Aaron Connor ► Michel Fassebender

Ce fut le 14 février 1980 qu’Aaron pointa le bout de son nez, chez les Connor, à Belfast, en Irlande. Si un nouvel arrivant aurait été suffisant, c’est d’une petite fille que le bébé fut accompagné. Des jumeaux. Les jeunes parents furent effrayés par cette idée, mais dés que leurs regards croisèrent ceux de leurs enfants, ils comprirent que malgré les passages certainement difficiles qu’ils allaient devoir passer, jamais ils ne regretteraient d’en avoir eu deux en même temps. Si la famille Connor ne roulait pas sur l’or, et était même plus que modeste, elle ne manqua jamais d’amour. C’est ainsi qu’Aaron passa une enfance heureuse, auprès de sa jumelle. Il ne se passa cependant pas une journée sans qu’ils fassent les quatre-cent coups, à enchainer les bêtises et les expériences foireuses en compagnie d’un autre groupe de gamins. Le jeune Connor était souvent d’ailleurs la tête pensante, le leader de toutes ces « missions » qui les mettaient dans de sales draps. Voyez-le comme le Tom Sawyer des temps modernes !

A douze ans, la famille Connor déménagea à Dublin, suite à une mutation professionnelle du chef de famille. Ce fut une expérience assez douloureuse pour les enfants que de devoir quitter leurs amis, leurs habitudes à Belfast, pour rejoindre la capitale, là où l’Irlande du Nord n’était pas bien vue. Cependant, Aaron était bien décidé à se faire autant respecter ici que dans sa ville d’origine. C’est ainsi que, dés son premier jour au collège de Dublin, arrivé à la cantine, là où déjà, on posait un regard étrange sur lui, accompagné de murmures tels que « Ils viennent de Belfast. Ca craint quand même. », le jeune garçon demanda qui était la personne la plus populaire de l’établissement. On lui désigna un collégien assis à une table, entouré de tous ces sbires. Aaron s’approcha de lui, se présenta, et lui asséna un coup de plateau en pleine figure. Un geste qui eut l’effet escompté : il fut respecté à la minute qui suivie… et fit un aller simple chez le directeur. Aucune inquiétude, finalement, les deux garçons devinrent meilleurs amis.

Finalement, Aaron et sa jumelle se plurent à Dublin. Une fois leur diplôme en poche, les deux Connor entrèrent au Trinity College. Si ce rêve semblait inaccessible en vue des revenus modestes de leur famille, ils décrochèrent tous deux une bourse d’études en vue de leurs capacités. Aaron suivit un cursus en Histoire. Car s’il ne fut que très peu intéressé par les différentes matières durant sa vie scolaire, l’Histoire, elle, aiguisait sa curiosité, au point de s’endormir le soir, le nez collé dans différents bouquins. Soyons honnêtes, ses bonnes notes ne faisaient pas de lui un élève modèle. Si une bêtise était faite, vous pouviez être sûr que le fils Connor en était l’investigateur. Les manifestations ? Pareil. En fait, quoi qu’il se passe d’anormal, on savait à qui s’adresser en premier lieu. Aaron fut tout de même courageux. Il mena ses études à terme, tout en enchainant les petits boulots les weekends pour subvenir à ses besoins. Il décrocha ensuite son diplôme et put devenir professeur d’Histoire dans un lycée de la ville. Cela lui permettait d’avoir une paye décente. Mais il continua tout de même ses études, se lançant dans un doctorat.

Ce fut à une rentrée scolaire, là où il commençait à enseigner, qu’il rencontra celle qu’il considère encore aujourd’hui comme étant la femme de sa vie. Son côté enfantin et son grand sourire charmeur eurent raison d’elle. A cette époque, Aaron avait vingt-cinq ans. Ils se marièrent deux ans plus tard et eurent un enfant ensemble, du nom d’Isaac. Un gamin à l’image de son père, aussi turbulent, plein de vie et adorable. Il fut la fierté de Connor, et sa raison de vivre. Malheureusement, si sa vie avait été belle toutes ces années, un malheur frappa à sa porte. A seulement cinq ans, le petit fut atteint d’une sévère leucémie. Ce fut un coup de massue. S’ils gardèrent espoir durant deux ans, son état s’empira. La femme d’Aaron, origine de Cambridge, connaissait un service très réputé en cancérologie, où des recherches étaient fréquemment menées. Ils déménagèrent donc là-bas, voyant ceci comme leur dernière chance. C’est ainsi que la famille Connor mit les pieds aux Etats-Unis, abandonnant toute leur vie à Dublin pour cet enfant qui, malgré tous les efforts, succomba à son cancer à l’âge de sept ans seulement.

Là, Aaron commença une longue descente aux enfers. Si la maladie de leur fils avait peu à peu eut raison de leur couple, ce décès fut la raison pour laquelle ils se séparèrent. Connor sembla ne plus vouloir se relever. Son enfant, la chair de sa chair venait de quitter ce monde. Il tomba dans une dépression qui le poussa, entre autre, à tomber dans la drogue. Puis un jour, il décida de réaliser le rêve de son fils : faire le tour du monde. Si le petit n’avait pas eu le temps de le faire, son père, lui, le ferait pour lui. Ainsi, Aaron quitta Cambridge un an durant lequel il parcourut la Terre entière, rencontrant différents peuples et différentes cultures. Ce fut ce qui l’aida à remonter la pente. S’il n’a pas tourné la page, bien qu’il n’y arrivera certainement jamais, s’il pleure encore chaque jour son enfant, Aaron a compris qu’il se devait de vivre pour lui. Après un an donc, de retour de son voyage, il décida de postuler à l’université d’Harvard où une place venait de se libérer suite à un départ en retraite. Une nouvelle vie pouvait commencer.