SHELDON & ROXY Ϟ Family matters more than anything

Recroquevillée dans ma chambre, j'observais par la fenêtre les étudiants qui circulaient, sourire aux lèvres, de gauche à droite pour rejoindre leurs différents cours. Depuis que j'avais appris que Jude pouvait mourir d'un instant à l'autre sans greffe de moelle osseuse, j'étais totalement dévastée. Demain, j'avais rendez vous à l'hôpital afin de faire la prise de sang qui vérifierait ma compatibilité. Autant vous dire que j'étais plus stressée même qu'en période d'examens. Je me mordais les ongles, je tournais en rond... Enfin bref, tout ça pour dire que malgré le début des vacances et la fin des examens, je n’avais pas la moindre envie de quitter ma chambre. Mais j’avais cruellement besoin de quelque chose à manger, et mon frigo était vide. Problème : J’ai laissé ma voiture à Phoenix il y a un mois de cela. Et je me voyais mal appeler Jude pour qu’il m’emmène à la superette la plus proche, alors qu'il tenait à peine sur ses jambes à cause de sa maladie. Je me redressais, attrapant un gilet noir pour recouvrir mes épaules nues. Il faisait frais encore ces temps ci, même avec l'été approchant. Je jetais un œil à mon miroir pour mettre mes cheveux blonds correctement, et clés et sac en mains, je quittais ma chambre en trombes, sans faire attention aux autres étudiantes dans les couloirs, chuchotant à propos des cernes soulignant mes grands yeux bleus. Quittant rapidement le bâtiment Cabot, je m’enfonçais en vitesse hors du campus, marchant à vive allure. Un bus conduisait jusqu’à la ville : Je n’avais pas le courage de marcher autant, surtout après avoir si peu dormi.

Un quart d’heures plus tard, je sortais de la superette la plus proche, un sac plastique plein de conneries et de sucreries en main. Alors que je le rangeais tranquillement dans mon sac, je vis passer sous mon regard ahuri le seul bus de l’heure. Impossible de le rattraper, je ne me sentais vraiment pas de lui courir après. Bon, eh bien j’allais devoir me résoudre à rentrer sur Harvard à pied. M’agrippant à mon sac à main, je m’enfonçais dans la rue, ayant la désagréable impression d’être suivie. Je fis semblant de jeter un œil à mon téléphone, et remarquait qu’un étudiant que je voyais souvent m’observait, me suivant en retrait. Je déglutis, sois j’étais folle, soit ce type en avait après moi, et ce n’était pas la première fois. J’accélérais le pas, il fit de même. Immédiatement, je me sentis comme un mois plus tôt, traquée. Je tournais dans une rue, me mettant à courir en titubant, et tournais encore, faisant face au Square Inman. Je ne voulais pas … Je ne pouvais pas décemment passer par là après notre agression avec Billie. Plus maintenant. Je décidais d’emprunter une rue annexe, plus longue, pour contourner ce chemin, et accélérais de nouveau, me heurtant brutalement à quelques étudiants qui semblaient ravis de tomber sur moi. « Mais ne serait-ce pas Roxanna Blackburn ? » demanda l'un d'entre eux en m'attrapant par le bras pour me coller contre le mur le plus proche. Le deuxième éclata de rire, m'observant avec intérêt. « Pourquoi tu t'es casé si sérieusement avec ce type, Montgomery ? Plus beau couple de l'année ? De la merde! J'irais tellement mieux avec toi, avoue! » Je fulminais, forçant le type à me lâcher le bras. Des larmes montaient déjà, sous l'effet de la colère et j'avais les nerfs à fleur de peau. « Foutez moi la paix ! » m'écriais-je en essayant d'avancer, en vain. Ils semblaient bien décidés à m'agacer jusqu'au bout. L'un d'entre eux s'apprêtait à de nouveau contre attaquer, quand brutalement l'étudiant de tout à l'heure s'interposa, bousculant l'étudiant qui venait d'attraper mon bras. Je le regardais, bouche bée, se mettre devant moi. Mais qui est ce type?

