Leo ‡ Which Witch

Which Witch

A croire que l'essentiel de son voyage aura reposé sur le vagabondage, la Solitaire s'obstine à explorer chaque recoin du château. Comme pour ne pas regretter une fois son tour passé, elle trouve le lieu à la hauteur, aussi veut-elle en découvrir tous les secrets. C'est vers les hauteurs qu'elle se destine cette fois-ci et au bout des marches, elle atterrit dans la volière. L'endroit laisse une vue imprenable sur la verte lande écossaise. Un endroit propice à la contemplation et à la paix. Tout ce qui lui faut pour laisser aller le tumulte de ses pensées. Machinalement, sa main se porte à sa poche pour en dégoter un brin aussi amical que nuisible. Distraite, l'Incendiaire porte la cigarette à ses lèvres et la laisse se consumer à mesure que son regard se perd dans l'immensité de l'endroit. Un bruit retentit à ses oreilles. Une intrusion. Son soupir s'échappe en alliance avec la fumée grisâtre. D'un regard las, Zoïa tourne la tête vers la source. Son sourcil se relève alors qu'elle reconnaît Léo. « Désolée, la place est prise. Va falloir trouver un autre endroit pour fricoter avec Barbie bien que je comprenne qu'elle affectionne les animaux. Je crois pas qu'il y ait vraiment de Chouettes par ici. » Ses prunelles le toise quelques secondes avant de se reporter sur sa première contemplation, comme si il n'était jamais venu la troubler.

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Leo faisait juste un petit tour du château, rien de bien méchant, il jouait juste les aventuriers et voilà qu'il se faisait méchamment agressé par une Zoïa plus froide que jamais. À vrai dire ça lui faisait bizarre, bien que leur échange au bal ne ce soit pas vraiment bien terminé, ils avaient passé un bon moment et Leo avait vraiment cru que la rousse allait être comme ça tout le temps, le pauvre naïf. Visiblement, elle n'encaissait toujours pas que Leo soit avec Calypso, pire elle en devenait presque insultante. Le Mather se prit sa remarque comme une petite gifle provocatrice. « Ok reste dans ta solitude, je faisais juste un tour du château peinard, tout seul. » Il allait faire demi-tour, pas d'humeur pour gérer le mauvais caractère de la Dunster. Il voulait juste passer un bon moment en Ecosse, c'était sa première sortie avec sa petite amie depuis qu'ils étaient ensemble, déjà que leur cours de potion avait viré au drame, pas besoin que la rouquine en remette une couche. Mais il fit demi-tour s'approchant de la jeune femme pour la forcer à le regarder. « C'est quoi ton problème avec elle ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire que je sois avec elle ? Ou alors c'est avec moi que tu as un soucis, mais dis-le qu'on en finisse ! »

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Elle a sans doute été un peu rude et elle mesure cela alors que le Mather bat en retraite. Comment dire que de le voir incarner l'amoureux niais lui fait subitement perdre espoir en le monde ? Léo, c'était le mec rigolo et un peu lourd, jamais sérieux et surtout pas à chercher une quelconque romance. Il ignore sans doute que bien qu'elle s'amuse à le détester, il est un allié de l'ombre en matière d'excès. Alors à le voir jouer son Roméo pour sa Juliette, ça a flanqué quelques plaques d'urticaire à notre Rousse. « Parce que ça t'arrive encore d'être autrement que la langue fourrée dans la bouche de ta chère et tendre ? » le nargue une Zoïa passablement en chemin entre le dégoût et l'amusement. « C'est avec toi que j'ai un souci. Elle, je m'en fiche un peu... beaucoup. » Les prunelles claires de la Glaciale toisent l'Intrus et elle se décide à répliquer au tac au tac. « Tu vois lorsque je te disais qu'on avait rien en commun, tu t'obstinais à me dire que non. J'ai même pendant un moment penser que tu avais raison, mais aujourd'hui les faits sont là, et je t'avais pourtant prévenu dès le départ. Alors oui je pense qu'on en a fini. Tu peux passer ton chemin. » Avance et ne t'attarde pas sur les égratignures que tu laisses sur les blocs de glace. On appelle ça un dommage collatéral et c'est juste une question d'habitude au fond.

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Et alors ? Il ne comprenait définitivement pas la réaction de la jeune femme, à quoi bon s'énerver ? Il vivait parfaitement avec sa langue dans la bouche de sa chère et tendre comme elle le disait si bien. Il aimait bien Caly, il était bien avec elle et non il ne se lassait pas d'elle, mais ça ne plaisait visiblement pas à la rouquine qui faisait passer ça comme la pire des fautes. « Et même si c'était le cas qu'est-ce que ça peut te faire ? » souffla-t-il excédé. Elle continua, prétextant ne pas avoir de problème avec sa blonde petite amie mais avec lui-même, il arqua un sourcil, curieux d'en savoir plus et il ne fut pas déçu du voyage. Il éclata de rire suite au petit discours moralisateur sur la démoralisation qu'elle voulait voir chez Halberstam. « Oui il faut croire que j'avais tord, mais je ne le regrette pas. Si être comme toi, ne serait-ce qu'un peu ce serait ne jamais remettre en question ce que je peux faire, alors non, je suis vraiment bien avec Caly, ça ne me coûte pas de ne plus voir cinquante filles par semaine pour elle, tu croyais quoi ? Que ça n'arriverait jamais ? Tu peux te dévoiler la face Zoïa, mais tu peux pas empêcher les gens de tomber amoureux, toi aussi ça t'arrivera, toi aussi tu te décevras, prépare-toi à cette idée. T'es pas mieux que les autres, tes beaux principes finiront bien par arriver à leur limite. »

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Les billes claires se font d'acier alors qu'elle lui tourne obstinément le dos. Elle s'est emplie d'illusions en se croyant proche de lui. Ils sont tout sauf ça, et un fossé les sépare, elle a en bien conscience désormais. Baisser sa garde n'est jamais bon car alors les gens se croient tout permis, et à faire parler votre esprit à votre place en premier. « Tu es psychologue maintenant ? » Parce que tu n'es pas le premier à essayer mon pauvre... Donner vie à une pierre, c'est un pari plutôt risqué. Et alors que les paroles blesseraient la plupart, elles n'ont d'effet sur elle que de l'emmurer un peu plus. « ça ne te dérangeait pas d'être un peu comme moi il n'y a encore pas si longtemps. Mais va, vis ta vie avec ta chère Caly, mariez vous, ayez des enfants et crevez en silence par pitié. » Fais comme tout le monde, remplis le vide de ton existence par encore un peu plus de non sens. Son visage se dirige de nouveau vers le sien. « A moins qu'elle ne se lasse de toi, ou bien l'inverse. » Y'a quelque chose de pathétique à exister par l'autre, et elle ne le comprend pas. Et le monde entier ne la comprend pas pour cette même raison. Seule mais se suffisant à elle-même. « Et mes principes ne sont pas beaux mais ils ont le mérite d'être réalistes eux. » Ses sourcils se haussent alors que sa nuque se repose sur le mur. Il peut dire ce qu'il veut d'ailleurs, rien ne pourrait la faire changer d'avis, elle est simplement déçue qu'il évolue ainsi, mais elle en prend l'habitude.

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