- Porto, Portugal -petite vie bien rangée dans la jolie ville de porto, t’aurais jamais cru que tout pourrait virer au drame. pourtant un jour de juillet les flics sont venus chez toi et ce jour-là tu t’es effondrée. on t’avait dit de ne pas t’attacher à lui, mais t’écoute pas les autres, t’es pas ce genre-là, tu vis pour toi pas pour eux. tu filais le parfait amour avec max, c’était lui, toi, vous contre le reste du monde. une histoire à la bonnie and clyde qui était née sur les bancs du lycée, t’avais à peine 17ans pourtant tu savais déjà que c’était lui et personne d’autre. a quoi bon chercher ailleurs quand on a trouvé la perle rare, celle qu’on a toujours attendue. ce n’était pas un mec bien et ton père s’était farouchement opposé à votre union, pourtant tu savais qu’un jour la vie viendrais te le reprendre, il jouait trop avec pour qu’elle le laisse tranquille. entre les histoires de gang, les braquages et tous ces trucs qui avaient fait que ton père t’avais demandé de choisir, à contre cœur t’avais choisi, tu les avais laissés, tu l’avais suivi. un jour t’es revenue, comme une fleur, une jolie fleur, max était toujours près de toi mais tu manquais réellement d’une famille. t’as attendu une après-midi dans la cuisine avec max en attendant que ton père veuille bien se montrer, il n’était pas du genre à revenir sur ses mots mais par amour on ferait n’importe quoi. il t’avait toujours considéré comme la prunelle de ses yeux, sa seule fille, sa seule enfant.
la vie était belle, ton père fermait les yeux sur les affaires de max, tu savais qu’il ne pourrait pas changer c’était sa vie et toi tu l’avais accepté comme ça. deux ans plus tard vous viviez toujours chez tes parents, t’avais seulement 19ans. soucieux de ce qu’il pourrait lui arriver, il voulait faire de toi sa femme, c’est en robe blanche que tu t’es mariée avec l’homme de ta vie, le seul. t’es devenue madame jordaô, t’avais à peine 19ans. le voyage de noce s’est passé en décembre, direction paris pour voir la tour eiffel sous une neige matinale ; comme une impression d’être loin de toutes ces emmerdes, un instant pour souffler, pour vous aimer. t’aurais aimé rester là, mais il n’avait pas le droit, la fuite c’était pire que tout et t’avais peur. tu savais que ces mecs-là n’étaient pas des tendres, tu l’avais compris.
quelques mois plus tard de retour à porto, t’étais toujours sur ton nuage, tellement pas envie de redescendre, là-bas c’était bien, t’avais peur de rien, t’étais juste toi, vous profitiez, vous étiez beaux, vous étiez amoureux. c’est toujours pareil, y a toujours un truc pour te ramener à la réalité, la guerre des gangs avait repris et max était en première ligne, accrochée à ton téléphone, ton cœur battant à chacun de ses coups de fils.
ce jour-là tu n’as pas eu de coup de téléphone de max et t’as compris que cette journée ne serait pas comme les autres. espérant au fond de toi qu’il rentrerait ce soir, t’as couru au rez-de-chaussée entendant des voix dans l’entrée. hélio te regardes et toi tu t’écroules, t’as tout de suite compris, le rêve est fini, retour à la réalité. la chute sera longue tu le sais. unique raison de vivre que tu laisses partir. tes repères, envolés, ton amour, égaré. tu t’isoles, tu t’enfermes, tu dois partir, tu veux vivre pour deux, pour max pour toi, tu dois le faire c’est ce qu’il veut et toi tu l’entends déjà tout là-haut, il ne veut pas que tu te laisses aller, tu vaux tellement mieux que ça. il faudrait que tu quittes cet endroit, c’est eux qui le disent, toi tu ne veux pas. t’aimerais juste pouvoir vivre avec ce souvenir et être bien, pourtant tu sais t’es pas idiote, t’as trop de souvenirs ici pour aller bien... c’est peut-être pour ça que tu as accepté de partir.
- Paris, France –la chute est longue et toi tu sombres, paris la nuit t'a pris dans ses filets, la drogue, la fête, tu tombes. pourtant des fois ça va, tes journées sont normales, c’est le soir que tu dérailles, quand t’es seule dans ton lit, quand tu penses juste à lui. faut dire que le cousin il s’occupe bien de toi, il fait tout pour que tu te sentes bien, il aime bien endosser le rôle du super-héros et ça lui va plutôt bien au teint. il te traîne dehors, il te fait découvrir des jolies choses, le canal st martin et la foire du trône, le ponts de arts et les bateaux mouches, l’opéra garnier, oui, surtout ça l’opéra. t’aurais voulu être un petit rat, où une étoile, mais c’était pas le moment, pas assez stable pour subir de telles pressions, ils étaient plus ou moins tous contre ça, alors, dans ton coin tu dansais avec ta troupe, donnant des cours aux plus jeunes, t’as jamais arrêté, souffle de vie. tu te remettais même à la cuisine, des pâtisserie, le plus grand bien pour sécher tes larmes, mettre de côté ta profonde peine, à croire que ça t'aide à te vider la tête mais à chaque fois c'est pareil, tu bouffes la moitié avant que tiago n'y ai goûté. t’as bien compris que pour passer à autre chose tu dois faire des trucs bien de ta vie, histoire de te dire que t’es fière de toi, des fois, quand t'étais à porto tu donnais souvent ton sang, pourtant t'as bien conscience qu'à cause de toute la merde que tu prends depuis la mort de max c'est plus possible pour toi, ça te fais mal mais t'essaye de soutenir la cause sans donner. tu oses enfin sourire, tu te laisses doucement aller, des garçons se rapprochent, oiseau tombé du nid tu les rends tous fous de toi, ils protègent cette jolie fleur.
