Burnt brain -pv Gary-

QUAND L'AME PARAIT PURE, ON TROUVE SOUVENT UNE OBSCURE RAISON QUI EN FAIT PLUS UN CAFE-CREME QU'UN SIMPLE VERRE DE LAIT INNOCENT.

Il bailla une énième fois et ses yeux passèrent d'un bouquin à l'autre. Ils étaient habitué à le voir ici. Ne manquant pas de finances, cet endroit était son terrier à révisions quand il voulait sortir de sa chambre. Non pas qu'elle était désagréable, mais il aimait les endroits comme ce café. Personne ne s'arrêtait, il faisait parti d'un ensemble, et c'était très bien ainsi. Il passa à un énième paragraphe, tournant la page et se frotta le visage. Sérieusement, il s'en foutait un peu de l'histoire de la création du droit libéral. Ce qu'il voulait, c'était la mise en pratique. En quoi ça lui serait utile dans un procès... Mais bon, bête et discipliné, il avalait les données comme une machine, jusqu'à fumer des oreilles. Il ferma un gros bouquin de définitions, le genre où on voit défiler chaque article avec des numéro et des lettres, comme un code barre de prison, un warning à ton cerveau qui te supplie de ne pas aller plus loin, et rapproche sa tasse de café viennois, y plongeant la cuillère. Vêtu d'un manteau noir plutôt classe, une chemise blanche ouverte sur un pendentif en croix argenté, jean et docks sombres, il a bossé aux archives de la bibliothèques le matin même. Ses pupilles se perdent dans la crème sinueuse. Il est crevé. Ça lui apprendra à faire une nuit blanche, même si c'était pour bosser. L'horloge sonne les 14h. Que 14h. Heureusement qu'il n'a aucun cours cet après midi, ou il se serait endormi à moitié sur la table... Une chose est sûr, il ne sortira pas d'ici tant qu'il pleuvra. Le soleil devait se pointer. Ils se sont bien planté à la météo. Encore heureux qu'il ne l'est pas joué à la freestyle en tee shirt bermuda, comme ce mec là dehors, qu'il voit passer à travers la vitre entre deux mèches en bordel. Un steak à la main, il a l'air d'un chiot abandonné avec son poulpe sur la tête. Samson sourit en sentant le chaud de la tasse dans ses paumes. Là tout de suite, s'il pouvait dormir assis, les mains au chaud, il le ferait direct.

Samson avait enfoui son front dans sa main, et respirait calmement l'odeur du café, comme seul réconfort à l'épreuve de demain. Pas de Spring break pour lui et pas Summer camp l'année dernière, il avait bossé, et encore moins de Noel calme et cool. C'était toujours des désastres les Noel chez les Reilly... à chaque fois, c'était la guerre, entre son père, les grands parents, lui et sa mère qui essayait de faire tampon, là où Marshall devait bien se poiler à observer et que sa jumelle n'avait d'yeux que pour lui dans son costume de fête.... Donc une année environ qu'il n'avait pas eu de réelles vacances, peut-être même plus, il ne savait plus trop et ne cherchait plus. Le temps s'écoulait comme la flotte dans une gouttière et il n'avait pas grand chose à dire à part: pause, je peux dormir? Mais même ça c'était dur étant donné qu'il souffrait d'insomnies chroniques depuis son enfance. Il pouvait être tranquille pendant un mois, puis elle revenait et c'était parti pour trois semaines à ne dormir que deux heures par nuit, et le corps qui ne suivait pas bien entendu. Pas étonnant qu'il ait eu un problème de croissance et qu'il soit gros comme une moitié de Beyoncé.

Il fouilla dans sa poche de manteau épais, pour en sortir un paquet de cigarette. Dans l'espace fumeur, donc pas de risques de tuer autre chose que ceux qui y étaient déjà en fait. Il s'en alluma une quand il sentit une silhouette s'arrêta en face de sa table. Il releva les yeux, bloqué dans son allumage. N’ôtant pas sa clope de sa bouche, il ramassa tous ses bouquins de droits et de criminologie et les entassa à sa gauche, libérant une partie de la table de 80 sur 80. Avec un juste de tête, signifie un oui, il l'ôta de ses lèvres : "Oui... pardon, allez-y. " Il se pencha sur sa clope ayant reconnu le professeur de théâtre, pas dur en même temps. La plupart des professeurs étaient de gros moches ici, comme partout t'façon, alors quand l'un d'eux sortait du lot, forcément qu'on s'en rappelait. Et Samson avait bien vu le nombre de nana présentes au cours. Aucun doute, ce mec avait du succès auprès des élèves. Il n'était pas rare de voir des profs ici, alors l'idée que l'un d'eux cherche une place ne lui posa aucun problème en soi. En fait, ça le gênait moins que si c'était une fille qui venait lui demander. Il avait eu le coup récemment pour le bal, une demande, et il avait cru s'évanouir dans son subconscient, donc il considérait avoir donner pour la semaine. Si ça avait été une nana, il serait à coup sûr planquer dans ses chaussettes... ce qui ne serait vraiment pas surprenant de la part du grand timide. Il plissa un œil en levant le regard, ébloui par l'ampoule du néon qui pendouillait au dessus du comptoir à quelques pas. Le ciel s'assombrissait, ça puait l'orage. Il attendrait que l'homme soit assis pour le regarder par respect.

"Je m'excuse, j'ai tendance à être curieux. J'étais juste venu voir ce qu'il en était, et apporter un cours manqué à un ami." C'est vrai qu'il n'avait pas demandé s'il avait eu le droit d'observer dans l'ombre comme ça, mais on lui avait dit que ça ne posait pas problème, que le prof était cool et que c'était ouvert aux curieux. Alors il y était allé. Il recracha lentement un peu de fumée vers la vitre, perdant un peu son regard sur la pluie qui avait redoublé d'intensité. Les plantes auraient à boire c'était certain. "Je... le théatre, c'est pas pour moi..." Le geste lent, il prit sa cuillère pour dessiner un escargot dans la crème de son café, pensif, la joue en appui dans sa main qui tenait la clope.