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Echo | ft. Andrew |
Nous avons les souvenirs que nous méritons
Mes doigts tremblaient sur la feuille. Mon imagination se laissait aller à diverses chimères, le fusain tâchant mes doigts alors que la voix éraillée de ma sœur se faisait entendre à mon oreille « J'espère que tu ne fais pas que t'amuser, Echo ? Tu sais très bien pourquoi tu es à Harvard n'est-ce pas ? » Un soupir s'échappa de mes lèvres. Elle ne cesserait jamais de s'inquiéter, jouant le rôle de la mère que je ne voyais plus depuis des années. « J'sais très bien ce que je dois faire, Isabella. J'ai une place à tenir au sein de ma confrérie, je me dois bien d'un minimum sortir, boire et faire la fête. » Ma voix était enjouée mais cachait toujours ce grain d'hypocrisie que je dissimulais toujours si habilement. Je ne me voyais pas comme une personne fausse ou totalement hypocrite. Non. J'avais juste appris à cacher ce qui ne me plaisait plus. Mon passé, ma tristesse et mes crises d'angoisses. Je n'avais d'ailleurs toujours pas parlé de l'agression dont j'avais été victime quelques mois auparavant, à mes sœurs. Elles auraient sautés dans un avion dés que la nouvelle leur serait parvenue et je n'avais aucune envie d'être dorloter par mes sœurs même si je les adorais. Je revins à moi quand elle m’annonça soudainement qu'elle devait raccrocher. Un pincement au cœur et cet état de solitude me reprit, comme chaque fois que je raccrochais après un appel d'une de mes sœurs. Je contrôlais ma voix et faisait sentir que je souriais « Pas de soucis, sœurette. Passe le bonjour à Lisbeth de ma part. A plus tard ! »Et soudain, plus personne. Je perdais mon sourire et déposait mon téléphone à côté de moi. Mes yeux glissèrent sur la feuille face à moi, alors que j'étais assise, les fesses sur une table posée juste devant la cafétéria. Les derniers étudiants sortirent manger en plein air, la chaleur ayant élu domicile dans la ville. Mes doigts glissèrent sur les traits de fusain, me rendant compte, qu'encore une fois, j'avais dessiné quelque chose de sombre et ridiculement horrible. J'étais condamnée à avoir une imagination fortement morbide. Je repoussais quelques mèches de mes cheveux avant de descendre de la table et de rassembler mes affaires. Mes affaires tenues contre ma poitrine, j’avançais dans le campus, envoyant un simple texto à une de mes meilleures amies, je m'ennuyais ferme, attendant anxieusement que les vacances arrivent. Je me demandais ce que nous réservait le prochain Summer Camp où j'allais pouvoir m'enivrer sans regret. Souriant au texto que je venais d'envoyer je ne vis pas la personne face à moi et la percuter. On ne faisait pas plus tête en l'air que moi. Je lâchais un cri lorsque mon portable tomba de mes mains et percuta le béton. Un juron, deux jurons et trois putains de jurons plus tard, je me baissais et le ramasser me fichant des quelques feuilles éparpillées à côté de moi. L’écran était pété. Génial … Comme si j'avais les moyens de m'en payer un autre. Relevant les yeux, je me rendis compte que je ne m'étais même pas excusé auprès de l'inconnu que j'avais bousculé. « Excuse moi, je regardais pas vraiment ... » Mes sourcils se froncèrent d'un coup alors que mon corps se tendait, je me relevais et reculais de quelques pas. Ok, mon pire cauchemar. Je vais sûrement imploser et m'éclater en une bouillie ensanglanté par terre. « Attend mais on se connait non ? » J'étais la reine du tact et de la délicatesse. Je ne prenais aucun gant et je ne m’embarrassais d'aucunes marques de politesses inutiles. Je fixais son visage, me rappelant très bien la soirée à laquelle j'avais dragué ce mec comme une fille en chaleur et où j'étais très, très saoule. La vie était décidément une belle chienne.
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