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C’était bien la première fois qu’une femme m’obsédait à ce point-là. Et pourtant, j’en avais connu un certain nombre. Non, je ne suis pas en train de me vanter du nombre de mes conquêtes, ce serait complètement inapproprié ici, mais je n’avais pas l’habitude de me prendre la tête pour une femme. J’évitais même les filles trop compliquées, car elles ne correspondaient pas à mon style. Mais Roxanna n’était pas une fille comme toutes les autres : même si personne, ou presque le savait, elle était ma sœur cadette. Celle dont je n’ai appris l’existence il y a à peine quatre ans, celle avec qui je n’ai pas grandi, celle que je n’ai pas pu protéger. J’ai su que c’était elle presque le premier jour où je l’ai aperçue, sorte d’intuition. Mais curieusement, je n’ai jamais eu le courage nécessaire pour aller lui parler. En lâche, je me suis contenté de l’observer, pour en apprendre un maximum sur elle. Et quand elle semblait se rendre compte qu’elle était suivie, je me cachais. Parce que je ne savais quoi dire. Je me sentais incapable de raconter cette histoire, je me sentais un peu coupable de ne pas avoir été là pour elle avant.

Pendant qu’elle faisait ses emplette dans une petite supérette à deux pas de l’arrêt de bus, je l’attendais assis sur une barrière, m’occupant à envoyer quelques messages prévenant de mon probable retard à la soirée prévue un peu plus tard dans la soirée. Roxanna passa devant moi, un sac bien rempli dans les mains, et je recommença ma traque silencieuse. Le dernier bus nous passa devant le nez. Tant pis, mais un peu de marche ne me ferait pas de mal. Je n’avais pas vraiment eu le temps de courir avec les examens. Les mains dans les poches, je la suivais d’un air le plus nonchalant possible, faisait bien attention de laisser une certaine distance entre nous, comme je l’avais tant de fois vu faire dans les films d’espionnages. Elle accéléra soudain le pas, je ne dus faire de même pour ne pas la laisser me semer. Elle tourna dans une petite rue, et se mit carrément à courir. Je ne pus m’empêcher de crier un « Mais attends ! » qu’elle ne semblait pas avoir entendu. Je me mis à mon tour aussi à courir pour la rattraper, mais elle n’était déjà plus au bout de la ruelle. Elle m’avait semée, elle était aussi maligne que son grand frère.

Juste pour être sur, je m’avançais un peu plus dans la rue, quand je l’entendis. « Foutez moi la paix ! » Pas vraiment bon signe. Deux mètres plus loin, je l’aperçue à nouveau. Cernée par trois étudiants qui ne semblaient pas vouloir uniquement la saluer. L’un deux l’avait carrément collée au mur. Et, je vis rouge d’un coup. Je ne supportais pas qu’on puisse s’attaquer à une personne que j’appréciais. D’un coup, je ne me souciais plus de mon apparence, ou de ce qu’on pouvait penser de moi. Je m’interposais carrément entre Roxie et l’étudiant. « Je crois qu’elle n’est pas vraiment très fan de votre compagnie, alors, si vous alliez vous promener un peu plus loin ? » De mon mètre 90, je le dépassais d’une tête. Je sais que j’avais une réputation de quelqu’un qu’il me fallait pas énerver, mais il ne devait pas me connaître. Il leva le poing, mais j’anticipais son geste en levant la main droite, et profitait de l’effet de surprise pour écraser mon poing contre son nez. Il l’avait bien mérité. Le nez en sang, l’air groggy, l’un de ses deux compères le tira par la manche, et tous les trois quittèrent la ruelle. Je ne pus m’empêcher de leur crier une dernière menace. « Et ne vous avisez plus d’approcher ma s…. cette fille où vous aurez affaire à moi ! » Je me retournais vers elle, presque fier de mon sauvetage, mon son air mi surprise, mi excédée me fit tout de suite ravaler ma fierté.

