PALMYR ✽ we could build a universe

La vibration de mon téléphone me fait sursauter et après un petit moment, je décide de regarder qui est la personne. Jeisa s'affiche sur l'écran verrouillé. Son message m'arrache un sourire parce que oui j'ai bien envie de passer la voir. Dans ma tête, mon cerveau essaie de se rappeler la dernière fois où nous avons discutés et je suis incapable de mettre le doigt dessus. La seconde d'après, mes doigts pianotent sur le clavier du téléphone et dès que j'ai terminé je prends ce que j'ai besoin et je quitte ma chambre à la Quincy. Direction l'appartement de Jeisa. Les embouteillages ne sont pas si terribles que je l'imaginais alors j'arrive devant son immeuble. Devant sa porte, je toque deux fois et je patiente. Deux tocs c'est suffisant de mon point de vue. Après un moment, j'entends des pas se diriger vers la porte. « T'as vu la vitesse à laquelle je suis venue ? » Une certaine forme de salut à ma manière.

« J'ai presque attendu dis donc ! Presque » Je lui tire la langue tout en entra chez elle. C'est plutôt drôle de l'entendre dire ça puisque je ne suis pas du tout du genre à me pointer mille ans après. Non, je suis celle qui arrive pratiquement toujours en avance à des événements et qui se pointe chez les autres vingt minutes après. La ponctualité m'a été apprise par mon père et heureusement parce que si je devais être comme ma mère, je ne serais toujours chez Jeisa en ce moment. Je me retourne en passant une main dans mes cheveux. L'habitude. « Je suis contente que tu aies envoyé un sms. Y a un truc important qu'il faut que je te confie. » Spoiler alert : le retour de Tiago. Oui, parce que le croiser sur le campus il y a quelques jours est toujours aussi étrange. « Mais avant, les banalités. Comment est-ce que tu vas depuis la dernière fois ? » Oui parce que je ne veux pas plonger immédiatement dans le vif du sujet. Je veux d'abord comment allait celle que je considère comme une grande sœur.

Je me sens cruelle de lui dire que j’ai un truc important à lui dire pour après faire patienter Jeisa en lui disant que les banalités doivent être faites en premier. « Un truc important ? Important comment ? » Je fais mine de réfléchir quelques secondes alors que je sais déjà que c’est une information très importante. Importante dans le genre que le président des États-Unis, notre cher Barack Obama, s’y intéresserait. J’exagère, mais je m’en fous. « Important, important ! » Je réponds en faisant les gros yeux comme pour appuyer ce que je dis. « Je vais bien. Je bouge pas trop. Disons que j’ai eu mon lot d’action ces derniers temps alors je compense. » J’hoche de la tête toujours en me trouvant impitoyable. « Si tu veux savoir, je vais bien aussi, merci de demander. » Je lui tire la langue en me laissant tomber sur son canapé. « Tiago est de retour ! » Ajoutais-je en laissant échapper un soupir. Mon premier petit-ami, probablement l’amour de ma vie, était de retour après avoir joué les morts. Ma vie allait bien. Rien n’allait de travers.

J’ai l’air folle de lui dire un truc comme ça. En vérité, je ne retiendrais aucune rancune envers elle si elle décide d’appeler l’hôpital psychiatrique. Moi, on me dirait un truc comme ça, je serais déjà en ligne avec eux, sérieux. Et j’aimerai bien avoir fumé un truc hallucinogène sauf que le problème est que je ne touche pas à la drogue. « Tiago… genre le Tiago qui était… mort ? » J’acquiesce de la tête en jouant nerveusement avec mes doigts. Il n’y en a qu’un seul dans ma vie et il a laissé une énorme marque. Je déglutis en fronçant les sourcils lorsque je comprends qu’elle veut les détails. Par où commencer ? Le début, évidemment. « Je suis tombée sur lui l’autre jour, je ne voulais pas y croire. Mais il était bien là en face de moi, respirant. » Je me mordille l’intérieur de la joue en marquant une pause en me remémorant la scène. Tiago avait tout d’une personne vivante. « Il a eu une offre, je crois, il a accepté comme tout allait mal entre nous, selon lui, préférant me laisser en prétextant sa mort comme excuse . » Je relève le regard et hausse les épaules. Signe officiel du je vais bien, ne t’en fais.