Plan B • Blake

Qu'est ce qu'il se passe quand six adultes et un bébé rentrent en même temps au chalet après une journée bien chaude après laquelle tout le monde rêve de prendre une douche ? Et bien c'est la queue et quand t'es le dernier à passer, il n'y a plus d'eau chaude. Du coup, j'avais laissé Charlie à Matthéo qui ne l'avait pas beaucoup vu ces jours et qui avait eu la chance de passer en premier à la douche, j'avais pris mes affaires et je m'étais dirigée vers les douches des tentes. Là il y avait moins de queue, à croire que les malchanceux qui crevaient de chaud en tente rentraient plus tard que ceux des chalets qui pouvaient mettre la clim. J'entrais dans une douche et déposais mes affaires de toilettes et ma serviette. Je prenais soin de garder mon maillot de bain, sait on jamais ce qu'il peut se passer et je fermais les yeux sous l'eau, me relaxant complètement. La chaleur avait le dont de m'épuiser, de me mettre sur les nerfs et ça combiner à la grossesse, vraiment le moment de la douche tiède était le meilleur moment de la journée. Me savonnant, je me mis à chantonner un petit air, peut être mis dans la tête à cause des quelques jours passés avec Priape... « And I will always love you, I will always love you
I will always love you, you, Darling I love you, Oh, I'll always, I'll always love you» Un peu de pluie dans ce monde aussi chaud ça n'allait pas faire de mal si ? En attendant j'oubliais un peu tout le monde autour de moi, et j'oubliais surtout que je pouvais leur casser les oreilles.

Que quelqu'un me sauve, me dise quoi faire, qui choisir car cette décision était en train de me tuer à petits feux. Comment dire à l'une que je l'aimais moins que l'autre ? Je pensais aimer Arwën, avoir fait mon choix mais la voir hier soir n'avait fait que m'embrouiller encore plus. Malgré l'alcool, le flou de mes souvenirs, ce sentiment restait, celui qui me disait de prendre Elysia, qu'elle pourrait me faire subir les pires moments de ma vie comme m'offrir les meilleurs. Mais, et si ça avait juste été sous le coup de cette liqueur qui nous faisait tourner la tête, nous donnant l'impression que tout allait bien quand tout était fichu. Et bien, c'était tout le contraire, j'émergeais avec uniquement plus de questions, plus d'appréhension, une envie de hurler SOS. A la place de ça, j'entendis quelqu'un chanter « And I will always love you, I will always love you 
I will always love you, you, Darling I love you, Oh, I'll always, I'll always love you». Ironie du sort. Levant les yeux aux ciel, je m'arrêtais cependant, finissant par reconnaître la voix, Talya. Cette femme s'était forgé une place dans mon cœur, devenant une sorte de grande sœur pour moi. Un petit sourire aux lèvres, je criais pour qu'elle m'entende : « Cette déclaration a beau être magnifique, tu sais que l'homme à qui ça s'adresse n'est pas là ? Heureusement d'ailleurs, ça lui éviterait d'avoir à être sourd ! » J'ignorais si elle m'avait écouté, étant sous la douche, chantant à tue tête, agrandissant mon sourire au fur et à mesure que les fausses notes sortaient.

J'entendis une voix masculine monter dans la douche à côté. L'homme avait l'air de m'avoir reconnu mais moi j'avais bien du mal à le faire, peut être était ce parce que j'avais continué de chantonner alors qu'il parlait. « J'ai cette stupide chanson dans la tête depuis ce matin, c'est une horreur alors si monsieur l'inconnu de la douche d'à côté qui connait ma vie à un remède miracle je le prends. » J'arrête l'eau de la douche pour me shampooiner les cheveux et malheureusement la chanson revient encore et encore dans ma tête. C'est une belle chanson d'amour certes mais est ce qu'il n'y a pas plus cucul et ridicule que les chansons d'amour ? Je me fais rire moi même. I will always love youuuuuuuu. Ma conscience m'implore de me calmer et j'ouvre les yeux espérant que le shampooing ne va pas venir les piquer. « D'ailleurs est ce que Monsieur l'inconnu qui ne doit pas en être un tant que ça veut bien s'identifier ou il va m'obliger à me baisser pour voir des horreurs par dessous la douche ? » Je rigole toute seule, un petit peu fort, pour lui montrer que c'est une blague mais que je suis sûrement capable de le faire quand même, à ses risques et périls.

