Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityIf no one is standing beside you, be still and know I am [Amalric]
Le Deal du moment : -50%
[Adhérents Fnac] -50% Casque Pro Gaming HyperX ...
Voir le deal
49.99 €


If no one is standing beside you, be still and know I am [Amalric]

Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité


If no one is standing beside you,
be still and know I am

Inutile de dire qu'il n'avait pas quitté Amalric en revenant de la visite chez ses parents. Le Prince devait vraiment s'en vouloir pour ce qu'il avait fait car Mallory le trouvait de plus en plus gentil avec lui. Il avait plus souvent des caresses discrètes sur le bras, le droit de prendre sa main dans la rue ou même des baisers quand personne ne pouvait voir. Le rouquin n'arrêtait pas de se demander si c'était inconscient ou volontaire. Si c'était volontaire, il aurait bien tenté de pousser ses mouvements un peu plus loin. S'aventurer plus bas. Juste sous la ceinture là où sa langue avait tant de talent. Seulement, si Amalric était – comme Mallory commençait à l'espérer – en train de tomber doucement amoureux de lui, il ne fallait pas le brusquer.
C'était une de ces matinées où les deux jeunes hommes s'étaient réveillés de bonne humeur car ils n'avaient pas cours. Tellement de bonne humeur que le rouquin avait suggéré de faire des pancakes et que son compagnon avait émis l'idée d'une salade de fruits en accompagnement. Un vrai petit-déjeuner de luxe. Le Bellwether venait d'ajouter le lait dans la préparation quand son cellulaire se mit à sonner. Après avoir vérifié l'afficheur, il fut ravi de constater qu'il s'agissait d'un de ses frères. « Hey, Eli ! Attend, je suis en train de cuisiner là alors je te mets sur haut-parleur. » Mallory pianota sur son téléphone à l'écran cassé et parvint à switcher. « C'est bon ! Alors, qu'est-ce que tu racontes ? Ça va ? » A l'instant où la voix de son frère ne lui répondit pas immédiatement, il sut que la réponse à sa dernière question était non. Se figeant avec le fouet et le saladier en mains, il fixa l'appareil d'un regard inquiet. « Eli ? » Ses yeux se plongèrent quelques secondes dans ceux d'Amalric, installé au comptoir juste à coté, qui avait arrêté de couper les fruits en cube pour leur dessert. « ELIJAH ! »  La voix de son frère lui parvint enfin, brisée par des sanglots retenus avec grand peine. « Mabeeeeeel... Je ne sais pas quoi faiiiiire... Aide-moi. Ils ont tué Henry... » Mallory lâcha le saladier de pâte à pancake qui tomba sur le sol, éclaboussant le bas du mobilier, pour le plus grand plaisir de Jett qui se fit un devoir de tout nettoyer. Il attrapa le téléphone sans pour autant couper le haut-parleur. « Quoi ?! Elijah ! Tu es sûr ? Qui a fait ça ? Merde, mais pourquoi ?! » Son frère mit du temps à calmer ses larmes suffisamment pour pouvoir répondre. « Je les ai vu, Mabel. On... On était devant la maison tous les deux et... et.... C'était les mexicains. Ils ont baissé la vitre,y en a un qui m'a regardé et qui a dit 'Tu passeras le bonjour à Tommy de notre part'. Et un autre a descendu Henry. Ju-juste comme ça... » Des larmes silencieuses roulaient sur les joues de Mallory sans qu'il s'en soit aperçu, figé dans l'horreur du moment. Thomas avait du s'embrouiller avec un gang en prison et ses frères à l'extérieur en payait le prix. Incapable de tenir sur ses jambes plus longtemps, il se laissa glisser sur le sol. « Où est Henry maintenant ? » « Hein ? Bin il est là, par terre... Oh, merde, il s'est pris la balle en pleine tête, Mal'... » Réalisant que la fusillade venait juste d'arriver, Mallory se ressaisit un peu. « Quoi ?! Mais... Bon, écoute-moi, Eli. Tu prends tout l'argent qui se trouve planquer dans la baraque et tu vas aller chercher Bray, Mickey et Fin à l'école. Tu entends ? Tu vas les chercher et tu loues une chambre dans un hôtel chic du centre-ville, d'accord ? Je m'en fous que ça te coûte tout ce que tu as, ok ? Je te trouverai du fric. L'important, c'est que les mexicains ne puissent pas vous retrouver. Quand vous êtes dans la chambre, vous n'en sortez pas jusqu'à ce que je frappe à la porte, ok ? Tu m'enverras le nom de l'hôtel et le numéro de la chambre par sms. » « Non, Mabel, je ne veux pas laisser Henry tout seul... » « Elijah, fucking listen to me ! C'est un ordre. Je vais appeler les secours pour dire qu'il y a eu une fusillade. Toi, tu prends le fric et tu vas chercher nos frangins, ok ? J'ai besoin que tu fasses ce que je te dis. Et n'appelle pas Tommy. Ce con est capable d'essayer de se venger sur ses co-détenus et si quelqu'un doit le descendre, je te jure que ce sera moi. » Il entendit son frère renifler. « Tu as compris ? » « Oui. » « Bien. On se voit dans quelques heures. J'attends ton message avec les infos. » Mallory raccrocha et composa immédiatement le 911. Quand un opérateur décrocha, il dit simplement : « Il y a eu une fusillade devant le 2058 W 69th Pl. Chicago, Illinois 60636. Un garçon est à terre. Henry Bellwether, 16 ans. Venez vite. » Puis il mit fin à la conversation.
