Bang, bang you shot me down ❖ LYKAS

Bang, bang you shot me down.

Je fais mon entrée dans cette soirée qui se donne des airs féériques, ils sont sérieux, c’est ça le thème ? Il a été décidé par qui ? Par des filles en mal d’amour qui rêvent du prince charmant ? J’espère que Harvard n’a pas changé depuis mon départ, là ça pousserait presque au suicide. Les mains dans les poches, je remets vite fait mon nœud papillon en place, me faufilant à travers les gens, admirant les jeunes filles offrant de superbes décolletés et arborant de belles robes. Je relève la tête pour admirer le plafond, ils ont dû se casser le cul pour décorer le tout mais au final, même si ce n’est pas trop à mon goût, ça passe, si on enlève les photos de licornes, effrayant. Je balaye la salle autour de moi, des visages que je ne connais que trop bien, d’autres un peu moins, certains plaisants et d’autres… me font détourner le regard. Mais une silhouette attire mon regard, elle est au milieu de la piste, un sourire naît alors sur mon visage et je me dirige vers elle, attrapant doucement son poignet, pour ne pas l’effrayer, pour une fois que je joue les gentlemans. Lyson.

Bang, bang you shot me down.

Aller à ce bal me faisait plus chier qu’autre chose, même si je n’étais pas du genre à le clamer sur tous les toits. Quoi que ? J’avais tout de même fait l’effort d’acheter une robe hors de prix afin de rentrer dans le thème et d’être pas trop désagréable à regarder. A croire que j’essayais de faire l’exploit de l’année. Mon cavalier m’avait abandonné et très sincèrement je ne savais pas du tout où il se trouvait, et je me demandais si j’en avais quelque chose à faire ou pas. Et là, la seule chose que j’avais envie de faire c’était de me diriger jusqu’au bar, de prendre une coupe de champagne et de me la siroter en paix sur la terrasse. Mais pour ça, j’allais devoir traverser la foule qu’il y avait sur la piste de danse, et c’était quelque chose qui m’agaçait tout particulièrement. Inspirant profondément, je poussais alors les gens, sans aucunes gênes pour finalement sentir une main entourer mon poignet. Perplexe, je tournais mes prunelles émeraude dans la direction de la personne qui venait de m’interpeller, et mon sang se glaça lorsque mes yeux rencontrèrent ceux de Loukas. Je déglutissais légèrement, alors que je savais qu’il allait me haïr que j’ai fait adopter notre petite fille. « Loukas. J’ai l’impression de me retrouver face à un revenant. » Je souriais vaguement, alors qu’attrapant à mon tour son poignet, je nous éloignais de la piste de danse, je ne voulais pas me faire écraser par des talons aiguilles tueurs.

Bang, bang you shot me down.

J’étais pressé de retrouver Lyson après ma sortie, à vrai dire c’était une de mes seules motivations destinées à me faire sortir de mon trou à rat. Oh bien sûr l’alcool, la drogue, les fêtes, tout ça me manquait mais disons que je considérais Lyson comme quelque chose de plus important. Parce qu’elle portait mon enfant . Sûrement, parce que je partageais cette aventure en sa compagnie, mais également parce qu’au Spring Break nous nous étions rapprochés et j’avais aimé passer du temps en sa compagnie. Alors que je posais ma main chaude contre son poignet, je ne m’attendais pas à avoir et à voir une telle réaction. Elle semblait figée telle une poupée de porcelaine dans sa robe de princesse et moi, eh bien, on aurait dit un Ken ne pouvant pas bouger sans prendre le risque de faire péter une de ses coutures de chirurgie plastique. « Tu… tu es radieuse. » Je ne pouvais pas entamer le sujet directement, ce qui était en train de me faire bouillir de l’intérieur à savoir que son ventre était… plat. Elle m’entraînait alors dehors pendant que je reprenais mes calculs visiblement erronés sur le terme de sa grossesse. Une fois dehors j’avalais ma salive avec difficulté et plantais mon regard dans le sien, cherchant des réponses. « Comment tu… enfin quand… ? »

Bang, bang you shot me down.

Pourquoi les choses devaient-elles constamment être compliqués ? A croire que la vie n’offrait de cadeaux à personnes. Pas même aux personnes justes. Parfois je me surprenais à penser que la vie avait été une garce avec moi, mais que dans le fond, tout ce qui m’arrivait, je le méritais. Je me tenais droite dans la foule, le regard se perdant dans la foule de personnes qui s’étaient toutes prêtées au jeu pour avoir des airs radieux qui entre dans le cadre du thème de la soirée. Un regard. Un sourire. Il se tenait désormais face à moi, clamant que j’étais radieuse, même si je n’en croyais pas un mot. « Et toi… Tu as fais l’effort de t’habiller pour une soirée. » Voilà, un compliment déguisé, mais qui dans le fond, me faisait d’avantage rire, qu’autre chose. J’avais toujours aimé taquiner Loukas, et pourtant je savais que la bonne ambiance allait finir par s’envoler. J’allais devoir lui dire ce que j’avais fais, et je pouvais aisément dire que j’avais peur d’anticiper sa réaction. Je l’entraînais dehors, postant mon regard dans le sien, alors qu’il semblait chercher ses mots. « J’ai accouché en décembre. Le six pour être plus exacte. » Je voulais paraître stoïque, même si j’étais terrifiée.