What do you want from me ? ¤ Gary

What do you want from me ?

Gary & Hayley

Encore une journée rien de plus banal, journée de cours, d'études et de baby sitting. J'eus encore du mal à me réveiller ce matin, car je n'avais pas pu dormir hier soir, à cause des cauchemars qui me hantaient. D'habitudes, je voyais toujours la fois où je faillis me noyer étant enfant, mais ces derniers jours, j'en vois désormais un nouveau, où une femme aux cheveux ébouriffés est entrain de m'étrangler. Et je crois que même si je m'efforçais de croire que je ne savais pas ce que ça voulait dire, je n'y arrivais pas avec moi même. Je savais parfaitement pourquoi je faisais ces horribles cauchemars depuis des semaines maintenant, mais je tentais d'oublier par tout les moyens, en m'occupant par exemple la nuit en étudiant. Je noyais mon chagrin et ma peur dans les bouquins, me concentrant à cent pour cent dessus, comme si je fuyais le sommeil. Mais finalement, je m'endormais toujours et je voyais les mêmes cauchemars. Alors je me réveillais le matin, bien que difficilement, mais avec un sourire que j'apprenais à accrocher sur mon visage, devant mon miroir. C'est pourquoi j'étais d'ailleurs devenue experte, à sourire alors que je n'en avais pas le moindre envie. Même si enfaite, bouder toute la journée n'allait pas me faire grand chose, alors je souriais, ce qui m'aidait en quelques sortes à me sentir mieux et me perdre un peu, entre tous ces gens qui n'avaient probablement pas tant de problèmes que moi, et que par conséquent j'enviais.

Je m'occupais donc encore l'esprit, oubliant avec les cours, que je pouvais encore suivre grâce à l'argent que je gagnais, en dormant avec des inconnus. Bien sûr, je ne travaille plus seule depuis l'incident de la dernière fois avec le fou monsieur. Je travaille avec un groupe de filles, gérée par une femme qui faisait elle même la sale besogne, avant qu'elle ne recrute de jolies filles pour travailler à son compte. Je gagnais même plus en travaillant avec elle, sans oublier qu'elle nous garantissait des clients respectueux, dans un cadre bien sécurisé. Elle m'avait assuré que je n'aurais peur de rien avec elle, et m'avait convaincu quand elle me dit que ce serait plus sûre avec elle. Quoique qu'il devait toujours y avoir un inconvénient, je ne pouvais pas refuser de rendez vous, à moins que je ne sois physiquement incapable d'effectuer la "tâche"...donc je dois y aller, même si je dois réviser ou préparer une dissertation. Cependant, je comptais me débrouiller coûte que coûte, alors je faisais tout pour que mes rendez vous ne tombent jamais avec mes heures d'études...je m'en sortirai.
D'ailleurs, je me baladai entre deux cours au parc, avec les notes que j'avais prises à la main, quand mon téléphone me signala que j'ai un texto. Je ralenti ma marche pour le lire, et ça vient de mon chef, ou manager...avec le nom de l'hôtel, l'heure ainsi que le prénom du client. Je ne devais pas être en retard, mais ça ce n'était pas noté dans le texto, c'était la règle d'or que j'avais appris par coeur. Je m'arrêtai un moment, le temps de mémoriser l'adresse et les autres informations, avant de supprimer le texto. Je ne pouvais pas les laisser sur mon téléphone, je ne pouvais pas savoir ce qui pouvait arriver, ma carrière et ma vie étaient en danger si jamais j'oubliais l'un de ces messages.

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Gary & Hayley

Quelques semaines ; Quelques putains de semaines que je n'avais pas revu cette fille. C'était totalement inutile de paniquer comme j'avais pu le faire pendant quelques jours durant. De nombreuses bouteilles d'alcool fort y étaient passées, scotché sur mon canapé à appréhender un éventuel coup de téléphone ou pire ; Une porte qui frappe. Mais non, rien de tout ça, la vie reprenait doucement son court et j'oubliais peu à peu ce qu'il c'était passé. Un "petit" dérapage intempestif, rien de plus. Au pire des cas, elle attraperait l'hépatite B, et puis quoi ? De toute façon, je ne la reverrais sans doute jamais.