Les secondes qui suivirent furent étrangement silencieuses. Quand Jett eut fini de lécher tout le plat, il vint voir pourquoi son nouveau maître était  par terre et ce dernier en profita pour l'attirer dans ses bras pour l'enlacer étroitement dans le but de se consoler un peu. Comme à chaque fois qu'il sentait que Mallory avait besoin de sa présence, l'intelligent animal supporta l'étreinte sans bouger, tournant juste la tête vers Amalric comme s'il voulait lui dire quelque chose. Ayant regagner suffisamment de force pour pouvoir se relever, le jeune homme lâcha le chien et se dirigea jusqu'à l'armoire pour fourrer son paquet de cigarettes et ses comprimés de méthadone dans son sac de cours vide avant d'ajouter un t-shirt et son autre jeans (tout aussi troué que celui qu'il portait à l'heure actuelle). Il prit aussi son seul pull pour l'ajouter à son paquetage alors que ses doigts composaient un numéro que sa mémoire parfaite n'arrivait hélas à oublier. Celui de sa mère. Il parla très vite pour ne pas la laisser s'exprimer : « Un de tes fils vient de se faire descendre dans l'allée devant la maison. Si t'en as quelque chose à foutre, rentre immédiatement pour attendre l'ambulance avec lui. Et ne contacte pas les autres. Je m'en charge. Comme toujours. » Il essuya ses joues humides du revers de la main et jeta le sac sur son dos avant de fourrer le téléphone au fond de sa poche pour se diriger vers la porte d'entrée. Marquant une pause, la main sur la poignée, Mallory n'osa pas jeter un regard vers Amalric tandis qu'il lui glissait : « Je dois aller à Chicago, je... Prend soin de toi ! » Et il sortit comme un coup de vent, dévalant l'escalier quatre à quatre en essayant de ne surtout pas penser que ça pouvait très bien être la dernière fois qu'ils se voyaient si les choses tournaient trop mal chez lui.
Amalric avait entendu la conversation, il savait donc ce qui s'était passé. Mallory devait rejoindre une des sorties de la ville le plus rapidement possible et trouver un camion qui voudrait bien le prendre en stop. Parfois, il avait de la chance. Parfois, il lui fallait attendre plusieurs heures et il tombait sur un vieux dégoûtant qui demandait une contrepartie qu'on pouvait imaginer. Aujourd'hui, pacte ou pas pacte, Mallory aurait été prêt à tout faire tant qu'on l'amenait le plus vite possible à Chicago, auprès de ses frères terrifiés.
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
La journée avait bien commencé, c’était généralement le cas, à moins de se réveiller à moitié mort ou d’avoir cours de droit des affaires à l’autre bout du campus et de se réveiller en retard, les journées débutaient bien, c’était plus tard qu’elles pouvaient se gâter. La promesse de pancakes avait ajouté à sa bonne humeur, il n’aimait pas vraiment les pancakes, il trouvait que ça n’avait pas de goût et que c’était bien trop épais pour être honnête, par contre il adorait le sirop d’érable et utilisait donc chacun de ces gâteaux comme une excuse pour en avaler le plus possible, au final ses petits déjeuners ressemblaient plus à des îles flottantes qu’à des pancakes, mais il s’en fichait bien, un footing au parc avec Jett et tout était pardonné ! Rapidement il s’était nommé responsable de la salade de fruits, Mallory était bien gentil et plein de bonne volonté, mais quand il s’agissait  de fruits –ou généralement de cuisine plus élaborée que les repas de base-, il s’assurait d’être celui qui surveillait le tout. Son petit ami avait certes réussi à s’occuper de plus de gamins qu’il ne pouvait en imaginer, mais il était à peu près certain que les repas qu’il avait pu leur proposer restaient basiques. Il n’y connaissait rien en plats un peu plus raffinés, il était capable de mettre du kiwi et de l’ananas en proportions égales ! Non, décidément il voulait bien le laisser s’occuper de faire la pâte parce que c’était quand même très simple, mais l’art subtil du découpage de fruits en morceaux était un art que lui seul maitrisait dans cette pièce. Il était en train de découper une poire quand le téléphone de Mallory se mit à sonner et il n’y prêta pas plus attention que ça, mais quand il le passa sur haut-parleur il releva la tête avec curiosité, il n’avait jamais entendu la voix du fameux Eli, il avait l’air d’être assez proche de Mallory pourtant, cette constatation lui fit réaliser à quel il savait peu de choses sur la famille Bellwether, enfin… il savait des trucs, il avait six frères, ou sept… ou cinq, enfin beaucoup quoi -il en avait peut-être beaucoup plus que ça vu qu’il ne connaissait pas son père- et ils avaient tous l’air de s’apprécier pas mal, notion étrange aux yeux d’Amalric. De son côté Mallory avait déjà rencontré toute sa famille proche –à l’exception de son oncle, mais il n’était pas certain qu’il compte en famille proche-, c’était assez injuste cette asymétrie d’informations. En même temps il n’avait aucune envie d’aller dans leur taudis à Chicago, ce n’était pas vraiment son monde et il en était particulièrement reconnaissant à Dieu.