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Je ne supportais pas qu'on me cherche des ennuis, et le sang chaud, croyez moi, je l'avais. Alors, quand ces trois étudiants ont commencé à me taquiner d'un peu trop près, j'ai immédiatement cherché à m'éloigner, en vain. Il faut dire que je suis relativement petite de taille, et que j'ai une force de mouche, comparée à trois hommes. Alors que je cherchais comment m'en sortir, une silhouette massive se plaça entre moi et l'étudiant le plus proche : « Je crois qu’elle n’est pas vraiment très fan de votre compagnie, alors, si vous alliez vous promener un peu plus loin ? » Je restais tout simplement ... Bouche bée. Incapable d'en placer une. Mais bon sang, qui était ce type, et que me voulait-il à la fin? Je reculais d'un pas, mon dos entrant en collision avec le mur le plus proche, alors que l'un des étudiants levait le poing. Je sursautais, mais mon "sauveur" riposta, collant son propre poing en plein milieu du visage du type. Paniquée, j'étouffais un cri de stupeur, me demandant si c'était là une bonne, ou une mauvaise chose de voir que ce type était si ... Fort. Constatant également qu'il avait affaire à un adversaire de taille, l'étudiant et ses deux camarades finirent pas tracer leur route, s'éloignant de moi et de cet inconnu, qui leur adressa un dernier : « Et ne vous avisez plus d’approcher ma s…. cette fille où vous aurez affaire à moi ! » Sourcils froncés, je le regardais alors se tourner vers moi. Je croisais les bras autour de ma poitrine, hostile, ne sachant pas si je devais le remercier ou m'enfuir en courant. Dans ses traits, quelque chose me disait qu'il n'en avait pas après moi... Mais j'avais tellement peur de faire une erreur ... Je me pinçais la lèvre, et déglutit, avant de secouer la tête. « Mais ... Qui êtes vous à la fin? » Ces mots, je les lâchais comme une bombe, incapable de dire quoi que ce soit d'autre. Après tout ... Quand vous constatez depuis près d'un mois que vous voyez toujours le même inconnu dans la rue, qui semble vous suivre, vous n'allez pas réagir calmement ... Si ? Je fronçais les sourcils, confuse, perturbée. « Et ne faites pas comme si vous ne compreniez pas, je ne suis pas aveugle et j'ai bien vu que vous me suiviez souvent ! » Je ne comprenais pas. Au départ je pensais à un simple idiot qui voulait me draguer, puis après j'ai commencé à devenir paranoïaque, me demandant s'il me voulait du mal... Depuis mon agression je me méfiais de n'importe qui. Mais ... Il venait bien de me défendre face à ces trois idiots.. Non ? Alors, pur stratagème pour se rapprocher de moi, ou avait-il de véritables raisons? Méfiante, je fis un nouveau pas en arrière, sans le quitter du regard.

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Les sourcils froncés, je la vis croiser les bras, limite hostile. Mon sourire triomphant, fier de l’avoir « sauvée », s’effaça comme neige au soleil. Je me sentais presque penaud, comme un petit garçon qui venait de faire une grosse bêtise, et qui savait qu’il allait être grondé. Elle se pinça la lèvre inférieure, ce qui ne devait pas vraiment être un bon signe vu qu’elle se mis à secouer la tête quelques secondes plus tard. « Mais ... Qui êtes vous à la fin? » Je me sentais incapable de lui dire la vérité, ce qui était ridicule quand on y pensait. C’est juste que je m’étais imaginé différemment le moment où je lui racontais ma propre histoire, et lui raconterait que je n’étais rien d’autre que son frère ainé. Ici, en plein milieu d’une ruelle sordide ne me paraissait pas vraiment l’endroit idéal. J’aurai préféré un lieu plus intimiste, plus propice aux confidences que j’allais devoir lui faire. Parce que je ne pouvais plus reculer. Après mon geste, je lui devais la vérité. Ne restait plus qu’à trouver les bons mots. J’avais les bras ballants le long du corps, et j’en passais un derrière ma tête, le passant dans mes cheveux comme pour trouver l’inspiration, voire le courage nécessaire.

