CHAPTER ONE. Lorsque ses parents lui avaient laissé les clefs de la maison avant de monter dans un taxi qui les mènerait directement à l’aéroport, Daisy Murray n’avait pas ressenti tout de suite la sensation d’abandon qu’elle ressentait à présent. Allongée dans le noir de sa chambre, Daisy faisait défiler les photos de son profil Facebook. Matt. Elle l’avait aimé tellement fort, son premier béguin, son premier flirt. Et il avait fallu qu’il la trompe avec cette coincée du labo des sciences puis cette connasse de cheerleader qu’elle détestait depuis le premier jour qu’elle était arrivée. Cela faisait seulement trois mois qu’elle était arrivée à Albuquerque et déjà un vide immense se creusait dans son coeur. Ses parents lui manquaient, ses frères lui manquaient et c’était insupportable. « Chérie reste pas là dans le noir c’est ridicule. » Tracy, heureusement qu’elle était là. Les bras chargés de gâteaux, de boissons sucrées et de bonbons elle déversa tout sur le lit après avoir ouvert les rideaux en grand. « C’est un con, je t’avais prévenu. » Daisy leva la tête vers elle, lui adressant un regard empli de tristesse. « Pardon, excuse moi, fallait que ça sorte. » Daisy poussa un long soupir alors que sa meilleure amie venait s’allonger à côté d’elle, elle prit sa main dans la sienne et déclara. « Je sais que c’est pas facile en ce moment avec Thanksgiving qui approche et tout… Je pars dans le Maine avec mes parents, si tu veux venir avec nous y’a aucun soucis. » Voilà à quoi elle en était réduit aujourd’hui : susciter la pitié chez ses amis. Trouver une famille d’apoint pour oublier à quel point la sienne était pourrie. Voilà pourquoi elle s’était tant accrochée à Matt. Avec lui elle avait eut l’impression de compter pour une fois, l’impression que tout était possible dans ses bras, du moment qu’il était là. Puis il y avait eu cette fameuse fête où elle l’avait découvert en train de s’envoyer en l’air avec une autre. Quand elle lui avait demandé pourquoi, il lui avait répondu qu’il n’avait pas eu le courage d’attendre qu’elle soit prête. Double trahison. Ca avait été comme un déclic pour elle, première fois qu’elle avait l’impression de ne jamais être assez. Peu importe ce qu’elle pouvait faire. Cette sensation était pire que tout.
CHAPTER TWO. Daisy s’essuya la bouche et tira la chasse. Faible, épuisée, elle se regarda dans le miroir avant de se brosser les dents avec ferveur. L’anorexie s’installait lentement mais sûrement. Elle le savait, Tracy commençait à noter son changement de comportement et l’infirmière du lycée la convoquait de plus en plus souvent pour la peser et lui parler. Les rumeurs allaient bon train et les six kilos qu’avait perdu Daisy étaient significatifs. La belle blonde le savait, elle devait changer si elle voulait… Sursaut. La sonnerie venait de retentir et la lycéenne entendit le cliquetis étrange de la serrure d’en bas. Seule à 16 ans dans une grande maison, Daisy savait qu’elle était une proie facile. Surtout une veille de Noël. Le coeur battant, la jeune fille descendit les escaliers sur la pointe des pieds, devinant deux ombres sur le porche, tous ses sens étaient en éveil. Elle sursauta à nouveau quand des coups fermes et répétés furent donnés à la porte. « Dezz ! On est là ! » Daisy n’en croyait pas ses oreilles : ses grands frères étaient là ! Elle ouvrit la porte à la volée et elle fondit dans leurs bras, les larmes coulèrent d’un coup ce qui gêna les deux grands gaillards qui se tenaient encore dans l’embrasure de la porte. « Euh doucement… » protesta Brad en tentant de repousser sa soeur alors que Duncan tirait sa valise jusqu’à l’intérieur, gêné par Daisy qui hurlait de joie. « Vous êtes là, vous êtes là ! » criait-elle euphorique. Elle avait cru jusqu’au bout que ses parents, journalistes de grande renommée, allaient la laisser une fois de plus passer les fêtes seules. Mais non ses deux frères, jumeaux au demeurant, âgé tout deux de 22 ans étaient bien là. « Ouais. Pour trois mois. » Le sourire de Daisy s’estompa instantanément. Celle-ci elle ne