Les premiers mots que prononça Elijah provoquèrent un froncement de sourcils sur le visage du Prince. Il s’était passé quoi ? C’était quoi cette ville de dégénérés ? Il sursauta légèrement quand Mallory fit tomber le saladier et concentra son regard sur Jett qui profitait de ce qui aurait dû être leur petit déjeuner. Il ne savait pas bien quelle attitude apporter, ses parents avaient toujours veillé à lui fournir une bonne éducation, mais ils n’avaient jamais abordé le chapitre de « mon ami est au téléphone en train d’apprendre la mort d’un de ses frères, dois-je continuer à couper mes poires ? » C’était regrettable, ça lui aurait bien servi sur le moment. Quand il se laissa tomber au sol, Jett vint vers lui et alors Amalric se retrouva à nouveau à se demander quoi faire, continuer d’observer fixement le chien revenait à observer fixement l’homme en train de pleurer sur le sol de sa cuisine, ça n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Au fil de la conversation il se rendit compte à quel point la famille de Mallory était au moins autant en bordel que la sienne, ces gamins n’avaient pas une vie facile, ils étaient obligés de se serrer les coudes contre l’adversité, se disputer entre gens du même sang lui semblait soudain un problème que seuls ceux qui n’en n’ont pas peuvent de donner le luxe d’avoir. Non. Il n’allait pas les plaindre, après tout c’était de la faute de Tommy s’il était en prison, de sa faute s’il avait fait chier les mauvaises personnes, de sa faute si son petit frère s’était fait tirer dessus, ça n’avait rien à voir avec leur situation sociale et tout à voir avec les choix qu’ils avaient fait, il voulait bien être triste pour son petit ami, mais de là à se sentir gêné du gouffre qu’il y avait manifestement entre leurs deux situations… quitte à passer encore plus pour un connard, il ne le ferait pas. Après que Mallory eut prévenu les secours avec un calme assez inquiétant, il y eut un silence gênant, pendant toute la durée de la conversation Amalric s’était dit que s’il ne faisait rien c’était parce qu’il était au téléphone, mais en fait il ne faisait rien parce qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien faire. Puis il s’était levé, d’un coup comme ça et il avait fait son sac. Il partait vraiment, là, tout de suite et lui restait avec sa poire à la main, échangeant un regard suspicieux avec Jett et se demandant bien comment Mallory comptait aller à Chicago aussi rapidement qu’en l’espace de quelques heures, manifestement pas avec son aide en tous cas puisqu’après avoir appelé ce qui devait être sa mère il décida de partir dans un coup de vent, laissant son petit ami les bras ballants et se demandant toujours ce qu’il devait faire dans cette histoire. Jett fut le premier à bouger en se dirigeant vers la porte qui venait de se fermer comme s’il voulait aller voir ce que Mallory était parti faire, observant son chien un moment il finit par prononcer son premier mot depuis que le téléphone avait sonné « Hein ? » Ca ne voulait pas dire grand-chose, mais résumait tellement bien son état d’esprit à l’heure actuelle qu’il ne voyait pas ce qu’il aurait pu dire d’autre. Un coup de patte sur la porte pour se faire comprendre. « Mais non il y va tout seul il a dit au revoir. » L’animal tourna sa tête vers son maître pour être bien sûr d’être vu et mit un nouveau coup de patte. « Oh et puis zut, il est con. » Il attrapa son manteau, vérifiant au passage qu’il avait bien ses clefs de voiture et son portefeuille, il n’avait pas vraiment le temps de faire sa valise et de toute façon il ne prévoyait pas non plus de rester trois semaines chez les Bellwether. Au pire il achèterait des vêtements sur place. Il ouvrit la porte et Jett se rua en bas, rattrapa rapidement le rouquin tandis que son maître suivait à une allure plus humaine. Arrivé à hauteur de Mallory il passa son bras sur ses épaules et l’attira à lui pour poser un rapide baiser sur son front. « I’m taking you dumbass. »

