Sheldon W. R.-Blackburn ✻ Liam Hemsworth

Pour moi, la vie a commencé à Atlanta en Georgie. J’avais quatre ans, mes parent venaient d’acheter une maison avec un grand jardin. Et dans ce jardin, il y avait un chêne devant lequel j’ai tout de suite planté ma tente d’indien fétiche. C’est dans cette tente que j’ai passé ma première nuit dans cette nouvelle ville, et non dans ma chambre, même si elle était flambant neuve et avait été décorée dans le thème de la jungle, ma lubie de l’école. Vers 6/7 ans, mon père m’a aidé à construire une petite cabane en haut de cet arbre, une vraie, avec deux fenêtre, une porte, une échelle pour y monter et une corde à nœuds de l’autre côté comme issue de secours. Un peu plus tard, ma mère y a fait installé un tas de coussins pour que je puisse y être plus confortablement installé et mon grand-père m’a construit une petite table et un coffre pour y cacher des trésors. Dans cette cabane, j’ai vécu des tas d’aventures : je m’y suis imaginé astronaute, archéologue à la Indiana Jones, maître du monde, et bien d’autres personnages. C’est dans cette cabane que j’ai embrassé Emma Willis, ma première petite amie, j’avais alors 13 ans. C’est dans cette cabane que j’ai goûté mon premier verre d’alcool un an plus tard, après avoir « emprunté » une bouteille de whisky dans le bar du salon. C’est dans cette cabane que j’ai essayé de fumer ma première cigarette, et mon premier joint quelques années plus tard. Cette cabane contient énormément de bons souvenirs, mais même elle ne fait plus sourire.

Je n’ai appris les circonstances particulières de ma naissance il y a seulement quatre ans, quelques jours après mon anniversaire. Pourquoi tant de mystère ? Car avant, ceux que je considérais comme mes vrais parents, m’ont toujours caché que je n’étais pas leur fils biologique, mais qu’ils m’avaient adopté alors que je n’avais que quelques jours. Ils m’ont avoué que ma mère avait essayé de me retrouver, alors que j’avais à peine quatre ans, mais qu’ils avaient entendu trop de choses sur mon ancienne famille, sur ma mère gravement malade, sur mon père et sa mauvaise réputation, qu’ils ont préféré fuir l’état. C’est cette partie qui m’a rendu fou de rage, le fait qu’ils n’ont pas laissé ma mère biologique me retrouver, le fait qu’ils m’ont empêché d’être proches de mes racines. Le soir-même, je fis mes valises, emportant autant d’affaires que possible, pour ne plus jamais y revenir. J’ai réussi à retrouver le nom de ma mère, et j’ai profité des vacances scolaires pour revenir à Phoenix, et y faire quelques recherches. J’ai découvert que ma mère est décédée quelques mois après avoir entamé ses recherches pour me retrouver, en donnant naissance à ma petite sœur. Car oui, j’avais une sœur, que je n’avais jamais vue, qui ne devait surement pas connaître mon existence, ce qui attisa encore plus la rage que j’éprouvais pour mes parents adoptifs. J’appris quelques jours plus tard que mon père était aussi décédé, qu’il avait toujours été un homme violent, avec une tendance à trop forcer sur la bouteille. Une ancienne voisine m’avoua que ma mère lui avait caché ma grossesse, et avait accouché de moi dans le plus grand secret, préférant me confier à un autre couple, pour éviter que j’ai une enfance malheureuse, pour que j’ai plus de chances de vivre heureux. Je me mis à détester mon père biologique aussi, car il était apparemment à l’origine de tout. S’il n’avait pas été mort, je pense que je serai allé le voir, lui aurait dit ses quatre vérités et lui aurait même mis mon poing dans la figure. Car il avait du rendre l’enfance et l’adolescence de ma sœur horrible. Alice Lewis. Je fis la promesse sur la tombe de ma sœur de la retrouver. Ce même jour, je me rendis à l’état civil et remplaçant nom de famille actuel, Rosebury, par Blackburn, celui de ma mère biologique, une façon de me rapprocher de mes racines. Mais mes recherches, qui durèrent tout l’été, restèrent vaines. Aucun habitant de Phoenix ne savait où elle était, certains répandaient la rumeur qu’elle aurait créé l’incendie qui avait détruit la maison familiale et tué notre père. Mais je n’en croyais rien.

A la rentrée suivante, la vie reprit son cours à l’université d’Harvard, où j’étais étudiant en arts de la scène et en cinéma. Au fil des années, j’y avais acquis une certaine réputation, celle d’un bourreau des cœurs. Je mérite ce surnom, je le sais très bien, et je sais que beaucoup de filles ne comprennent pas ma façon de faire. Je préfère juste ne pas me fixer, ne pas créer de faux espoirs tant que je n’ai trouvé la bonne fille, celle qui sera faite pour moi, celle pour qui je resterai fidèle. Alors oui, pour l’instant, j’enchaîne les relations d’une nuit et mes histoires dépassent rarement un mois, mais je sais que je serai prêt à changer. Un jour. Je n’en reste pas moins un gentlemen. Je sais respecter les femmes, aime leur offrir des fleurs lorsque je viens les chercher pour un rendez-vous, ne les jette pas de mon lit après avoir batifolé et surtout, je fais l’effort de rompre en face, jamais je n’ai envoyé de sms ou passé de coup de fil pour quitter quelqu’un. C’est un principe à mes yeux. Tout le monde me connait aussi comme quelqu’un de sportif. Je fais du football américain depuis mes quinze ans. Et logiquement, arrivé à Harvard, j’ai postulé pour faire partie de l’équipe universitaire et j’ai rapidement été sélectionné.

Une année entière passa. A la rentrée suivante, j’appris qu’une certaine Roxanna Blackburn faisait partie des nouvelles étudiantes. Blackburn comme ma mère biologique. Roxanna comme le second prénom d’Alice, ma sœur cadette. Je me suis mise à la suivre, à l’observer. Grâce à l’ancienne voisine de mes parents, j’avais pu obtenir des photographies de ma mère, alors qu’elle était à pleine plus âgée que moi. Et dans les traits de cette Roxanna, je la reconnaissais. Bientôt, j’en fus convaincu, cette fille était ma petite sœur. Mais sans savoir pourquoi, je n’allais pas vers elle pour tout lui avouer. Je restais en retrait, mais jamais très loin d’elle. Toujours là à la surveiller, à l’aider si elle semblait en avoir besoin. Comme n’importe quel frère protecteur l’aurait fait. J’essayais d’en apprendre un maximum sur elle : elle appartenait à la confrérie des Cabot, étudiait la danse et la photographie, était en couple avec un certain Jude, que je me surpris aussi à suivre parfois, pour m’assurer qu’il était un garçon bien. Je ne parlais à personne de mes liens avec elle, et beaucoup ont du me trouver bien louche de poser tellement de questions sur elle sans m’en approcher, de délaisser parfois une jolie fille que ma réputation n’effrayait pas pour une filature de la jeune femme blonde. Un jour, j’en étais persuadé, je trouverai un prétexte pour aller la voir, tisser des liens affectifs, et peut-être lui dire la vérité. Un jour.