« J'ai cette stupide chanson dans la tête depuis ce matin, c'est une horreur alors si monsieur l'inconnu de la douche d'à côté qui connaît ma vie à un remède miracle je le prends. » Je la reconnaissais bien là, plaisantant me faisant ainsi rire. Est-ce que je lui avouais maintenant qui c'était ? Ou j'attendais qu'elle me reconnaisse à ma voix ? J'hésitais encore entre les deux, un peu trop longtemps d'ailleurs étant donné qu'elle me demanda mon identité pour lui éviter de se baisser et 'voir des horreurs'. Talya et son sens de l'humour, vraiment spécial, mais cela marchait, me détendait presque immédiatement. « Et si on faisait une devinette ? Qu'est ce qui est blond, complètement con et qui a besoin de ton aide ? » lançais-je sur un ton blagueur bien que je sois sérieux. Autant ne pas ruiner la bonne ambiance maintenant, autant profiter un peu plus de sa bonne humeur. « Alors ? Tu trouves ou t'as besoin d'autres indices ? » demandais-je, espérant qu'elle m'ait tout de même reconnu. Elle était comme une sœur pour moi, avec elle, c'était comme si la carapace qui m'entourait d'habitude avait disparu, laissant place à un homme totalement différent. Étrangement, cela ne me faisait pas peur, au contraire, cela me réconfortait, me donnant l'impression d'être un homme bien.

Avec les quelques indices qu'il me donna et après avoir arrêté la douche et la chanson dans ma tête pour mieux l'entendre je reconnus sa voix de suite. J'eus un petit rire à la manière dont il se décrivit et je ne pus m'empêcher de lui répondre : « Chaton d'amour, je vais te demander des indices supplémentaires parce que sinon tu vas croire que j'associe le mot con à ton nom et c'est pas le cas ! » Blake mon chouchou n'avait rien d'un con, c'était juste un homme dans la fleur de l'âge qui fait parfois des erreurs et qui s'en mord les doigts souvent après, mais qui n'en fait pas ? « Juste pour te prouver que je t'ai reconnu je vais te dire que je retire ce que j'ai dit concernant les horreurs, t'es plutôt bien foutu il faut savoir reconnaitre les belles choses... » Mon rire s'entend dans toutes les douches comme notre conversation, tout le monde va savoir notre vie si on continue. « T'as bientôt fini ou tu veux m'exposer ton problème là histoire d'avoir l'avis de je ne sais pas combien d'inconnus qui sont eux aussi en train de prendre leur douche. » Tout en parlant, je prends mon shampooing vide et je le remplis d'eau gêlée. Je me mets sur la pointe des pieds et je passe la main par dessus le haut de la douche et splash, j'appuye sur le flacon pour que l'eau froide lui tombe dessus sans savoir vraiment si je vise correctement. Je rigole d'avance de l'entendre râler.

Talya savait toujours quoi me dire pour me faire rire, pour que je sente qu'il y avait encore du bon en moi, m'appelant chaton d'amour ou m'assurant que je n'étais pas con, enfin pas autant que les personnes le pensaient en tout cas. De toute manière, je me fichais de ce que les autres avaient l'habitude de dire de moi, ce qui comptait étant l'opinion de mes proches que je tentais de ne pas décevoir. Talya était une de ces personnes, elle était même celle dont j'étais le plus proche, me permettant d'être moi même peu importe la situation. « Juste pour te prouver que je t'ai reconnu je vais te dire que je retire ce que j'ai dit concernant les horreurs, t'es plutôt bien foutu il faut savoir reconnaitre les belles choses... » Son rire retentit dans la salle, attirant peut être ainsi l'attention de toutes les autres personnes mais bon, peu m'importait qu'ils sachent à quel point j'étais gâté par la nature, cela me rapporterait peut être d'autres femmes. Cependant cela n'était pas le sujet principal de notre discussion, sujet qu'elle s'empressa d'ailleurs de rappeler, devinant tout de suite qu'il y avait un problème. Devais-je lui en parler tout de suite ? Ou était-il mieux d'attendre d'être seul afin de réfléchir tranquillement ? Je décidais d'attendre d'avoir fini la douche, qu'il y ait moins de monde, les rumeurs circulant vite au sein du Summer Camp. Talya semblait être de cet avis aussi, me renversant de l'eau gelée dessus, m'arrachant ainsi un cri. « Putain Talya ! T'es au courant que je me vengerais à un moment ou un autre pas vrai ? » la prévins-je encore sous le choc, me dépêchant de rallumer l'eau chaude. « Pour la peine, je raconterai mon Il était une fois à quelqu'un d'autre ». Je tentais de la faire marcher, affichant un sourire qu'elle ne pouvait voir. Ce serait une partie de ma vengeance, lui faire croire que lui raconter mes problèmes ne m'intéressait plus. « Si j'attrape un rhume, tu devras veiller sur moi, me donner à manger tout le temps.. » finis-je, comme pour lui faire comprendre que tout ceci était une blague, qu'elle ne s'inquiète pas de m'avoir énervé.

