BAILEE D. VARGAS-HAMILTON ► Allie Gonino

Une femme blonde en mini-jupe descends de la voiture, tandis qu'un homme en costume la suit. Il lui prends la main, et pose un baiser sur ses longs doigts. Les deux jeunes gens entrent dans un prestigieux hôtel, et s'engouffrent dans un gigantesque ascenseur. La blondinette se recoiffe dans le miroir, tandis que le brun attends derrière elle. La porte s'ouvre, et ils se dirigent tout deux vers la chambre numéro 325. L'homme prends la fille par le bassin, et pose ses lèvres sur les siennes. Il murmure : "Je devrais pas faire ça..." Et ils se jettent sur le lit.

Un cri aigu résonne dans la maternité. Non, des pleurs plutôt. Une sage-femme à la peau foncé prends l'enfant dans ses bras, et se tourne vers la nouvelle maman : "Félicitation, madame, c'est une magnifique petite fille !" La femme en question ? Rebecca, une étudiante de dix-neuf ans. Ses longs cheveux blonds sont trempés, et quelques mèches se collent à son front. Elle pose sa tête sur l'oreiller, et souffle. Lorsqu'on lui demande comment se nomme le nourrisson, elle réponds : "Bailee." La sage-femme lui tends ensuite l'enfant, et Rebecca fonds en larme, le bébé dans ses bras.

"Arrêtes ! Lâches moi !" Je cours, et trébuches sur une pierre. Mon visage heurte le sol, et je sens un liquide qui sort de mon nez. Du sang salit ma main lorsque je la pose sur mon nez. Quelqu'un m'attrape par le pied, et me tire sur le sol. Quand je relève la tête, je les aperçois. Ce sont des élèves de ma classe qui essaie de me frapper. Pourquoi ? J'en sais rien. Je suis trop "nulle" pour appartenir à leur petite bande. Une fille aux cheveux noirs de jais me donne un coup de pieds dans les côtes, et j'émets un cri. Un gars aux cheveux blonds s'apprête à lancer son poings dans ma figure, mais s'arrête net quand il entends des pas dans la rue. Je roule sur le côté pour essayer d'apercevoir qui est cette mystérieuse personne. Et j'aperçois ma mère... munie d'un fusil à pompe. Mes camarades grimacent, et me lâchent, comme ma mère crie : "Lâchez-là, espèces de garnements ! Pourritures ! J'vais vous tabasser !" Ils détalent, sans ouvrir leurs bouches. Ma mère s'approche de moi, ses cheveux blonds remontés en chignon. Elle soulève ma tête, et pose ses lèvres sur mon front. Elle me prends dans ses bras, et me porte jusqu'à la maison.

La sonnerie retentit, et je range mes livres dans mon sac à dos. Enfin le week-end. Je refais ma queue de cheval, et sors de l'établissement. Je déteste l'école. Alors que je me dirige vers le chemin pour rentrer, un homme aux cheveux bruns m'arrête. J'essaie de le contourner, mais il me retient par l'épaule. Je gémit : "Lâchez-moi !" Il me lâche, pour me faire comprendre qu'il ne me veut pas de mal, et lève les mains, un sourire aux lèvres : "T'es comme ta mère." Je fronce mes sourcils, et croise mes bras. Comment ce gars peut connaître ma mère ? Elle était déjà antisociale, et maintenant qu'elle est tombée malade, elle est complètement isolée du reste du monde. Mais je réalise un truc : la tête de ce mec, je l'ai déjà vu quelque part. C'est là qu'il me murmure : "Vargas, ça te dis quelque chose ? Ta mère t'en a peut-être parlé ?" Je frissonne. C'est pas possible. Maman m'a toujours dit que mon père vivait en Amérique latine. Il me tends une pochette cartonnée, que je fourre dans mon sac : "Un dossier d'inscriptions pour Harvard. Je peux te dégoter une place, si tu le souhaites. Disons... pour me faire pardonner." Sérieusement ? Harvard ? "Tu as une demi-sœur, et elle y est déjà scolarisée. J'aimerais que tu la retrouve." Je souffle, et me retourne. Je lui jette un dernier regard, et prends le chemin de la maison, sans rien lui dire. C'est peut-être mon père biologique, mais en tout cas, il nous a abandonnées dans la merde, ma mère et moi.

J'ouvre la portière du taxi, prends ma valise, et tends un billet au conducteur : "Gardez-la monnaie." Je sors de la voiture, et me dirige vers le parking. Des dizaines d'élèves sortent leurs valises des voitures de leurs parents. J'inspire un grand coup, et entre dans le bâtiment principal. Arrivée au secrétariat, je dicte mon nom et mon prénom à la secrétaire. Elle me tends une clé, que je range dans mon sac à main. Je crois qu'une nouvelle partie de ma vie est en train de s'écrire...