Tic, tac, tic, tac.
La pendule bougeait de gauche à droite et plus le temps s'écoulait, plus je m'impatientais. Mes mains étaient moites, mes pieds tremblaient et je sentais mon cœur s'écraser. "Nous serons à vous dans cinq minutes mademoiselle Esterhazy." M'avait-elle dit, il y a précisément 4 minutes 43 secondes de cela.
"Mademoiselle Esterhazy ?" Je relevai brusquement la tête, réalisant qu'on venait tout juste de m'appeler. L'entretiens avec l'interviewer Alumni allait commencer, et je sentais à peine mes poumons se remplir. Je sais, pourtant, que cet interview n'affectera pas mon dossier négativement. Comme mon papa m'a toujours dit, j'suis une bonne fille et bonne élève, je n'ai absolument rien à m'inquiéter. Mais attendez quoi, je me trouve entre les murs de la plus grande école du monde, n'est-ce pas suffisant pour me permettre de stresser rien qu'un peu ?
Je me suis assise dans une chaise plus vieille que mon arrière grand-mère, face à un bureau probablement aussi vieux. Tout était beau ici, tout était remplis d'histoire. C'était intéressant, exactement comme mon père me l'avait promis. "Quelle âge as-tu Mademoiselle ?" Je me raclai la gorge, puis souriait. "J'ai 18 ans." et toujours pas majeur aux États-Unis. "Vous avez un dossier intéressant pour une si jeune femme ! Je vois que vous aviez fait un score d'en moyenne 95% à vos examens finaux. Qu'est-ce qui vous intéresse dans Harvard ?"
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J'ai pratiquée cet interview des milliers de fois, je voulais rendre mon papa fier de moi. Ici, il ne restait plus rien pour nous et nous rêvions de quitter la terre Espagnol. Nous aurions pu mener une belle vie là-bas, c'est vrai. Il faisait chaud, presque toujours beau et nous vivions dans un beau quartier dans une belle maison... Si seulement maman n'avait pas quittée la maison lorsque j'avais un an pour un autre homme. Les souvenirs sont beaucoup trop difficile à oublier. Mon père ne l'admet pas, mais je le vois.
Je ne connais pas ma mère, je n'ai pas vraiment eu la chance de m'y attacher. Contrairement à mon père dont je suis réellement proche. On fait tout ensemble, il est un peu comme mon meilleur ami. Ma mère et lui m'ont eu très jeune, ils devaient avoir tous les deux à peu près 17 ans... J'suis un accident, comme on dirait. Mais mon père dit que j'suis un miracle.
Le 7 Novembre 1991, je suis née à Seville, en Espagne. La ville natale de ma mère et aussi le lieu où j'ai grandi jusqu'à mes la fin de mes 17 ans. La ville natale de mon père s'appelle Balatonfüred, quelque part au Nord du lac Balaton en Hongrie. J'avais pour habitude de passer la moitié de l'été et les vacances de Noël là-bas pour retrouver la famille, puisqu'ici en Espagne, toute la famille du côté maternelle a tout simplement coupé contact avec nous...
Malgré le manque familiale à Seville, j'étais confortable. J'avais mon père, mes amis, mes bonnes notes... Et un grand rêve en vue. Je voulais un jour, obtenir des notes impeccable qui me feront entrer à Harvard et quitter ce pays pour me rebâtir à neuf. Et évidemment, trainer mon papa avec moi. J'étudiais tous les soirs, m'entrainait pour devenir la championne du même niveau scolaire que moi... Puisque oui, j'étais déjà la 1ère de ma classe.
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"T'es vraiment obligée d'étudier TOUT LE TEMPS ? C'est chiant. C'est quand la dernière fois qu'on est sortie au centre commercial ?" Ça, c'était ma meilleure amie Babylone. On était toujours ensemble, SURTOUT lorsque mon père restait au travail le soir pour des heures supplémentaire. Forcément, papa absent = toujours soirée pyjama.
"J'suis désolée... je sais que j'suis dure avec toi. Bon. Samedi prochain, j'te promet, on sort toute la journée." Elle se redressa d'un coup.
