Too late • GABRIEL

Après avoir couru pendant de nombreuses minutes autour du stade j'avais pris la direction des vestiaires. Il était tard, je savais qu'il fallait que je me dépêche et pourtant je n'en avais pas envie. Mon sourire restait affiché sur mes lèvres, j'étais plutôt contente du temps que j'avais tenu aujourd'hui, un peu mieux qu'hier, bien mieux qu'il y a plusieurs jours, ma forme commençait à revenir sérieusement après mon séjour à l'hôpital. Après avoir pris soin d'enlever mes vêtements et de les mettre dans un sac plastique pour ne pas qu'ils infectent tout mon sac, je pris la direction de la douche me surprenant même à chantonner. J'étais seule pour le coup, mais vraiment seule. Plusieurs minutes plus tard j'en avais terminé avec l'eau coulant sur mon corps. Je sentais bien meilleur et toutes mes affaires étaient maintenant regroupées dans mon sac. Je le mis sur mon épaule et pris la direction de la sortie. Je poussais de bon coeur la porte de sortie mais mon épaule s'écrasa dessus. Euh qu'est ce qu'il se passait ? Je retentais d'ouvrir la porte mais rien de plus, c'était fermé. Je jurais un instant avant d'entendre quelqu'un arriver derrière moi, peut être celui qui avait fait la mauvaise blague de nous enfermer la dedans. Mais non c'était Gabriel, juste Gabriel. Juste le mec avec qui j'ai passé du bon temps il y a à peine un an, m'attachant à lui comme un ami mais aimant tout de même notre relation sexuelle en passant que je ne le reverrais jamais et lui pensant qu'il ne me reverrait jamais... Sauf qu'on s'était tous les deux retrouvés à Harvard à peine un mois après et depuis on prenait un malin plaisir de s'éviter. Devant la situation, je pris quand même l'initiative de lui adresser quelques mots : " A moins que tu n'aies les clés ou une autre porte de sortie je crois qu'on est enfermé ici. "

Ces derniers temps, j'ai juste le besoin de décompresser, de me vider la tête et de ne penser à rien. C'est bien pour ça que lorsqu'un pote m'avait proposé de faire une partie de basket, surement la dernière de l'année à Harvard, j'avais accepté aussitôt, sauf qu'au bout d'un moment je m'étais retrouvé seul, je m'étais retrouvé à tirer des shoots sans m'en rendre compte. Je n'avais pas vu le temps passer. Mon téléphone était dans les vestiaires, peut être que Zoya avait essayé de me joindre, j'en sais rien, disons que ces derniers temps, j'avais pas tellement de nouvelle d'elle... peut-être qu'on était parti trop vite dans notre relation, peut-être que j'avais besoin de plus de temps que je ne l'aurais cru et peut être qu'elle aussi finalement. C'est dans les alentours de 20h10 que je laissais le ballon rebondir dans la salle,  frapper le terrain à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il ne s'arrête et que les rebonds ne raisonnent plus dans la salle. Je prenais une douche rapide, ayant la flegme de le faire en rentrant, je passerais me prendre rapidement une pizza, puis dodo. Sauf que bien entendu, ma soirée ne se déroulait pas comme je m'y attendais. Je sortais en serviette de la douche, prenant mes affaires dans mon casier et alors que j'enfilais un boxer et un jeans, un bruit se fit entendre. Une voix. Par curiosité j'avançais jusqu'à voir une silhouette que je connaissais , un corps ou j'avais pu laisser trainer mes mains avec volupté, des courbes qui m'avaient fait tourner la tête le temps d'un été. Sauf que cette personne, j'avais pris grand soin de l'éviter depuis que nous sommes revenu du Brésil, mais là, je peux évidemment pas le faire.  Pourquoi voudrais-tu que je se sois fermé ... laisses-moi faire dis-je en passant à ses côtés, m'empêchant de la regarder de trop près. J'essayais moi aussi d'ouvrir la porte, mais rien à faire C'est quoi cette merde dis-je en donnant un dernier coup d'épaule mais rien. Je me retournais, un peu perplexe de la situation Je comprend pas pourquoi on se retrouve enfermés comme ça ? Laissant mon regard se promener sur les vestiaires, je me mordille l'intérieur de la joue en essayant de trouver une solution Doit bien y avoir une sortie  ... j'avançais dans les vestiaires en me tournant quand je n'entendais pas des pas derrières moi Bah tu viens ou tu restes planter là

