qui êtes vous ? " j'essaie de creuser dans ma mémoire mais rien ne vient, non je ne l'ai jamais vu, c'est pas possible, même en Italie, non, rien ne vient...  

Le cinéma en plein air aurait pu être une super idée si on avait tous eu une voiture décapotable et tout ce qui va avec. Oui, je trouve ça super classe et ça aurait pu donner un peu d'intérêt au film. Enfin, sauf que je suis seul et que je me serais fait totalement chier, tout seul comme un con. Une envie de faire pipi me prend et je pars, fais mes affaires. Alors que je me décide à retourner voir le film, je croise un visage familier. Enfin, un visage qui me semble familier. J'ai l'impression de voir Natalia et je suis obligée d'arrêter la jeune femme. Enfin, je l'appelle par le prénom de ma soeur et elle se reconnait. Je suis perdu, complètement largué et je la regarde avec des yeux de merlan fris, comme si j'étais devant un fantôme, ce qui est plus ou moins le cas à vrai dire. En tout cas, la jeune blonde semble paniquer et je grimace légèrement. C'est flippant. Elle ressemble trait pour trait à ma défunte petite soeur... " Je... Non... Je... Vous ressemblez étrangement à une amie proche " Bon, c'est pas vraiment ça mais je suis perdu là, vraiment. Je ne perds jamais mes moyens devant qui que ce soit. On nous apprend ça en cours, toujours faire face aux épreuves et imprévus. Bah, pour le coup, si on était en campagne politique et que mon adversaire voudrait me déstabiliser, cette fille serait parfaite. " Je voulais pas te faire peur je suis désolé.. " Soufflais-je à son attention.

Valentin m'a toujours dit de ne pas parler aux inconnus mais c'est plus fort que moi. Surtout pour cette occasion où je semble familière pour ce jeune homme. Il ne me dit rien pourtant dans son regard j'ai l'impression de signifier beaucoup pour lui. Finalement, j'apprend qu'il a fait une erreur. Je souris nerveusement, ne sachant pas si je dois continuer de tracer ma route. Il s'excuse de m'avoir fait peur. " Ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde et puis il fait sombre " ouais mais il a prononcé mon prénom, c'est ça le plus étrange. Je ne peux pas disparaître sans creuser cette histoire. Je m'avance vers le beau brun assez mystérieux et lui tend ma main. " Vous semblez connaître mon prénom, ou bien j'ai halluciné, Natalina, enchanté " prononçais-je afin de me présenter officiellement. Je suis terriblement nerveuse, peut être qu'on se connaît d'Italie, mais j'ai une assez bonne mémoire des visages, je n'ai aucun souvenir de cet homme. J'espère qu'il va se présenter à son tour pour dissiper tous les doutes qui commencent à grimper en moi.

Ça arrive à tout le monde de se tromper, c'est sur mais là, ça me perturbe carrément. Comment cette jeune femme - que je n'avais jamais vu - pouvait ressembler à ma soeur presque traits pour traits ? Et le plus perturbant là dedans c'est qu'elle avait presque le même prénom qu'elle ! Je sers sa main pour ne pas passer pour le connard du coin mais j'ai du mal. " C'est une blague dites moi voir ? " Je déglutis et je commence à stresser et pas qu'un peu... Je regarde partout autour de moi s'il n'y a pas des amis qui veulent me jouer un tour ou je ne sais pas quoi. " Quelqu'un vous a envoyé ? " Demandais-je en serrant les poings. Je ne vais rien lui faire à elle mais si c'était les connards qui ont tué ma soeur qui s'amusent avec moi ? Là, ça risque de faire mal, très mal ! " Moi c'est Nolan " Finis-je par souffler. J'ai du lui faire peur. Je veux dire, je me fais peur alors elle...