Vêtu de manière sobre mais élégante, comme à mes habitudes, je déambulais dans les bâtiments d'Harvard. J'avais cours, comme tous les jours. Excepté ce nouvel élève, Axel, rien ne me changeais de mon quotidien. A vrai dire, la routine commençait même à s'encrer peu à peu, me laissant d'humeur morose, blasé. Je pourrais me réjouir de ce calme plat, me réjouir que toute ma vie se passe sans réels problèmes mais non ; J'étais sujet à l'autodestruction, séduit par le mal et le vice. Je ne pouvais certainement pas resté ainsi à m'emmerder, à regarder tous ces gens joyeux s'aimer, rire et penser que la vie était un cadeau car ça ne l'était définitivement pas.

Le sourire aux lèvres, charismatique et séducteur comme toujours, je marchais à vive allure en direction de ma salle de théâtre. Passant par le parc du Yard, je ne faisais pas forcément attention à ce qui m'entourait. Je buvais quelques gorgées de mon café que je tenais entre mes mains lorsque, soudain, j'aperçu l’impensable, lâchant mon thermos et laissant son contenu couler sur les graviers du parc ; Qu'est-ce qu'elle foutait là ?! Cette... Fille.... Bon sang, qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre là ? Elle n'étudiait tout de même pas ici ?!...
Les yeux écarquillés, le cœur ayant fait volte face, cette nouvelle n'était certainement pas des plus bonnes, au contraire. Toute l'image de notre scène me revenait en tête, et mes idées devinrent à nouveaux floues. Je me frottais le front avec mes mains, la regardant de loin fixement. Je devais avoir l'air si mal qu'une élève vint me demander si tout allait bien. Étonné, je lui répondais simplement, tentant de sourire tant bien que mal.

"Oui, oui... J'ai eu un simple vertige, merci. Tu peux y aller..!" Lui dis-je, accompagné par un signe de la main.

Ne sachant que faire, je pris l'initiative de m'avancer vers cette satanée bonne femme. Mettant mes lunettes de soleil, comme si elles serviraient à me couvrir ou cacher mes émotions actuelles, j'arrivais derrière elle. Me raclant la gorge, la prenant doucement par le bras, tentant de ne pas l'effrayer. Evidemment, elle sursautait, évidemment.... Alors je la lâchais, lui faisant signe de se taire avec mon doigt sur la bouche. Je repris, discret..

"Shhh... Pas la peine de faire cette tronche, moi aussi je m'y attendais pas... Je... Il va falloir que tu me suive, maintenant"

Je n'en n'avais absolument rien à foutre de ce qu'elle avait pu prévoir ou autre. Il fallait que je lui cause, tout de suite. Que je règle ce putain de problème, ou du moins dans ma tête. Je ne la lâcherais pas, ne la laisserait pas partir tant qu'elle ne me prouverait pas qu'elle comptait laisser tomber et ne pas me faire chier. Sans ça, j'étais véritablement foutu... Bordel.

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Gary & Hayley

Et hop, j'avais supprimé le dernier texto que j'avais reçu de la part de mon manager. Ce soir, je devais prévoir de me faire "belle", de porter encore une de ces robes supers chères et qui me collaient à la peau pour aller à un hôtel très huppé, où m'attendrait sagement mon client. J'allais encore découvrir un nouveau visage ce soir, nous allions boire un verre ou deux, mais pas plus qu'un pour moi, avant de passer aux choses sérieuses, aux choses contre lesquelles j'étais vraiment payée. Et puis je devrais prétendre que j'aimais ça, avant que je ne quitte l'hôtel comme un escroc qui veut fuir inaperçu.
Mais toutes ces pensées s'évadèrent de mon esprit, dès que le message fut supprimé. Enfin, c'est ce que je croyais, avant que je ne voies le diable en personne. Je n'exagérais même pas, cet homme là avait failli me tuer il y a quelques semaines, et aujourd'hui il se trouvait devant moi.
Ma première réaction fut de se tourner d'abord, quand je sentis une main m'agripper le bras. Mais qui était-ce ? Une amie ? Un ami ? Oh ce que j'aurai aimé, quand je me tournai pour trouver ce visage que j'avais vu dans tous ses états cette horrible nuit. Mes lèvres formèrent alors un grand "O" qui montrait mon étonnement, il n'y avait pas le moindre à dire, j'étais surprise de le revoir ici. Je ne prononçai pas un seul mot, j'avais encore besoin de temps pour digérer tout ça. Il me lâcha alors, sûrement parce que nous étions en public et qu'il ne voulait pas attirer de soupçons ? Je n'étais pas encore en mesure de dire quoique ce soit, mais il me demanda clairement de me taire. D'ailleurs, il paraissait tout aussi perturbé par moi que je l'étais par sa présence, je pouvais même lire dans ses actions qu'il avait...peur ?