" Fais, fais monsieur muscle, comme s'il fallait un doctorat pour ouvrir une porte ! " Je lançais ce petit pic en levant les yeux au ciel. Mon dieu que je détestais les hommes comme cela qui prennent les femmes de haut et croient qu'ils sont plus puissants... Est ce qu'il allait être plus puissant ? Il s'approcha de la porte et là bing, non pas plus puissant que moi. Homme ou femme il n'y avait pas à dire, cette porte était fermée et c'était tout. On était là tous les deux enfermés et il était plutôt en petite tenue. D'ailleurs en le voyant comme cela et en m'en rendant compte je fis un pas en arrière pour m'éloigner un peu de sa peau nue. " Moi je comprends juste que la porte te résiste autant qu'à moi tu vois ! " Un sourire se dessina sur mon visage alors que je me mords l'intérieur de la joue. Et oui les femmes ne te résistent peut être pas Gab mais une porte si... C'est dommage, mais quand même ce n'est pas ce constat qui va nous sortir de là. Je veux bien avoir le cerveau pour nous sortir mais il va falloir avoir les muscles. Enfin pour le moment il va devoir aller couvrir ses muscles parce que tout son attirail sortit me perturbe. Il faut qu'il s'habille, vraiment. " Je comptais restée plantée là le temps que tu ailles t'habiller, enfin que tu finisses, mais si tu veux que je vienne t'aider... " J'haussais les épaules d'un air de dire que je pouvais venir, mais non très mauvaise idée et ce n'était pas du tout ce dont j'avais envie. " Va enfiler un tee shirt et prendre tes affaires et on partira jouer à indiana jones et la sortie perdue juste après promis. " De toute manière il était coincé ici avec moi alors pas d'autre choix que de participer au jeu. J'avais tout de même une grosse appréhension sur le déroulement de cette soirée à chercher une issue. En fait je ne savais pas du tout ce qu'il allait se passer, j'étais plutôt mal à l'aise même à l'idée de passer une soirée que lui et moi alors qu'on avait pris grand soin de s'éviter après s'être rendu compte qu'on était tous les deux dans la même université.

Je levais les yeux au ciel à ce qu'elle me disait, bien entendu, il ne fallait pas un doctorat pour ouvrir une porte, bien entendu, je l'avais vu essayer, mais j'avais plus de force qu'elle non ? Alors, il est légitime que j'essaye à mon tour. Sauf que... je n'y arrivais pas. Sourcils froncés je me retournais vers elle, évitant avec soin son regard, n'ayant pas forcément envie qu'elle m'enfonce davantage. Au mois, elle m'a résisté, elle répondis-je avec un avec un petit sourire qui faisait écho au sien, ce n'était pas ironique disons que c'était sur la même lignée que ses paroles. Alors que je cherchais une autre sortie en regardant autour de moi Delilah venait me rappeler que je n'avais pas terminer de m'habiller, encore torse nu, je posais mes mains sur mes pectoraux, faussement gêner Hey, si tu pouvais arrêter de me mater je riais doucement, m'arrêtant un peu lorsqu'elle me proposait son aide pourquoi tu viendrais m'aider ? En mémoire du bon vieux temps ? je tournais mon regard vers elle, un sourcil arqué avant de secouer la tête, amusé, cela faisait des mois que nous nous évitions ici et pourtant, notre relation n'avait pas changé d'un poil, ou du moins presque. j'y vais madame, j'y vais, je ne voudrais pas te faire flancher dis-je en passant à ses côtés, ébouriffant ses cheveux au passage. Les mains dans mon sac je sortais un débardeur que j'enfilais rapidement pour fermer ensuite la fermeture éclair et le mettre sur mon épaule. Bouges tes fesses Lara Croft, j'ai pas envie de moisir ici d'un mouvement de menton, je lui montrais l'allée du vestiaire, attrapant son sac de sport au passage pour le mettre sur mon épaule, en bandoulière, l'ajoutant au mien. Je crois qu'il y a une sortie par là dis-je en allant sur le terrain de basket où j'étais tout à l'heure, une fois près de la porte, j'essayais de l'ouvrir, elle aussi, mais elle était bloqué Putain, elle est fermée elle aussi, à croire que toutes les issus sont fermées ! je lâchais les sacs de sport en me tournant vers elle, un peu désespéré Je crois bien qu'on va devoir passer la soirée ensemble, toi qui a pourtant pris grand soin de m'éviter j'haussais les sourcils, parce que j'en avais fait autant moi aussi, mais c'est bien plus drôle de lui rejeter la faute dessus. Y'a une trappe au plafond , tu crois que tu peux l'atteindre si tu montes sur mes épaules ?

