« Drink a Margarita ! We have to be up in two minuts ! » w/ Sid.

Assise au bar j’avale le mètre de shooter sous l’œil des serveurs amusés, depuis quelques jours je suis devenue l’une de leur clientes régulière, j’ai bien conscience que si je continue comme ça je foirerais mon année en beauté mais pour vous dire vrai, à l’heure actuelle j’en ai plutôt rien à foutre de mes cours. Je me rappelle de mes premières années à Harvard, quand j’étais encore une Quincy toute sage, quand j’avais encore l’ambition de réussir, quand je ne foutais pas toute mes études en l’air comme je suis entrain de le faire présentement. Allé plus que deux et j’aurais cloué le bec à Joe le serveur avec qui j’ai sympathisé depuis que je squatte leur bar sur Iman Square « Allez Marloes plus que deux ? T’en ai pas capable. Allé abandonne, tu vas mal finir. » Et il me prend pour qui celui là, je suis une mather et en bonne mather qui se respecte quand je commence un mètre de shooter je le finis, je lui lance un regard en coin et avale les deux verres l’un à la suite de l’autre. « Alors c’est qui l’incapable maintenant ? » faut vous avouer que à ce moment là, j’ai un peu décollé, les quelques joints que j’ai fumé dans le parc avant de venir poser mes fesses ici puis le mettre de shooters sont entrain de faire la fête dans mon cerveau. « Allez Joe, vodka mon camarade ! » pendant qu’il me sert un verre en riant un mec s’approche de nous attendant sans doute que Joe lui prenne sa commande, un coup d’œil vers le garçon en question je ne peux m’empêcher de me retourner vers lui une deuxième fois.

Je suis à Harvard depuis quelques mois déjà et je ne pensais pas que mon pays me manquerait autant. Il est des soirs ou rien ne va, le passé vous rattrape ou les souvenirs vous hantent. Ma famille ou mes amis ? Non, c’est ma vie là-bas qui me manque ce soir; la chaleur constante, l’ambiance festive et mes petite habitudes. Ici, je n’ai toujours rien retrouvé de tout cela, m’intégrer à été plutôt facile, mais de là à me sentir à ma place, c’est autre chose. La nuit sera longue ce soir, je cherche quelque chose qui arrêtera de me faire regretter ma ville. Long chemin, je marche le long d’une rue et mon regard se pose sur une affiche, une écriture en néon plus spécialement, le Lord Hobo. Je suis majeur et vacciné depuis longtemps, j’entre d’un pas décidé. L’allure virile, j’avance sans bousculer personne, jusqu’au comptoir. Ma commande se fait rapidement, mais en attendant je pose le regard vers un petit bout de femme. Emerveillé devant le nombre de verres qui se tient devant elle, elle paraît sûre d’elle et m’intrigue, son regard se pose sur moi, je la vois se retourner une deuxième fois. Tenter une approche serait légitime. « Impressionnant » commençais-je en tournant le regard vers les verres devant elle. Habituée des lieux sûrement. « Je peux savoir où tu mets tout ça ? » faisant référence à cette silhouette mince, physiquement, ce serait un comas éthylique qui l’attends, mais elle est toujours debout apparemment. « Moi c’est Sid » je préfère laisser le choix, me répondre ou pas, au moins j’aurais tenté quelque chose.

Je sirote tranquillement ma Margarita pendant que le mec à côté de moi regarde les verres posés devant moi l’air étonné, c’est vrai que il y a des moments où je me dis que je tente le diable à boire de cette façon, que mon foie doit me haïr de le traiter de la sorte. « Impressionnant » je lève les yeux une nouvelle fois vers lui en lui adressant un léger sourire « Je peux savoir où tu mets tout ça ? » je ne peux désormais pas m’empêcher de lâcher un petit rire, j’hausse les épaules en riant « Je ne sais pas, sans doute l’habitude. » j’avoue que pour quelqu’un qui ne me connait pas ça doit être choquant de voir une petite meuf boire autant, puis quand on fini par me connaître ça paraît tellement normal que ce qui est le plus étrange est de me voir refuser un verre. « Moi c’est Sid », je ne peux m’empêche de penser à cette foutu boule de poil qui m’a bien fait marrer quand j'étais encore une petite fille innocente en compagnie de son pote Manny, mon dieu quelle référence, je me retiens tellement de lui sortir « Comme dans l’âge de glace » avec un sourire à la con, me disant qu’on a déjà du lui sortir une bonne dizaine de fois. Je retire mon sac du tabouret qui se trouve à côté du mien et le regarde en souriant « Moi c’est Marloes, tu veux euh ... t’asseoir ? » après tout c’est lui qui m’a abordé.

Jamais. La blague de Sid le pareusseux on ne me l'avait jamais fait. C'est étrange hein ? Peut-être parce que à Cuba, le personnage se nomme autrement. « Je ne sais pas, sans doute l’habitude. » Je le regarde sourire, son petit air innocent me fascine, mais elle est moins fragile que l'on pense, j'en suis sûre. La jeune femme retire son sac à main du tabouret à côté d'elle, je le prends évidemment comme une invitation « Moi c’est Marloes, tu veux euh ... t’asseoir ? » Je lui souris en m'asseyant. « J'espère que je ne te dérange pas » pure politesse. Elle avait l'air aussi seule que moi. Bon point. Son prénom était plus "exotique" ou en tout cas je ne l'avais jamais entendu, aucune idée d'où il pouvait bien provenir. « Tu viens souvent ici ? » Pas très innovante comme question. Je buvais mon premier verre de la soirée, balayant la salle du regard puis reposa celui-ci sur la jolie brune. Le barman me rapporta un deuxième verre, j'espèrais au contraire que ce serait l'un des derniers de Marloes, je ne peux pas laisser une personne en galère derrière moi. Trop bon, trop con.