Enfin...je n'en étais pas sûre, mais en tout cas, il me demanda de le suivre. Non mais, avais-je tout simplement mal entendu ? Il n'était pas sérieux en croyant que j'allais vraiment accepter ? Alors sans un sourire, le fixant droit dans les yeux, quoique surtout droit dans les lunettes, je me décidai enfin à dire quelque chose. Et ce ne serait sûrement pas un "oui". "Je n'ai aucune raison pour vous suivre, si vous avez quelque chose à me dire, dites le ici." Répondis-je avec une confiance qui me surprit moi même, que m'inspirait l'agitation créé par tous ces étudiants autour de nous, je me sentais en sécurité et je doutais qu'il pourrait tenter quelque chose. Quoique je tenais à garder mes distances, en reculant d'un pas de lui. "Et comment vous m'avez retrouvé ? Pourquoi ? " Demandai-je sur le coup, pendant que j'avais encore le courage de lui dire ce que je pensais. Car oui, je voulais des réponses. Qu'est ce qu'il faisait là, alors que je n'avais parlé d l'incident à personne, ni amis ni police.

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Je soupirais, bouillonnais intérieurement. Voyant sa tête et ne voulant pas attirer le moindre regard, je lâchais son bras. Mademoiselle avait bien moins peur que la dernière fois ; Ça ne me plaisait pas du tout. Que savait-elle sur moi ? Pourquoi cette confiance soudaine ? Rien de tout ça n'allait dans mon sens, autant vous dire que l'angoisse me tenait encore plus par les couilles.

Passant une main dans mes cheveux afin de les rabattre en arrière, tirant sur ma veste et dévoilant donc deux de mes tiques nerveux, je l'écoutais me répondre. Mon expression dévoilait un certain embarras, bien que toujours aussi fermé et froid, glacial même. Je regardais autour de nous, tout en faisant des signes de mains pour lui dire de baisser le ton. Bordel, elle en faisait exprès ou bien ? J'enlevais mes lunettes de soleil, furax, plongeant mon regard énervé dans le sien. Alors que je m'apprêtais à lui répondre, elle continuait.

Riant de manière brève et surtout très sarcastique, nerveux, je commençais à rétorquer, les sourcils froncés.

"Retrouvé ?! Tu te fou de moi ou bien ?... Comme si j'avais envie de revoir ta tête de mijaurée..."

Cette situation me mettait dans un tel embarras que la politesse n'était absolument plus de mise. Je ne l'avais jamais été avec elle de toutes manières... Les mains sur les hanches, tapant du pieds ; Je devais l'emmener ailleurs qu'ici. Quelle le veuille ou non. Cela dit, l'insulter ne me faciliterais pas la tâche. Je fis alors tout ce qu'il y avait en mon pouvoir pour prendre sur moi, rester calme. Je me raclais la gorge et, alors que je m'apprêtais à continuer, un élève passa à côté de nous tout en me saluant.

"B'jour monsieur Lewis !"

Tournant brusquement la tête, j'aperçu l'étudiant qui continuait sa marche. Levant mon bras pour le saluer mollement, elle ne pouvait que deviner à présent mon statut à Harvard. Mâchoire serrée, ruminant, je regardais à nouveau mon interlocutrice. Je repris son bras, de force, commençant à avancer sans lui demander son avis.

