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Cela faisait déjà deux heures maintenant qu’elle était assise sur ce canapé, le regard perdue dans le vide. Sa valise était encore dans l’entrée de son appartement, à la même place où elle l’avait laissé en arrivant. Norah était atterrie sur le territoire américain quelques heures auparavant, revenant d’un an de stage en France, ce pays où elle avait rêvé de retourner depuis son expatriation, mais qu’elle avait inconsciemment évité plus que tout, redoutant les fantômes de son passé qui ne cessaient de la hanter. Elle était atterrie à Harvard, mais son esprit était encore là-bas, dans ce cimetière où elle s’était rendue d’abord à reculons, puis régulièrement, essayant de faire le deuil de cet amour enterré à jamais. Le temps filait sans qu’elle ne s’en rende compte, tant elle était perdue dans ses pensées. Elle finit par se lever, et se dirigea dans la salle de bain de cet appartement provisoire, où elle n’avait pas encore ses marques, pour se rafraichir. Le fait de s’asperger le visage d’eau fraîche sembla la faire soudainement reprendre contact avec la réalité. Elle fixa son reflet dans le miroir l’espace d’un instant, le reflet de cette fille emprisonnée dans un passé contre lequel elle se battait sans relâche, mais avec cette désagréable sensation que la bataille était perdue d’avance. Elle promena son regard sur le reste de la pièce, de l’appartement, et se sentie prise d’une irrépressible envie de fuir ce lieu qui lui était tout sauf familier. Si elle voulait pouvoir se remettre dans le bain et se fondre à nouveau dans la masse Harvardienne, il lui fallait à tout prix reprendre ses marques. Elle attrapa donc ses clés, ses lunettes de soleils et claqua la porte, se précipitant sous le soleil qui baignait la rue. Elle marcha au hasard, appréciant la douce caresse de la brise sur sa peau. Elle finit par arriver dans un parc déjà bien peuplé. Sentant la fatigue du voyage et le décalage horaire, elle chercha un banc disponible, et finit par en trouver un à l’ombre d’un arbre. Elle se laissa tomber là, sortie une cigarette, et attendit que la nicotine vienne doucement embuer ses idées et sa peine pour un temps…
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