Tu ne sais jamais le pourquoi du comment. Les choses arrivent et c'est comme ça. Peut-être que le destin se base sur des actions passées, peut être que tel ou tel chose aurait pu être épargné. Au final, personne ne saura vraiment jamais. Y a les pour et les contres, les paroles et les non-dits. Y a les choses qui blessent et qui font pleurer aussi. Et puis dans tout ça faut savoir trouver le juste-milieu. Celui qui t'empêchera de sombrer, qui te permettra de voir les bons côtés. Tu sauras jamais vraiment si t'as fait les choses bien, ni même si c'était écrit d'avance. Mais tu tires des leçons de tes erreurs et c'est ce qui a le plus d'importance.
« MACKENZIIIIIIIE. » « Mac. » Tu ronchonnes, comme toujours. Et puis tu tires une drôle de tête aussi. Mackenzie c'est trop long. Vachement impersonnelle aussi. Tu n'aimes pas. Où peut être que t'aimes bien, mais que t'as juste envie d'emmerder le monde. Te rebeller contre ton prénom. C'est idiot pas vrai ? Se battre avec un prénom, ça rime à rien. Puis t'aurais pu t'appeler Cunégonde et à y réfléchir, tu préfères garder Mackenzie. Mais tu râles quand même, juste pour râler. Parce que t'aimes bien et que tu t'es levé du mauvais pied. Y a des jours comme ça, tu ne contrôles pas vraiment. Tu te lèves et t'as envie de rien. Rien à part faire des réflexions, tirer une tronche de six mètres de long et foutre tout le monde de mauvaise humeur avec toi. C'est cool, tu partages au moins toi. Les pieds sur le canapé et le regard rivés sur l'écran de la télé, t'écoutes à moitié ta mère rouspéter. Non et puis vraiment ça peut lui faire quoi ? Tu viens de te lever, t'as bien le droit. C'est agaçant, elle est agaçante. Elle râle tout le temps, souvent elle crie. Ils sont perçant ses hurlements d'ailleurs. Peut-être même un peu trop. Tu pourrais presque dire qu'elle te déchire les tympans par moment. Mais tu la laisses faire, c'est encore pire quand tu réponds. Et elle n'arrête pas. Fais pas ci, fais pas ça. Patati et patata. Tu lèves les yeux au ciel, tu soupires et finalement, tu te lèves. Elle a gagné, t'es vraiment pas d'humeur ce matin. Direction la cuisine, ton père est déjà là. Lunette sur la tête et costume enfilé. Il a l'air ailleurs, comme souvent lui aussi. Trop prévisibles, ils sont tes parents. Mais t'aimes bien cette routine, ça ne te dérange pas plus que ça. Tant qu'on te laisse tranquille au final ça te va.
T'as dix-sept ans maintenant, c'est pas bien vieux, mais ça approche de ton entrée à l'université. Tu stresses de ton entrée à l'université parce que c'est Harvard que t'as choisis. C'est pas n'importe où, c'est pas n'importe quoi et rien ne dit que tu ne seras pas refusé. Pourtant, t'y crois. T'as envoyé ton dossier, ta bossé comme une dingue et tu penses avoir plutôt bien réussi les SAT'S. Ce qui ne veut pas dire que c'est le cas. Mais tu ne veux pas aller ailleurs, c'est pas possible pour toi. Tu sais ce que tu veux faire, tu sais où tu vas. Personne t'as forcé, mais, t'iras étudier dans les cosmétiques. Comme ta mère en fait. T'as baigné dedans depuis que t'es gosse et forcément, ça te passionne. Plus que ce que fait ton père en tout cas. C'est trop.. Trop ? Tu sais pas en fait. Mais il est trop dans le futur, il vit en décalé. Il rêve déjà de voir les voitures volées alors qu'elles ont parfois du mal à rouler. Mais tu vas pas briser ses rêves hein ? Non, loin de là. Tant qu'on te laisse avec tes gloss et tes mascaras, y a pas de souci pour toi. Et puis la lettre arrive, le majordome te la donne. Tu stresses tellement que tu l'ouvres même pas. A la place, tu cours dans les escaliers et tu fonces dans la chambre de ton frère ainée. « Erwan, j'ai la lettre. J'ai la lettre. Oh mon dieu, j'vais mourir. Y a la lettre. » A part ça, tu stresses pas. Tu t'affales sur son lit balançant au sol une chaussette sale d'un air dégouté. C'est bien un mec ouais, tu diras pas le contraire c'est vrai. « Lis la moi. Si c'est une mauvaise nouvelle, ce sera ta faute. » T'étais juste pas capable de le faire toi. T'avais trop peur des mots parce que cette fois, tu ne contrôlais pas. Et si c'était non ? T'avais bien sûr de l'argent, mais ta mère risquait de te rendre la vie infernale. Faut gagner vous même votre vie qu'elle dit la vieille mégère. Ouais. Toi t'es quasi sûre que P'pa l'a entretenu la moitié de sa vie.
Et voilà, t'avais réussi. T'étais officiellement admise à Harvard et tes bagages étaient prêts. T'avais l'impression d'avoir attendu ce moment toute ta vie et.. C'était totalement bénéfique pour toi. Premièrement parce que tu quittais le nid familial et ça ne pouvait te faire que du bien et deuxièmement parce que tu rejoignais ton frère. Il était déjà là-bas depuis deux ans et parfois, tu trouvais le temps affreusement long sans sa présence. Beaucoup trop. Tu ne pouvais pas forcément expliquer ce lien qui vous unissez, mais il était réel. Y avait pas de toi sans lui. Cette fusion des caractères, ce besoin d'être tout le temps en sa présence. Les choses avaient toujours été comme ça et tu savais que ça ne changerait pas. Tu pouvais compter sur lui à n'importe quel moment parce qu'il te comprenait mieux que personne et qu'il t'épaulait toujours quand t'en avais besoin. Alors maintenant, t'allais dans l'université de tes rêves et tu ne pouvais pas espérer mieux que ça. C'était un nouveau départ, une nouvelle vie. Quoi que pas si différente que ça. T'étais toujours toi, de l'argent à en pleuvoir, dépensière plus que de raison, un brin capricieuse, colérique par moment, maladroite à souhait et peut être trop sincère. Mais fallait de tout pour faire un monde pas vrai ? Et tu n'avais pas envie de changer. Au moins t'étais authentique, c'était plus que la moitié des gens. T'avais juste ton propre caractère, mais au moins, tu ne te cachais pas sous des faux-semblants.