(august) didn't ask for help.

Il fait nuit noire, alors que je rendre d'une soirée entre Eliots au loft. Pas très envie de dormir sur le campus ce soir, mon king size vaut tout l'or du monde. J'ai beau avoir bu quelques verres, je suis toujours bien consciente. Mes talons d'un créateur asiatique que l'on ne présente plus claquent sur le bitume, tandis que j'avance à une allure rapide. Pas besoin de prendre un taxi pour quoi, quinze minutes de marche à tout casser ? Ce n'est pas comme si j'ai fait du shopping toute la journée et que j'ai déjà mal aux pieds. J'entends des voix, fortes, qui proviennent des résidences aux alentours. Sûrement d'autres étudiants qui eux aussi rentrent de soirée, c'est habituel. Regardant rapidement l'heure sur mon smartphone, j'aperçois trois heures trente-huit. Je ne suis pas si fatiguée que ça, mais j'ai juste envie d'être chez moi. Répondant à un sms de Lyssana, ma meilleure amie qui me demande où je suis passée, je lui réponds que je suis entrain de rentrer. Je souris en lisant sa réponse, elle me dit de faire attention. J'adore cette fille. Elle est comme la soeur dont j'ai toujours rêvé. J'arrive en ville, pas loin de mon appartement. La première chose que je ferai, c'est terminer la soirée par une vodka pomme. Je passe devant un pub, sans faire attention à l'homme qui fume un joint devant. L'odeur me fait plisser le nez, mais je reste concentrée sur mon portable. Quelle fichue odeur. Comment ils peuvent consommer ces choses ? "Eh mademoiselle, fait tard poiur traîner seule dans la rue comme ça, y'a de grands méchants loups tu sais..." Sa voix est chevrotante, tandis que je l'entends ricaner. Il me donne froid dans le dos. Il est clairement bourré, je ferais mieux de me dépêcher. Mais c'est sans compter sur sa rapidité, alors qu'il vient m'attraper par le bras, me bloquant entre son corps et le mur du pub. Je détourne la tête en regardant vers le sol, il empeste l'alcool. "C'est pas très poli de pas répondre quand on te parle chérie !" Mon cœur bat la chamade, je fais tout pour garder mon sang froid malgré tout. Lâche-moi, ou je hurle." Je ne sais pas si je sonne convaincante, mais je fais tout pour. Dans quel pétrin je me suis mise ? Et puis finalement, j'entends des pas qui se rapprochent. Dieu merci. Je suis pas croyante, mais ce sont les seuls mots qui me viennent à l'esprit. La voix masculine demande à l'autre complètement éméché de me lâcher, ce qu'il fit après quelques protestations. "Si on peut même plus s'amuser... A la prochaine beauté !" Le voilà qui retourne dans le pub. Je retiens un soupir de soulagement. Me décollant du mur en époussetant ma veste là où il m'avait saisie, je m'apprêtais à remercier mon bienfaiteur, avant de reconnaître son visage. Mon expression changea immédiatement. J'arborais désormais un air agacé et hautain. "Je t'ai rien demandé, je m'en sortais très bien toute seule." Je croisais mes bras, dévisageant August de la tête aux pieds.

Didn't ask for help

Il se fait tard . Tu es à bout de souffle . Tu as donné tout ce que tu avais durant cette battle de danse qui opposait l'équipe dont tu faisais partie à l'un des plus grands groupes de danseurs de tout Cambridge . Le corps ruisselant de sueur , tu es simplement vêtue d'un jogging et d'un débardeur . Tu as agrémenté le tout d'une casquette sombre que tu as mise à l'envers , comme d'habitude . Tu te diriges vers ton sac alors que chacun semble reprendre le chemin qui mène aux dortoirs du campus . Tu te penches et attrapes une bouteille d'eau . Tu as le gosier sec et ta respiration est haletante . Tu bois la bouteille d'une seule traite . Tu soupires . Quel soulagement . Tu glisses la bandoulière de ton sac de sport sur ton épaule et te diriges à ton tour vers le campus mais optes pour un chemin plus court . Tu as l'habitude de sortir le soir et après près de cinq ans passés à Harvard , tu connais les raccourcis qui mènent plus rapidement à la Dunster House . Certes , tu dois passer par des rues commerçantes et bondées mais c'est plus court et bien plus avantageux . Tu ne tiens plus sur tes jambes . Tu n'as simplement plus de force . Si seulement il y'avait un bus qui pouvait te déposer directement devant la maison des jaunes . Tu es pourtant sportif mais tu dois avouer qu'un petit coup de pouce n'aurait pas été de refus . Tu passes devant un bar en essayant de te frayer un chemin tant bien que mal entre les clients qui sont venus fumer dehors ou boire un verre lorsqu'une altercation attire immédiatement ton attention . Tu clignes plusieurs fois des yeux comme si tu n'arrivais pas à croire ce que tu voyais . Comment se fait-il que personne n'ait réagi ? Une jeune femme (sûrement une étudiante) était plaquée contre le mur tandis qu'un homme ivre se montrait un peu trop insistant . Ni une ni deux , tu jettes ton sac sur le sol goudronneux et attrapes l'inconnu par le cou . Tu le tires vers l'arrière lui faisant ainsi perdre l'équilibre et brandis un poing menaçant au-dessus de sa tête . La fureur colore ton visage bronzé . « Dégage si tu tiens à avoir  encore toutes tes dents . » lances-tu d'un ton abrupt tout en le poussant sur le bord du trottoir . Le parfait inconnu tombe sur le trottoir dans un bruit sourd . Tu lui lances un regard noir . Tu te tournes ensuite vers la victime et la regardes avec un air beaucoup plus attendri...jusqu'à ce que tu remarques qu'il s'agit de Yumi-Blue . C'est tout ce qui manquait . Elle commence déjà à t'agresser en te reprochant de lui avoir pris sa défense . Tu serres la mâchoire . Oh bien sûr , tu ne regrettes pas de l'avoir arrachée des mains d'un ivrogne mais même dans ce genre de cas , elle trouve le moyen de jouer les fortes têtes et ça , bah ça t'agace . « Je suppose que le mot que tu cherches est " merci " » réponds-tu en serrant les dents .