Le plan était simple, il le conduisait à l’aéroport, ils prenaient le premier avion qui passait pour Chicago et une fois là-bas… heu… il louerait une voiture ou un truc du genre, ils auraient bien le temps de trouver un plan d’ici là. Son estomac se rappela à lui pour ne pas lui faire oublier qu’ils avaient complètement abandonné leurs plans de petit-déjeuner. Bon, il n’y avait qu’à espérer qu’ils aient à attendre un petit moment avant qu’un avion n’arrive. Une fois en voiture –il avait insisté pour que Mallory se mette à l’arrière pour "surveiller Jett" - il songea quand même à un détail. « Tu as ta carte d’identité ? » Ca ne serait pas plus part pour l’avion. Par contre c’était quand même vachement ridicule comme première vraie phrase depuis que Mallory avait appris qu’un de ses frères était mort, il n’était pas doué pour tout ça de toute façon. Le rouquin savait bien qu’il n’était pas du genre compatissant, il préférait en général éviter ce genre de conversations, ça le mettait plus mal à l’aise qu’autre chose.
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
Quand il vit Jett débarquer comme un bolide devant lui dans l'escalier et menacer de se rétamer le museau sur le palier d'en dessous, Mallory marcha une pause dans sa course. Puis qu'il avait fermé la porte de l'appartement en partant, sa présence ne pouvait que suggérer qu'Amalric arrivait. Il plaqua une main sur sa bouche pour retenir ses sanglots et ferma les yeux en sentant enfin un bras venir enlacer ses épaules. Des lèvres se pressèrent sur son front. Il se sentit comme un petit enfant consolé par un adulte mais il se laissa faire, trop désespéré pour réfléchir à une autre réaction.

Dans la voiture qui les conduisit à l'aéroport, Mallory passa tout le voyage les bras autour de Jett et le visage enfoui dans son pelage. Le chien était parfaitement immobile, comme s'il avait conscience que sa présence était primordiale à ce moment-là. Amalric demanda s'il avait sa carte d'identité et il lui répondit à peine, préférant somnoler pour échapper à la cruelle réalité. Henry était un bon gamin. On ne pouvait pas dire la même chose de tous les enfants Bellwether mais Little H aurait réellement pu faire quelque chose de bien de sa vie. Quelqu'un l'en avait empêché. Le plus fou, c'est que Mallory n'en voulait même pas au tireur pour l'instant. Sa colère était toute entière tournée contre Tommy qui avait du emmerder les mauvaises personnes. Il aurait envie de profiter de sa présence à Chicago pour aller le voir mais il ne savait pas si c'était une bonne chose de lui apprendre la mort de leur frère. Sans doute que l'aîné voudrait se venger à son tour et c'était ainsi que dégénéraient les histoires de gangs. Les Bellwether étaient assimilés d'office à celui des irlandais, parce que les deux premiers fils de Catherine étaient nés 'au pays' comme ils disaient. Tommy et lui portaient la nationalité de cette terre qu'ils connaissaient à peine. Le plus grand aimait cependant bien jouer au pro-IRA et s'était associé avec les mauvaises personnes jusqu'à finir en taule.
Son téléphone sonna. Il décrocha, péniblement, sans s'écarter de Jett qui lui servait d'oreiller docile.
« Oui. » « Mabel ! Tu sais ce qui est arrivé ? » Son vieux voisin à moitié sourd braillait dans le combiné alors peut-être que même Amalric pouvait l'entendre. « Oui, Smile. Je sais. » « Bebe a failli avoir une crise cardiaque en descendant les poubelles tout à l'heure. » « L'ambulance arrive. » « Bon. Bien. Tu sais qui est déjà là ? » « Non. Qui ? » « Cathy . » Le vieux Smile ne disait jamais 'ta mère', comme s'il savait que ce n'était pas tout à fait vrai, malgré que le fait que cette femme l'avait effectivement mis au monde. « Bien. » « On dirait qu'elle pleure. » « Bien. » « Où tu es, petit ? » « Dans la voiture de mon copain. Je crois qu'on va à l'aéroport. » Ce fut au tour de son interlocuteur de dire 'bien'. Et puis : « Les autres sont en sécurité. » « Oui. » « Ou ça ? » Il y eut un silence. « Je ne te le dirais pas. » Il put presque voir le fameux sourire de Smile. « C'est bien, petit. » Des sirènes s'élevèrent de l'autre coté du combiné. « Ah, ces cons de l'ATF arrivent avec toutes leurs guirlandes de Noël. Tu vas voir qu'ils vont réveiller le voisinage. Ça va en paniquer deux ou trois dans le quartier. » La banlieue sud de Chicago n'était pas vraiment Disneyland. « Prend soin de toi, mon garçon. Passe nous voir quand tu arrives, hein. » Et ce fut tout.

Dans l'avion qui s'envola pour Chicago, Mallory passa tout le voyage la tête sur l'épaule d'Amalric. Il avait retiré la barre qui séparait leurs sièges pour pouvoir se coller à lui. Leurs mains cote à cote étaient jointes et sa main libre caressait machinalement le bras de son petit-ami. Par moment, il poussa de longs soupirs de tristesse mais il ne pleurait plus. Une des hôtesses de l'air semblait les avoir pris pour chouchous car elle n'arrêtait pas de venir leur proposer à boire et de leur sourire avec une infinie gentillesse. Mallory lui rendit même son sourire pour la remercier. Cette interlude de douceur était tellement bienvenue. Il aurait aimé s'y endormir et se laisser bercer par elle pour toujours.

