E. CLAARYS JOHANSSON ► holland roden

the camryn  & claarys show

child actors going on to become adult actors never really works. ✻✻✻ C’était un dimanche, je m’en souviens comme si c’était hier. Une année plus tôt, nos parents nous avaient emmenés à Los Angeles. Je ne me souviens plus vraiment de la discussion que nous avions eu, j’étais encore très jeune. Nous étions dans une maison, qui n’était pas vraiment une maison. J’apprenais plus tard que c’était un « set ». « Qu’est-ce que c’est un set ? » Je me rappelle avoir demandé ça. Enfin j’imagine, ce n’est peut-être pas les mots exacts qui sont sortis de ma bouche. J’avais 3 ans, comment je pourrais m’en souvenir ? Je sais juste que je n’étais pas sûr de savoir qu’elle était ma place dans tout ça, dans ce « set ». Puis « ils » m’ont expliqué. Les producteurs de The Camryn & Claarys Show. Je ne vais pas faire tout le speech, en gros Serah et moi devions jouer des sœurs devant les caméras. Ce n’était pas très difficile, nous étions déjà des sœurs dans la vraie vie. Et nous sommes devenue plus que des sœurs en grandissant, nous étions plus que des jumelles, on se comprenait, sans même savoir pourquoi. Je pouvais savoir à distance si elle allait bien, c’était ma moitié. Littéralement. Si elle n’était pas dans le coin alors que tournais une scène, je n’arrivais pas à me souvenir de mes lignes, de mes répliques. Il y a toujours eu des nouveaux projets. The Camryn & Claarys Show n’a pas duré plus de trois ans, mais il avait un impact. Les gens nous reconnaissaient dans la rue, nous étions les petites filles trop mignonnes de la série Disney. Il y eu d’autres films, d’autres projets. Nous étions des stars, des mini-stars. Des enfants-acteurs. Les enfants-acteurs n’ont pas la même enfance que tout le monde, ils ne grandissent pas comme tout le monde. Quand on grandit autour de personne qui nous disent qu’on est le centre du monde... On finit par le croire. Mais ce n’était pas vrai. Rien n’était vrai. J’avais tout, vraiment, sauf le talent inné peut-être. Je n’étais pas une si bonne actrice. Et être mignonne ne suffisait plus vraiment. Mais qu’est-ce que je pouvais en avoir à foutre ? J’étais riche. Etre actrice, ça paye. Alors je prenais des risques, je faisais des petits caprices, et personne ne disait rien, j’étais une enfant. 16 ans. Les rôles se font déjà un peu plus rares. Serah et moi on le remarque, mais ça ne nous dérange pas vraiment. On faisait ça depuis longtemps, les rôles ça va et ça vient, ne pas en avoir nous laisse plus de temps pour faire ce qu’on avait envie de faire…

