Paris, France, 10 avril 1990. Cette journée amena une petite fille dans la vie d’un couple français connu mondialement, les Leclerc. Je fus leur première et dernière enfant, leur unique chance de donner leur héritage et leurs nombreuses connaissances en art. Ma mère était une artiste et mon père un acteur, donc je parcourus le monde dès mon jeune âge avec eux. Je fus donc élevée dans cette mentalité d’artiste, où la liberté d’expression était très importante. Les études n’étaient pas nécessairement primordiales pour eux, toutefois elles l’étaient pour moi. Ils croyaient plutôt que la pratique, le concret, le travail nous en apprenaient bien plus. C’est pourquoi ils ne cessaient de me faire suivre dans leur atelier ou sur des plateaux. Cependant, je ne me sentais pas réellement à ma place. Je préférais nettement être seule dans la nature que dans toutes ces choses superficielles. Je ne leur en parlais pas, j’apprenais par moi-même. On parcourrait le monde, apprenait de nouvelles langues et pour ma part, je trainais des livres et j’allais m’étendre dans un coin tranquille. En vieillissant, je faisais cela la nuit, et c’est là que j’ai commencé à m’intéresser aux étoiles. Elles sont si magnifiques et complexes, il y avait tant à apprendre. Plus qu’en regardant une peinture où se trouvait quelques taches. Je n’avais vraiment pas le même esprit que mes parents, mais je ne leur en parlais pas, pour ne pas les décevoir. Ils me voyaient pratiquer les langues et ça leur plaisait bien, donc je me concentrais aussi sur ça. Puisque je ne passais pas beaucoup de temps à la maison, je n’avais pas vraiment d’amis. Enfin, je voyais quelques personnes, mais ce n’était de réels amis à qui je pouvais me confier. De toute façon, je n’avais besoin de personnes. J’ai toujours été un enfant très indépendant, grandissant dans un monde d’adulte. Lorsque je dus faire mes propres choix, je dus m’affirmer et exposer mes propres goûts à mes parents. Ceux-ci n’étaient bien sûr pas très heureux de voir prendre un autre chemin qu’eux, toutefois ils ne pouvaient m’empêcher de réaliser mes propres rêves. Je sentais qu’ils étaient déçus, mais c’était sûrement une réaction à toute la pression qu’ils m’avaient mis dans mon enfance pour que je suive leurs pas. Après avoir évalué toutes les options qui s’offraient à moi, je choisis d’aller m’installer à 19 ans aux États-Unis afin de perfectionner mon anglais. J’avais appris des langages comme l’espagnol et l’allemand, toutefois j’avais encore un peu de difficulté avec l’anglais. Des programmes merveilleux en astrophysique se donnaient également là-bas, et puisque mes parents avaient beaucoup d’argent, je pouvais aller dans les meilleurs au monde. Mon choix s’arrêta finalement sur l’université Harvard. Je pris là-bas une mineure en anglais et m’installai sur le campus afin de mieux m’y intégrer, mais surtout, ne pas m’y perdre. J’ai aussi commencé à travailler ici, afin d’avoir de nouvelles expériences, apprendre l’anglais et voir ce que ça faisait de gagner son propre argent. C’est là que j’ai rencontré Isaac, mon mari. Celui-ci avait 6 ans de plus que moi, mais c’était réellement le coup de foudre. Je n’avais auparavant connu quelques choses de la sorte. Il faut dire que je n’avais avant vraiment eu le temps de m’installer à un endroit et apprendre à connaitre une personne. J’étais bien heureuse d’avoir la chance de vivre cela. Tout était parfait ici, mon petit ami, mes études, la ville. Je n’avais jamais été une personne très extravertie. Je vivais toujours bien seule, mais savoir qu’on peut compter sur quelqu’un, c’est merveilleux. J’avais celui-ci donc je n’ai jamais ressenti le besoin de m’impliquer dans l’université, ni même à connaitre tout le monde. Je connaissais bien sûr les gens de mon programme, mais je crois que personne ne me remarque