ALEJANDRO&VICTORIA ▬ if we ever meet again

Ouais non, ça ne va pas être possible ça. dis-je en haussant les sourcils, une mine désapprobatrice sur le visage. Je ne poursuivis pas mon argumentaire pourtant, voyant bien qu'il n'avait pas envie de s'éterniser sur le sujet. Et puis je n'avais pas non plus envie d'avoir un différent avec lui alors que je venais seulement de le retrouver. Alejandro connaissait ma position sur le sujet à présent -même si me connaissant, il devait la connaître d'avance-, pour moi, c'était la Eliot ou rien pour des gens comme nous. Bien que je comprenais sa position, je le voyais très mal rejoindre une autre confrérie.

Puis vint le sujet un peu plus sensible, celui de sa cavalière, une belle Elena apparemment. Je n'avais jamais entendu parler d'elle, mais vu qu'elle faisait partie des Cabots, il faudrait que je demande à Shae si elle la connaissait. Histoire de voir de qui il s'agissait, et de vérifier si c'était une fille assez bien. Non pas que je doute du jugement d'Alejandro, mais je tenais assez à lui pour vouloir qu'il soit avec quelqu'un qui le méritais. Je vois .. j'espère que vous passerez un bon moment, et qu'elle sera digne de toi ! Puis ce fut au tour du sujet de Tate de revenir sur la table. Je savais que les deux se connaissaient, mais pas qu'ils étaient si proches. Oui oui, un ami. dis-je avec un regard taquin. Pour être honnête, je n'en étais plus tellement sûre moi même. Je ne l'avais toujours vu que comme ça, même si notre amitié avait beaucoup évolué entre le moment où j'étais sa simple bizut et maintenant. Il était un ami qui m'était cher .. jusqu'à cette proposition de bal. La façon dont il l'avait faite, et ce léger changement dans son attitude envers moi .. Je ne savais pas comment le prendre, mais pensait que j'aurais de toute façon tout le temps de voir pendant le bal comment les choses se passeraient. Je ne savais pas .. Je ne posais pas plus de question, préférant éviter le sujet. Ça me faisait un peu bizarre, au final, de parler de ça avec lui, surtout que Tate était son ami. Non du tout, j'ai emménagé à la Eliot House il y a quelques semaines. Et toi ?

Je souris après sa remarque, et remis une mèche de cheveux derrière mon oreille. Le rouge me montait légèrement aux joues, il fallait bien le dire. Non pas que je sois habituellement mal à l'aise face aux compliments, au contraire, mais ses compliments à lui avaient une toute autre saveur, puisque j'en connaissais la réelle sincérité. Oh arrête .. mon regard se dirigea à nouveau vers le sien, plus tendre que tout à l'heure, alors que j'ajoutais en posant brièvement ma main sur la sienne. Tu me flattes .. merci. Mais tu sais que je pense exactement la même chose de toi. je lui glissais un petit clin d'oeil complice, clôturant le sujet.

Alejandro parla ensuite de son appartement et de sa proximité avec la mer. Ça ne m'étonnait même pas. Je te reconnais bien là, toi et la mer, c'est une grande histoire. Et rien qu'en disant ça, quelques souvenirs de notre été sur les côtes espagnoles me revinrent en mémoire, et je sentis à nouveau une pointe de nostalgie m'envahir l'espace de quelques secondes. Ah .. oui .. je m'en doutais un peu .. J'ferais peut-être mieux de me remettre en route alors. Ou d'appeler un taxi, j'ai un peu la flemme. ajoutais-je en rigolant. J'avais perdu la notion du temps, mais ça devait bien faire plusieurs heures que j'avais quitté la Eliot House. Il fallait dire que ce beau temps, et de retrouver un vieil ami comme ça par surprise, ça changeait de mes derniers jours cloîtré à la bibliothèque à bosser. Ce que je ferais surement mieux de rentrer faire, d'ailleurs, même si je n'en avais pas terriblement envie.