Un taxi les déposa à l'hôtel qu'Elijah lui avait indiqué par sms. Ce n'était pas le plus luxueux du centre-ville mais il est clair que personne n'aurait quand même songé à chercher les Bellwether ici. En traversant le lobby, Mallory eut toutes les peines du monde de se retenir de prendre la main d'Amalric. Personne ne fit attention à Jett qui trottinait gaiement au bout de sa laisse. Ils prirent l'ascenseur. Depuis qu'ils avaient quitté l'appartement, le Mather n'avait pas décroché un mot autre que pour répondre aux questions pratiques de son partenaire. Il lui devrait l'argent pour l'avion mais il n'avait pas la force de culpabiliser maintenant. Il s'en occuperait plus tard.
Arrivés sur le bon palier, ils découvrirent un couloir vide. La porte qu'ils cherchaient était déjà en vue. Soudain, Mallory réalisa que le Prince allait rencontrer ses frères. Oh non. Ce serait forcément le désastre. C'était des gamins paumés, il ne pourrait pas les apprécier. Et, bizarrement, le fait qu'il ait de la sympathie pour eux était important pour le rouquin. Parce qu'il les aimait. Eux et lui.
Alors, au lieu de progresser vers la porte, il se retourna sur celui qui avait fait la route avec lui. Il attrapa les pans de sa veste et fit un pas vers lui pour les rapprocher l'un de l'autre. Les yeux bleus plongés loin au fond des siens, Mallory ouvrit enfin la bouche. « Merci d'être venu avec moi. Ça veut dire beaucoup. Je... Ça me soulage que tu sois là. » Il prit une profonde inspiration afin de poursuivre. « Ne nous juge pas trop durement, d'accord ? On a tous fait des conneries plus grosses que nous et on en fera sans doute encore. Nous sommes imparfaits à un tel niveau que le dire relève de l'évidence. » Il força un sourire et une de ses mains vint caresser la joue d'Amalric avec une tendresse certaine. « Merci. Tu m'aides à être fort. » Poussé par l'émotion du moment, Mallory pencha la tête en fermant les yeux et vint chercher le contact des lèvres de son partenaire. Ses bras se glissèrent le long de ses épaules pour venir se nouer dans son cou et il l'attira sur lui pour approfondir leur baiser. Il en avait besoin.

Une porte s'ouvrit dans son dos. « Je t'avais dit que c'était sa voix. » Mallory ouvrit les yeux et tourna la tête, toujours dans les bras de son petit-ami. La surprise passée, il maugréa : « Les gars, je vous avais dit de ne pas ouvrir la porte tant que je n'avais pas frappé. Vous n'écoutez jamais rien. » Au moment où il lâcha Amalric, Fin poussa ses frères pour se jeter contre Mallory qui s'étreignit de toutes ses forces. Le plus jeune des Bellwether avaient les yeux rouges. Les autres aussi mais c'était plus discret. Tout en gardant Fingal contre lui, il désigna un à un les membres de sa fratrie pour les présenter à son petit-ami. « Mickey, Bray, Fin et... Où est Eli ? » Une voix s'éleva depuis l'intérieur de la chambre : « Mais les mecs ! Qu'est-ce que vous foutez dans le couloir ? Il a dit... » Il émergea de la pièce et vit son aîné. « Oh ! Mabel ! ... » Les deux frères échangèrent un sourire triste. « Et Elijah » dit-il enfin en cognant son poing fermé contre celui du dernier arrivant. « Tout le monde, je vous présente Amalric. Rentrons dans la chambre maintenant, on ne va pas pique-niquer ici. » Et en parlant de manger, il se souvint qu'il n'avait finalement pas eu de petit-déjeuner et il avait drôlement faim maintenant.