"Je te garantie que tu va me suivre, et ce sans faire de cirque.. " Dis-je d'une voix particulièrement basse et grave. Faisant pression sur son bras de manière discrète tout en continuant ma marche rapide, je continuais, sans lui jeter le moindre regard " Ne dis rien et fait comme si tout était normal. Je te foutrais la paix uniquement si tu coopères..." Evidemment, je ne savais pas faire autrement que comme cela ; La brutalité, les menaces, l'intimidation. Oh, j'aurais évidemment pu m'excuser ou me rabaisser mais non ; Gary Lewis ne fait pas parti de ce genre de lavette, de ce genre de personnes avec des remords. Ma fierté m'empêchais d'agir "normalement".

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Je ne cherchais point à le défier, pas cet homme là, car au  contraire je me rendais parfaitement compte à quel point il était dangereux, j'en avais déjà eu un avant goût. Alors je profitais simplement du parc peuplé et animé, qui me fournissait une certaine sécurité, pour poser les questions que j'avais, sur un ton que je n'aurai jamais osé utiliser, si nous étions seuls. Et visiblement, ça avait marché, puisqu'il ne voulait pas qu'on nous entende, quand il me demanda de baisser ma voix. Je ne l'écoutai pas et continuai, alors que je tremblais intérieurement. Je cherchais presque à l'imiter avec son caractère hautain et autoritaire. Mais apparemment, je ne lui faisais pas le même effet, il ne me prenait même pas au sérieux, il s'était mis à rire. Je l'observai donc ricaner, avant qu'il ne se remette à se moquer de moi. Je perdis alors soudainement toute confiance en moi, me sentant encore non seulement physiquement petite par rapport à lui, mais aussi moralement. "Qu'est ce qui... " Je m'apprêtais à le questionner à propos de ce qui lui semblait si drôle, alors que j'étais réellement inquiète par son apparition, quand un étudiant passa à côté de nous et le salua, en évoquant son nom, tout en se montrant respectueux envers lui, bien trop à mon avis. Un monstre comme lui ne méritait pas la moindre once de respect.
Je restai hébétée devant la scène qui était jouée devant mes yeux et dont Gary était l'acteur principal, puisqu'il avait relâché sa mâchoire serrée et les muscles de son visage crispé, pour retourner à l'étudiant le salut. Ça s'était vite passé, me laissant à peine le temps de constater qui il était en réalité.

Non, non ! Cela était impossible ! Pourquoi entre tous les hommes de Cambridge, je devais tomber sur un professeur qui enseignait à Harvard même ? Si ce à quoi je pensais était vrai, alors tout ce que j'avais atteint jusqu'à présent serait perdu. Il m'agrippa le bras et tout en me foudroyant du regard, me demanda à sa manière de le suivre et de faire comme si de rien n'était. Il avait donc encore pris le contrôle sur moi, ce que je comptais ne pas permettre, mais je devais prendre en considération ce que je risquais cette fois-ci. Je grimaçai à la douleur de sa main qui me serrait le bras très fort, et m'arrêtai alors qu'il me tirait avec lui. "Moi non plus je ne veux pas d'histoires ni de rumeurs à mon propos, alors lâchez moi tout de suite et je vous suivrai. Je n'ai nulle part où fuir, alors croyez moi. " Demandai-je sans le quitter des yeux, sans pour autant le supplier comme la dernière fois du regard. Tous ces gens autour de nous étaient mon point de force à moi.

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Je continuais de marcher, serrant son bras, lorsqu'elle se tira de mon emprise, restant derrière. Ne la voyant pas aussi apeurée que la dernière fois, je ne pouvais m'empêcher de penser au fait que je risquais bel et bien de retourner en prison, et cette fois ci ça ne serait pas pour deux mois. Impatient, contrairement à mes habitudes, je la regardais parler tout en tapant du pieds, les mains dans les poches tout en me mordant l’intérieur de la joue. Elle m'exaspérait au plus haut point, et le fait de devoir me "soumettre" à ses volontés afin quelle daigne me suivre ne me plaisait absolument pas non plus. Je baissais la tête quelques secondes tout en fermant les yeux, relevant mes lunettes de soleil sur mon crâne ; Je devais réfléchir vite et bien. Soit je ravalais ma fierté un temps soit peu, me donnant une chance de m'en sortir sans égratignures ou soit je continuais ainsi, m'enfonçant encore plus la tête sous l'eau.

