SERGEJ T. HRISTOV ► Liam Hemsworth

« Regarde... Il ressemble à un gros bonhomme en train de courir celui là... Tu le vois ? M'man... ? »

Dis ? Est ce que tu le vois le nuage maman ? Est ce que tu sais qui je suis ? Peut être pas. Tu me fixes avec des yeux qui cherchent à mettre un souvenir sur ce visage inconnu. Pourtant je suis ton fils. Je suis juste, ton fils. Ça me rend nerveux quand tu me fixes comme ça, je m'attend à tout avec toi. Mais tu finis par te détourner. Tu te détournes de moi. De la vie. De ton passé. T'y peux rien, c'est comme ça non ? Quand est ce que c'est arrivé tout ça ? Quand est ce que tu as commencé à nous oublier. Délicatement, je prend ta main. Ta main qui avant venait toucher mon front quand j'avais de la fièvre. Je la caresse de mon pouce cette main.

Est ce que tu te souviens de cette froide nuit d'hiver où j'avais attrapé un bronchite. Je toussais comme un poitrinaire. Comme si j'allais vomir mes poumons. T'es restée près de moi toute la nuit. Tu m'as raconté une histoire sur un petit lapin qui avait perdu tous ses copains après que l'homme ait rasé son habitat. Puis, tu m'as fait un tasse de miel, cannelle et jus de citron. Dans de l'eau chaude. Je crois que de toutes les boissons, c'est ma préférée. Mais si je pense qu'elle a déclenché un sérieux penchant pour l'alcool. Je sais pas pourquoi, c'est comme ça. J'associe l'alcool à ça. Tu m'as couvert de la tête aux pieds parce que j'avais énormément de fièvre cette nuit là. Papa n'était pas là, il était en voyage pour un tournage je crois. On habitait pas encore à Los Angeles. On avait encore un peu de temps pour profiter de la Bulgarie et j'étais pas vieux. Je crois. Mais je me souviens. Je me souviens de ta voix qui chantait les paroles délicates d'une comptine de notre belle campagne bulgare.

Je soupire légèrement et je lâche ta main. Je t'ai déjà parlé de Skyler ? En fait, je l'appelle jamais comme ça. Je l'appelle soit Loukoum, soit Baleine. Ça dépend de mes envies. Si tu la connaissais cette fille maman. Tu la trouverais chiante. Je la trouve chiante aussi mais je peux pas m'empêcher d'avoir de l'affection pour elle. Malgré ses airs de dure à cuire, de rebelle des bacs à sables, je vois juste une petite allumette fragile et facilement brisable. J'aurais aimé l'avoir réellement dans la famille. Qu'elle soit réellement ma petite sœur. Au début, ça jasait pas mal sur nous deux, mais je crois que les gens ont enfin compris. Je me suis remis en question pendant une période, j'ai cru ressentir quelque chose pour elle. Mais au final, c'est juste... fraternel. Tu aurais aimé avoir une fille maman ? Pas comme elle, tu te serais arrachée les cheveux j'en suis certain. Mais je pense que oui, tu voulais une fille. Même si tu clamais haut et fort que tu étais fière de tes quatre garçons. Je crois qu'une fille dans le tas t'aurait fait du bien.

On t'a mené la vie dure tous les quatre hein ? Contrairement à ton désir très profond d'avoir des petits enfants, je suis toujours pas marié. Et j'ai même pas de copine. Je préfère pas. Je veux pas avoir d'enfant. Je sais qu'on m'a diagnostiqué la maladie. Le temps file, et je sens qu'il est précieux. Malgré mon ai détaché, je suis tout le contraire. Je profite de la vie à fond. Les études ça va. Maintenant, tu sais pourquoi je me suis dirigé vers ces voies là. J'espère trouver un remède. Pas que pour moi mais aussi pour tout ce qu'ils l'ont. C'est de la merde cette maladie hein maman ? Comment ils appellent ça déjà ? Alzheimer Héréditaire ? Ouais... C'est de la grosse merde. Mais peut être que je trouverais une remède miracle ! Un médicament ? Un vaccin ? J'espère juste que ça ne se déclenchera pas trop tôt, que ça me laisse le temps de chercher, d'avancer. Personne ne le sait. Aucun de mes amis. On parle pas de ce genre de chose. Je sais pas comment leur dire de toute manière. C'est pas quelque chose qu'on annonce avec le sourire et j'aime pas répandre le malheur autour de moi. J'aime pas ça.

Je me souviens que, quand j'ai eu quinze ans, tu m'as dit quelque chose que j'oublierais probablement un jour. C'est que, quoi que je fasse, tu seras fière de moi. Toujours fière de moi. J'aurais aimé te guérir. T'aider plus que ça. Je suis loin maintenant que je suis à Harvard. J'ai l'impression d'avoir pas assez profité de toi. De ne pas t'avoir assez dit que je t'aimais. Pourtant je t'aime. Je t'aime comme je peux. Un jour, je ferais venir Skyler, pour que tu la rencontres. Je suis sûr que tu vas l'adorer. Même si elle est chiante. Mais bon, j'étais chiant aussi, et tu n'as jamais cessé de m'aimer.