« C'est qui ? » demanda Brennan en désignant le Prince d'un mouvement de la tête. « Bah, il embrassait Mabel alors c'est son mec » rétorqua Michael en haussant ses larges épaules comme si c'était l'évidence même. « C'est impoli de parler de quelqu'un qui est dans la pièce en l'ignorant » commenta Elijah en tendant sa main à Amalric pour le saluer proprement. La première évidence qui sautait aux yeux était que Mallory était le seul rouquin de la famille. La plupart d'entre eux avaient les cheveux châtains ou noirs, à l'exception de Fingal qui était tout blond. Leurs visages ne se ressemblaient pas non plus. Apparemment, ils avaient tous pris leurs pères qui étaient différents. Le seul point commun qu'on ne pouvait ignorer était l'étincelle combative dans le regard. Fin était déjà à genoux devant Jett et couvrait de caresses le chien ravi. Ses deux aînés se joignirent à la récréation, oubliant momentanément leur malheur à la faveur de la mignonne boule de poils.
Mallory sortit une liasse de billets roulés en tube de son sac et la tendit à Elijah. « Fais monter à manger pour tout le monde. » Son frère hocha la tête et s'éloigna vers le téléphone. Avant de prendre le combiné, il se retourna pour lancer à Amalric, le regardant au fond des yeux avec la sincérité et le sérieux qu'il avait toujours : « C'est bien que tu sois venu. Je suis content de faire ta connaissance. C'est juste con que ce soit dans un moment pareil. » Il lui sourit et commanda au roomservice.
Mallory s'était laissé tomber sur le canapé qui faisait dos au lit et regardait distraitement Jett s'amuser avec les enfants. Il avait toujours été persuadé qu'ils auraient adoré avoir un chien. Saloperie d'argent. Il venait de donner toute l'économie qu'il avait fait à Elijah pour la nourriture. Qu'est-ce qu'ils allaient faire maintenant ? Il se sentait mal.
Comme si le toucher était un réflexe pour se sentir mieux, Mallory attrapa les doigts d'Amalric qui était encore à portée et les crocheta des siens.
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
Le voyage s'était déroulé dans un silence absolu, Mallory était plongé dans ses pensées, incapable d'articuler une phrase plus longue que "oui" ou "non" et Amalric n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire pour changer cet état de fait, du coup, inquiet de malencontreusement aggraver la situation avec une remarque maladroite, il gardait lui aussi le silence, se contentant de rapides coups d’œils en direction de son petit ami quand celui-ci ne regardait pas, essayant de s'assurer qu'il tenait le coup. L'avion fut interminable, une hôtesse les avait pris en pitié, ce qui n'était pas surprenant vu la tête qu'affichait le rouquin -on aurait dit un gamin à qui on venait d'expliquer que non seulement le père Noël n'existait pas, mais qu'en plus le voyage au pôle nord était annulé, ce qui chez un adulte, est un masque de tristesse autrement plus dur à enfiler-. Il détestait ça, les attentions mielleuses, le regard compatissant... ça lui donnait envie de vomir, il aurait bien envoyer paître la jeune femme, mais son attitude de bénévole du dimanche arrivait à faire sourire Mallory. Chose qu'il n'arrivait pas à faire lui-même, ça l'énervait encore plus.

L'hôtel était surprenant, il ne savait pas bien à quoi il s'était attendu en entendant Mallory demander à son frère de réunir toutes ses économies, il ne savait pas non plus par combien de nuits prévues il avait divisé le montant ainsi récupéré, ni s'il avait gardé quelque chose pour manger... Toujours était-il qu'il était surpris de voir la famille de Mallory dans un endroit comme celui-là. Les hôtels qui se voulaient luxueux étaient souvent des faux, un bon test était de traverser le hall avec un chien, en général, les hôtels n'aimaient pas les bêtes à poils, les mauvais venaient donc vous demander de le mettre en cage pour ne pas remettre en cause le standing de l'établissement, là où les bons hôtels étaient de toute façon habitués à satisfaire toutes les lubies des clients et ne se permettraient jamais de leur demander quoi que ce soit. Leur traversée sans encombres était donc une preuve de plus du standing de l'hôtel, un étonnement de plus.

Il fronça les sourcils devant le discours de Mallory, de ce qu'il savait de sa famille, c'était lui le type le plus responsable du lot, il se doutait bien que ceux qu'il allait rencontrer étaient... il n'avait même pas de mot pour exprimer ce qu'il s'imaginait trouver derrière cette porte. Avec le rouquin il s'était confronté au jeune du quartier qui arrive à s'en sortir et déjà il avait eu du mal à l'accepter, découvrir d'un coup toute une ribambelle de ceux qui resteraient toute leur vie dans la misère sociale dans laquelle ils étaient nés... il n'était pas sûr d'être prêt, malgré les mises en garde de leur frère. Il se retint de faire un pas en arrière en sentant ce dernier se rapprocher un peu trop, jusqu'à l'embrasser. Pourtant il se laissa faire, il le laissa même l'attirer un peu plus, c'était sa façon de lui répondre, de communiquer tout simplement, dans un environnement comme celui qu'il s’apprêtait à découvrir, il savait que le moindre de ses mots pourrait déclencher une tempête, à vrai dire il ne savait pas comment il allait pouvoir être dans cette pièce sans provoquer une catastrophe... alors il se laissait embrasser, il se laissait toucher, il savait que c'était comme ça que sa présence serait la bienvenue, on n'attendait pas de lui qu'il s'exprime. Après tout cette mort ne le concernait pas, lui tout ce qu'il faisait c'était le chauffeur, il pouvait écouter aussi, mais pour tout le reste, c'était une affaire de Bellwether,

La porte s'ouvrit et une marée de têtes émergea. Amalric avait grandi dans une famille peu nombreuse, son père était enfant unique et le frère de sa mère n'avait que deux enfants, autant dire que même lors des réunions de famille, il ne voyait pas autant de gamins. Il détestait ce genre de présentations à la chaîne, il était sûr qu'il allait mélanger les noms s'il devait les restituer, heureusement ce qu'il avait en face de lui faisait partie de la catégorie des gens qu'il pouvait appeler « gamin », ils n'apprécieraient probablement pas, mais il avait fait l'effort de venir dans leur ville de dégénérés, ils pouvaient bien laisser passer ça. Comme il aurait dû s'en douter en remarquant que Mallory avait oublié de le présenter, l'une des têtes à claques se demanda qui il était, toujours déterminé à parler le moins possible, il se contenta de foudroyer du regard l'autre gamin, il n'embrassait personne lui, c'était Mallory qui... enfin il n'avait pas à se justifier devant des gens qui devaient à peine savoir lire. Il serra la main qu'on lui tendait par réflexe, sans vraiment trop y croire, observant avec attention les enfants s'affairer autour de Jett, il n'aimait pas qu'on le touche et lui-même observait son maître avec un air interrogatif, il n'avait pas l'habitude d'être choyé. Il avait beau s'être habitué à Mallory assez vite, il était clair que si les deux hommes n'avaient pas étés dans la pièce, il se serait enfuit depuis bien longtemps.