Je suis peut être tombée sur le gars le plus perturbé mentalement des environs. Et si c'était un évadé d'un hopital psychiatrique. Je suis pas dans la merde. Il me demande s'il ne s'agit pas d'une blague ? Qu'aurais-je fait pour le berner ? Je le dévisage et fronce des sourcils en lâchant notre poignée de main. Son attitude est plus que suspecte, elle est terrifiante, j'ai l'impression d'être dans un film d'épouvante. Ses questions sont digne d'un paranoïaque. Je dois tenter de le calmer ou je crains le pire. J'essaie alors d'entamer une discussion tout à fait normal, j'apprend qu'il s'appelle Nolan. J'adore ce prénom, c'est moderne et chic. " Nolan, c'est très joli. " le complimentais-je la peur au ventre. " Dites moi Nolan, vous vous êtes perdu ? Enfui ? " demandais-je d'une voix posée pour ne pas faire exploser un délire de plus qui sait... Si seulement je ne m'étais pas paumée, si seulement je n'étais pas passée par cet endroit. Je fouille dans ma poche à la recherche de mon téléphone, toujours aucun signal. Je suis désespérée. Moi qui voulait terminer ma vie en Italie, à Capri, c'est mal barré. " En tout cas je me suis perdue personnellement, on sort d'ici ? "

Perdu ? Enfui ? Elle croit quoi ? Que je suis un malade mental ? Je suis perdu dans mes pensées mais c'est tout. Mon comportement est étrange et je tente de me calmer, de me ressaisir mais c'est difficile... Elle ressemble comme deux goutes d'eau à Natalia et a presque le même prénom... Je sais qu'il est scientifiquement prouvé que des personnes à un bout du pays ou du monde nous ressemble mais là... " Je ne suis pas fou, je ne vais pas te faire de mal... C'est juste que... " Arrête de t'enfoncer Nolan. Ces quelques mots sont souvent ceux que les psychopathes prononcent dans les films avant de défoncer la cervelle de leur interlocuteur... " Il faut sortir par là " Lançais-je en lui montrant un petit passage entre deux buissons. C'est sombre, elle risque de prendre peur. " Je suis désolé d'être aussi stressé et... étrange mais vous... tu... " Je n'arrive pas à me reprendre, je suis toujours autant perturbé. J'ai envie de pleurer tellement ça me fait mal au coeur...

J'ai l'impression d'être dans un mauvais remake de films d'horreur. Je n'ai jamais dit qu'il était fou, pourquoi il se justifie ainsi. Je ne saisis pas où il veut en venir, je préfère adoucir la situation en parlant de chose concrète. La sortir par exemple. Quand je lui demande par où retrouver la civilisation, ce fameux Nolan pointe un trou noir entre deux buissons. C'est la sortie signifiant la fin de ma vie c'est ça ? Je grelotte pourtant il ne fait pas spécialement froid. C'est la peur qui commence à m'envelopper. Je le dévisage étrangement et je crois qu'il a compris que je suis terrorisée. Et si ma peur l'excitait ? Oh mon dieu. " Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde, j'espère que ce n'est pas moi qui te stresse " répondis-je en passant devant lui pour emprunter le passage mystérieux. J'entends des bruits de feuilles se froisser, il me suis. " Tu es au Summer Camp ? " demandais-je pour sonder encore cet homme assez déroutant. Je dois maintenir un certain dialogue naturel pour éviter de l'énerver. On ne sait jamais. Et puis, je fais peut être fausse route. Je l'ai sans doute surpris au mauvais moment.

" Non c'est pas toi enfin... " Enfin si, c'est un peu toi qui me stresse parce que je suis complètement perdue et que tu ressembles à ma soeur. C'est pas l'envie qui me manque de tout lui balancer mais elle va vraiment croire que je suis complètement tarée. J'ai déjà eu affaire à une folle russe il y a quelques jours alors bon, je vais éviter d'en affronter une deuxième. Même si elle n'a rien de russe. Pas dans son prénom ni dans son accent, rien. " Je... Tu as quel âge ? " Demandais-je légèrement. Dans la panoplie du psychopathe, je demande le curieux. " Oui oui... Je suis étudiant à Harvard en temps normal. Toi aussi je suppose puisque tu connais l'existence du Summer Camp. Il y a pas de masse de clients hors Harvard. Je me demande même s'il en a " Le doyen a carrément pu privatiser l'endroit que ça ne m'étonnerait pas...