« Et ne faites pas comme si vous ne compreniez pas, je ne suis pas aveugle et j'ai bien vu que vous me suiviez souvent ! » Et voilà qu’en plus, j’avais été grillé bien avant aujourd’hui. Moi qui pensait avoir été discret, soit je m’étais débrouillé comme un pied, soit les films d’espionnage dont je m’étais inspiré étaient décidément bien loin de la réalité. La réalité devant être un mélange des deux. Je fermais les yeux. Elle avait reculé d’un pas ou deux quand je les ouvris de nouveau. Je pris une grande inspiration. « Désolé de t’av… de vous avoir suivie ces derniers jours, mais je vous assure que j’ai une bonne raison … » Non, décidemment, ici, ce n’était pas possible. Le square Imman n’était qu’à quelques pas, encore fallait-il qu’elle accepte de m’y suivre. « Si je vous promets de tout vous dire, vous m’accompagneriez au square ? Il y aura plus de monde qu’ici, vous ne risqueriez rien … » La vouvoyer me faisait vraiment bizarre, ce n’est pas comme ça que j’aurai aimé notre première conversation. Mais pour aller dans son sens, pour la rassurer, je lui devais bien ces quelques efforts … Pour lui laisser le temps de réfléchir, et ne pas qu’elle se sente observée, je reculais moi-aussi d’un pas. Comme pour lui laisser plus d’espace.

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J'avais l'impression étrange que je venais de prendre un gamin en faute après avoir volé quelque chose, ou je ne sais quoi du même genre. Mais, quoi qu'il en soit, ce type n'avait absolument pas l'air d'un "méchant". Et s'il me voulait du mal, il aurait attaqué directement, non ? Malgré tout, je reculais d'un pas, hostile à son approche. J'attendais tout simplement une explication à ce petit jeu, cette façon discrète qu'il avait de me suivre depuis quelques temps. Au début, je me sentais légèrement paranoïaque, mais au vu de son expression lorsque je lui fit la remarque, l'inconnu sembla légèrement contrarié, comme s'il venait de se faire griller. Aurais-je donc touché une corde sensible ? Je fronçais les sourcils. Il passa nerveusement une main derrière sa nuque, avant de dire enfin à mon adresse : « Désolé de t’av… de vous avoir suivie ces derniers jours, mais je vous assure que j’ai une bonne raison … » D'un coup, j'arquais les sourcils, c'est moi ou il venait d'hésiter à me tutoyer ? Et tout à l'heure il avait aussi eu une hésitation en parlant à ces types ... Je n'y comprenais plus rien. « Une bonne raison ? » répétais-je, perplexe, comme si selon moi il n'y avait aucune bonne raison pour me suivre. Mais visiblement, il était sincère et déterminé. « Si je vous promets de tout vous dire, vous m’accompagneriez au square ? Il y aura plus de monde qu’ici, vous ne risqueriez rien … » Il recula également d'un pas, comme s'il ne voulait pas me pousser. Le Square ... J'en avais une peur bleue depuis mon agression. Je fronçais à nouveau les sourcils, croisant les bras. « Le square ? Je .. Seulement dans l'entrée alors .. Il y a un banc là bas. » Je ne voulais pas d'avantage m'étaler sur le sujet, et j'avançais alors droit devant moi, me dirigeant vers le square que j'avais dépassé quelques minutes plus tôt. Après un long moment d'hésitation, je dis alors pour briser le silence entre nous : « Et si vous commenciez par me dire votre nom ? » Parce que c'est bien beau d'avoir quelque chose à me dire, mais si je pouvais mettre un nom sur ce visage qui m'est totalement inconnu, ça serait encore mieux.