Le mot "manger" le tira de son instinct de protection et il leva machinalement les yeux vers Elijah, il ne savait pas ce qu'il pouvait y avoir à manger dans cet hôtel, mais au moins était-il ravi de ne pas être allé chez les Bellwether, Mallory ne cuisinait pas particulièrement mal, mais la qualité des matières utilisées rendait le résultat à peine mangeable pour quelqu'un qui avait été éduqué dans un tout autre monde, la nourriture de l'hôtel lui semblait donc à ce moment précis parfaitement désirable. « Ouais c'est cool. »... c'était pour ça qu'il avait décidé de se taire, pour éviter de montrer qu'il n'écoutait qu'un mot sur deux de la conversation, parce qu'il était tout simplement incapable de prêter attention à ce qui se passait autour de lui, surtout avec ces satanés gosses qui jouaient avec son chien. Tout ce qui lui importait c'était que Mallory règle vite cette histoire pour qu'ils puissent rentrer chez eux au plus vite.

La main de son petit ami dans la sienne le fit baisser les yeux vers lui, une lueur d'inquiétude dans les yeux, durant tout le trajet il avait agit comme un zombie, comme s'il était loin de tout ce qui se passait, maintenant qu'il était entouré par ce qu'il restait de sa famille, il se rendait bien compte de la réalité, il aurait dû exploser... mais il ne pouvait pas, il y avait ses frères, il devait rester fort, pour rien au monde Amalric aurait échangé leurs places. Serrant légèrement sa main il murmura de sorte qu'il soit le seul à l'entendre. « Ça va ? » Il savait bien que non, il savait bien qu'il dirait oui, c'était juste une façon de lui rappeler qu'il était là et que, pour lui, il pouvait faire un effort d'attention.
(Invité)
Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
Heureusement que Mallory n'était pas télépathe.

Quand Amalric exerça une légère pression sur ses doigts pour confirmer sa présence, le rouquin ferma brièvement les yeux, soulagé de ne pas être totalement seul dans l'épreuve qui l'attendait. Malgré tout le chagrin qu'il pouvait éprouver au fond de son cœur, il lui était impossible de craquer. Ses frères comptaient sur lui. Et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils allaient faire à présent.

Heureusement, le room service lui apporta la distraction suffisante. Elijah posa le plateau sur la table basse et les trois plus petits Bellwether vinrent s'asseoir en tailleur par terre autour, mangeant à petites bouchées comme leur grand frère leur avait appris pour que la sensation de satiété arrive plus vite. On dirait dit des oiseaux en train de picorer des quignons de pain. « Va manger toi aussi » souffla-t-il à Amalric avant de lui lâcher la main pour lever du canapé et, d'un pas de somnambule, aller s'enfermer à clef dans la salle de bain. Il s'assit sur les toilettes fermées et prit sa tête entre ses mains. Il n'allait pas pleurer, non, sa peau trop pale le trahirait au moment même où il sortirait de là. Il voulut juste souffler et avoir l'air malheureux sans que personne ne puisse le voir. Il prit une grande bouffée d'air pour se donner du courage et tira la chasse pour se donner un alibi avant de se passer un peu d'eau sur le visage et rejeter ses cheveux roux en arrière. En sortant de la salle de bain, il songeait à aller manger quand son téléphone se mit à sonner dans sa poche. Reconnaissant sans peine le numéro du commissariat du centre-ville (vu la fréquence d'appels qu'il recevait quand il habitait encore ici), il décrocha. « Allo? » « Mabel ? C'est le sergent Middlebrook. » « Bonjour, sergent. » Bray leva le nez de son déjeuner et cria : « Salut, Mid ! » Elijah lui donna une tape derrière la tête. Les Bellwether étaient si connus de la brigade qu'ils y allaient avec leurs surnoms. Dans un sens comme dans l'autre. « Ah, j'entends ta tête de nœud de frangin. Tu es donc arrivé à Chicago ? » « Ouais, il y a quelques minutes. » « Parfait. Faudrait que tu descendes à la morgue pour identifier le p'tit. » Mallory fronça les sourcils. « Je croyais que Kate était montée dans l'ambulance avec lui. » Il y eut un soupir au bout de la ligne. « Ouais, votre mère est là. Mais elle est complètement bourrée, Mabel. Tu sais que sa parole vaut rien dans ces cas-là... » « Ok, ok, j'arrive. » Puis il raccrocha sans la moindre politesse de fin de conversation.

