Victoria&Misha - C'est ici que tout s'arrêta.

Les murs étaient à nouveaux blancs, et chacun des meubles avaient été changé. Tout était comme neuf, plus beau même que la première fois où j'avais fait refaire la déco. Pourtant, et même si toute trace du saccage avait été effacé, je voyais encore le slogan immonde qu'une des mathers avait tagué sur les murs, et sentais presque à nouveau l'odeur de pourri qui n'avait pas quitté la pièce pendant des jours après qu'elles aient foutu toutes sortes de truc en décomposition dans ma chambre. Et putain, ce que ça me faisait chier, d'avoir à penser à deux petites connes de mathers dans ma propre piaule.

C'était la première fois que j'y retournais après qu'un décorateur ait usé de toute sa magie pour refaire les lieux à neuf, et pourtant, je n'y restais pas longtemps. J'avais posé mes affaires sur le lit, avais soupiré un grand coup, et était redescendu presque aussitôt vers la pièce commune de l'Eliot House. Personne. J'étais blasée, juste blasée, un peu de compagnie aurait été franchement la bienvenue, et surtout de la compagnie avec qui j'aurais pu échafauder un plan d'attaque contre les mathers qui avaient osé toucher à mon espace perso. Nouveau soupir. Je fis un saut vers le mini-bar, me servit un copieux verre de vin. Ça ne me ressemblait pas de boire seule, mais là j'en avais juste besoin. Il faisait beau dehors, alors j'ouvris la porte qui donnait vers l'extérieur, et découvris avec surprise que je n'étais pas aussi seule à la EH que ça. Hey. Je m'avançais vers Misha et pris place sur une chaise longue à côté de lui. Le sol tout autour de lui était jonché de mégots et de cendre, et sa mine était épouvantable. T'as l'air de péter la forme dis donc.

Je m'installais confortablement sur la chaise-longue à côté de lui et pris une première gorgée de vin. Punaise qu'il était bon, heureusement qu'il y avait de tels crus à la Eliot House franchement, je n'osais pas imaginer ce que ça devait être d'avoir une journée de merde et d'en plus avoir à boire de la piquette chez soit. Mon Dieu ce que ça devait être moche d'être pauvre. Mes yeux se posèrent sur le visage de Misha qui avait l'air d'être à des années lumières d'ici. Son regard froid et blasé ne m'étonnaient pas, je le connaissais depuis bien longtemps, mais son visage un peu émacié et son air carrément paumé, ça par contre, c'était nouveau. Il avait l'air d'être là depuis des heures à ne rien faire d'autres que d'enchainer les clopes, ce qui était assez inhabituel. Son soupire même m'intriguais. C'était comme si il s'en foutait. De ma remarque un peu taquine, de ma présence même, alors que nous nous connaissions depuis si longtemps. C'était subtile, presque imperceptible même, mais je le sentais. Quelque chose n'allait pas. Et pas dans le sens 'il vient d'avoir un chagrin d'amour et il a le seum', non, c'était plus profond que ça. Je décidais de ne rien dire pourtant, et de rire à sa remarque comme si de rien n'était. Ouais si tu fais fais tomber le tee-shirt peut-être. Parce que là tu vends pas trop du rêve. Si ça se trouve je me faisais simplement des idées, je l'espérais vraiment. Qu'est-ce qui se passe ? Je sentais qu'il ne répondrait pas à ma question comme je l'aurais voulu mais je devais au moins essayer. Tu veux un verre aussi ? On dirait que t'en as besoin.

HJ:

Il tourna enfin le visage vers moi, et ce n'était pas mieux à regarder de face que de côté. Sa mine était épouvantable, sérieusement. Fait gaffe à ce que tu dis, j'pourrais prendre ça comme des avances ! J’arquais un sourcil et ris à sa remarque. Ça faisait bien longtemps que je lui en avais plus fait des avances, un bon paquet d'années même, et pas sûre que je recommence de si tôt vu comment il était. Dans tes rêves, Ienchenski. ajoutais-je, taquine. T'es sûre que tu veux jouer au psy avec moi ? Tu risquerais de t'y perdre... Et ça semblait être dis sans exagération. Je restais interdite quelques secondes, muette, le regard introspectif, me demandant ce qu'il pouvait bien se passer pour qu'il soit comme ça. Des hauts et des bas avec Misha, j'en avais connu depuis les années que je le connaissais, mais là .. je ne sais pas, je sentais que c'était différent. Et ça n'avait rien à voir avec le fait que je ne l'avais pas vu depuis -très- longtemps, ou le fait qu'il ait pu juste tout simplement changé entre le moment où nous étions plus proche et le moment où je l'avais retrouvé à Harvard. Je l'avais connu dans des moments difficiles mais là .. je ne sais pas, j'avais un présentiment un peu différent. Si t'as un verre pour moi, ouais, j'veux bien... Je posais le mien sur le sol, me redressais et rentrais à l'intérieur. Il y avait plusieurs bouteilles d'alcool différentes sur le comptoir, et je restais quelques secondes devant, ne sachant que choisir. Vin, tequila, whisky ? Je soupirais, avant de saisir la bouteille de vin et une autre de vodka que je calais sous mon bras, et un grand verre que je remplis de glaçon et pris avec moi jusqu'à l'extérieur. Je m'assis à nouveau face à lui, et lui présentais mes deux sélections du jour. Je servis son verre après qu'il ait fais son choix et lui tendit. Ça faisait légèrement mather comme tableau, mais pour une fois ça m'importait moins. Surement parce que j'avais encore la haine à cause des deux vertes qui avait ruiné ma chambre, ou que ça me peinais de voir Misha comme ça. Bah écoute, si ça te dit, balance pour voir !