c'mon good boy, be bad (libre)

Chicago, jour 8. Allongée dans le sable, Zoya ferma les yeux et tira longuement sur son joint. Elle était dans un état second et avait du mal à savoir qu'elle heure il pouvait bien être. De toute façon, elle en avait rien à foutre de l'heure qu'il pouvait être, elle se contentait de fixer le ciel tandis que le jour se levait. La veille au soir, les Mather s'étaient organisé une soirée feu de camp complètement déjantée et la plupart était épave sur le sable depuis une bonne heure. Mais avec le lever du soleil, la plupart rassemblèrent leurs affaires et partirent pour profiter des quelques heures qu'ils leur restaient avant le rendez vous à l'aéroport pour dormir à l'hôtel. Zoya n'avait pas envie de partir car ce serait un premier pas pour Cambridge que de quitter cette plage et cette semaine avait été trop magique jusque là pour être avortée. Soudain, elle sentit que quelqu'un l'observa. Elle se tourna vers celui qui l'observait, un sourire sur les lèvres et demanda : " Tu pars pas toi? "

Soirée de dingue, j'avais juste pas envie que ça s'arrête. Et pourtant, on y était, c'était la fin. On allait tous repartir à Cambridge et reprendre nos vies. C'était déprimant à souhait. Mais voilà, pour profiter du dernier jour, j'avais décidé de rester sur la plage un peu plus que prévu. Sérieux, j'sais pas ce qui m'arrivait, mais j'étais juste... instoppable. Je m'tapais même mes amies quoi genre.. narmol. Insatiable, j'en venais à m'demander si j'avais pas un problème. Je voulais du cul, tout le temps. Après, ça m'évitait de penser à Billie qui, avouons-le, était la meilleure partenaire que j'ai jamais eu. Peut-être inconsciemment j'étais à la recherche de quelqu'un qui la surpasserait ? J'en sais trop rien. Mais voilà, j'enchaine les conquêtes, la dernière en lice étant Olive, sur cette même plage. Autant dire, c'était fun. Vraiment fun. Et j'étais pas contre recommencer. Joint entre les lèvres, le regard rivé sur le lac du Michigan, je m'étais finalement redressé pour aller rejoindre les autres. Sauf que j'étais pas seul. Je voyais Zoya pas loin, seule aussi, et elle m'avait remarqué. « Pas envie » C'était bien trop dur pour moi de laisser derrière moi ce voyage. Mais fallait bien que j'en trouve la force. « Et toi ? » lui demandais-je alors que je me rapprochais d'elle.

La jeune russe sourit à Alexander et répondit : " J'ai toujours du mal à me détacher de la mer. " Surtout pour rentrer dans un bus où un des Mather allait sûrement gerber ses tripes au premier virage. Zoya leva de nouveau les yeux vers le ciel et tira la dernière bouffée de fumée qu'elle pouvait extraire de son joint, puis elle s'assit et l'écrasa longuement avant de le jeter dans le sachet à côté d'elle. Voyant le regard interloqué d'Alex, elle se défendit : " Bah j'étudie l'écologie quand même.. " Elle but de l'eau dans la petite bouteille qu'elle avait apporté et prit un chewing gum pour passer le goût bizarre qu'elle avait en bouche : " T'en veux un? " Puis elle commença à dessiner dans le sable et demanda : " Alors, Alex la bombe sexuelle a fait beaucoup de victimes dans l'Illinois? " Depuis le début du voyage elle le taquinait sur ses performances au lit, elle était curieuse de savoir si ce voyage avait été fructueux pour lui tandis qu'elle n'avait pas cédé à ses avances.

Il était évident que pour moi, retourner préparer mes affaires pour le retour, c'était signer la fin de ce voyage et j'en avais juste pas envie. C'était juste trop tôt. J'avais juste envie de m'amuser encore et encore. M'amuser à draguer toutes les filles qui étaient là et voir quelles étaient celle qui voulaient aller plus loin avec moi. Ouais, je m'étais bien amusé durant ce voyage et j'espérais que c'était le cas de tout le monde. « Non merci » répondais-je à son invitation pour un chewing gum alors que je m'installais à côté d'elle, le regard rivé sur le lac. « Il a eu quelques victimes ouais, c'était sympa. J'ai même cru que t'étais intéressée maaais faut croire que non » Après tout, on a ce qu'on veut quand on le désir vraiment. Et là, ça s'est pas passé alors bon. « Et toi, ton voyage..? A la hauteur de tes espérances ? »