« Qu'est-ce qu'il voulait Mid ? » demanda Eli, manifestement tendu, en interrompant son repas. « Faut que j'aille identifier... le corps d'Henry. » Il avait hésiter à dire sa phrase tout haut mais ses petits frères avaient déjà entendu pire. « Et Kate ? » « Elle put l'alcool à cent mètres. Sa parole est pas recevable. » « Putain... Elle nous aura vraiment jamais servie à rien cette femme... » Il y avait beaucoup de lassitude dans la voix d'Elijah. Une lassitude que Mallory ne pouvait que partager. « Qu'est-ce qu'elle a maman ? » voulut savoir Fin en levant le nez de son assiette. « Rien. T'occupe pas et mange » lui répondit Mickey qui avait tout compris. Il fut obéi. « Je vais y aller avoir toi » commença Elijah en se remettant debout. « Nop. Toi, tu restes avec les nains de jardin. » Sa remarque lui valut une exclamation outrée de la part des trois concernés. Semblant tout à coup se rappeler sa présence, il tourna la tête vers Amalric.

*

La morgue n'était pas un endroit particulièrement plaisant et Mallory aurait aimé pouvoir dire que c'était la première fois qu'il s'y rendait pour identifier un corps. Mais cela aurait été mentir. En voyant une silhouette affaissée sur une banquette au fond du couloir, le jeune homme ralentit le pas. Il était presque certain qu'il s'agissait de Katherine Bellwether, autrement dit la femme qui l'avait mis au monde. Et l'y avait abandonné. Il reconnaissait ses cheveux blonds sales, son anorexie et son air fraîchement déterré. Merde, c'était bien elle. En passant à son niveau, il essaya de l'ignorer en se dirigeant directement dans la salle où devait attendre le cadavre d'Henry mais il ne fut pas assez rapide et sa mère était moins dans les vappes qu'il ne l'avait cru car elle s'exclama : « Mabel ! » Elle se releva en titubant et s'accrocha à son fils qui ne put réprimer une grimace de profond dégoût. « Kate, sérieusement, tu pues. Tant qu'à rentrer à la maison pour piquer la bouffe de tes gosses, tu pourrais aussi prendre une douche de tant en tant. » Elle lui pinça le bras en représailles. « Ça va, t'es pas mon père, rouquin » grinça-t-elle en simultané avant de repérer quelque chose du coin de l'oeil et de changer diamétralement de comportement, essayant d'arborer une expression charmeuse qui se mariait très mal avec l'odeur nauséabonde du rhum, de la tequila et autres alcools bus depuis la dernière fois qu'elle s'était brossé les dents. Ce qui voulait tout dire. « Oh ! C'est qui, lui ? Un ami à toi ? Salut, beau mec. Je suis la maman de Mabel. »

Quoi ? Mallory se retourna et, au moment où son regard croisa une paire d'yeux délicieusement verts, il se souvint qu'Amalric l'avait accompagné. Son silence de recueillement l'avait empêché de penser à lui pendant le trajet. Réalisant que sa mère s'apprêtait à poser ses mains sur son petit-ami, il bondit devant lui pour le protéger en s'écriant : « Ne le touche pas ! » L'idée même que Kate effleure de ses doigts infiniment sales le beau Prince lui était insupportable. Heureusement, il était intervenu à temps. Sa mère le contempla quelques instants sans rien dire, depuis son nuage alcoolisé, avant de lâcher : « C'est ton mec alors ? Je savais que tu taillais des pipes dans les allées pour du fric mais j'imaginais pas que t'étais vraiment un pédé. » Son sang se glaça. Hélas, sa génitrice n'avait pas fini. « Ton école pour riches te fait vraiment faire n'importe quoi. Dis, t'aurais pas un p'tit cacheton de meth pour ta gentille maman ? » Mallory écarquilla les yeux et regarda autour d'eux pour vérifier que personne n'avait entendu. « Kate, putain. T'es obligée de faire ton cirque maintenant ? Y a un de tes fils qui est mort, là, juste derrière cette porte. Et je dois venir l'identifier parce que t'es pas foutu de rester sobre une matinée. » « Oh, ça va ! Un de perdu, dix de retrouvé. J'en ai plein d'autres des fils de toutes fa- » Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Mallory l'avait attrapé par le col de son t-shirt et la secoua violemment avant de la faire se rasseoir de force sur la banquette : « Dis pas ça ! On sait bien que t'en as rien à foutre de nous mais t'as pas le droit de dire ça. Chaque vie compte, bordel. » Pas ébranlée le moins du monde, la mère eut un rictus mauvais tandis que son fils la lâchait. « C'est bien comme slogan ça. Tu devrais peut-être faire médecin. Avec ton putain de cerveau, tu peux, non ? Oh, et joue pas au mec supérieur avec moi, hein. Le mec à la jolie gueule derrière toi là, qui me regarde comme s'il avait vu le diable, c'est un client, non ? Il te paie pour coucher avec lui, c'est ça ? Pffff... Tu vois ? Tu vaux pas mieux que moi, Mabel. »
(Invité)

Préférences de jeu
veritas
Contenu sponsorisé
est en ligne
(Contenu sponsorisé)