Soufflant, énervé tout en regardant dans le vide, je répondais d'une voix particulièrement froide " Bon.... D'accord. Mais je te préviens..." Dis-je tout en me retournant vers elle, recommençant à la pointer du doigt de mon air fou furieux. Cela dit, me rendant compte qu'il ne fallait pas agir de la sorte, je restais là, comme un con, bouche bée, baissant mon doigt "N...Non, rien. Allez, vient suis moi maintenant.." Gêné, tel un gamin mauvais joueur, n'ayant pas gagné cette partie, je déglutis tout en me raclant la gorge, reprenant ma marche et m'assurant que cette fille me suive.

Je ne pouvais pas partir d'Harvard et le seul endroit où nous pourrions être seuls et tranquilles était ma salle de théâtre. Evidemment, elle en saurait d'avantage sur moi mais de toute manière c'était déjà foutu d'avance pour cacher mon identité. Sans lui adresser la moindre parole, tout en regardant derrière moi de temps à autre pour m'assurer quelle me suivait, nous arrivions devant la porte de ma fameuse salle. Tout en l'ouvrant, je repris "Essaye de pas gueuler cette fois ci..." Je la laissais passer devant moi, puis fermais la porte à clés, pour être certain. Tout en me retournant, les bras croisés, le regard désormais beaucoup plus sévère et glaciale que précédemment, je repris "Bien... Comme tu peux constater, ici, je suis prof de théâtre..." Je faisais les cents pas, stressé "Je vois bien le genre de minette que tu es, et sache que si tu tentes le diable, tu le trouvera... Alors c'est dans ton intérêt de me dire qui tu es, de a à z".

Encore une fois, mes vieux réflexes de dominateur reprenaient le dessus. Je ne savais pas faire autrement, malheureusement pour moi. Couronné roi de la plus mauvaise foi..

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La dernière fois, j'avais été une catastrophe sur pieds, je m'en rappelais encore comme si ça c'était passé hier, et lui...il n'était pas aussi calme qu'aujourd'hui, d'ailleurs je ne le reconnaissais plus, mais comment connaître quelqu'un qui change en une seconde? Il était effrayant. C'est pourquoi je profitais encore quelques instants du point de force que j'avais de mon côté, pour le mener ne serait ce qu'en manifestant de plus ou moins, certains caprices, même si je n'avais pas envie de le suivre. Mais il l'avait dit clairement, il ne me laisserait pas en paix si je n'allais pas avec lui aujourd'hui, alors ce n'était plus la peine de la fuir. S'il travaillait ici, ce serait plutôt facile pour lui de tout savoir à propos de moi, et Dieu sait ce dont il était capable, à part tuer quelqu'un, Dieu sait aussi s'il ne l'avait pas déjà fait un jour...Si je courrais maintenant, il me retrouverait demain et ainsi de suite, autant que d'en finir tout de suite.

