L. Marshall Hudson-Cohen ✖ LIAM PAYNE /fini.

« Vous racontez ma vie ? Sans problème. J'adore parler de moi, je sais qu'on dit souvent que c'est une truc de fille de parler pendant trois heures de sa dernière manucure. Sans aller jusque là, j'aime bien parler de ma petite personne et ma fantastique vie. Je dois être légèrement narcissique, non ? Je dois juste vous prévenir : j'aime rentrer dans les détails et me mettre un peu en valeur aussi. Non, je plaisante. Quoi que. »

« Ma fantastique vie commença le quinze mai mille neuf cent quatre-vingt-douze. Ce jour là, dans le monde, il ne se passa rien de spécial. Je peux vous l'affirmer, j'ai été chercher sur wikipédia. Oui, mon emploi du temps est si rempli que je n'ai que ça à faire d'aller chercher des informations complètement inintéressantes. Si vous n'aimez pas ça, je vous conseille de partir tout de suite. Des choses débiles, j'en fais tout le temps. Pour en revenir à ce merveilleux jour, je disais donc qu'à part ma naissance, le monde ne subit pas de réel changement en ce quinze mai. Juste une famille de plus qui accueillait dans ses bras un petit bonheur, un bébé quoi. J'avais deux parents aimants, les Hudson, composé de ma mère Eleanor et de mon père Jeremy. Il y avait ma grande soeur, Aleyna. En somme, une histoire plutôt banale à Toronto. J'ai grandi dans une famille simple, avec des parents attentifs qui veillaient bien sur ma soeur et moi, je m'entendais très bien avec elle d'ailleurs, j'avais de bonne note à l'école, j'étais un enfant calme et travailleur, bref, tout était parfait. Une vie que tous les parents souhaiteraient avoir. J'étais un enfant brillant, d'ailleurs les autres m'enviaient beaucoup parfois. Cette jalousie s'est accentuée quand j'ai grandi. J'ai sans doute omis un léger détail. Mes parents étaient riches, très riches. C'était un couple de médecin-chirurgien très prisé à Toronto. Ils gagnaient vraiment bien leur vie. Ma soeur et moi étions les enfants stars de la cour de récré. Intelligent, bien habillé, bien élevé, et surtout, nous avions des parents au compte bancaire bien rempli. Quand je disais que tout était parfait. Pour être honnête, je pense même que ma soeur et moi étions pourri gâtés. Maintenant je me rends compte que tout était si faux. Tout était superficiel. Les riches peuvent être si snob ! J'avais une petite vie bien rangée que je ne voulais pas quitter. A l'intérieur, tout était loin d'être parfait mais pourquoi me plaindre ? J'avais tout ce que je désirais. Comme on dit : "défile, défile, bébé, ne pense pas, ne pense pas, défile défile". Ca a de quoi rendre dingue. Mais bon, ça me convenait. »

« Ma fantastique vie pris rapidement un tout autre tournant. Un peu comme quand vous amorcez un virage qui s'annonce plutôt pas mal mais que finalement, vous vous cognez dans un obstacle imprévu pour finalement tomber, tomber. J'adore utiliser des images pour décrire ma vie. Ouais, bref. Tout allait pour le mieux. A l'époque, j'étais en classe 9th grade, l'équivalent de la troisième, je rentrais tout juste au lycée. Même si j'étais un jeune, un nouveau, j'avais déjà une petite réputation toute faite. Pour le coup, je pouvais dire merci à ma bitchy sista. Elle était déjà célèbre dans tout Toronto. Pourquoi ? C'était simple. Riche, bitch, manipulatrice, fausse, superficielle. Compris ? Ouais, elle savait bien manipuler les gens celle-là. Elle connaissait vos points faibles et vos points forts, elle savait où toucher pour vous remettre dans son droit chemin. J'ai été classé dans la catégorie "little bro very cool". J'avais toutes les filles à mes pieds -et ça n'était pas plus mal, ça. Et, ce paradis artificiel, ça a été le début de la fin. Une sale affaire de patiente décédée pour faute médicale grave, une sale affaire de femme trompée par son mari, et hop, votre vie tourne court. »

« Ma fantastique vie avait désormais un autre visage. Ma mère avait fait une grave faute médicale qui avait coûtée une vie, mon père qui trompait ma mère depuis deux ans, et comme résultat, mon père qui frappe ma mère. Une famille déchirée, en somme. Ca commençait à être vraiment violent. Tout partait en vrille. Ma mère avait été virée de l'ordre des médecins, elle était au chômage, mon père devenait n'importe quoi. Aleyna s'écroulait aussi. Son petit paradis artificiel s'était envolé. Dans le genre "j'comprends plus rien à ma vie" j'étais pas mal non plus. Je savais que je vivais dans un univers faux mais je ne m'attendais pas à le perdre si vite. Il était peut-être faux, cependant il me convenait parfaitement. Aleyna ne vivait plus à la maison. J'avais quinze ans. En voulant me protéger, elle a appeler les services d'enfances maltraités. Je précise, je n'étais absolument pas maltraité. Mais je ne sais pas, elle a beau être une bitchy sista, elle n'en restait pas moins ma sister, elle a sûrement pris peur. Je me suis retrouvé du jour au lendemain dans une nouvelle famille. Des riches. Des bourgeois. Un nouveau paradis artificiel. Les Cohen. Mes parents ne pouvaient plus m'approcher. Je n'avais plus d'illusion. Je savais parfaitement que quelque chose viendrait gâcher mon bonheur retrouvé dans ma nouvelle famille. Mais... J'en profitais. Je me lâchais. J'ai commencé à fumer. Faire la fête. Me droguer parfois. Être si saoul que même les frères Bogdanov deviennent des mannequins à vos yeux. Je sais qu'en voyant ma bouille, on ne dirait pas que j'ai fait tout ça. Pourtant. »

« Ma fantastique vie a repris son cours. Je vis toujours chez les Cohen. Mes parents sont désormais séparés. Mon père est encore médecin, mais depuis cette affaire de femme battue et trompée, sa popularité en a pris un coup. Ma mère est dans un foyer il me semble. Elle n'a plus de travail et a dû mal à se remettre. Ma soeur va bien. Elle m'envoie régulièrement de ses nouvelles. A Toronto, elle essaie de se reconstruire. C'est dur mais elle y arrive. J'étudie à Harvard, la médecin. Ce métier maudit.

Maintenant, je sais que je ne me laisserai plus avoir par tout ce fric. On a beau avoir tout l'or du monde, ça n'empêche pas de faire des choses atroces. Regardez mes parents. Tout a basculé. Je sais que maintenant à Harvard, je suis dans le faux. De toute façon, le monde est faux. Où que j'aille, rien ne changera. C'est trop tard, désormais. »