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On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter
La musique me vrillait les oreilles mais cela fait plus de deux heures que mes tympans en subissaient la puissance. On finissait par s'y habituer. Je remarquais quelques nouveaux clients au bar et me dirigeais aussi rapidement que me le permettaient mes escarpins vers l'arrière du bar. Les serveuses et serveurs qui m’accompagnaient ce soir-là avaient l'air dépassés par les événements. Je ne pouvais leur en vouloir. Les vacances arrivaient petit à petit pour tout le monde et les jeunes de mon âge et les plus âgés en profitaient pour sortir. Je ne pouvais pas encore me le permettre. J'avais besoin d'argent et j’espérais vraiment avoir assez de thune pour pouvoir m'éclater à fond pendant le Summer Camp et bien après. Je croisais quelques habitués que je saluais d'un sourire avant d'arriver enfin derrière le bar. Je servais quelques cocktails que je connaissais assez pour ne pas les rater et les posaient devant chaque client avec ce sourire purement commercial que j'étais obligé d'arborer. Je n'étais pourtant pas d’humeur. Je n'avais qu'une envie, me retrancher sous ma couette et éviter la foule. Mais ce n'était pas quelque chose que je pouvais me permettre. La thune avant tout. Depuis les attentats et l'agression dont j'avais été victime la foule me gênait quelque peu et j'avais fait plusieurs crises d'angoisses à l’abri des regards. Moi, la fêtarde, j'avais désormais peur des bains de foules. Ce qui me semblait vraiment débile. Je n'avais aucunement besoin de plus de traumatismes. Les symptômes étaient discrets mais je tremblais sans raison et je pleurais plus facilement qu'auparavant alors que je m'étais formellement interdit de laisser couleur une seule larme, il y a quelques années de ça. Je me détestais pour ce que j'étais devenue et pour la faiblarde qui me rappelais la jeune fille que j'avais été. Je me disais, un peu anxieusement, que je devrais en parler à ma psychologue mais je n'avais pas envie de parler. Pas pour le moment. Je voulais simplement reprendre du poil de la bête et retrouvais le sourire et l'envie de m'amuser. En attendant, je devais déjà servir les clients.
Je servais un énième cocktail avant de me tourner vers une jeune fille qui me rappelait quelqu'un. JE lui souris tout de même et lui demandait :
-Je te sers quelque chose?
Je me permettais de la tutoyer, sachant parfaitement qu'elle était de mon campus et je n'étais pas faites pour la politesse et le respect de mes aînés. J'avais perdu tous mes principes il ya bien longtemps pour en reconstruire de nouveau qui m'allait assez bien.
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