J'avais donc pris mon courage à deux mains pour lui dicter mes volontés. Après avoir réfléchi un moment puis hésité à dire quelque chose, sûrement une nouvelle provocation...il accepta. Alors j'avais vraiment réussi à dompter la bête qui se trouvait devant moi ? Cependant, je ne fêtai pas ma victoire et je ne permis pas au sourire de me trahir, je ne pouvais pas. Et je le suivis immédiatement, avant qu'il ne change d'avis. Nous nous mettions donc à marcher à travers le Yard, puis près des salles de cours, avec lui vérifiant à chaque fois que j'étais toujours derrière lui, je ne pouvais plus faire marche arrière. Et je peux garantir que c'était la première fois que le trajet m'avait semblé si long, même les dissertations ou les exposés à présenter ne me faisaient pas cet effet. Cette boule dans le ventre qui grandissait peu à peu et sautillait à l'intérieur, montrait que j'avais encore peur. Mais après une longue marche en silence, nous arrivions à ce qui semblait être une salle de théâtre, je n'y avais évidemment jamais été avant aujourd'hui, puisque je ne suivais pas des cours de théâtre, et ce n'est sûrement pas après ce jour ci que je vais me décider à en suivre...J'écarquillai des yeux quand il me laissa passer devant, il arrivait encore à être galant ? Je ne le comprendrai jamais apparemment...Mon coeur fit un bond quand il ferma à clé, mais c'était certainement pour qu'on ne nous interrompe pas. Qu'on ne nous interrompe pas ? Mais c'est vrai, interrompre quoi au juste ? Nous n'avions pas fini la dernière fois, et s'il voulait recommencer ? Impossible, je n'avais pas gardé son argent, alors il ne pouvait pas. Je chassai tout d'un coup toutes ces pensées, quand il commença se qui ressemblait à un interrogatoire. Il me regardait avec tout autant de détermination et de sévérité, en m'informant qu'il était professeur de théâtre, même si je l'avais instantanément compris...avant qu'il ne me demande de...me présenter ? Pourquoi faire ?

Oh tant pis, j'étais déjà là, seule avec le diable que j'avais déjà trouvé, dans une salle verrouillée à clé. Et je ne pouvais pas m'imaginer dans une pire situation. J'avais envie de le corriger, lui dire qu'il ne me connaissait pas, que je n'ai pas fait ce travail depuis toujours, mais ça il l'avait sûrement constaté la dernière fois...pourtant, je m'abstins. Cette fois-ci il n'y avait plus personne autour de nous, que des murs aussi glacials que cet être qui faisait les cent pas devant moi, me mettant une immense pression. Alors je m'éclaircis la gorge pour prendre la parole. "Je suis étudiante en comptabilité et économie, c'est vraiment tout ce qu'il y a à savoir à mon propos... " Je plaçai mes mains derrière mon dos, croisant mes doigts et jouant avec à cause du stress qui pouvait désormais se sentir dans ma voix. J'espérais qu'il se contenterai de cette futile information. "Mais...mais pourquoi vouliez-vous me parler ? Je n'ai raconté à personne pour... " Je ne continuai pas, il était le meilleur pour savoir de quoi je parlais.

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Je m'arrêtais net, la regardant droit dans les yeux, la fusillant du regard face à ses derniers mots. Me rapprochant tout en plissant les paupières, les poings serrés, je répondais et ce de manière totalement glaciale.  

"Pour ?.... Pour quoi, exactement ?" M'arrêtant, proche de sa petite et frêle personne, je la poussais avec insistance du bout de mon index contre le haut de son torse. Tout en m’avançant, la faisant reculer, je continuais, le regard continuellement foudroyant "Je n'aime pas t'entendre parler ainsi, comme si j'avais fais quelque chose d'horrible..." Je la faisais toujours reculer jusqu'à ce qu'elle se bloque suite à un bureau se trouvant derrière elle. Je restais ainsi, quelques secondes, sans détacher mes yeux fou des siens. Je devais retrouver mon calme, ne pas laisser l'angoisse me contrôler au risque de perdre à nouveau le contrôle...

Me rendant compte de cette proximité trop dangereuse et effrayante, je me reculais brusquement, l'expression paniquée, comme si j'avais du mal à être maître de ma propre personne. Comme si il y avait sans cesse deux Gary, et qu'ils se battaient continuellement à l'intérieure de mon cerveau. J'étais véritablement névrosé, psychotique et le poids de mon esprit torturé commençait à peser sur mes épaules ainsi que sur le peu de coeur qu'il me restait. Tout en baissant la tête, respirant de manière assez forte et me frottant les sourcils, je repris la parole d'une voix un peu plus douce, plus calme. Mon but primaire étant d'éviter le pire, d'éviter quelle me balance ou quelle tombe malade. D'ailleurs, je devais prendre sur moi et lui dire, lui avouer... La sachant étudiante ici, je ne risquerais pas le silence, non... Ça serait sûrement pire.  