Je suis fière. Par conséquent, je n'admettrai jamais que j'ai eu l'une des plus grandes peurs de ma vie. Je ne lui avouerai pas qu'il m'a sauvée, jamais. Et encore moins que je lui suis reconnaissante. C'est comme ça. Et puis après tout, personne ne l'a obligé à jouer les justiciers, c'est sûr que quelqu'un serait intervenu. Du moins, je l'espère. Mais tout cela ne sont que des hypothèses. Dans la réalité, je me retrouve face à lui. August. Il vient littéralement de me sauver le coup, de ce gars dégueulasse qui pensait assouvir ses désirs sans même mon consentement. August, il m'énerve. Et puis ça paye pas d'être aussi gentil comme lui. Je ne comprends pas. Rien ne l'oblige à être comme ça. C'est juste absurde, comme si tout le monde le traitait aussi bien que lui le faisait. Oui clairement, il est idiot de se laisser ainsi se faire exploiter. Et puis il est faible, il n'est jamais en colère. Il ne dit que rarement non. A croire qu'il est de la lignée de Mère Theresa. N'empêche que sur ce coup, il m'a impressionnée. C'est vrai, je ne le pensais pas capable de s'énerver ou d'afficher un air si dur. Mes frayeurs un peu effacée, mon souffle est encore un peu irrégulier, mais je masque cela en me raclant la gorge rapidement avant de prendre la parole pour lui répondre. "Je ne t'ai rien demandé, Luttazzi. Fallait pas te sentir obligé. Je suis pas une demoiselle en détresse. Donc non, c'était pas merci que je voulais dire." Je suis dure, froide avec lui. Mais je l'ai toujours été, alors je vois pas pourquoi ça changerait aujourd'hui. Même si l'ancienne Yumi se serait précipitée dans ses bras, l'aurait enlacé pour se sentir en sécurité, celle que je suis a une réputation à tenir. Alors je reste les traits froncés, la mâchoire crispée, le regard froid. Comme si tout cela ne m'atteignait pas. Pour la peine, je réajuste mes vêtements, dégage mes cheveux teints en roux derrière mes épaules et reprend ma marche, comme si de rien était. Comme si rien ne s'était passé. Qu'il aille au diable, avec ses remerciements.

Didn't ask for help

Elle te méprise même après que tu lui ait sauvé la vie . Elle te doit une fière chandelle et au lieu de te remercier , elle se montre infecte et te fait subir sa mauvaise humeur . Elle fait tout pour te faire comprendre qu'elle ne te supporte pas . Ca tombe bien car c'est réciproque . Tu ne regrettes pas de l'avoir sauvée des bras d'un ivrogne car tu n'es pas un monstre . Au fond de toi , tu es un peu dégoûté d'avoir volé au secours de cette fille à papa . Son caractère t'inspire de la répulsion . Tu ne peux juste pas te la voir en peinture . Tu as vite cerner son personnage . En même temps , ça crève les yeux . Une vraie tête de mule . Une vraie peste . Tu lèves les yeux au ciel en entendant ses reproches et soupires bruyamment pour montrer ton agacement . Tu t'attendais à ce genre de réaction de sa part . Ce n'est aucunement étonnant . Ca lui écorcherait la langue de te dire un simple « merci » alors que grâce à toi , elle est encore en vie . Tu te demandes comment on peut autant respirer la méchanceté . C'est juste pas croyable . Tu récupères ton sac de sport et plonges ton regard chocolat dans le sien . Quelle teigne . Tu la regardes avec insistance d'un air de dire « je suis bien plus résistant et chiant que tu ne le penses . Tu n'as encore rien vu » . Elle te lance un regard froid et fait volte-face en reprenant sa marche . Elle t'ignore délibérément . Elle manque vraiment pas de culot celle-ci . Tu ne vas pas la laisser filer . Au fond de toi , tu meurs d'envie de rebrousser le chemin et de rentrer chez toi mais tu y renonces par principe . Tu ne voudrais pas qui lui arrive malheur . Tu te demandes même pourquoi tu te soucies d'une personne qui ne t'aiderait même pas si tu étais en train de brûler sous ses yeux . Yumi serait plutôt du genre à se délecter du spectacle en mangeant des popcorns . « Tu vas où là comme ça ? » demandes-tu d'un ton abrupt . « Je te raccompagne chez toi et j'précise c'est pas une proposition . » tranches-tu en lui lançant un regard sombre .