ZELDA A. BLAKE ► Rita Ora

Calme toi Zelda, respire un grand coup, inspire, expire, inspire, expire... J'suis en pleine crise de panique, j'arrive pas à me calmer, ça cogne à ma porte, à la porte de ma chambre, j'gueule que j'ai envie de voir personne, je ne veux pas qu'on me choppe dans cet état, j'ai déconné encore ce soir, j'aurais jamais dû les suivre à cette soirée... J'suis carrément défoncée à la coke, j'ai le mascara qui coule sur mes joues mélangé aux larmes que je n'arrive pas à calmer...j'ai encore trop abusé, j'aurais pas dû, je sais que si papa me voit dans cet état, il va encore me passer un savon. Il dit que je le déçois bien trop assez, bien trop souvent, alors une connerie de plus, ça sera forcément la goutte de trop. Il fait sombre dans ma chambre, j'aime bien, ça me calme, j'arrive à me calmer toute seule, comme toujours, parce que je suis une grande fille, enfin c'est c'que je pense, surtout en ce moment. J'ai besoin de personne, qu'ils aillent tous se faire foutre. Je m'endors, contre la porte de ma chambre, j'me laisse sombrer dans les ténèbres, dans cet état, t'façon je ressens plus rien, j'ai plus mal, j'suis plus en manque, qu'on me laisse crever à petit feu, de toute façon, j'me relèverais, comme toujours.


J'ouvre les yeux, j'ai du mal à voir où je suis, en tout cas je ne suis pas dans ma chambre, c'est trop blanc, j'vois mon frangin d'un an de plus que moi qui me tiens la main, il est endormi, j'découvre que j'ai ces fringues dégueulasses de l'hôpital sur le corps... Mais oui, voilà, je suis à l'hôpital, putain y s'est passé quoi cette nuit pour que je me retrouve ici ? La porte s'ouvre, j'vois mon père, il a l'air crevé, il a les yeux rouges, maman est juste à côté de lui, elle pleure en me voyant réveillée, qu'est ce qui s'est passé ? Overdose... c'est le seul mot que j'entends qui sort des lèvres de maman, papa me regarde, il est déçu, voilà, encore une fois... Mais hé, j'suis vivante c'est le principal non ? J'vous l'avais dit, j'me relève toujours. Cassée, mais j'me relève, brisée, mais je suis une warrior, c'est tout. J'me prends une claque psychologique, je me rends compte que je leur ai fait encore du mal, que c'est pas c'qu'une fille doit imposer à sa famille, je m'en veux et voilà que je pleure, comme un enfant. J'ai que 16 ans putain, j'veux pas crever.

J'ai quitté l'hôpital et depuis j'n'y ai plus jamais remis les pieds, ce soir, je fête mes 16 ans, avec des potes, rien de bien spécial, un peu de bière achetée par mes frangins, de la musique, ambiance cool et posée, les parents m'ont laissé la maison, à condition que tout soit propre pour quand ils reviendront. J'ai mon meilleur ami qui débarque, il me présente sa cousine... et merde, c'qu'elle est belle, du genre on dirait une petite poupée en porcelaine qui sort d'un rêve, ses boucles brunes, ses beaux yeux vert émeraude. J'sais pas c'qui m'arrive, j'suis pas attirée par les filles, enfin j'préfère les bananes quoi, mais là, y'a quelque chose qui s'passe, comme un coup d'foudre au premier regard, ça m'fait peur, mais waouh, c'est assez compliqué à expliquer. Mais j'passe toute la soirée à papoter avec elle, elle m'avoue qu'elle est bi, qu'elle me trouve mignonne, mais elle me dit ça de façon timide, alors forcément ça m'fait craquer. Elle est belle putain. J'crois que j'suis amoureuse, fuck.

Jade qu'elle s'appelait, elle venait de Londres, une belle petite anglaise, une jolie blonde, et j'l'ai aimée pendant 3 longues années, un amour destructeur, je me connaissais, j'avais mon caractère et j'avais besoin d'aller voir ailleurs... A chaque fois j'm'en voulais, j'lui ai tout avoué un soir quand on était ensemble, quand on fêtait nos 3 ans ensemble... J'aurais jamais dû la tromper, j'aurais jamais dû me lancer dans cette histoire avec elle, en connaissant mon caractère... Ce soir là, ça a pété entre nous, on s'est dit des horreurs elle et moi, et elle est partie d'mon appart en claquant la porte. J'aurais dû la retenir ce soir-là, j'aurais dû lui dire à quel point elle me rend folle, à quelle point je l'aime... J'ai entendu ce bruit d'accident, des cris dans la rue, les sirènes d'une ambulance. Jade, pas elle, putain dites moi que c'est qu'un cauchemar, que j'vais me réveiller et que j'suis encore au soir de mes 16 ans quand j'l'ai vue pour la première fois. J'ai claqué la porte de l'appart, j'ai couru dans les escaliers, au point d'faillir me casser la gueule à plusieurs reprises, j'ai couru dans la rue et les ambulanciers la transportaient déjà dans la civière, recouverte d'un drap blanc. Cette vision me hantera à jamais, j'ai hurlé, j'ai hurlé en lui disant qu'elle avait pas l'droit d'me quitter comme ça, sur une dispute, qu'elle avait pas l'droit de m'abandonner... J'm'en suis jamais remise, j'ai détesté ma connerie pendant les deux années qui ont suivies, encore aujourd'hui, ça fait deux ans que je fête plus mes anniversaires, parce que ça restera toujours douloureux, parce que j'aurais l'impression d'revoir Jade passer la porte de chez mes parents, qu'on aura ce premier regard, ce premier coup de foudre de jeunesse et qu'on s'aimera pour le reste de nos jours... Elle me manque, sans elle, j'suis plus rien.

J'ai quitté Londres la veille de mes 20 ans, je suis partie pour les Etats-Unis, me construire une nouvelle vie là bas, oublier mon premier amour de jeunesse, oublier Jade...Je sais que je m'en remettrais jamais, même si j'ai eu des amourettes de jeunesse avant elle, mais avec Jade c'était du sérieux, enfin c'était ce que je croyais.J Je faisais des études de chant, musique, mais après c'est juste devenu mon hobby du quotidien, j'écrivais des musiques, mais ça s'arrêtait là. L'astronomie c'est devenu mon truc, et à Harvard j'ai pu faire ces études, ça fait déjà 4 ans que j'suis là, et la vie d'étudiante "américaine" ne me déplaît pas, loin de là.