"Bref... Bref...." Excédé, stressé, je relevais la tête tout en regardant autour de moi, comme si croiser son regard devenait trop pénible, finalement. Me raclant la gorge, je repris "Je suppose que tu as pas mal d'autres choses à me dire et... Ça tombe bien, moi aussi. Seulement, je ne dirais rien tant que tu ne m'aura pas avoué ce que tu fais vraiment. Ton activité, pourquoi, comment... Nom, prénom.." Me retournant et recommençant à faire les cents pas, lui lançant quelques regards en vitesse, furtivement, je continuais "Et ne me fais pas le coup de l'étudiante inintéressante comme tu viens d'essayer... Tu ne te prostituerais pas autrement..."

Je stoppais mes pas à nouveau, restant immobile, les mains posées sur mon crânes, les bras légèrement relevés. Quelle situation de merde. Et sa ressemblance avec l'autre saloperie n’arrangeait absolument rien. Au contraire. Tout me revenait en tête, Rob, lui, tout, nous, fait chier..

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Ça y est, mon petit moment de gloire était fini. Il avait repris les charges et je ne pouvais plus grand chose. Son regard perçant regardait tout au fond de mon âme. J'eus un sentiment de malaise quand il posa son index sur mon torse, me poussant d'un futil doigt à reculer, jusqu'à ce qu'il me plaqua contre un bureau. Visiblement, ma question l'avait déplu, puisqu'il m'en voulait de l'accuser, comme s'il niait totalement sa tentative de meurtre. A ses yeux, il n'avait rien fait de mal et il jouait parfaitement la victime. Je remuai mes lèvres pour dire quelque chose en ma défense, mais rien ne daigna sortir de ma bouche. Normalement, quand j'étais nerveuse je bavardais sans cesse, mais apparemment c'était différent en ce moment. Car je n'arrivais pas à me défendre, tout ce que je pouvais faire était de prier silencieusement qu'il se retire. Il était si proche et mon souffle était coupé, je ne supportais pas l'avoir trop près de moi, ça me ramenait des souvenirs...douloureux. Je ne pu finalement respirer que quand il recula, pour reprendre son interrogatoire.

Je n'étais pas en mesure de le rétorquer, et lui montrer qu'il avait bel et bien essayé de me tuer cette nuit et que c'était une très très mauvaise chose. Sinon, nous ne serions pas là, et il ne serait pas entrain de me poser des questions qui me concernaient moi et ma vie. Il semblait bien trop accroché à l'idée qu'il était innocent, et que la faute venait de moi, qui n'arrivait pas à supporter ce qu'une fille comme moi devrait...une petite nature, je me rappelais encore de ces deux mots qu'il m'avait balancé ce soir.
Et il n'allait pas non plus lâcher l'affaire de sitôt, puisqu'il insista pour que je réponde à ses questions. De plus, il m'avait assuré qu'il avait des choses à me dire, qu'allait-il me dévoiler ? Allait-il enfin admettre ce qu'il avait fait ? J'en doutais, de par ses pas déterminés qu'il faisait devant moi. J'avais même le tournis à force de l'observer. "Je vais répondre à vos questions, je vous demanderai juste d'arrêter de tourner, j'ai le vertige... " Je n'osai pas le regarder en faisant ma petite demande. "Sinon, je m'appelle Hayley Robbs et...si j'ai eu recours à...cette activité, c'est parce que je n'avais pas de choix.. " Dis-je la tête baissée. "Je n'avais pas d'autres solutions, sinon je devrais laisser tomber mes études et je ne peux pas. Je n'ai que mes études. J'ai eu un problème avec ma bourse et j'ai tout fait pour que ça soit réglé, mais je n'ai pas de réponses depuis presque un mois, la direction de l'université m'envoie sans cesse des rappels. C'est...enfin, voilà, c'est comme ça que je paie mes études. " J'étais toujours debout contre le bureau, les poingts serrés derrière mon dos. Je ne supportais devoir me confesder ainsi devant quelqu'un, surtout pas devant cet homme, qui plus est...était un professeur à l'université. "Vous comprenez ? J'ai vraiment essayé de trouver d'autres moyens, mais rien. Même les autres travaux que je fais à côté, ne paieraient pas mes études à temps. On m'aurait déjà jeté si je comptais sur le baby sitting... " Je me sentais obligée de me justifier devant cet inconnu. Il avait déjà ce regard sur moi, qui me rabaissait. J'espérais qu'entendre mon histoire, pourrait le pousser à alléger ce regard...

