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- Je n’ai plus envie de l’écouter. J’ai envie de me renfermer sur moi, et de croire toujours en ce rêve que j’ai. On a tous des rêves, des désirs irréels, et je ne suis pas du genre à briser ceux des autres, alors qu’on me laisse les siens. Ce désir était ce qui me gardait en vie littéralement. Je ne me voyais pas sans lui, j’avais été seule toute mon enfance et ici, j’ai toujours été avec lui. J’ai même besoin de lui à présent. Ce n’est pas tous les jours de toute façon, parfois ça va bien, et ces moments sont merveilleux. Je l’aime et lui aussi, on a juste un problème. Un gros peut-être, mais ce n’est pas une raison pour gâcher nos vies. Je n’avais pas besoin qu’on me dise quoi faire. J’étais une adulte, et j’étais consciente de mes actions. Je ne pouvais toutefois pas lui en vouloir. Il ne connaissait pas notre histoire, notre passé. Il ne me connaissait même pas tant. De plus, il voyait la situation de l’extérieur. Ce n’est jamais pareil lorsque c’est nous qui est en plein de dans. « Mais on en sait rien, arrête! On a bien été deux ans avant ça ensembles, tout le monde peut changer. Et il m’aime, sinon pourquoi serait-il encore là? Je dois juste trouver un moyen que cela arrête… » Un moyen? Quel moyen. Il n’y en avait pas, enfin, je n’en avais pas trouvé, mais je ne pouvais pas donner raison à Ezio là-dessus. Il croyait que mon mari était un monstre, qu’il ne m’aimait pas, alors qu’il ne l’avait jamais croisé, c’était insensé. Je trouverais bien un jour, ce fameux moyen qui nous ramènerais dans la passé, où tout était si simple et parfait. J’enviais ce passé, qui était pourtant le mien. « Ce n’est pas absurde, bien sûr qu’il le serait fâché, c’est normal après tout… il ne veut même pas que je parle à mes parents alors tu imagines la police. Ils vont l’enfermer, et quand il sortirait… » Je ne pouvais pas finir cette phrase, parce que tout ce que je pouvais penser me faisais peur. Ce n’était jamais bon lorsque je me faisais des scénarios dans ma tête, alors je ne devais pas commencer. Mon ami commençait à m’énerver. Il ne faisait que critiquer toutes mes paroles, et sortir le négatif de tout. Je ne voyais pas cela de cette manière. Oui je souffrais, mais je n’étais pas la seule sur la Terre à souffrir. De plus, je supportais, j’encaissais, depuis des années. J’avais simplement besoin de quelqu’un pour me réconforter et me dire que tout irait bien, mais ce n’est pas ça, loin de là, que j’ai à présent. Il devait essayer de me secouer pour que je change, pour que je parle. Mais il n’avait pas encore compris que je ne pouvais pas, que je ne voulais pas. Je n’avais pas la force et la motivation pour cela. Il partit ensuite dans une histoire pour me faire comprendre que c’était si facile de mourir, mais j’étais certaine que c’était des exagérations. Ou peut-être de la malchance. Rien à voir avec ce que je vivais. « Mais si quelque chose dans le genre arriverait, il s’occuperait de moi. Il le fait toujours après… » C’est vrai qu’il s’en voulait après nos disputes et il voulait toujours me soigner. Toutefois, je préférais généralement restée seule, et attendre que ça passe. Il finissait tout de même par me prendre dans ses bras et s’excuser. Il ne me laisserait jamais dans un mauvais état, pas autant que cela. « Et je ne pourrais pas t’en vouloir, je ne te demande pas d’agir Ezio, je ne te demande pas autant. » Je ne voulais surtout pas mettre ce poids sur ses épaules. C’était beaucoup trop. Si j’avais à changer, ce n’était pas lui qui devait le faire, mais simplement moi et personne d’autre. De toute façon, je ne croyais pas qu’un événement du genre pouvait arriver. Mon mari ne désire pas ma mort, loin de là, il tient à moi. Pour ma part, je préférais au moins choisir si c’était pour arriver. Je soupirai un peu lorsqu’il me dit qu’il me fichait la paix avec ça. Enfin. Je l’avais trouvé dur dans ses paroles. Celles-ci m’avaient grandement touché et je ne pouvais les ignorer à présent. Je ne répondis rien et termina mon verre, en le déposant sur la table. C’est vrai qu’il était tôt. J’avais encore toute la journée devant moi, mais je n’avais rien à faire, je n’avais rien envie de faire. « Tu es fou! Tu imagines si je rentre avec un mec, ça serait la pire des choses! Je vais trouver quelque chose, ne t’inquiètes pas… » Jamais au grand jamais je n’évoquais une sortie qu’avec un garçon, même un travail. Il devenait tellement jaloux, comme s’il n’avait pas compris que j’étais entièrement à lui déjà. Je rentrais donc seule, et penserais en chemin à une excuse pour ma sortie. Je ne pouvais pas lui dire que j’étais allée chez quelqu’un, puisque vu mon état, c’était évident que j’avais été battu. Je ne pouvais pas lui dire que j’avais tout révélé à un ami, il serait tellement en colère. Peut-être dire que je m’étais simplement isolée pour prendre l’air était la meilleure des idées, un peu comme lui il fait. « C’est gentil, mais je ne crois pas que c’est une bonne idée. Je ne veux pas te déranger et te mettre la pression avec ça… » Je suppose que ce n’est pas tous les jours qu’on croise quelqu’un comme ça et je ne voulais pas le troubler. Je détestais que des gens se déplacent ou changent des projets pour moi, alors probablement que je ne reviendrais plus. Je ne sais pourquoi, mais cette fois-ci, sur un coup de tête, je n’en avais vraiment ressenti le besoin. C’est la première fois que je disais autant sur moi, et probablement la dernière pour un moment.
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