"Toute la journée ?""Toute la journée.""Même en soirée ?""Même en soirée."Je voyais son sourire s'agrandir et m'étonna moi-même en pensant : Damn, quelle est belle.
Même si elle s'ennuyait, elle n'avait jamais quittée mes côtés. Elle croyait en moi, et au final, je croyais en elle aussi. Ses notes étaient pratiquement aussi belles que les miennes, et j'en étais fière.
"Hey, t'as eu un 89% à ton dernier exam de Math, c'est vraiment pas mauvais du tout !" Elle hocha la tête, me donnant ce sourire qui sans que je sache pourquoi, me faisais fondre dernièrement.
"Et c'est pour ça que quand tu m'emmèneras RÉELLEMENT faire du shopping, tu vas m'devoir un rouge à lèvre." Pouah, j'avais oublié cette stupide journée dont je lui avais promis. Je tirai la gueule, puis senti la honte m'envahir l'esprit.
"Putain merde... J'ai complètement oublié de t'appeler samedi ! J'avais les entrainement de Gymnaste après dîner et..." "C'est bon Aza, j't'en veux pas."J'ai un don exceptionnelle dans ce qui est de deviner l'humeur des gens et là, par exemple, à ce moment précis... J'ai vue dans ses yeux qu'elle était triste. Et c'était moi qui l'avait déçue. Je le regrettais énormément. Mais au fond, je voyais aussi qu'elle était sincère. Probablement juste fatiguée d'avoir à me relancer à chaque fois pour me convaincre...
Je baissais la tête, nous plongeant dans le silence complet pendant trois minutes. Puis, je levais les yeux pour la regarder en la suppliant du regard pour qu'elle dise quelque chose. Mais plutôt qu'attendre sa réaction, je m'approchais d'elle pour l'embrasser. Tendrement, et oui, sur les lèvres.
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"Allô ? J'suis rentrée de cours papa ! Où t'es ?" Je me dévêtis de mes chaussures, ainsi que de mon sac et ma veste. J'avançais dans la maison en m'apprêtant à monter les escaliers.
"Chérie, t'as reçue une lettre de l'université d'Harvard. Elle est sur la table !" Sans tarder, je me dépêchai à redescendre les quelques marches que j'avais entamer pour aller chercher cette lettre. C'était la réponse à mon inscription à l'université...
"Papa !" Il se dépêcha à enfiler une serviette et venir me voir, croyant que je venais d'avoir une mauvaise nouvelle. Mais en voyant mon sourire sur le visage, il étira le sien.
"Devine qui va vivre le rêve Américain l'an prochain ?" Il sauta dans mes bras, en souriant, et en riant. Pour la première fois depuis vachement longtemps... J'le sentais réellement heureux.
Mais quelque chose d'autre m'inquiétait... Babylone. Ça faisais au moins trois semaines que je n'avais pas reçu la moindre nouvelle d'elle, et donc deux semaine et demi que je commençais à m'ennuyer. Plus tard dans la soirée, je pris mon téléphone entre les mains.
22:10
J'ai été acceptée à Harvard ! Je sais que tes parents seraient fâchés... mais est-ce qu'on peut se voir une dernière fois ?
Cinq minutes, dix minutes, puis vingt-trois heures arriva plutôt vite. J'étais fatiguée, et j'ai fini par rejoindre les bras de Morphée... Le lendemain, elle n'avait toujours pas répondue.
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Les vacances enfin arrivée ! J'avais hâte de passer mes vacances en Hongrie, auprès de Royce, un voisin et également un fidèle ami. Faut dire qu'il est rapidement devenu l'un de mes meilleurs amis lorsque Babylone et moi avions perdus contacte. Puis le mieux dans tout ça ? C'est qu'il allait à Harvard aussi et qu'on n'aura pas à se dire au revoir !
