LINCOLN LANCASTER › Dylan O'Brien

Il était parti. Comme ça. Autant dire que j'avais du mal à le vivre. J'en voulais à Sam, j'en voulais à mes parents. Ma famille était partie en lambeaux à cause de mon frère qui était égoïste et qui ne pensait qu'à sa gueule. Je lui en voulais de ne pas s'être battu pour rester parmi nous. Il était parti, sans se retourner. Sans penser à moi, sans me demander de le suivre. Certes, il est assez grand pour vivre la vie qu'il entend... mais c'est mon frère. Mon grand frère.  

Pendant plusieurs semaines, j'étais comme l'ombre de moi-même. J'avais perdu ma moitié et je devais réapprendre à vivre sans lui. C'était difficile, j'avais fait le muet avec mes parents, leur en voulant terriblement de ce revirement de situation. Passionné d'histoire, je sais que ce genre de situation, bien qu'elle soit répétitive à travers les générations, ne va jamais en s'arrangeant, au contraire. C'est pile ce qu'il faut éviter de faire si on veut rester en bons termes avec ses enfants. Après tout, je pouvais comprendre Sam.. Nos parents en ont eu marre de ses conneries et du coup, ils ont choisi de le rejeter plutôt que de tenter de le remettre sur le droit chemin. C'était triste, mais c'était notre vie. Alors voulant éviter de tomber dans la dérive, je préférais me concentrer sur mes études. L'objectif ? Une université de l'Ivy League. Forcément, ça fait rêver. Énormément rêver. Alors je mettais tout en oeuvre pour atteindre mon but. Travaillant d'arrache pied durant tout le long de ma scolarité au lycée, j'arrivais major de ma promo et j'étais accepté avec bourse d'études dans plusieurs grandes universités comme NYU, Berkeley, UCLA mais également Princeton, Darthmouth et... Harvard. Harvard c'était le but ultime. Déjà parce que c'est juste à côté de Boston, une ville qui m'a toujours fait rêver, mais également parce que Harvard était l'université ayant vu le plus de présidents américains, celle qui a le plus gros de l'histoire américaine et c'était juste un rêve de pouvoir y étudier. Oui, j'avais un truc avec l'histoire mais plus particulièrement celle qui touche à notre pays. Disons simplement que c'est plus qu'un hobby, c'est une passion. Je peux passer des heures et des heures à lire des livres traitant de la période de la Ségrégation ou encore la colonisation des terres par les Européens.

Des fois, je me dis que tout est lié à mon nom. Lincoln. Comme Abraham Lincoln, le seizième président de notre pays. Ouais, je suis sûr qu'inconsciemment, j'ai été orienté dans cette branche parce que je porte ce prénom. C'était étrange mais quand je me plongeais dans l'histoire, des États-Unis ou d'un autre pays, je me sentais bien, comme fasciné, absorbé. La sensation était étrange mais c'était un fait. Une satisfaction. Même que du coup, je participais souvent à des concours dans des musées organisateurs et j'étais souvent premier. Très souvent. Sauf cette fois où elle a gagné. Je dois avouer que j'ai senti une sorte de hantise envers cette fille, qui avait pris ce qui m'était du. À un point. Un unique point. Autant dire, ça me donnait la rage de travailler encore plus afin de la battre pour les prochaines compétitions qui, normalement, se voulaient bon enfant. Ouais ouais, c'est ce qu'on dit pour pas vexer les perdants mais je n'étais pas un perdant. Pas quand il s'agissait d'histoire.