First dance with you • JAEY

« Jasp’ je suis désolée… » Je ne savais pas quoi dire de plus, j’étais désolée, profondément, je n’avais pas voulu lui faire de mal en plus de notre séparation. « Jasper… On était bien tous les deux, on avait retrouvé une belle amitié, je n’avais pas envie de tout gâcher en t’expliquant qu’en fait je m’étais barrée de peur de mourir et que tu te retrouves seul ou que tu me délaisses à l’hôpital à cause de la maladie… J’ai perdu mes cheveux, j’étais blanche, translucide… » Aucune fille n’avait envie que son petit ami la voit comme cela, aucune personne normalement constituée voulait que des gens soient là pour la voir dépérir… « Je t’aimais Jasper tu sais très bien que je t’aimais… Et tu sais très bien que tu es et resteras quelqu’un de spécial pour moi. » Comment pouvait il remettre en question tout ce que nous avions vécu aussi facilement ? Vraiment je ne voulais pas qu’il le fasse. Tout ce que je ne voulais pas se produisait maintenant en fait comme quoi ça me confirmait que j’avais bien fait de ne pas dire les choses.

Les désolés, avec des années de retard, ça apaise plus grand chose. Ca sonne presque faux. Mais ça aide, un peu, quand même. Ca participe à aller dans la bonne direction. Celle où on essaye de redevenir des amis, malgré tout. « C'est ça que t'appelles une belle amitié ? Toi qui ignore mes questions et moi qui renonce pour justement, la sauver cette amitié ? C'était pas une belle amitié, c'était juste un simulacre de relation où personne n'est sincère. » Jasper se disait, à cet instant, qu'elle ne connaissait pas si bien que ça. Il ne l'aurait jamais laissé dans cette chambre, seule, et aurait continué à l'aimer malgré tout ce qu'elle décrit. « Mais je m'en moque de ça.. comment tu peux penser que ça m'aurait repoussé ? » Elle restait la même, apparence abîmée ou pas. « Pas assez spécial, apparemment.. » Il soupire, son corps tanguant sur le rythme comme un automate. « Tu comptais me le dire, un jour ? » Ses doigts serrent légèrement les siens, tandis qu'il pose son regard dans celui féminin.

« Personne n'est sincère ? Pourquoi tu dis ça ? Tu ne l'étais pas ? Je n'ai pas joué tout ce qu'il s'est passé depuis qu'on s'est retrouvé... Même si t'es déçu que je t'ai caché quelque chose d'aussi important tu sais que je ne suis pas une grande actrice qui se fout de la gueule des gens, et encore moins de la tienne... » Il était important pour moi, il occupait cette place imprenable et il me connaissait sur le bout des doigts. Certes j'avais fauté, certes je lui avais menti pour le préserver mais allait il me blâmer et vraiment remettre en cause tout ce qu'il y avait entre nous pour cela ? Ne pouvait il juste pas mettre tout ça de côté et être là comme au premier jour de mon retour, en sachant maintenant tout ce qui m'entourait ? « Parce que je me trouvais moi même repoussante... Comment tu voulais que je puisse croire que tu m'aimais encore comme ça ? » Tant qu'on avait pas été face aux choses, on ne peut pas comprendre, mais vraiment, je n'étais pas mécontente d'avoir été seule à ce moment parce que je n'aurais pas pu accepter le regard des autres sur moi, même s'il était bienveillant comme celui du dunster. « J'essaye de te le dire chaque jour depuis que je suis revenue... Mais les bons mots ne sont jamais venus et le bon moment ne s'est jamais présenté... Je suis soulagée que tu le saches, je voulais que tu le saches au fond de moi... » Mes doigts glissèrent entre les siens entremêlant nos mains et je serais doucement le tout. J'avais besoin de lui à mes côtés, mon ami de toujours, vraiment alors oui je voulais que tout cela s'arrange, qu'il croit à mes paroles.

