Daddy I'm so sorry, we just like to party | Aylina

Je suis putain de paumé. Je sais que j'aime toujours Amanda. En fait, j'en suis au stade où je me demande si je serai capable d'arrêter de l'aimer un jour. Et voilà que je découvre que j'ai des sentiments pour Alice aussi... Alice, que j'ai toujours pris simplement pour une très bonne amie, Alice, qui est mariée, Alice, qui n'a vraiment pas besoin que j'apporte des bouleversements suplémentaires dans sa vie en ce moment. Je ne voulais vraiment pas l'embrasser, non, je ne voulais pas la troubler, pas prendre le risque de la bousculer encore plus... Je savais bien que ça allait juste gâcher notre amitié. Mais putain, elle était tellement belle, tellement proche...

Résultat, j'ai confié Leonardo à Lyssana et je me suis dirigé comme un zombie vers la boîte de nuit. Je suis au bar et j'ai tendance à enchaîner les verres depuis tout à l'heure. Je commence à être un peu bourré, en fait. Mais je m'en fous, ce soir c'est la soirée où j'ai décidé que j'oubliais, comme on cherche à oublier quand on a dix-sept ans : très, très stupidement.

Mais là, l'alcool commence à me débrider et j'en ai ras-le-bol de m'ennuyer dans mon coin. Personne ne m'a abordé, sûrement parce que jusqu'à présent, j'avais une tête à faire peur - ma tête de mafieux, comme dirait Lyssana, sourcils froncés, yeux noirs comme la nuit, lèvres pincés - alors je décide de faire un effort, d'avoir une expression plus engageante et de regarder autour de moi. Je vois tout de suite une jolie brune, à deux ou trois personnes de moi au bar, qui semble être aussi seule et s'ennuyer autant que moi. Après tout, pourquoi pas, hein ? J'ai décidé de venir ici pour oublier. Et Alice, et Amanda. Alors je me lève pour m'asseoir sans gêne à côté d'elle.

- Être seul assis à un bar, ce n'est jamais très marrant. Ça vous dirait qu'on se rende mutuellement service ?

Après avoir passé une partie de la journée en compagnie de ma cousine, j'avais décidé d'aller faire un tour en boite, toute seule. Ne voulant pas aller faire la fête avec tout le monde, c’est après plusieurs minutes de marche, que j’étais arrivée à destination. Pourquoi pas, au moins ici, je rencontrerai peut-être de nouvelles personnes, qui ne viendraient pas forcément de Cambridge. Bref une fois mes affaires déposées au vestiaire de la boite, j’avais pris la direction du bar et après avoir commandé ma boisson, j’avais commencé à boire celle-ci, tout en regardant autour de moi. Perdu dans mes pensées, j’étais en train de ressasser ce qu’il s’était passé dans ma vie durant ces derniers mois, quand tout à coup quelqu’un était venu m’aborder. J’allais prendre la parole, après que ce dernier se soit assis à côté de moi, quand à l’entente de la fin de sa phrase, j’avais failli m’étouffer avec ma boisson. Non, mais il me prenait pour qui ? Le regardant alors, plus que surprise, j’avais pris la parole à son attention, sans le lâcher du regard « Pardon ? De quel genre de service vous parlez ? Je ne sais pas pour qui vous m’avez prise, mais en tout cas, vous êtes trompés. Je ne suis pas du tout le genre de fille que vous croyez. Bien au contraire. »

Son expression de fureur totale me fait hausser un sourcil, alors qu'elle m'épingle d'un regard flamboyant. Allons bon madame, faut pas s'énerver comme ça, j'essaye juste d'être gentil, bon, un peu maladroitement et un peu bourré, mais quand même, il ne se cachait rien de mal derrière ma proposition ! Je ne l'ai même pas abordée par envie de la ramener dans mon lit ce soir. J'ai juste besoin de me changer les idées, et elle était là, seule à boire au comptoir comme moi, la cible idéale. Mais je comprends mieux la méprise lorsqu'elle me répond. Le quiproquo est tellement ridicule que j'ai une forte envie d'éclater de rire, mais je me contiens, peu désireux qu'elle croie que je me moque d'elle.

- Le genre de fille dont vous parlez est beaucoup plus vulgaire que vous, et je ne les aborde pas. Je m'ennuyais tout seul, assis à un bar. Vous aviez l'air de vous ennuyer toute seule, assise à un bar. Je me suis dit simplement qu'on pourrait s'ennuyer à deux, c'est plus amusant.

Et histoire qu'elle ne prenne pas ça pour une invitation suspecte une nouvelle fois, je lève la main droite comme pour faire un serment et ajoute :

- S'ennuyer à deux au bar. En tout bien tout honneur. Comme deux adultes faisant connaissance. Sans aucune idée scabreuse derrière la tête. Croyez-moi, j'ai assez de soucis avec les femmes en ce moment pour ne pas vouloir draguer des inconnues, aussi jolies puissent-elles être.

Non mais c'est vrai, quoi. Être amoureux de son ex ET d'une femme mariée, c'est largement suffisant. Je ne vais certainement pas prendre le risque d'en rajouter. Évidemment, je dis ça maintenant parce que je ne suis pas encore assez bourré pour faire des conneries, mais je repousse cette idée loin dans un coin de ma tête. J'veux rien faire avec cette fille, j'ai juste besoin de penser à autre chose, c'est pas compliqué comme situation.

Je ne sais pas pour qui ce mec m'avait prise, mais ce qu'il y a de sûr c'est qu'il se trompait s'il pensait que j'étais l'une de ses nanas vulgaires, sans aucune classe qui couchaient ou accompagnaient des mecs le temps d'une soirée pour de l'argent. Alors bien évidemment en entendant les dires du jeune homme, je n’avais pas pu m’empêcher de le remettre rapidement à sa place, tout en soutenant son regard. Puis, pensant que ce dernier allait lâcher l’affaire, j’avais de nouveau porté mon verre à ma bouche, quand soudain le jeune homme avait repris la parole pour lever tout malentendu et me dire qu’il ne faisait pas du tout allusion à ce genre de service, par ses dires précédents. Ce dernier ajoutant ensuite qu’il voulait juste me tenir compagnie en tout bien tout honneur, sans idées derrière la tête, j’avais alors pris à mon tour la parole, tout en soutenant son regard « Bon d’accord, admettons que vous dites vrai… je veux bien vous accordez le bénéfice du doute. » buvant de nouveau quelques gorgées de ma boisson, j’avais ensuite ajouté « Qu’est-ce qu’un mec qui a soit disant des problèmes avec deux nanas, vient faire dans une boite de nuit, auprès d’une jeune femme qu’il ne connaît pas ? Vous n’avez pas peur qu’elle débarque toutes les deux et se fassent de fausses idées ? »