WALTER RUTHERFORD ► alex pettyfer

« Hé mec, t'as l'air totalement def' ! » Hé, qui est l'abruti auquel on doit attribuer le prix Nobel pour avoir prouvé par a+b la plus grosse évidence de l'année ? Einstein 2.0 ? « Hé mec, t'as l'air d'avoir une tête à p'tite bite, qui en a quelque chose à branler ? »  Mêle-toi de ce qui te regarde, abruti. Bien sûr qu'il était défoncé. Totalement défoncé dira-t-on même. Perché. Stonned. L'esprit totalement absent, le regard flou, vide et lointain, les yeux rougis au plus haut point, les cernes creusées, l'haleine aussi fraîche que le thon pourri pêché de Bernard il y a deux semaines : oui, il était on ne peut plus défoncé. Le monde s'en porterait-il mieux s'il ne l'était pas ? Non. S'il l'était ? Non plus, aux dernières nouvelles. Ou peut-être que Rihanna aura le droit à un rétrécissement de sa surface frontale, mais ça, rien est sûr. Qu'on lui foute la paix, merde. N'avait-on plus le droit de venir en hôpital totalement raide sans qu'un abruti de première classe vienne vous sentir la transpiration pour juger le taux de cocaïne que vous vous êtres enfilé hier soir ? Ou plutôt quinze minutes avant le dixit hôpital. La sale gosse devant lui osait bien pointer le bout de son nez dehors de chez elle, habillée d'un simple sac poubelle bleu pétant sur le dos et de godasses jaunes fluo immondes : pourquoi on ne lui disait rien à elle ? Lui a-t-on prévenu des risques de cécité qu'elle inflige au reste du monde en exposant sa tenue à la vue de tous ? Bien sûr que non, personne ne lui disait rien à madame. Par contre quand monsieur inhale quelques petites dosettes de poudre : oh le scandale ! Du sexisme ça encore, évidemment. « Tombé dans la marmite de coke, Rutherford, quand t'étais p'tit ? » Alerte abruti n°2 en vue. Walter se contenta de lui lancer son plus beau regard noir en guise de réponse avant de tenter de se fondre dans la petite masse d'internes en médecine, attroupée dans une chambre minuscule d'un patient, attendant chacun une directive du médecin en chef. Walt se cala contre un mur de la chambre, tentant de se situer le plus éloigné possible de la population qui avait l'air de lui chercher des noises ce matin. A croire que le spectacle de Walter Rutherford défoncé dès la première heure de travail était du jamais-vu. Quelle blague. Au contraire, par pité, inquiétez-vous du jour où le blondinet débarquera, sobre, tous ses esprits bien placés. Inquiétez-vous. Mais qu'on se le dise, ce jour ne sera pas prêt d'arriver. Tant que monsieur n'acceptera pas la situation, cette situation, aucune sobriété quelconque n'aura de la place dans sa vie, dans sa tête. Cette situation. Cette. Putain. De. Situation. Cette. Putain. De. Vie. Minable. Sans. Lui.


flashback (walter rutherford, 06/06/14, chez son 544e – incompétent – psychologue du mois) ► « Qu'est-ce qui se passe avec vous Walter ? » Rire jaune. « Question stupide, vous ne pensez pas ? » « Aucune question n'est stupide. » Walter dévisagea de la tête aux pieds son interlocuteur. Haussa le sourcil droit. « Bien. Dans ce cas-là, vous êtes stupide, docteur. » Silence. « Continuez. » Silence. « Continuer ? De vous insulter ? Sans problèmes. » « De parler. » Silence. Silence. Silence. Regard noir. « Je peux comprendre ce que vous ressen... » « VOUS NE COMPRENEZ PAS, CESSEZ DE MENTIR. VOUS NE COMPRENEZ PAS ! » Silence. Respiration saccadée. Silence. Silence. Inspiration. Expiration. Silence. Paupières closes. Silence. « Vous avez vécu à Hawaï durant votre enfance d'après votre dossier, est-ce correcte ? » Toujours paupières closes. Réponse froide. « Sans doute. » « Comment avez-vous vécu le déménagement ? » Lève les yeux au ciel sous ses paupières, toujours, closes. « Mal. » Silence. « Qu'est-ce que vous a fait vous sentir mal ? » « Tout. » « Qu'est-ce qui vous a fait vous sentir bien ? » « Rien. Si. Peut-être. Mon frère. Je sais pas. » Silence. 8 longues minutes de silence. « Votre frère ? » « Je refuse d'en parler. Vous vouliez me mener sur cette voie, et vous l'avez fait, mais je refuse d'en parler. » Silence. « Et votre sœur ? » Regard vide. « Ma sœur ? » « Comment se déroule votre relation avec votre petite sœur ? » Haussement d'épaules. « Bof. » Silence. « Vous jouez des instruments de musique je vois ça. Du violon ? » Hochement de tête. « Guitare ? Et piano ? » Double hochement de tête. « Impressionnant. Vous n'avez jamais pensé à faire parti d'un ban... » « Mon frère est mort. Avec tout le respect que je vous dois, je n'en ai strictement rien à branler de ces instruments de musique à la con. » Silence. 4 minutes et 52 secondes de silence. « Mon frère est mort. Depuis deux ans. Deux. De. Putain. D'années. » Silence. « Deux. De. Putain. D'années. » Silence. « Sa mort ne doit pas vous empêcher de vivre Walter. » Rire jaune. « Évidemment que si. » « Pourquoi donc cela ? » Haussement d'épaules. Silence. « Vous vous sentez coupable ? » « Non. Je suis en colère. » « Contre ? » « Tout le monde. » « C'est-à... » Sonnerie de téléphone. Sursaut. Walter se pressa de vérifier son téléphone. « Ma sœur. »

RICHARD ET MAMAN SE SONT MARIÉS. ELLE COMPTE TE L'ANNONCER LA PROCHAINE FOIS QUE VOUS VOUS PARLEREZ. JE LE SAIS. SOIS SURPRIS.
MERCI.
EN PASSANT, C'EST PALMYR AU CAS OÙ TU AURAIS EFFACÉ MON NUMÉRO COMME L'IDIOT QUE TU ES.