Zoya ne put retenir un sourire quand Alexander dit qu'il pensait qu'elle allait céder à ses sirènes, comme toutes les filles qu'il s'était tapé lors du road trip. Elle continua à jouer avec le sable du bout du pied et lui dit tout bas : " T'as toujours pas compris Alex? " Elle ne voulait pas le regarder dans les yeux, elle avait peur de croiser son regard et de craquer, car elle avait sûrement autant envie que lui de céder. A la place, elle ajouta : " Je suis pas ce genre de fille qui a le sentiment qu'en se laissant aller avec le premier mec venu elle va recevoir sa gratitude. Il y a plein de choses pour lesquelles je n'ai aucune limite, mais pour coucher avec quelqu'un j'ai vraiment besoin de sentir que je suis plus qu'un bout de viande pour mon partenaire. " Elle se tourna vers Alexander, son sourire habituel sur les lèvres et ajouta : " Et puis je t'aime trop pour te laisser me donner envie de te détester. " Puis elle s'allongea et posa sa tête sur les jambes de son ami avant de lui demander : " Tu trouves que ça fait de moi une coincée? Je me suis toujours posé la question. " Elle pouffa de rire après avoir posé une question aussi ridicule puis décida de flatter son égo d'organisateur d'événements : " Oh oui monsieur le président, ce voyage était vraiment diiiiiiingue! J'veux bien que tu m'organises mes vacances plus souvent! " Elle ajouta ensuite : " Je savais pas qu'Elia était ta cousine ! Elle m'a dit que vous ne vous fréquentiez pas plus que ça.. " Elle resta un moment silencieuse puis elle le regarda dans les yeux et dit : " C'est dommage.. Si j'avais une cousine, moi, je passerais mon temps avec elle. " Malheureusement, même si elle avait des cousines, elle n'aurait jamais la possibilité de les rencontrer. Encore une chose que ses parents lui avaient égoïstement enlevé en l'abandonnant.

Je la laissais m'expliquer le fond de sa pensée, puisque ouais, j'aurais cru qu'elle était intéressée pour une aventure lors de ce voyage. Mais les choses n'ont pas forcément abouti et au final, c'était peut-être mieux ainsi. Bien sûr que je pouvais comprendre ce qu'elle voulait dire, c'était juste qu'entre le baiser donné lors de la soirée, les clins d'oeil mais aussi la soirée du jeu de la bouteille.. ouais, autant dire que j'y avais cru. Mais tant pis, elle restait une bonne amie après tout et j'avais pas forcément envie de perdre notre amitié. Surtout pour une histoire de cul quoi. « T'es pas coincée non, tu te respectes assez pour savoir ce que tu veux et refuser quand ça ne va pas dans ton sens » M'enfin, au pire c'était pas grave ce que je pensais, tant qu'elle était bien dans ses baskets. Moi, je pouvais être le coureur de jupons, qu'importe comment on pouvait me définir ça ne changerait rien. J'assume et je le vis bien. « Reste à la Mather et t'en auras deux par an. J'suis juste pas sûr d'être celui qui les organisera les prochaines années! » Les voyages de la Mather restaient ceux qui faisaient le plus rêver. Il suffisait de voir celui des Lowells. Croisière en Méditerranée. Autant dire, ça fait pas rêver du tout. Du moins pour ma part. « J'ai... du mal avec ma famille. C'est compliqué t'sais, et c'est pas contre elle c'est juste moi. Mes problèmes, mon histoire. J'suis pas trop famille. J'suis pas trop Kovalevski en fait » C'est vrai que c'était la découverte pour elle ça, mais bon, c'est pas comme si je le cachais. Bon, si, je portais pas le nom Kovalevski, mais c'était pour faire la distinction de celui que j'étais et de ceux qui m'ont en quelque sorte élevé.

Hmm la réponse d'Alexander était plutôt inattendue mais plaisait bien à Zoya. Il fallait dire que son père adoptif n'avait pas lésiné dans son éducation, bien qu'il fasse partie d'un milieu sombre. La russe n'avait jamais vu son père avec une femme car il lui disait tout le temps que maintenant, elle était la seule femme de sa vie. Pourtant la petite fille qu'elle était avait toujours désiré secrètement qu'il rencontre la femme parfaite afin qu'elle sache ce que c'était que d'avoir une mère, mais ça n'était jamais arrivé : " Mouais ça sonne bien c'que tu dis là " Puis ils parlèrent des voyages à venir chez les Mather et Zoya répondit : " J'pense y rester ouais, j'y ai pas encore assez passé de temps pour en avoir marre de vous. " Elle lui tira la langue puis ajouta : " Tu penses te présenter de nouveau l'année prochaine? " Puis en écoutant sa réponse Zoya réalisa qu'Alex et elle étaient assez semblables en ce qui concernait la famille. Elle eut un petit rire jaune avant de lui répondre : " T'inquiète, j'te comprend. Ma demi-soeur et moi on se déteste alors.. " Elle ne rentra pas trop dans le détail, de peur de se trahir puis ajouta en voyant le soleil se lever : " On va pouvoir se faire une dernière baignade.. "

« Ça sonne toujours bien ce que je dis, tu devrais le savoir depuis le temps » Doucement les chevilles Alex. Doucement. Installé sur le sable, elle avait sa tête sur mes jambes et puis on discutait tranquillement ensemble, sans stress. Il fallait quand même qu'on prépare nos affaires pour retourner à l'aéroport et rentrer à Cambridge mais j'en avais tellement pas envie. Putain on était bien là en vrai. « On est tellement parfait en même temps, que je me représente ou pas... Que d'ailleurs, j'en sais toujours rien. Je verrai à la rentrée je pense » Après tout, je venais d'enchainer deux mandats. Il était peut-être temps de passer le flambeau à la next generation. « Vive la famille ! » Bon et bien dommage que j'avais qu'un cadavre de bouteille avec moi, on pourrait pas trinquer à cette constatation. « Tu t'baignes sans moi. Sans soleil et sans chaleur, c'est mort, c'est glacial et j'veux pas mouriiiiiir »