TOMAS BRINKMANN ► Mickaël Trodoux

Tomas est donc né il y a vingt-deux ans de cela à Francfort dans une famille tout ce qu'il y a de plus normal. Sa mère était pharmacienne et son père technicien dans une grand industrie. Pas de quoi gagner des milliards, mais pas non plus de quoi se plaindre, Tomas et sa petite sœur Angela vécurent une enfance heureuse qui ne mérite pas vraiment que l'on s'y attarde longuement dessus.

   Depuis son plus jeune âge, Tomas a toujours était un garçon plutôt calme et discret. Loin d'être la star de l'école il préférait avoir un groupe d'ami plus restreint et vivre tranquillement sa vie sans s'occuper des ragots. Passionné de sport, il préférait largement s'exprimer sur un terrain plutôt que d'essayer de se rendre populaire auprès de tous. Bon élève, sa facilité d’apprentissage et sa rapidité de compréhension n’aidait pas vraiment à le rendre populaire de toute manière, mais cela le dérangeait finalement assez peu. Il menait sa vie peinard, était suffisamment beau pour ne pas avoir trop de soucis à se faire côté cœur, et cela lui convenait parfaitement.

   Plutôt timide au premier abord, il se révèle un véritable casse-pied sitôt la glace brisée. Ami fidèle et toujours prêt à soutenir ses proches, son sourire omniprésent, ses blagues plus vaseuses les unes que les autres et sa bonne humeur communicative en font une personne agréable à côtoyer.

   Mais cette petite vie tranquille et pas loin d'être parfaite n'allait pas tarder à subir un tournant auquel Tomas ne s'attendait pas vraiment. Alors âgé de dix-sept ans il fit la rencontre lors d'une soirée d'un serveur qui devint rapidement un bon ami. L'homme était âgé d'une douzaine d'année de plus que Tomas, marié et père de famille, et pourtant leur relation s'accéléra rapidement. Ils se voyaient de plus en plus souvent, et finirent un soir par s'embrasser. Bien que marié, l'homme n'en était pas à son coup d'essai, beau gosse il draguait aussi bien des hommes que des femmes et ne s'attachait pas à ses relations sans lendemain. Pourtant, la leur perdura, les mois passèrent et Tomas était de plus en plus perdu. Au départ simple jeu, il se rendait compte petit à petit qu'il n'avait jamais éprouvé pour quiconque les sentiments qu'il éprouvait pour cet homme, et bien qu'il sache pertinemment que ce soit sans avenir il s'accrocha.

   Oh bien sur il eut d'autre copines, il en fréquenta même de nombreuses, mais à chaque fois il finissait par les tromper avec celui qui hantait ses nuits, une fois, deux fois, avant de mettre un terme à la relation avec cette pauvre demoiselle qui n'avait aucune idée de l'endroit où elle avait mis les pieds. Tomas n'était pas attiré par les hommes, seulement par lui, et plus le temps passé plus il s'enfermait. Il ne vivait plus que dans l'attente de le revoir, de pouvoir le serrer dans ses bras et sentir sa peau contre la sienne. Pour cette relation sans avenir il sacrifia ses amis qu'il voyait de moins en moins, il ne vivait plus, il survivait. Il n'était désormais heureux que lorsqu'il l’apercevait, et souffrait de son absence le reste du temps.

   Jusqu'au jour ou, enfin, le déclic eut lieu. Il ne pouvait continuer ainsi. Personne n'était au courant de cette relation mais tout le monde avait constaté son changement de comportement, aussi lorsqu'il annonça vouloir partir en Amérique les quelques amis encore proche qu'il avait n'en furent pas outre mesure surpris. Tous espérés que, quelque soit la raison de son malaise, il puisse se reconstruire dans cette nouvelle vie qu'il avait choisit.

   Tomas voulait recommencer à vivre, il voulait se consacrer à ses études, recommencer à sortir pour lui, rencontrer de nouvelles personnes, se remettre au sport et retrouver son bon niveau d'avant que tout ne commence à foutre le camp... Harvard avait toujours semblé un rêve lointain, pas forcément accessible, et pourtant lorsqu'il décida de s'enfuir loin de Francfort ce fut le premier endroit auquel il songea. Il savait qu'il avait les capacités scolaires de rejoindre la prestigieuse université. Bien sur il lui faudrait travailler, avant de partir et une fois sur place, mais cela ne lui faisait pas peur, il était bien décidé à vivre son rêve américain et à laisser sa vie à Francfort derrière lui.