Ruby se mit à rire très légèrement à sa remarque. Elle haussa les épaules avec un petit sourire taquin. « J'ai une très bonne mémoire. », avoua-t-elle en plantant son regard dans le sien. Lorsqu'il s'enquit pour elle, elle fut attendrie. Certes, elle avait des complications mais elle avait besoin de voir du monde, de sortir un peu et de respirer l'air de l'extérieur. Elle caressa son ventre et sourit un peu plus. « Ne t'inquiète pas, j'ai besoin de sortir un peu aussi. Je n'aime pas rester enfermée trop longtemps...d'ailleurs, je ne suis pas hospitalisée. Mon père étant gynécologue, il me surveille à la maison pour éviter le stress de hôpitaux...il sait que je n'aime pas ça. »
Lorsqu'il lui parla de son bébé, elle ne put s'empêcher de le trouver trop mignon de parler ainsi de sa progéniture. Il avait l'air content, quand même et c'était le principal. Léonora lui avait tellement parlé de lui qu'elle ne doutait pas une seule seconde qu'il serait un bon père pour ce bébé à venir. « Ils auront un mois de différence, c'est drôle ça. », dit-elle amusée. « Oui, une seconde fille. », enchaîna-t-elle. « Oui, je suis contente. C'est Léo qui l'est moins, elle voulait un neveu. ». Elle se mit à rire, quand elle eut le souvenir de la réaction de sa soeur face à ça. « Et toi ? Tu sais le sexe du bébé ? ». Elle était curieuse de savoir si le bébé qui aurait un mois de différence avec le sien serait un garçon, ou une fille mais peut-être qu'il ne le savait pas encore et ça lui paraissait probable.
Lorsqu'il parla de sa séparation avec Talya, elle lut de la tristesse dans sa voix et dans son regard. Elle posa une main sur la sienne pour le réconforter, elle comprenait à quel point cela pouvait être difficile. « Tu vas t'en sortir, je te le promets. Ca ne sera pas facile, ça ne l'est jamais...mais tu vas y arriver. Tu es fort. ». Elle ne le connaissait pas si bien que ça, mais elle était persuadée de ce qu'elle disait...Elle lui fit alors un sourire rassurant, elle savait qu'il ne serait pas seul et elle-même serait présente s'il lui demandait de l'aide.
La gorge de la jeune femme se noua quand il lui posa la question fatidique sur les pères des filles, elle hésita un moment à parler. Pouvait-elle lui faire confiance ? Sûrement. Il était le meilleur ami de Léo, ce qui voulait dire qu'elle lui faisait confiance...alors Ruby le pouvait aussi. Pourtant elle ne voulait pas avoir l'air de s'apitoyer sur son sors... Elle prit une profonde inspiration et commença, d'une voix très tremblante. « Le père d'Elsa...est un monstre. Je...Je prenais des cours de piano quand j'étais petite...j'ai commencé à 6 ans. Il était mon professeur...J'avais une confiance aveugle en lui, il était un model pour moi et...et lui il m'aimait. Il ne m'aimait pas parce qu'il s'était attaché à moi, ou parce qu'il me considérait comme une petite soeur...Non...Il m'aimait vraiment. Il m'admirait, j'étais son élève prodige, sa petite perle... et...à 17 ans, il m'a enlevé. Je ne sais plus combien de temps il m'a séquestré, parce que c'est le genre de choses qu'on veut oublier mais...je m'en suis sortie avec de graves séquelles, et...un bébé. Pendant ma rééducation, j'ai appris que j'étais enceinte et que j'étais obligée de garder le bébé...Mon corps était trop faible, et de toutes façons il était trop tard pour avorter... Je l'ai très mal pris au départ, je n'en voulais pas...Après tout, j'avais 17 ans, j'étais trop jeune pour être mère et ce bébé était le fruit d'un viol. Quand j'ai tenu ma fille dans mes bras, après de longues heures d'accouchement et bien...je l'ai aimé plus que tout, et par chance elle me ressemble physiquement. Je n'y vois pas les traits de son père...et même si c'était le cas, c'est ma fille et je l'aime, malgré les difficultés qu'on surmonte... ». Elle marqua une petite pause, serrant la main qu'elle avait posé sur celle de Priape quelques minutes avant. « Le père du bébé à venir était...mon meilleur ami. C'est celui avec qui je passais mes vacances en Irlande, avec qui j'ai fait les 400 coups etc...on se connaissait depuis...depuis qu'on était tout petits et on était inséparables. Il a toujours été là pour moi...début janvier, on est allé à une fête et...et on était bourrés. On a couché ensembles...Ensuite, les prises d'otages ont eu lieu et ils n'ont rien vu à l'hôpital, c'était encore trop récent. J'ai commencé à avoir des nausées après ma sortie et là...j'ai appris que j'étais enceinte. Il était prêt à assumer son rôle et le prenait très à coeur : il cherchait déjà des prénoms, il se renseignait sur les meubles pour la chambre, pour les vêtements, etc. En février, il...il s'est fait assassiner. La police n'a pas retrouvé le tueur...c'est dur, mais je suis obligée de remonter la pente pour ma fille et mon futur bébé. »