J'arrivais à l'Aéroport de Budapest, mon oncle et ma cousine étaient là pour nous accueillir mais cette fois, Royce était là aussi pour m'accueillir et me féliciter. Surprise, je me dirigeai dans ses bras pour le serrer contre moi. Ça me faisais bien, d'avoir le support d'un ami. Mais le mieux dans tout ça, c'est que c'était nos toutes dernières vacances avant la vrai vie d'adulte.
J'avais toutes mes affaires, nous avions officiellement quittée l'Espagne. Notre maison était louée à Boston dans un petit quartier chaleureux, nos meubles étaient déjà en cours de déménagement... Après notre visite en Hongrie, nous irons directement à Boston pour retrouver notre nouvelle vie. Mais comme tout freshman, j'allais vivre sur le campus les premières années et ensuite, on verra bien si j'intègre une maison.
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Quelques heures avant l'embarquement à 00:02, je reçu un message texte qui me réveilla. En le lisant, je me suis automatiquement assise sur ma chaise. Royce était réveillé déjà, il me demanda ce que c'était.
"Babylone." Je me mordis la lèvre.
"Elle ne veut plus que je lui écrive.""... Pourquoi ?" La gorge serrée, je commençais à lui expliquer. Tout. Je commençais à lui expliquer que j'avais la tête étourdie, que je la trouvais belle quand elle riait, que mon cœur battait fort quand elle me serrait dans ses bras avant de retourner chez elle, que j'avais toujours très hâte à nos soirées pyjamas, que je la cherchais partout quand elle s'absentait à l'école... Que je l'ai embrassée. Que ses parents m'ont empêché de la revoir lorsqu'ils nous ont surpris entrain de se prendre la main sous la table. Nous n'avions jamais été un couple officiel... Je ne sais même pas si on pouvait se considérer amoureuses... Mais en tout cas, j'savais que j'avais perdue ma meilleure amie et que là, j'avais beaucoup de mal à m'empêcher de pleurer.
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Harvard, nous voilà ! Aujourd'hui, c'est notre première journée de ma 3e année au campus et les cours démarrent bien. Tellement bien, que j'suis arrivée 10 minutes en retard à mon premier cours parce que j'avais eu de la difficulté à trouver un local. Comme premier cours, nous avions eu droit à la visite d'une classe moins avancé... Et j'ai été mis en équipe avec un certain garçon, Cody Bleeker. Le but, c'était qu'il me pose toutes ses questions à propos du programme et aussi à propos de la vie sur le campus. Mais bref, notre première discussion tournait au final, sur tout mais pas ça.
"Sérieusement, tu peux passer des journées à dormir ? Comment tu fais !" Je riais, sans aucune retenue. Parfois, il disait des trucs qui arrivait à me faire mourir de rire et être super bruyante même. Je l'aimais bien, ce Cody. On se ressemblait sous plusieurs aspect en fait... Il avait un attitude un peu gamin, qui me donnait envie de faire des bêtises en fait. J'avais déjà atteint mon rêve d'étudier à Harvard, je ne pouvais pas dire non à un peu de rébellion maintenant non ? On a fini par tourner la discussion sur ce qu'on aimait bien faire. Alors que lui, il me disait adorer la guitare... Moi, c'que j'aimais beaucoup, c'était la gymnastique et la danse.
"J'ai fait beaucoup de compétition d'gymnaste quand j'étais au lycée... Je concentrais toutes mes études à la réussite, c'est peut-être pour ça que je n'ai pas eu beaucoup d'amis." lui dis-je en riant.
"Mais j'aimerais bien que tu me joues de ta guitare, si tu veux je peux t'aider avec tes cours en échange." Je lui souriais, puis au bout de notre rencontre, nous nous échangions nos numéros de téléphone.
Quelques années plus tard, j'suis encore là, à Harvard. Et tout va bien. Mes études, mes amis, mon père s'est trouvé un travail bien payé. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles de Babylone, mais je vois régulièrement Royce, aujourd'hui devenu l'un de mes meilleurs amis... Et j'ai revu Briony, une amie de compétition. Et puis évidemment, j'suis très bonne amie avec Cody, que je vois plutôt souvent.