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L’avantage, c’est qu’elle ne semblait pas, ou plus avoir peur de moi, vu qu’elle ne s’était pas enfuie. Je pense que je l’aurai laissée partir si elle avait fait, l’effrayer n’aurait servit à rien. Les grands frères ne font pas ça, enfin, à mon avis. Je ne savais même pas exactement tout ce qu’un grand frère devait/pouvait faire. Caleb et Austin se doutaient de quelque chose, vu mon attitude, mais je ne pouvais décemment pas leur demander comment me comporter. C’était à moi de le trouver. De trouver mes marques, de nouvelles habitudes, avec elle. « Une bonne raison ? » J’étais parti dans mes pensées, ayant complètement oublié où j’étais, et qu’elle se tenait en face toi, un air toujours interrogateur sur le visage. J’espérais juste avoir l’air assez sincère pour qu’elle accepte alors qu’elle ne savait rien de moi, enfin juste que je la suivais en cachette comme un psychopathe. « Le square ? Je .. Seulement dans l'entrée alors .. Il y a un banc là bas. » Curieusement, ma proposition ne semblait pas l’emballer. Elle sembla même avoir un mouvement de recul. Comme angoissée, inquiète d’un coup. Moi qui pensait la rassurer en lui proposant une conversation dans un lien public. J’allais lui en proposer un autre, quitte à marcher plus loin, mais elle se mit en route d’elle-même. Perplexe, je levais un sourcil mais la suivis quand même, les mains dans mes poches. J’avais du imaginer sa gêne. Curieusement, je n’osais pas parler, elle ne dit rien non plus, et un silence pesant s’installer entre nous. Autant j’avais du mal avec les moulins à paroles, autant que j’aimais pas non plus les silences, que je trouvais oppressants. Heureusement qu’elle le brisa. « Et si vous commenciez par me dire votre nom ? » Il est vrai que je ne m’étais même pas présenté. Je savais son prénom, un certain nombre d’éléments sur son passé et sur son prénom. Mais elle ne savait presque rien de moi. « Sheldon, je m’appelle Sheldon. » Je lui souris, doucement, naturellement. « On pourrait peut-être se tutoyer, je ne suis pas très à l’aise avec ce « vous ». »

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Je me suis mise en marche de moi-même, désormais intriguée par cette façon qu'il a eu de dire "pouvoir m'expliquer". M'expliquer quoi ? Ma curiosité pris le dessus, et au vu de l'heure, il avait raison : Le Square Inman était rempli de monde à cette heure ci, je ne risquais donc rien du tout. Après un long moment de silence, je tournais la tête vers l'étudiant, lui demandant son prénom. Les mains dans les poches, il me suivait, l'air ailleurs. Il reporta néanmoins son attention vers moi, une fois que je fis entendre le son de ma voix : « Sheldon, je m’appelle Sheldon. » Sheldon ... ça ne me disait absolument rien, jamais entendu ce prénom de ma vie, alors comment lui pouvait-il me connaître? Je me pinçais la lèvre, et hochais doucement la tête. « On pourrait peut-être se tutoyer, je ne suis pas très à l’aise avec ce « vous ». » ajouta-t-il, me surprenant légèrement. Après tout, je n'allais pas en mourir. Nouveau hochement de tête. « Bien alors ... Sheldon. Moi c'est Roxanna ... Au cas ou. » J'étais hésitante. Est ce qu'il connaissait mon prénom, ou pas ? Après tout s'il me suivait peut-être qu'il le savait .. Ou pas. Je préférais préciser. Au bout de la rue, le Square se dessina sous mon regard, et je traversais la rue pour en franchir l'entrée. «Par ici ... » Soufflais-je en désignant du regard un banc libre, et légèrement retiré du parc, sans pour autant que l'on ne puisse quitter la vue des passants. Méfiance avant tout. Je traversais rapidement l'allée pour rejoindre le banc de bois vernis, sur lequel je m'asseyais, jambes et bras croisés. Je posais sur le banc, juste à côté de moi, le sac avec mes courses, avant de reporter mon attention sur Sheldon. Ma question fut simple évidemment, et sans appel. « Alors? Quelle est cette explication au fait que j'aie la vague impression d'avoir un garde du corps depuis quelques semaines ? » Je ne pouvais m'empêcher d'ajouter une pointe d'humour dans ma phrase, c'était plus un moyen de me déstresser moi-même, parce que dans le fond, j'étais en train de me faire une foule de scénarios dans la tête. Tout ce que je voulais maintenant, c'étaient des réponses.

