Etant un Rockefeller, je n’étais pas à plaindre, c’est vrai. Etant plus jeune, j’appréciais particulièrement le fait que mes parents avaient de l’argent car ils pouvaient m’acheter tout ce que je voulais : les dernières consoles de jeux à la mode, j’avais mon propre kwad avec lequel j’adorais parcourir le jardin de long en large, quand on organisait pas des courses avec mes grands frères… A la maison, nous avions une salle de projection pour regarder nos films préférés… J’avais une gouvernante responsable pour s’occuper de moi et qui m’accordais tout son temps, veillant à me distraire et à ce que je ne m’ennuie pas. Avec les années, elle était devenue un peu comme une seconde mère pour moi, la première accordant beaucoup de temps à son travail, tout comme mon père d’ailleurs. Très vite, je m’étais mis à regretter le fait d’être un Rockefeller. J’aurais tout donné pour être comme mes camarades de classe, tout simplement parce que eux, c’était généralement soit leur père ou leur mère qui venaient les chercher à l’école. Moi, c’était ma gouvernante. Bon, c’est vrai qu’elle me gâtait énormément… De par le fait que j’étais le petit dernier de la famille. Et peut-être aussi à cause de mon souci de santé. Avec elle, j’avais souvent droit à un traitement de faveur, surtout lors de mes sorties de l’hôpital. Dans ces moments là, le reste de la journée était consacrée à ce que j’aimais : le cuisinier préparait toujours mon plat préféré et j’avais le droit de me gaver de gateaux autant que je voulais. Oui, j’étais gaté coté matériel et affection du coté du personnel que mes parents employaient. Mais ce qui me manquait le plus, c’était d’avoir mes parents auprès de nous, comme mes camarades de classe. Mais je ne m’en suis jamais plaint. Bien au contraire. Mes frères, mes sœurs et moi avons grandi, mais malgré leur absence, on leur accorde tous un certain respect. On sait tous qu’ils ont fait de leur mieux pour nous, et que, malgré leurs obligations, ils se sont toujours assuré que nous soyons heureux autant que possible. J’avais passé une journée entière et un début de matinée auprès d’eux, à profiter de leur présence, ainsi que de celle de mes frères et sœurs, réunis à la maison et cela m’avait fait un bien fou. J’avais cependant écourté ma visite sachant que le soir même, mes parents étaient conviés à l’une de leur soirée mondaine, et bien qu’ils auraient aimé avoir l’entièreté de la famille auprès d’eux, j’avais gentiment décliné l’invitation. Je n’aimais pas ce genre de soirée. Je savais pertinemment que je serais mieux du coté de l’université. Là, je pourrais retrouver Eä, et je serais à nouveau dans mon élément : je pourrais me contenter d’être moi, plutôt que me forcer à faire mine d’être heureux entouré de personnes qui ne s’intéresseraient qu’à mes études, à mes fréquentations tout en sirotant du champagne hors de prix… Généralement, je fuyais ces soirées comme la peste… D’où la raison de mon retour matinal. Je préférais nettement être auprès de ma meilleure amie. Profitant du fait qu’elle me faisait une petite place à ses côtés, je m’installais auprès d’elle. « Je vais très bien, merci. Mes parents avaient certains projets pour ce soir, qui ne me tentaient pas tellement. Tu vois, le genre de soirée, avec tout leurs amis aussi riches qu’ennuyeux… J’ai jamais compris ce qu’ils approuvaient à se retrouver en leur compagnie… » Je les avais toujours trouvé trop superficiels. Ils accordaient toujours plus d’importance à la fortune d’une personne plutôt qu’à sa personnalité. Pour moi, c’était tout l’inverse. Je préférais me retrouver avec des personnes simples, qui ne se prennent pas la tête avec l’argent. « Je me suis arrangé avec le majordome qui s’est fait un plaisir de m’amener à l’aeroport. Normalement, je devais revenir ce soir, c’est vrai, mais j’ai eu la chance de pouvoir échanger l’horaire de mon vol. Et honnêtement, je préfère être ici. » Sa compagnie était nettement plus agréable. Je ne serais sans doute pas revenu aussi vite si elle avait pu m’accompagner. Sa présence était pour moi quelque chose de vraiment très important et je ne pouvais nier le fait qu’elle me manquait atrocement lorsque je m’en retrouvais séparé. A présent qu’elle était à mes cotés, plus rien ne me manquait. Je l’observais déballer le paquet que je lui avais offert avant de lui accorder un sourire en acquiesçant positivement. « Je t’en prie. On a pas eu la chance de t’avoir avec nous, et comme tu as raté le meilleur, on s’est dit lui et moi qu’il fallait vraiment remédier à ça. Il attends d’ailleurs que tu reviennes à la maison pour que tu lui dise toi-même ce que tu en as pensé. » Sa présence, je pense, avait manqué à tous. Eä faisait déjà un peu partie de la famille, et honnêtement, je n’en étais pas mécontent. Je n’aurais pas apprécié que mon entourage lui tire dans les pattes, elle était trop importante pour moi pour que je leur permette une telle chose. Fort heureusement, le courant était très bien passé directement entre mes parents et elle. D’ailleurs, pendant mon dernier séjour, ils n’avaient pas manqué de me demander de ses nouvelles et m’avaient demandé de revenir avec elle la prochaine fois. Comme si ma présence seule ne leur suffisait plus. Mais je pouvais les comprendre. Je crois qu’Eä les avait charmé comme elle m’avait charmé moi il y a longtemps déjà. Doucement, j’avais fini par hausser un peu les épaules avec un sourire en l’entendant rire. Ca aussi, ça m’avait manqué. « On sait jamais, c'est vrai, mais je veux pas penser au pire. Regarde, ça peut arriver au meilleur de se fouler la cheville et de perdre les sélections... Alors, ça peut t'arriver aussi que tu tiennes bon et que tu arrives aussi loin que tu en aies envie. »