La phrase de Gabriel sur la résistance de la porte me surprit. Est ce qu'il était vraiment en train de jouer à ce petit jeu ? Parce que certes je lui avais lancé quelques petites vannes mais pas aussi... ambigues ? Non l'ambiguité était peut être un terme trop fort pour le coup mais sa phrase en prenait tout de même légèrement le chemin. J'optais donc pour un sourire en coin avant de lui répondre : " Elle ne sait pas ce qu'elle loupe ! " Non je n'avais pas oublié notre aventure assez intense pendant un moment, une aventure destinée à avoir une fin dès le début mais une aventure dont j'avais profité pleinement et lui aussi normalement. Enfin nous nous étions peut être trop lâchés, on avait peut être trop profité l'un de l'autre pour retrouver un semblant de relation normale aujourd'hui, alors qu'il y avait cette chance ou ce risque, ça dépend de quel point de vue on se place, qu'on se croise tous les jours sur le campus, sans pouvoir finir dans le même lit. J'avais changé, ma vie aussi, lui aussi, il fallait aussi que notre relation le fasse mais pour cela il fallait parler, enfin si on voulait qu'elle change comme on le voulait, parce qu'actuellement elle avait bien changé en passant des moments endiablés, au silence de mort. J'haussais simplement les épaules lorsqu'il parla du bon vieux temps et levais les yeux au ciel. Gabriel Batista un conseil, ne rentre pas dans mon jeu, c'est un jeu dangereux. Même si j'ai changé et que je ne veux pas retomber dans ces relations faciles. Il enfila rapidement un débardeur et prit mon sac puis m'intima de me bouger pour ne pas moisir ici. " La galanterie de ton geste ne va tellement pas avec la grossièreté de tes paroles..." Je rigole doucement mais je le suis, après tout j'ai quand même été comparée à Lara Croft alors... Alors ca ne suffisait pas à tout effacer, effacer le silence pendant des semaines, des mois, et cette obligation d'avoir une explication maintenant parce qu'on était tous les deux enfermés là sans issue possible car elles étaient toutes fermées. " Oublie la trappe, il faudrait qu'on soit dix pour réussir à l'atteindre, j'ai pas des jambes à rallonge comme inspecteur gadgets je te rappelle... " Oui rappelle toi de nos ébats et tu te souviendras que même si je suis grande et élancée il n'y a pas un brin de métal sous ma chaire. " Passons la soirée ici, toi et moi, alors... D'ailleurs si j'avais pris soin de t'éviter vraiment tous ces mois, je pense que je serais actuellement à l'autre bout du gymnase... Donc je suppose que c'est plutôt toi qui l'a fait. " Ah le courage des hommes qui remettent toujours la faute sur la femme... C'est petit.