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Elle hocha la tête quand je lui donnais mon prénom, normal que ça n’évoque rien en elle, notre mère n’avait jamais du évoquer devant elle qu’elle avait déjà eu un fils, mais qu’elle ne l’avait jamais retrouvé. Je la comprenais, inutile de lui donner de faux-espoirs. Même si elle m’avait facilité les choses en le faisant. Roxanna hocha à nouveau la tête quand j’évoquais le fait de se tutoyer. Sans rien dire. encore ce silence qui me gênait. « Bien alors ... Sheldon. Moi c'est Roxanna ... Au cas ou. » « Oui, je le savais déjà. » Ce n’était pas la peine de le nier, autant être sincère pour tout immédiatement. Nos retombâmes dans le silence. Marchant silencieusement l’un à côté de l’autre. Dans ma tête, j’essayais de trouver les bons mots. La bonne façon de lui dire. Qu’elle y croit, et ne pense pas que j’ai tout inventé. Je pense que c’était ça qui me faisait le plus peur, qu’elle me rejette. « Par ici ... » Le square s’étendait déjà devant nous, j’avais marché sans vraiment me rendre compte des distances. Et il avait l’air bondé , normal avec ce magnifique temps. N’étant pas vraiment familier du lien, je suivi ma cadette jusqu’à un banc en bois un peu à l’écart. Elle s’y assit à une extrémité, jambes et bras croisés, son sac à main et son sac de courses bien au milieu. Il ne me restait plus qu’à prendre place à l’autre bout vu qu’elle ne me souhaitait pas trop près elle pour le moment. Je me penchais en avant, coudes sur mes genoux, mains croisés, regardant droit devant moi. Le grand moment était arrivé on dirait. « Alors? Quelle est cette explication au fait que j'aie la vague impression d'avoir un garde du corps depuis quelques semaines ? » Elle glissa un peu d’humour dans sa phrase, et je la remerciais intérieurement de détendre un peu l’atmosphère. Je me raclais la gorge, le temps de prendre un peu d’assurance. Et me lançais. «C’est depuis plus que juste quelques semaines que je te … suis en réalité … » C’était drôle comme le dire devant une glace était plus simple. J’esquissais un petit sourire. « Ca ne va pas être facile à croire, mais j’ai besoin que tu le fasses. Si quelqu’un te disait que tu avais un frère, né quelques années avant toi, que ta mère aurait fait adopté pour le protéger, tu dirais quoi ? » Je ne m’étais mouillé qu’à moitié, quel lâche je faisais.

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« Oui, je le savais déjà. » Bon, très bien, ça c'est fait, il savait déjà mon prénom. Preuve donc qu'il y avait eu enquête. Ok, je commençais vraiment, à me poser un tas de question, et j'accélérais le pas pour aller au plus vite dans le Square. En franchissant les portes d'entrée du Square Inman, je plaçais automatiquement une main au niveau de mon épaule, ou se trouvait désormais la cicatrice de la balle que j'avais reçue au milieu de ce lieu. Je déglutis, mais je ne m'arrêtais pas pour autant, rejoignant bien vite le banc dont j'avais parlé à Sheldon. M'y installant silencieusement, je l'intimais alors, non sans humour, à me faire par de ce qu'il avait à me dire. Penché en avant, coudes sur ses genoux, il regardait droit devant lui, et moi je le regardais, attendant silencieusement une réponse. Après un moment de silence, il se racla la gorge, et commença : «C’est depuis plus que juste quelques semaines que je te … suis en réalité … » Je déglutis en l'entendant dire ça. Plus que quelques semaines ? C'est à dire? Je me ravisais, ne posant pas plus de questions puisqu'il enchaîna avec un mince sourire : « Ca ne va pas être facile à croire, mais j’ai besoin que tu le fasses. Si quelqu’un te disait que tu avais un frère, né quelques années avant toi, que ta mère aurait fait adopté pour le protéger, tu dirais quoi ? » J'entrouvris les lèvres de stupeur, scotchée. Si je m'étais attendu à ça ... Est ce que, concrètement, il venait de me faire comprendre qu'il serait mon frère aîné? Il semblait plus vieux que moi, en effet, vu que je lui donnais aux alentours de vingt cinq ans. Mais ça ne voulait rien dire .. D'autant plus que logiquement personne ne me connaissait, étant donné que mon vrai nom n'était pas Blackburn, ni même Roxanna. Du moins, sur papier, puisque je me suis toujours fait appeler Roxy depuis l'enfance. « Je ... Demanderais où sont les caméras cachées.. » Je regardais autour de moi, terminant par regarder Sheldon. Il me regardait, on ne peut plus sérieux. Je déglutis à nouveau. « C'est insensé ! Qu'est ce qui te ferait penser que je serais ta soeur ?Je ... » J'avais terriblement envie de me justifier par un "Je ne m'appelle même pas Roxanna en vrai!", mais j'aurais grillé ma couverture. Je réfléchissais à ce qu'il avait dit. Que sa mère l'aurait abandonné à la naissance pour le protéger. Je pensais immédiatement à mon père. Secouant la tête, j'essayais de clarifier mes idées. « Ok... Concrètement ... Qu'est ce que tu sais qui pourrait te ... Faire croire que tu es mon frère ? » Demandais-je, encore interloquée .

