Torreyna ∆ Let's not care together

Parce que le 3 juin c'est mon anniversaire et il était hors de question que je la passe à m'emmerder à Cambridge. Je n'avais peut-être plus papa pour m'offrir un voyage à l'autre bout du monde mais j'allais très certainement m'organiser un super week-end accompagner de ma meilleure amie. Rien n'allait ne m'en empêcher. Rien. Pas même son refus. Après quelques sms j'avais réussi à la convaincre de venir avec moi à Las Vegas pour se changer les idées de la dernière fois où nous avions déposés nos valises dans cette ville. J'avais envie de ce petit moment avec elle, avant que nous nous éloignons pour des mois, mais surtout avant qu'elle ne s'engouffre trop confortablement dans son couple et sa famille. Je ne dis pas que c'est mal juste... Il n'est pas un peu tôt pour sa ? Elle a encore tellement de choses à vivre... Allez n'y pensons pas, ce soir je l'entraînai au petit bar qu'offrait l'hôtel histoire de prendre un verre et qu'on se mette à jour sur nos vies. Ça faisait bien trop longtemps à mon goût. Nous avions beau vivre ensemble j'avais tout de même parfois l'impression que l'on s'éloignait.

Il fallait vraiment que j’adore Leyna pour accepter de venir à Vegas avec elle. Mais franchement, qu’est-ce que je pouvais refuser à cette bouille d’ange sachant qu’elle partait toute l’été pour New-York? Rien du tout. Pas même Vegas. Alors ouais, j’étais là, assise au bar avec elle à me demander comment j’allais survivre à ce week-end et à espérer qu’elle allait m’empêcher de me marier au premier venu puisque ça semblait être la chose à faire ici. Je pris mon verre dans ma main, admirant tout de même l’endroit : c’était magnifique et plein de vie. « Alors… un toast à ton anniversaire? » Je souris, contente d’être avec elle malgré tout.

Ma mission pour nos quelques jours ici, c'était de la voir sourire. De manière sincère je veux dire. Voir ma meilleure amie s'amuser comme si elle n'avait rien à se soucier tout en restant autant que possible dans le droit de chemin. Quoi que ce qui se passe à Vegas y reste non ? À voir... Maintenant c'est l'heure du toast. « Deux même ! » Parce que même si je t'ai promis de te protéger de la chapelle d'Elvis, je n'ai jamais dit qu'on devrait être sages. Je levai donc mon verre que je vins cogner contre le sien, prenant ensuite deux longues gorgées de cette boisson qui réchauffait drôlement l'intérieur de ma gorge. Je lui rendis son magnifique sourire, réalisant combien elle était belle là. « Tu vois, c'est pas si mal ici. » Y a de l'alcool, des gens à chaque centimètre carré, de l'ambiance à fond. Y a aucun autre endroit dans ce monde qui n'équivaudra à Vegas.

« Deux même ! » J’haussai les sourcils, ne posant pas trop de question en l’imitant, descendant pratiquement tout mon verre. Je le reposai sur le comptoir et appréciai un moment le liquide chaud qui descendait dans ma gorge, la brûlure totalement bienvenue présentement. « Tu vois, c'est pas si mal ici. » Je regardai à nouveau autour, souriant doucement. « Ouais, t’as raison, c’est pas mal. » Je la taquinais puisque c’était carrément top, mais j’avais du mal à l’admettre. Pire, j’avais du mal à en profiter à fond. « Alors, comment tu vas? Et me dis pas bien, j’veux les détails croustillants! »

Si pour l'instant ma chère coloc ne semblait pas heureuse plus qu'il ne le fallait de se trouver ici, je comptais bien changer cela d'ici notre retour à la chambre. En même temps je pouvais la comprendre puisque cet endroit ne lui rappelait pas les plus beaux souvenirs. D'ailleurs Wyatt était-il au courant ? On s'en fou de lui. Ce qui importe c'est elle, c'est nous. Du coup avant que ça ne devienne trop.. trop fallait prendre le temps de se mettre aux parfum des derniers événements avant de l'apprendre par CS. « Croustillants ? Comme dans je me suis taper Zoïa à Poudlard ou que Marshall a accepté de venir passer l'été avec moi à New-York ? » Petit sourire en coin, on détourne le regard pour faire genre comme si je n'avais rien dit. J'aimais bien la taquiner un peu et en prime ça me donnait l'occasion de terminer mon verre d'un trait.

Je savais la vie de Leyna définitivement plus palpitante que la mienne et du coup, j’attendais avec impatience d’en savoir les derniers détails. Il y avait un moment qu’on ne s’était pas simplement assise pour parler comme ça et, même si c’était dans un bar d’hôtel de Vegas, au moins, on avait la chance de le faire. « Croustillants ? Comme dans je me suis taper Zoïa à Poudlard ou que Marshall a accepté de venir passer l'été avec moi à New-York ? » J’haussai les sourcils et écarquillai les yeux. Elle avait quoi? « Tu t’es… Zoïa?! C’est pas un nom de mec ça.. » Ouais, je sais, j’avais l’air stupide de le dire comme ça. Mais bon, voilà, je ne pensais pas qu’elle irait jusqu’à coucher avec une fille en dehors d’un plan à trois avec un mec par exemple. « Et il a accepté? Genre pour tous l’été ou quelques semaines? » J’étais franchement contente pour elle, ne restait qu’à espérer qu’il ne la blesse pas..

Parfois j'enviais un peu Torrey quand même, elle avait tout ce dont l'on puisse rêver : l'argent, une carrière prometteuse, des enfants adorables, un petit-ami qui l'aimait... J'avais beau essayer de changer je n'avais pas l'impression qu'un jour je pourrais atteindre tout ça. Parce que je finissais toujours par revenir à mes bonnes vieilles habitudes destructrices quand tout allait bien. Comme avec Zoïa lors du dernier voyage... Ce n'était pas quelque chose dont j'avais honte mais je n'en étais pas pour autant fière. Je ne savais pas quoi en penser. Voilà pourquoi je décidai d'en parler à ma meilleure amie, parce qu'elle était plus sage et qu'elle m'aiderait peut-être à me faire une tête sur tout ça. « En effet, c'est le nom de la bizut Dunster torturée là... » J'essayais de détailler les traits sur son visage pour avoir son opinion sur tout ça. Ce n'était juste... tellement pas moi. Et pourtant j'avais aimé être une autre fille que Leyna Ellington ne serait-ce que pour quelques heures. Même si je devais avouer que je recommençais bien à apprécier ma vie en ce moment et surtout ce qui s'en venait dans les prochaines semaines. « Tout l'été, je crois. Espérons juste qu'il puisse me supporter aussi longtemps ! » Je rigolai, pour être ma coloc elle était bien placée pour savoir que je n'étais pas un cadeau tous les jours quand même.