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Gary & Hayley

Je m'arrêtais net, la regardant, mes mains toujours posées sur mon crâne. Ça n'allait pas, ça n'allait pas du tout. Plus j'en saurais sur cette fille, plus j'aurais de chances de la faire marcher en faisant du chantage si jamais elle comptait me rendre la vie impossible. Cela dit, malgré mes peurs et mes angoisses, je commençais à comprendre qu'elle disait vrai ; Elle n'avait visiblement encore rien dit à qui que ce soit, tant mieux. Tout en me pinçant les lèvres, plissant les yeux, je l'écoutais me faire son speech. Mon regard attentif plongé dans le sien, j'analysais la moindre de ses paroles, tentant de voir si elle me mentait ou pas. Fort heureusement, j'étais très doué en ce qui concernait de lire dans la gestuelle et le regard des autres ; Grâce à ça et au fur et à mesure de ses mots, je me rendais compte quelle était honnête.

J'écoutais son discours tout en baissant les bras, devenant de plus en plus calme voir même curieux. Je ne m'attendais absolument pas à entendre ce genres de choses. A vrai dire, j'étais même à mille lieux de me douter qu'elle se prostituait pour payer ses propres études. En tant qu'homme, qui plus est très aisé, je ne savais pas réellement ce qu'étais la "galère" financière. Bouche bée, comme un con, je restais planté là devant elle sans savoir quoi répondre. Le monstre fier et égocentrique qui contrôlais la plupart du temps mes faits et gestes commençait à laisser place à un être un peu moins sévère ; Pour tout avouer, je ressentais même un semblant de pitié pour cette Hayley..

Reprenant un souffle normal, essayant de me rendre compte réellement de ce que je venais d'entendre, je regardais derrière moi afin de voir si je pouvais m'asseoir quelque part. Je pris place sur une table, face à mon interlocutrice. J'étais quelque peu décontenancé, les sourcils légèrement froncés, un air soucieux accroché à mon visage. Croisant les bras, ne cessant de la fixer, je répondais d'une voix beaucoup moins agressive que précédemment..

"Et... D'accord...." Me grattant la tête, je déglutis avant de reprendre, sur le même ton, un peu gêné " D'autres personnes, à part moi, sont au courant de cette activité ?.." Je pouvais lire une immense souffrance dans son regard, me renvoyant toute ma saleté, toute la noirceur de mon âme en pleine figure. Bon sang, qu'étais-je devenu ? Tête baissée, l'esprit ailleurs, je ne faisais pas vraiment attention à sa réponse. Cela dit, comme si quelqu'un venait de me pincer, je relevais brusquement la tête, la regardant droit dans les yeux ; Je devais lui dire. D'autant plus si elle continuait à se prostituer. D'autant plus si elle faisait du baby-sitting... L'hépatite B... Je ne voulais pas prendre le risque de la rendre contagieuse face aux autres, face à des enfants sans qu'elle ne le sache. Et puis, il n'était peut-être pas trop tard, qui sait... Prenant mon courage à deux mains, ravalant ma fierté et tout le reste, je lui dis, d'une voix un peu plus sombre "Il faut que je te dise quelque chose maintenant..." Je me relevais, dos à elle, comme si affronter son regard, alors que je lui apprendrais ce que je pensais le pire, était trop difficile. Me raclant la gorge, le point droit sur mon menton, je repris " J'ai... Je suis malade... J'ai attrapé l'hépatite B il y a quelques mois et... Tu sais... Je n'ai pas mis de préservatif la dernière fois..." Stressé, je commençais à me frotter les sourcils avec mon index et mon pouce, les yeux fermés.