l’avait pas vu venir : cohabiter avec Brad & Duncan pendant plus de trois jours revenait à entrer à Guantanamo. Elle comprit immédiatement qu’elle allait devoir redoubler d’ingéniosité pour faire le mur et sortir voir ses copines. « On est pas venu pour le plaisir, on déménagera pas tant que t’auras pas repris dix kilos et que ta moyenne n’aura pas remonté. L’infirmière du lycée a appelé maman qui nous a demandé de venir ici. On s’est fait transféré ici jusqu’à la fin du semestre. » Aux grands maux les grands remèdes visiblement, avait pensé Daisy. Elle était soulagée de n’être désormais plus seule mais d’un autre côté elle savait à quel point la vie avec les garçons pouvaient être compliquée. Brad, particulièrement, était le pire des flics, ne supportant pas qu’elle sorte seule ou qu’elle ne réponde pas à la première sonnerie de son téléphone. Daisy était la prunelle de leurs yeux, même si ils ne le montraient jamais, même si ils ne lui disaient jamais, elle était la petite soeur qu’ils rêvaient d’avoir et même si Brad préférait mourir que de l’avouer, la savoir seule et malade l’avait plus qu’alarmé. Il ne comptait pas la quitter de si tôt. Et Duncan non plus. Tous deux issus de parents démissionnaires, ceux-ci avaient toujours priviligié la carrière c’était donc bien prématurément que les jumeaux endossaient la qualité de père de jeune adolescente. Et ça n’allait être de tout repos pour personne.
CHAPTER THREE. La première fois qu’elle le rencontre, elle est en train jouer du Piano dans la salle de musique du lycée. Il surgit derrière elle, elle sursaute : leur regard se croisent et elle comptent immédiatement que c’est lui. Ted, le beau basketteur du lycée, celui pour qui toutes les filles craquent. Il est gentil, doux, fait rire tout le monde par son côté casse-cou et il suffira d’une expédition en moto pour que les deux adolescents tombent follement amoureux l’un de l’autre. Dans ses bras, plus rien n’avait d’importance, même si ses frères lui faisaient la misère, même si les gens essayaient de les séparer, Ted retrouvait toujours Daisy. Il la protégeait, la défendait, lui pardonnait, il l’aimait réellement pour ce qu’elle était. C’était l’amour sous sa forme la plus pure, Teddy était Daisy et Daisy était Teddy, personne ne pouvait leur enlever ça et il suffisait que Daisy le regarde pour se rappeler que tout avait du sens tant qu’il était là. Ses années lycées furent inoubliables grâce à lui, il avait toujours le bon mot, il était toujours présent. Souvent ses amies lui demandaient de lui trouver un défaut, et à part son goût pour le risque et son côté bordélique qu’elle avait aussi, Daisy ne trouvait jamais rien à redire. Ils ne s’étaient disputé que très rarement, souvent à cause de la moto, dés fois car Daisy était jalouse comme pas possible et qu’il lui en fallait peu pour friser. Néanmoins, lorsqu’elle atteignit ses dix-huit ans, les choses se compliquèrent légèrement. Le soir de la remise des diplômes, ses parents se déplacèrent dans leur emploi du temps surchargé et la mirent au pieds du mur : c’était soit elle allait à l’université, soit il lui coupait contact définitivement. Ses frères étaient aussi dans le complot et ce fut un véritable affront pour Daisy car elle savait qu’en réalité ils ne voulaient juste pas qu’elle se terre à Albuquerque pour rester avec Tedddy qu’ils considéraient comme un mauvais garçon. En riposte, après que Daisy lui ait expliqué en pleurs la situation, lui partageant les angoisses et les peines qui la secouaient, Teddy posa un genoux à terre et demanda en mariage la jeune fille tout juste diplômée du lycée. Daisy accepta bien évidemment et ils firent une cérémonie plus qu’intime le 10 août 2009. Daisy accepta ainsi de partir à Harvard sur les encouragements de Teddy et malgré la disance, leur relation fut maintenue au beau fixe sans jamais que leurs sentiments ne s’amenuisent. Aucune tentation n’était assez forte contre la puissance de leur amour et alors que tout le monde les jugeaient de s’être marié jeune, Daisy s’en sortait à la perfection.