On riait de bon coeur à nos bêtises à tous les deux. Blake était plutôt bien foutu il ne fallait pas le nier, mais quand même je n'avais pas tout vu, nous étions très proches mais pas intimes, nous n'avions jamais vu la moindre ambiguïté surgir entre nous, je ne voyais pas pourquoi il y en aurait maintenant même si on s'était toujours envoyé des petites vannes comme je venais de lui faire, comme si j'avais déjà vu ses bijoux de famille... D'ailleurs tout le monde irait dire ce qu'il voulait, je m'en fichais, je n'étais plus à un jugement près après tout. « Ta vengeance sera douce et adorable parce que je suis enceinte et que tu prends soin de moi, alors je peux te faire ce que je veux... » J'étais protectrice avec Blake, j'aimais le conseiller, l'aider, l'épauler, mais il avait bien du mal lui aussi à voir des gens me faire du mal, à me voir malheureuse. « A qui tu vas raconter ça ? A la fille qui partagera ton lit cette nuit, ou ta douche demain ? » Hihi, je rigolais encore, j'allais prendre une douche froide moi aussi s'il continuait. « T'as fini ? Tu sors pas tout nu hein ? » Je le taquinais puis je sortis, une serviette enroulée autour de ma poitrine, l'autre autour de mes cheveux. Quand il sortit à son tour de la douche, je lui ébouriffais les cheveux. « Faut que je m'entraine à avoir un deuxième enfant à m'occuper et peut être un petit mec en plus, alors c'est pas un souci ! Puis au moins avec la fièvre ou je ne sais quoi tu me raconteras tout. » Je lui fais un petit clin d'oeil et dépose un baiser sur sa joue pour le saluer.

Talya et moi étions là à se taquiner, comme deux grands gamins. Oui, nous étions deux adultes qui retrouvaient leur esprit d'enfants une fois ensemble, nous redevenions innocent, riant des pêchés l'un de l'autre, nous moquant de notre stupidité. Ce monde était pourri par l'homme, par sa vanité, son envie de pouvoir, ses défauts. J'avais été pourri aussi mais Talya voyait autre chose en moi, comme si j'avais droit à une seconde chance, au pardon. Malgré tout ce que j'avais fait, elle continuait de croire en moi, me donnant l'espoir de n'être pas si horrible que ça. « Je n'ai jamais essayé la douche mais merci du conseil ! » Je souriais, le cœur léger, l'esprit ailleurs, comme si j'étais sous l'effet d'une drogue, hésitant même à sortir tout nu après sa remarque. Mais à la place, j'enroulais une serviette autour de mon bassin, la laissant m'ébouriffer les cheveux comme si j'étais un enfant de cinq ans. « Merci Talya. » dis-je le plus sérieusement du monde, le regard soudain triste. Elle était enceinte, avait ses problèmes et j'étais sur le point de l'emmerder avec les miens, peut être étais-je aussi égoïste que ce que les personnes pensaient finalement. « Evite juste de renverser de l'eau gelée sur tes gosses, ça sera déjà un bon point ! » Une blague, un sourire et le tour était joué. Ce n'était pas grave, ce sentiment de détresse passerait. Je m'en débarrasserai tout comme je l'avais fait avec mon père. « Et puis ne t'en fais pas, je leur enseignerai comment faire tourner leur mère en bourrique »

« T'as jamais essayé la douche ? Non mais il faut tout t'apprendre à toi ! » Je rigole et je finis par sortir de la cabine, une serviette autour de mes cheveux un autre enroulée autour de moi au niveau de ma poitrine. Je lui ébouriffe les cheveux et quand il me remercie je lui réponds avec un petit sourire : « De rien chaton c'était un plaisir. » Je lui tire la langue et rigole. « T'en fais pas pour eux, ils sont entre de bonnes mains. » Je suis peut être une bille en tant que femmes, enfin surtout en tant que petite amie de Priape mais pas en tant que maman, c'est surement la seule chose que je réussie à peu près bien dans ma vie personnelle alors bon... On va espérer que cela ne change pas de suite. « Je compte sur toi pour ne pas m'ennuyer alors ! Mais s'ils me font la galère en pleine nuit attends toi à ce que je t'appelle. » Et interdiction de mettre son téléphone en silencieux, ce n'était pas du jeu. Je plante mon regard dans ses yeux, et je vois bien qu'il est travaillé, qu'il a besoin de parler. Je le prends par le bras et l'entraine à l'extérieur des douches. « Dis moi ce qu'il se passe plutôt que de blaguer et faire comme si tout allait bien, je vois bien que t'es tracassé ! »