live free or die hard

once you start down the dark path, forever will it dominate your destiny, consume you it will. ✻✻✻ La plupart du temps, les mauvais choix qu’on fait dans la vie on les faits jeunes. Quand on est encore immature, influençable, faible. Quand on est comme moi, quand on a grandi comme moi, on a tendance à faire que des mauvais choix. On se dit qu’on ne vit qu’une fois et qu’on aura tout le temps de se rattraper, mais ce n’est jamais vraiment le cas. Les erreurs que tu fais te suivent, partout où tu vas. Tu auras toujours un rappel, une petite voix qui te rappellera des erreurs que tu as faites. Elles te hanteront. Les miennes m’ont hanté. Lors de la première, j’avais 16 ans et ça, je m’en souviens par cœur. « T’as jamais essayé ? » Il semblait surprit. Il était plus vieux, il était riche, mais pas célèbre. J’étais en admiration devant lui… Je n’ai jamais su son nom. Il voulait qu’on l’appelle John Doe. Je venais de le rencontré, et il me fascinait déjà. « Non, jamais... » Je n’avais pas peur, j’étais intrigué… Excité. C’était la première fois que je voyais de la drogue. C’était ma première fois. « On est pas intéressé, désolé. On doit y aller. » Serah était là aussi, c’était une fête comme un autre et on allait toujours partout ensemble. C’est plus vraiment le cas aujourd’hui, mais nous sommes toujours aussi proche et c’est ça qui compte le plus. Elle me prend par la main et nous partons. Je ne suis pas vraiment déçu, même si j’aurais voulu essayer. Ce sentiment de danger, de risque… Je l’aimais. J’avais toujours tout eut, ou presque. C’était quelque chose d’interdit. Je le voulais. « Tu sais quoi, rentres. Je vais rester un peu. » Elle hésite. Elle regarde vers John et me regarde-moi, hésitante. Elle me fait confiance, mais elle ne lui fait pas confiance. « Tu es sûr ? » Je lui fais un signe de tête : Oui, je suis sûr. « Ok, je t’aime. Et restes loin de lui ok ? » Elle me prends dans ses bras, me fait la bise et me tourne le dos. Je n’ai pas voulu répondre, je n’aime pas lui mentir. Je savais que j’allais me diriger vers lui dès qu’elle aurait le dos tourné. Je n’étais pas attiré par lui, je ne le voulais pas lui, je voulais ce qu’il avait. Et Serah l’avait senti. Elle avait tourné la tête une demi-seconde et j’ai vu son regard : Elle me suppliait de ne pas le faire, de l’écouter. Elle savait aussi que je n’écoutais personne… « Déjà de retour ? Où est votre babysitter ? » Je ne lui réponds pas. En temps normal, je lui aurais fait ravaler ses paroles sur ma sœur, mais je voulais quelque chose de lui. « Je veux essayer. » Il n’a pas hésité. Il a mis la main dans sa poche et a sorti un sachet rempli d’une poudre blanche. Ça aurait pu être de la farine pour tout ce que je savais, mais j’étais déjà tout excité. « Oh oh… Pas si vite. » J’avais essayé d’attraper son sachet. « C’est pas gratuit. » Je soupire. Sort mon porte-monnaie et le lui tends. Je le regarde prendre tous les billets en ma possession, et je soupire. « Ca coute cher, j’espère que ça vaut le coup. » Pensais-je. Oui, je me souviens aussi de ce à quoi je pensais. Je vous l’ai dit, je me souviens de tout. « On devrait se revoir… Il regarde ma carte d’identité. Eleanor. C’est un plaisir de faire des affaires avec toi. » Je prends ma drogue et imite ses gestes. Il fait une ligne sur la table en verre du bar et sort un billet d’un dollar roulé. « C’est Claarys. » Il fait sa ligne, et je fais de même. Je m’essuie le nez. Ça fait bizarre, ce n’est pas comme fumé de la marijuana. C’est… Différent. « Comme la gamine du Claarys Show ? » Je me refaits une ligne. Ca le surprends. « La gamine du Camryn et Claarys Show. » Il applaudit. « Putain, hey les gars ! Je suis avec une célébrité. » C’est toujours flatteur, même quand c’est exagéré. « Tu devrais revenir demain, la bande et moi on traîne toujours ici. » Je regarde « sa bande » et sourit. Ils avaient l’air sympa, comme si ils savaient comment s’amuser. Et je voulais m’amusé. « Je viendrais peut-être. » Et je l’ai fait. Le lendemain et les nuits d’après. Pendant plus d’un an, tous les soirs. J’avais un problème. Cette bande était mon cancer. Elle me bouffait lentement, de l’intérieur, sans même que je m’en rendre compte. Parfois on se réveille avant, on diagnostique le cancer avant qu’il ne vous condamne, parfois il est trop tard. Trop tard pour le soigner, il vous a déjà tout pris. Mon amitié avec John Doe était forte, c’était un ami dont j’avais besoin, qui me fournissait ce dont j’avais encore plus besoin. Il ne me stoppait pas, il me laissait faire ce que je voulais. Ce n’était pas un mec bien à proprement parlé, mais il était marrant. Dangereux, mais marrant. On ne sait jamais vraiment jusqu’où peuvent aller les gens comme lui. Je ne savais pas. Un soir, j’avais un peu trop pris de poudre, un peu trop profité de la soirée. Ma sœur m’a sorti de la soirée avant même qu’elle se termine. Sans que je le sache, j’étais devant mes parents. Ils s’inquiètent pour moi, ils ne sont pas en colère, juste inquiet. Je me sentais honteuse et mal de leur faire subir tout ça, mais je n’arrivais pas à mon empêcher. Pourquoi je n’arrivais pas à m’en empêcher. Je leur promets de ne plus recommencer, une fois encore, mais je repensais déjà à ma prochaine ligne. Je ne l’ai jamais prise. Je n’en ai pas eu l’occasion. Le téléphone sonne, quelqu’un réponds… C’est à propos de John. Il est mort. Il n’est pas mort de la drogue. Ce qui est surprenant. Il a été tué. Personne ne sait pourquoi ou comment. Personne ne savait son vrai nom, qui pourrait donc savoir ? Un électrochoc comme un autre. La mauvaise drogue, le mauvais choix et c’est moi sur le corbillard. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Qu’est-ce qu’on fait quand on est au fond du gouffre et qu’on à peur de ce qu’il va suivre ? Quand on a peur de vivre ?

reinvent yourself

to change the world takes time, change yourself takes courage. ✻✻✻ Je me suis relevé. Je n'avais pas le choix à vrai dire. Reprise en main rapide. Rehab, Etude. Je n’ai pas particulièrement bien pris le fait de ne plus être célèbre, de ne plus avoir de rôle, de ne pas être « l’exception ». L’enfant-acteur qui grandit pour devenir un encore plus connu acteur, un talentueux. Comme Leonardo Di Caprio ou mieux encore Jodie Foster. Mais non, Claarys Johansson ne fait plus la une des magazines, Claarys Johansson n’est plus une célébrité. La dernière fois que j’ai eu un appel d’un journaliste, c’était pour un article nommé Qu’est-ce qu’ils sont devenus ? Je suis gentille, je réponds au question, parce que j’ai changé. Je veux montrer que je ne suis plus la gamine ingrate qui avait pris un chemin droit vers l’enfer. J’ai changé… Je crois ? Il y aura toujours ses souvenirs, ses morts, ses erreurs. Mais je suis à Harvard maintenant. On l’est, Serah et moi. C’était une seconde chance. De prouver que j’avais changé, à moi-même comme aux autres. J’avais réellement envie d’aider les gens autour de moi, j’avais détruit pas mal de vie, fais pas mal de mauvais choix, j’essayais juste d’enfin faire le bon.