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Devyn & William
Ciel que c’était dur de trouver les mots. William ne savait pas comment annoncer à Devyn tout ce qui s’était passé dernièrement, son départ d’une lâcheté incommensurable -bien qu’il n’eut pas la liberté de choisir, sa maladie, son retour, l’absence total de contact. Pourtant, il devait se décider, c’était aujourd’hui que le Kane retournait à Harvard, certes en simple citoyen et non plus en étudiant, mais en citoyen amouraché et traînant comme un bagnard le poids de sa culpabilité. Il avait dû le broyer, le mettre plus bas que terre, Devyn, son Devyn Gale qu’il n’abandonnerait jamais, il l’avait poignardé. D’un geste devenu routinier, il badigeonna sa cicatrice de crème sous l’œil avisé de son infirmier et la masqua d’un pansement. William sourcilla lorsque Stuart –tel était le nom du charmant infirmier- lui tendit un foulard. La température extérieure était de 25°C mais il devait malgré tout porter ce foulard pour protéger sa cicatrice du soleil. « Tant qu’à faire les choses, faisons les bien Stuart, voulez-vous ? » lâcha-t-il sarcastique. Le foulard, ok, mais qu’il remballe ce chiffon vert anis acheté dans une boutique de souvenir Londonienne hors de sa vue. Mikey n’avait pris aucune des affaires de son frère lorsqu’il l’avait embarqué pour Londres, ses photos, ses vêtements, ses livres, son violon, sa vie entière était restée dans cette petite chambre du bâtiment Lowell. L’anglais attrapa son foulard crème acheté lors du dernier Summer Camp et indiqua à Stuart qu’il serait de retour avant les examens et le couvre-feu avant de quitter l’hôpital. Il fit le trajet à pieds, il avait perdu l’habitude des longues marches et il avait besoin d’un bon bol d’air. C’est flottant, comme enveloppé dans du coton qu’il passa les portes de l’université. Il se dirigea vers le bâtiment des artistes, tête baissée, tâchant de ne croiser aucun regard. Couloirs après couloirs, il atteignit la chambre et resta là, planté devant, bêtement. Personne à l’horizon, pourquoi ne pas rentrer dans ce cas ? Et si Devyn n’était plus à Harvard ? Si la chambre était vide, ses affaires et les siennes envolées ? Si un nouveau venu avait déjà posé ses valises ici ? Trop de « si », pas assez de certitudes, trop d’angoisse et pas assez de temps. Il posa une oreille inquiète contre la porte, aucun bruit ne lui parvint. Il décida alors de poser sa main tremblante sur la poignée et se lança enfin. Le pêne cliqueta, la porte émit un grincement familier et s’ouvrit sur un bazar organisé très familier. Cette scène lui décocha un sourire amer et il peina à se ressaisir lorsque sa vue se brouilla. Il avait fait voler en éclat cette existence savoureuse, et il n’arrivait pas à s’en dédouaner. Il n’avait certes pas eu le choix de quitter le pays, mais il aurait dû parler au Gale. Il aurait eu peur, mais ils auraient au moins flippé ensemble. Ce triste tableau l’était d’autant plus qu’il n’y avait pas l’ombre d’un blond gringalet dans les parages. Alors mécaniquement, William ouvrit son sac pour y entasser vêtements, livres, photos. Mais visiblement, le Gale avait dû passer avant lui, les trois-quarts de ses affaires avaient déjà disparues… Dont son violon. Non, il n’aurait pas fait ça, même fou de colère, c’est impossible. Mais qui d’autre aurait pu prendre tout ça ? Pas Devyn, hors de question. C’est un sac bien maigre qu’il referma, avec quelques vêtements et sa boîte remplie de photo, le nettoyeur mystère n’y avait pas touché. Il ne put se résoudre à quitter cette chambre sans avoir vu Devyn. Il sortit son portable, resta bloqué devant son numéro un instant et appela. Il ne se doutait pas que derrière lui se tenait un anglais féru de photo.
AVENGEDINCHAINS
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