CHAPTER FOUR. « Pour clore cet éloge funèbre, je demanderais à Madame Fields de bien vouloir me rejoindre. » Daisy sentit la main de Chad la serrer, les larmes coulaient à flots alors qu'elle se rémémorait le moment où tout avait basculé. 3h34 du matin, sa colocataire déboule dans la chambre, lui tendant le téléphone avec une expression qu'elle n'oublierait jamais. 20 ans et déjà veuve. Se lever fut une épreuve, elle trébucha dès le premier pas et ce fut son autre frère qui l’escorta jusqu’à l’estrade. Elle se cramponna au pupitre de l’église et leva les yeux vers tous ces visages graves. Des regards à affronter dans lesquels elle lisait de la peine, de la compassion. Car la terreur et le désespoir transparaissait clairement dans celui de Daisy qui se sentait comme larguée seule pour la première fois dans le monde. Elle jeta un coup d’oeil au cercueil qui se tenait à côté d’elle. Elle avait demandé à ce qu’il soit fermé lors de son arrivée, hors de question de voir l’homme de sa vie froid et sans vie allongé dans une boite. Un silence mortuaire pesait dans l’église et Daisy rassembla tout son courage pour faire honneur à celui qui l’avait aimé tellement fort pendant quatre ans. C’était si peu mais tant à la fois. « Mon amour. » Sa voix s’étrangla, elle sentit la main bienveillante de son frère dans son dos, suffisant à la rassurer quelques peu. « La première fois que tu m’as parlé, dans cette salle de musique je n’étais rien de ce que je suis maintenant. Je n’étais qu’une petite fille apeurée, terrorisée et emprise à la solitude. Ma vie était fade, sans couleurs, je pensais que j’étais contraire à vivre avec ce mal d’amour. Puis tu es arrivé, mon étoile, mon amour, mon ami. Tu as été tout, d’un coup. Je suis tombée amoureuse immédiatement, ta seule présence me suffisait à irradier de bonheur. Ta voix était la mienne, ton souffle était le mien, nous ne formions qu’un et dans les bras l’un de l’autre aucune tempête n’était assez forte pour nous séparer. Il y a deux ans dans cette même église nous nous sommes juré fidélité, loyauté. Nous avons promis à Dieu d’être lié jusqu’à ce que… » Nouveau sursaut de larmes. Elle a presque fini, Daisy se contient, elle se cramponne au pupitre comme Teddy s’est cramponné à la vie pendant le trajet dans l’ambulance, alors qu’il délirait à cause du choc, qu’il réclamait sa femme aux ambulanciers. Avant de se laisser partir. Doucement. « Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mais là encore peut-être que nous nous sommes mépris. La mort ne nous séparera jamais car notre amour va au delà du simple cycle de la vie. De la même manière que notre âme est immortelle, notre amour ne connaît ni fin ni limite. Tu es partout. Partout autour de moi. Pour toujours. Et les mots que je n’ai pas pu te dire sont ancré à l’encre de mon coeur dans le tiens. Il n’existe pas d’homme plus bon, ni de personne plus juste. Tu es un univers de bonheur et je sais que toutes les personnes assises ici aujourd’hui sont témoins du soleil que tu as été dans nos vies. Alors merci et repose toi bien, car jamais ne te lâcherais quand je t’aurais rejoins. »
TODAY CHAPTER.
Aujourd’hui, Daisy se remet encore de la mort de son mari, elle a vécu une longue période très difficile et sa famille, enfin du moins ses frères, se sont beaucoup inquiété pour elle mais contre toute attente la belle blonde a réussi à maintenir son cap. Celle qui a toujours été très discrète à Harvard afin de ne pas se faire remarquer commence doucement à se faire connaître depuis la mort de Teddy. Sans repère, brisée, Daisy cherche maintenant à retrouver goût à la vie et aller de l’avant même si c’est la chose la plus difficile du monde. Quand bien même bientôt quatre ans se sont écoulé il est encore difficile pour la jeune femme de reprendre une vie parfaitement normale. Néanmoins il semble qu’elle ait trouvé une parade pour survivre à la douleur : la fête et les copines.