« Je le sais. Je te connais. » Rappelons-le, quand même. « Mais.. j'te pensais pas capable de faire ça. Pas  à moi. » Les autres j'm'en fous. Que tu leur mentes, à tous. Je me moque que tu leur fasses mal, égoiste que je suis. Pas à moi. A cause de ce qui nous lie. Ce truc spécial, ces sentiments qui ont existé entre nous. Ce rappel porté par ce baiser. Ca compte pas ? « Je pensais pas que.. t'étais capable de me mentir comme ça. Et que je le verrais pas. » J'pensais te connaître par cœur Joey. Tu m'as montré que j'avais tord. T'es capable de sortir des conneries, et moi j'vois rien. Elle est têtue la demoiselle, tout comme Jasper. Ils campent chacun sur leur position. Elle qui persiste à croire qu'il se serait détourné de sa belle juste parce qu'elle l'est un peu moins. Jamais. « Pourquoi tu me dis pas simplement que tu voulais gérer ça seule ? » A moins que tu t'enfermes dans cette idée que je t'aurais laissé plantée là, toi et ta maladie. Mais je comprends, surement. J'aurais fais pareil tu sais bien. Si j'dégringolais, jamais je laisserais les autres percevoir cette image de ma défaite. « C'était pas un bon moment, quand je te posais la question ? » C'est juste que j'ai arrêté de poser ces questions, à force de me heurter à ton mutisme. « C'est trop facile de dire ça maintenant, Joey.. » Soulagée, que tu dis. Comment j'peux savoir que tu dis vrai ? Se laisse quand même faire, ses doigts se faisant embarquer dans ses mains. Il soupire, essaye d'évacuer la rancœur dans un souffle. Laisse toi bercer par la musique, par sa présence en face. Croise son regard, s'attarde dessus. « Et donc, maintenant, t'es définitivement guérie ? » Se rend compte qu'il ne lui a jamais demandé. Trop aveuglé par sa colère.

Je te connais. Ces trois mots suffisent à me donner un peu de souffle, me rassurent un peu. Mais les mots d'après me rassurent sur le fait qu'il l'a quand même bien en travers de la gorge. Il ne l'oubliera pas comme ça et ne me le pardonnera pas comme ça, je le sais, je connais Jasper, autant qu'il me connait. « Parce que c'était pas le cas Jasper... J'avais envie d'avoir quelqu'un près de moi, enfin j'en sais rien... Je sais pas ce que je voulais, quand on t'annonce ça t'as juste envie de te réveiller d'un mauvais cauchemar... » Je ne veux pas lui dire des choses fausses, lui inventer de fausses excuses, je ne veux pas tout cela, je veux juste qu'il voit le pas que j'ai fait vers lui pour venir lui parler de tout cela alors qu'il sait que je déteste en parler autrement il l'aurait su bien avant. « C'était jamais le bon moment... C'est facile de dire ce que je dis je sais mais c'est aussi facile de juger de l'extérieur, tant qu'on a pas vécu tout ça on ne peut pas comprendre les réactions bizarres des gens, même ceux qu'on connait, qu'on aime... » Il ne savait pas ce qu'il aurait fait à ma place, il pourrait bien le prévoir, jouer avec des si, mais sans passer par là il ne pouvait pas dire. « Pour le moment je suis guérie, je vais bien et il n'y a aucun signe de rechute, c'est une bonne chose, mais la rechute n'est pas à écarter quand même, on sait jamais. » Et la seule une greffe de moelle osseuse me sauverait mais encore fallait il que je trouve un donneur compatible. « Je crois que je vais te laisser, je ne voudrais pas abuser de toi et je n'ai pas envie que Priam s'inquiète... » Parce que oui danser avec Jasper il y a de quoi s'inquiéter, en fait Jasper est le seul de qui il peut s'inquiéter parce qu'il y a ce truc spécial entre lui et moi.

Jasper essaye de comprendre, de se mettre à sa place, mais cette colère interne le guide sur les mauvais sentiers. Ceux de la colère, qui perdure malgré toutes les explications que la belle peut lui fournir. Au fur et à mesure, ce sentiment semble s'atténuer, trop lentement, surement. Mais il lui faut du temps, au rancunier. Tu sais comme il est Joey. Tu sais comme il tenait à toi, aussi. Ca décuple l'impression de trahison, l'impression de ne pas avoir pu la soutenir quand elle en aurait eu besoin, aussi. Sentiment coupable. Aurait-il réagit différemment qu'elle ? Pas sûr. Jasper, l'égoiste, se serait surement terré dans le silence, pour vivre sa douleur dans son coin. Il commence à comprendre, mais commence seulement. La voix de la cabot ayant un certain pouvoir sur le colérique dunster. Il n'arrivait jamais très longtemps a resté fâché contre elle, elle le savait. C'est toujours elle qui arrivait à calmer ses éclats de voix. L'homme se tait, se préoccupant, enfin, un peu tard d'accord, de son état de santé actuel. « Dit pas ça, tu parais plus en forme que jamais. » Qu'il tente de placer, avec un semblant de sourire. C'est pas tout à fait ça, mais il essaye. Déjà, il ne lui assène plus de reproches, ce qui est plutôt proche d'une victoire. « D'accord... » Se pince les lèvres, se sentant d'un coup embêté de sa propre réaction. Et, comme pour se rattraper, la fait tourner au bout de ses doigts, seul moment de véritable danse de leur instant ensemble. S'écarte, s'incline légèrement, prince charmant, déposant un baiser sur le dos de sa main. « Bonne soirée, princesse. » Tout n'est pas perdu entre nous, Joey.

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