ce jour-là, t’as pas su que tout retomberais, il est parti, sans rien dire, pas au signe, un au revoir, pas un « je reviendrais » t’es toute seule dans cet appartement, tu l’entends plus râler contre les clients, et d’autant plus contre les clientes qui se ramènent totalement paniquée dès qu’ils ont la moindre rayure sur leurs carrosseries à cent mille balles.
au début paris c'était bien, c'était avec tiago, mais aujourd'hui qu'il est parti t'as encore aucune idée de comme ça va se passe. tiago, napoléon et alois. les hommes se succèdent et s'en vont peut être épuisé de subir. alors tu te braques, tu te mets un tas de barrières, tu veux pas souffrir, pas encore, t’en as marre d’être seule, abandonnée de tous. pourtant andréa il est gentil; il vient te chercher le soir dans les commissariats, quand tu cherches la bagarre, quand t’as trop bu dans la rue, quand tu décides de te rebeller contre le monde entier, contre tous les heureux, ils n’ont pas le droit de l’être, pas à côté de toi. des fois tu lui mets ton poing dans le ventre, il a des bleus, tu le marques de bleus et il reste là. il prend ta tête, t’attires contre lui, et tu t’endors doucement, sur son épaule, quelques fois sur ses genoux. il ne bouge pas.
il caresse tes cheveux et tu fermes les yeux parce que c’est quand même vachement agréable et que même si toi t’as pas l’habitude d’être tendre avec lui, tu sais apprécier quand il l’est avec toi. tu sens que des larmes te montent aux yeux, non, faut pas qu’elle coule, non, tu renifles, sauf qu’elle ne re-rentrera pas. tu la laisses couler, cette grosse larme qui coule sur ta joue bouillante. tu voudrais lui dire à quel point t’es désolée, à quel point tu t’en veux de lui faire subir tout ça, tu voudrais le prendre dans tes bras, lui dire que tu es heureuse qu’il soit là près de toi, pourtant tu te l’interdis parce que dans ta tête, un jour où l’autre il partira, comme les autres et ce jour-là tu t’en voudras de lui avoir fait confiance. alors tu ne fais rien, tu ne lui feras pas confiance. « ça va aller cae ? tu veux manger quelque chose, aller quelque part ? tu veux aller dormir, peut-être ? » tu hoches la tête, tu tournes la tête vers lui et t’esquisses un léger sourire. « j’ai sommeil, on va dodo et tu restes avec moi ? » tu baisses la tête et fini par essuyer ces larmes qui ont inondées tes yeux. t’as pas honte de pleurer devant lui, parce qu’andrea ne te juge pas quand tes malheureuse tu le sais, il veut juste t’aider.
andréa, près de toi, toujours, il t’as pas lâché, pas lui. mais toi tu vas le faire, bientôt, parce que t’as cette amie, esma, qui va partir là-bas, alors tu songes à y aller aussi, avec elle, parce que c’est toujours mieux que de faire le trajet toute seule, toujours mieux de connaître quelqu’un d'ici là-bas, une douce amie. quitter la terre, encore une fois, pourquoi pas ? etats-unis ? pourquoi pas. pourtant t’as peur, peur qu’andréa t’en veuilles de partir, le laissant là, après tout ce qu’il a fait pour toi. tu peux pas le prendre avec toi, pas tout de suite, d’abord parce que tu peux pas débarqué dans sa vie, le faire tourner en bourrique puis finir par lui dire de quitter sa vie ici, ses amis, tout, pour cambridge. mais aussi parce que t’as besoin de te retrouver avec toi-même là-bas, seule, quelques temps. etonnamment il ne te reproche rien quand tu oses finalement lui demander, bien au contraire il te soutient, c’est certain qu’il a bien compris, que tu le laisseras pas que tu le garderas dans ton cœur et que tu reviendras vers lui, quand tu iras mieux, que tu veux plus qu’il ait à subir tes crises existentielles. alors t’as postulé à harvard, malgré tout t’avais un bon dossier, merci la sorbonne. t’as pas trop eu de mal à te faire accepter, faut dire que même si t’as pas un compte en banque plein à craquer pour payer tes frais de scolarité, tes notes étaient assez bonnes pour avoir une jolie bourse.