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«Je ... Demanderais où sont les caméras cachées. » Je ne pouvais pas lui en vouloir encore une fois, vu qu’il y avait de quoi être incrédule. Pour donner un peu plus de valeur, d’intensité aussi à ce que je venais de dire, je me tournais vers elle, et la regardait. C’est fou comme elle ressemblait aux quelques photos de notre mère plus jeune, la même couleur de cheveux, blonds dorés, les même grands yeux, le même sourire. C’en était déconcertant. De mon côté, je n’espérais ne pas accumuler trop de ressemblances avec notre père. Ne pas lui rappeler de mauvais souvenirs. Après une pause, elle continua. « C'est insensé ! Qu'est ce qui te ferait penser que je serais ta soeur ?Je ...» En y réfléchissant bien, je n’avais rien de concret, juste des dires, des témoignages, ce que mes parents adoptifs m’ont raconté, et ce que j’ai découvert moi-même l’été suivant. J’ai passé deux mois entiers à Phoenix, là où j’étais né, à la recherche de mes origines, espérant découvrir une autre famille, dont les membres se sont finalement avérés être soit morts, soit portés disparus. Je l’avais retrouvée sans la chercher, par pur hasard, comme un coup de pouce du destin. Je la vis secouer la tête, incrédule, ne voulant pas y croire. Je soupirais et baissais les yeux quelques minutes. « Ok... Concrètement ... Qu'est ce que tu sais qui pourrait te ... Faire croire que tu es mon frère ? » Et l’histoire commença. « J’ai été adopté à ma naissance, mais je ne l’ai appris qu’il y a un peu plus de 4 ans. Le même jour, j’ai aussi appris que ma mère biologique, alors enceinte de ma sœur, avait essayé de me retrouver, ce qui a provoqué le déménagement à l’autre bout du pays de ma famille adoptive. Je suis en réalité né à Phoenix, et le nom de famille de ma mère était Blackburn. Je suis retourné là-bas, pour essayer de la retrouver, mais elle était décédée, tout comme mon père, et ma sœur portée disparue. Elle s’appelle Alice Lewis. Ou s’appelait. Et elle te ressemble énormément, tout comme tu ressembles à ma … notre mère … » J’ai tout dit, d’un trait, sans réfléchir, sans m’arrêter, sans prendre le temps de respirer. Juste pour être sur de ne pas être coupé. Qu’elle me laisserait finir. J’avais essayé de lui donner un maximum de détails sans trop compliqué mon récit. Je ne lui ai pas dit que je n’ai plus parlé à ma famille adoptive depuis mon aveu, ni que je savais que notre père avait été horrible avec elle, que je mourrais d’envie de le frapper avant d’apprendre son décès. Et j’avais aussi tut le fait que je l’avais cherchée, en vain, depuis des années. Que de l’avoir assisse à mes côtés était presque un miracle.

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