Autant dire que nous avons tous une histoire différente, c'est soit tout blanc ou tout noir, pour moi c'est un mélange des deux genres. Issue d'une famille riche, techniquement, je ne suis pas la fille biologique de la famille Nilsson, non, j'ai été adoptée. Ma mère bien trop jeune pour assumer son rôle m'a délaissée à l'adoption, autant dire que j'ai eu de la chance de trouver une famille voulant bien m'accueillir. Une famille aimante, bien que le paternel fut bien trop présent dans la demeure familiale ce qui entraînait parfois bien des disputes entre le couple une fois la nuit tombée. Je les entendais, se hurler après pour des problèmes que jugeait bien trop futiles, mais après tout, qui suis-je pour juger du haut de mes huit ans? C'est alors que le couple se brisa. C'est étrange, moi qui pensais voir mes parents s'aimer jusqu'à la fin des temps. Comme quoi, on peut se tromper sur tout. Ma mère m'embarqua avec elle direction les Etats-Unis, ce n'est que plus tard que j'ai appris les nombreuses infidélités de la part de mon père qui ont fini par se savoir... Je n'ai plus eu beaucoup de contact avec lui, il a tourné la page sur ma mère et moi par la même occasion. Les hommes sont-ils tous les mêmes? Incapables de s'engager sérieusement dans une relation sans à voir aller jouer dans les bras d'une autre? Autant dire que ma confiance envers les hommes est remise en question.
C'est vers l'âge de douze ans que je suis arrivée aux Etats-Unis, j'étais le type de personne assez timide qui n'aimait pas se faire remarquer. Loin d'être la gamine populaire utilisant son argent pour attirer les gens comme beaucoup pouvait le faire à cette époque. Une école privée dans lequel on y retrouve que des gosses de riches, autant dire que ce n'était pas la fête tous les jours. J'avais même droit à quelques moqueries de la part de mes camarades. Cela ne m'a pas pour autant plus déstabilisée que cela. Une fois le lycée fini, je fus bien contente de pouvoir suivre ma propre voie en médecine et intégrer une des plus prestigieuses universités. Une nouvelle aventure qui s'offrait à moi et j'étais prête à m'y jeter corps et âme dedans. J'ai grandi, je ne suis plus cette gamine qui aime rester dans son coin et attendre que les choses se passent. J'ose plus. Et peut-être que ma meilleure amie m'a aidée pour cela, grâce à elle, j'ai pu me lâcher plus. C'est ensemble que nous avons été acceptées à Harvard. Avoir à ses côtés une personne que l'on connait est toujours bénéfique.
Jusqu'à ce jour, où je viens à croiser ce jeune étudiant. Le coup de foudre? Je n'en sais rien, mais il fait son effet. On se tourne autour, on finit par tomber dans les bras de l'un et l'autre. Mon premier grand amour. Je vivais une belle histoire, jusqu'à ce qu'une ombre vienne ternir ce joli tableau. La bombe, ce terriblement moment qui m'a pris mon amour. Il est mort, à mon côté, petit à petit je l'ai vu s'éteindre. Cette lueur dans son regard s'en est allée et j'ai compris que je ne pouvais plus rien faire pour lui. La dégringolade, je ne m'en suis pas remise, entre rendez-vous chez le psychologue et mes écarts de conduite, je finis par me perdre dans cette spirale infernale. Un trou dans le coeur, la perte de mon amour et la nouvelle de la maladie de ma mère, tout finis par s'éffondrer peu à peu autour de moi et moi avec. J'enchaîne les sorties, l'alcool et il m'est même arrivée de toucher à la drogue. Jusqu'à ce que j'essaye de me reprendre en main, difficile, mais j'essaye de retrouver le droit chemin, même si je n'échappe pas à tous mes vices. J'ai tout de même été acceptée à Harvard, j'ai toujours été bonne élève, rien à redire là-dessus, niveau études, je m'en suis toujours bien sortie. Je ne peux pas louper cette année et je ne dois pas décevoir ma mère. Se rendre compte que sa fille n'a pas réussie, de découvrir qu'elle a lâchement baissé les bras, je n'ai pas envie de lire de la déception dans ses yeux. Ma mère a toujours été présente dans ma vie, elle m'a toujours soutenue. Elle a eu une grande carrière de chirurgien avant de prendre sa retraite, si je suis partie en médecine, c'est surtout pour suivre ses traces. J'ai toujours été bien plus proche d'elle que de mon père. C'est elle qui m'a poussée à m'inscrire à Harvard, car elle y est allée elle aussi durant ses jeunes années avant de trouver un poste en Suède. Elle a toujours vu en moi ces capacités pour réussir. Elle est la seule personne qui me reste... mais pour combien de temps encore?