vraiment, et ça me va parfaitement. Je n’aime pas être le centre de l’attention. Cela me stresse et me cause des crises de panique. Je fais cela depuis que je suis toute petite lorsque je vis un stress trop grand, et je n’arrive toujours pas à le gérer. J’emménageai après un an avec Isaac en ville, comme ça, on pouvait se voir plus souvent. J’étudiais et il travaillait, on commençait à installer notre propre routine, puis on se maria. J’étais jeune, mais folle amoureuse. Je commençais ma 3e année à l’université, mais je croyais déjà avoir trouvé l’homme parfait. J’aimerais bien que cette histoire ce termine par «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants» toutefois, ce n’est vraiment pas le cas. Après 2 ans de mariage, Isaac commençait à changer. Je ne savais pas si c’était parce qu’il s’éloignait simplement, ou s’il ne m’aimait plus. Je compris plus tard qu’il devenait lui, le vrai. Il débuta par m’intimider mentalement, et je me refermai totalement à ce moment. Il devint ensuite violent et m’empêcha totalement de communiquer avec ma famille. Il dit que c’est parce qu’il m’aime, et qu’il ne veut pas me perdre. Moi non plus je ne veux pas le perdre, je l’aime comme je n’ai jamais aimé personne. Je vis tout cela en silence, je le laisse totalement faire. Je ne sais pas comment réagir. Je ne veux pas le dénoncer, puisque j’ai peur qu’il m’en veuille. Je ne peux pas partir, puisque je tiens à lui. Il s’en prend à moi lorsque quelque chose l’énerve. Au moins, je lui permets de se défouler et j’ose espérer que ce n’est pas réellement de ma faute. Je me concentre donc sur mes études, lisant et travaillant jour et nuit là-dessus. On me pose d’ailleurs des questions parfois sur mon état, mais je trouve toujours des excuses à tous ces bleus et cicatrices. Personne ne le sait et je n’ai aucunement l’intention d’en parler à qui que ce soit. J’aimerais que cela change, mais je ne sais comment. On me trouve parfois explosive, mais c’est que je garde tout en moi et je sais que je ne peux rien montrer de cela en présence d’Isaac, donc je m’en prends à mes amis à l’université. Ceux-ci vont sûrement finir par s’éloigner de moi, puisque c’est mal de faire ça, mais c’est toujours mieux que de voir mon mari en colère. Depuis quelque temps, je pense à une échappatoire : le suicide. C’est la seule manière que j’ai trouvé qui règlerait tous mes problèmes. Je ne crois cependant pas que j’en serais consciemment capable. J’aime la vie, j’aime rire, j’aime apprendre. Je veux vivre simplement, mais je ne trouve aucune façon d’y arriver. Il y a de ça quelques semaines, je passai proche de mourir. Je me demande si cela était désiré de ma part, inconsciemment, ou si c’était totalement un accident. Je me promenais alors que je passai près d’un lac ou une mince couche de glace c’était formé. C’était peut-être stupide mais je m’avançai sur celui-ci, alors qu’il céda sous mes pas. Le froid s’empara de mon corps et je ne pouvais à présent plus bouger. Ce n’était cependant pas mon heure, puisqu’un jeune homme vint me sauver et me sortir de là. Dans un sens, j’en étais heureuse, je n’aurais autrement eu aucune chance de me sortir de là et j’avais encore tellement de choses à vivre. Je fus donc amener à l’hôpital mais étant à moitié consciente, je me souviens simplement du visage du jeune homme. Je le vis quelques jours, avant qu’ils disparaissent. De toute façon, il y avait déjà Isaac qui était à mes côtés. Je restai là plusieurs jours, le temps que je me remette sur pieds, mais j’étais tellement paisible ici, que j’aurais resté encore un moment. Je savais ce qui m’attendait en retournant à la maison et ce fut le cas. La routine recommença, les journées à l’université et les soirées à la maison, aux côtés de mon prince charmant qui ne cessait de devenir de plus en plus dur avec moi.