Devais-je rentrer ? Surement. Les examens approchaient à grand pas, et même si je m'étais bien avancé, je ne dirais pas non à quelques heures de travail supplémentaires. En avais-je envie pourtant ? Non .. il fallait l'avouer. Il faisait beau, j'étais en bonne compagnie .. même la bosseuse en moi ne pouvait résister à tant de belles choses, après être si longtemps resté plongé dans son travail. Ça marche ! Je me levais rapidement, grand sourire, et commençais à trottiner avant de prendre de plus grandes foulées à ses côtés. Punaise ce que ça faisait du bien. Le trajet fut rapide et tranquille, jusqu'à ce qu'on arrive à sa voiture. Magnifique voiture, dis en passant. Je la regardais, les mains sur les hanches, essoufflée, reconnaissant bien là son goût pour les belles choses. A mon tour, je pris quelques gorgées dans ma propre gourde et m'installais à l'intérieur de son petit bolide. Je repris mon souffre, et me tournais vers lui alors qu'il venait de prendre place côté conducteur. J'avoue, j'ai pas envie de retourner à mes révisions. confessais-je avec une petite moue boudeuse. Je t'aurais bien proposé de venir avec moi à la Eliot House mais je pense qu'on sait tous les deux que ce n'est pas une option .. A nouveau dans une période de ma vie où tout manquait cruellement de gout et d'entrain, et je me retrouvais avec Alejandro. C'était drôle, quand j'y pensais. T'as pas envie de faire quelque chose ?

De toute façon, je n'étais pas sûre de vouloir y aller tout court, à la Eliot House. J'adorais l'endroit, mais là j'en avais un peu fait une overdose à force d'y rester pour mes révisions. J'avais envie de changement, de voir autre chose. Et quitte à ne pas rentrer et à passer quelques heures à procrastiner, autant profiter. Où et comment par contre, ça c'était la question. Je ne sais pas .. oui ça, ou un tour de la ville, ou chez toi, ou un endroit insolite .. surprends-moi. lui répondis-je avec un grand sourire. Je n'étais pas d'une grande aide, mais mon cerveau ne fonctionnait plus ce matin. Alejandro mis en route la voiture, faisant ronronner le moteur. Il répondit à ma réflexion concernant la Eliot House, et me surpris un peu. Par rapport à sa décision très tranchée de quitter les bleus parce qu'il jugeait n'être pas apprécié à sa juste valeur avec eux, je trouvais un peu étrange qu'il y retourne occasionnellement. Personnellement, je ne l'aurais pas fais à sa place. Non je sais bien, mais je sais pas, t'avais l'air un peu amer sur le fait de ne pas avoir été élu président ou vice-président alors je ne pensais pas que tu y retournais de temps en temps quand même. Ça fait longtemps que je ne t'y ai pas vu. répondis-je avec un clin d'oeil. Il parla ensuite de son envie soudaine de faire du sport, et je me mis à rire rien qu'en l'imaginant se changer dans un lieu si petit. Ahah un grand gaillard comme toi se changer dans un endroit si étroit ? J'aurais aimé voir ça ! Les passants ont bien du se rincer l'oeil. Non pas que la voiture soit petite, mais Alejandro était plutôt grand et avait une carrure imposante. Je te comprends, ça a été pareil pour moi ce matin. L'envie m'a prise comme ça ! J'me suis levée, et je suis partie courir directement. Ça fait un bien fou .. t'étais pas chez toi ce matin pour te changer dans ta voiture ? ajoutais-je, curieuse.

hj:

Non non, du tout. Ça avait été dit presque comme pour le rassurer, même si je savais qu'il ne m'avait pas répondu ça pour l'être. Alejandro n'était clairement pas le genre à se soucier du regard des autres, et encore moins à se tracasser sur ce que les Eliot pouvaient bien penser de ses retours occasionnels à la confrérie. Je soupirais, et souris ensuite de nouveau à sa remarque, lorsqu'il dit que l'appel du beau temps l'avait tiré de ses révisions. C'était drôle, qu'on ait eu exactement le même sentiment et la même envie, pile au même moment. T'as bien fais, regarde quelle surprise t'es tombé dessus ! Tu m'aurais manqué si tu étais resté réviser, ça aurait été dommage. ajoutais-je dans un rire, taquine.

Je tournais les yeux vers l'extérieur et regardais défiler les paysages. Les tours et les bâtiments urbains du centre avaient fait place à une architecture plus ancienne et coloniale, typiquement américaine et bien différente de ce que je pouvais voir en Angleterre. La végétation était plus dense, le soleil toujours aussi haut dans le ciel et radieux. Je nous sentais quitter la folie du centre et d'Harvard pour s’engouffrer dans un territoire beaucoup plus calme et relaxant. Je souriais. J'avais beau guetter chaque panneau de signalisation ou tenter de saisir quelques indices sur notre destination au passage, je n'avais toujours aucune idée d'où nous allions. J'ouvris la fenêtre légèrement, et passais une main à l'extérieur, sentant l'air sur ma peau. Mes yeux se fermèrent un instant, avant de se rouvrir et de regarder à nouveau Alejandro. Alors, où est-ce que tu m'emmènes ?