AXEL Y. ROCKWOOD ► Jake Bass

D'abord, tu cries, tu hurles et tu pleures de toutes tes petites forces, comme tous les bébés qui voient le jour pour la toute première fois, finalement. Mais c'est pas un accouchement comme les autres toi, non. Au lieu d'avoir une maman et un papa autour de toi, toi tu as deux papas et une maman qui te font de magnifiques sourires. "Coucou petit chat", "coucou mon ange", "que t'es beau mon cœur", "chéri, il te regarde, c'est super", "il a les yeux de sa maman, mais il a les cheveux de ses papas", "bienvenue au monde petit amour". Tout le monde parle et te regarde, tout le monde t'admire, te contemple et te parle avec de grands sourires. Toi, tu comprends encore rien, personne ne peut t'en vouloir, tu n'es encore qu'un tout petit bébé, alors tu te contentes de regarder tout le monde, l'air ébahis. Une chose est sûre tu n'as jamais manqué d'amour et de tendresse. Tu as toujours été un petit bébé choyé et câliné, gâté par tes parents, des bisous et des câlins des papas, des bisous et des câlins de maman, tout les jours.

Quelques mois après, rien n'a changé, ce sont tes papas qui te gardent chez eux. Ta maman, elle, elle vient le plus souvent qu'elle peut, elle vient te voir presque tout les jours. Des fois, même, elle dort avec vous, elle a sa propre chambre à elle. Parce que si elle t'as porté pendant neuf mois, c'était pour tes papas, elle a fait ça pour eux, en fait. Mais évidemment, tes papas tiennent à ce que tu gardes un contact avec ta maman, et elle, ça l'arrange bien, parce qu'elle ne voulait pas te laisser. Elle veut elle aussi s'occuper de toi le plus possible. C'est tant mieux, comme ça, tu as la douceur d'une maman, la tendresse d'un papa, et la protection d'un autre papa. Pendant les anniversaires et Noël, tu as deux ou trois fois plus de cadeaux que les autres enfants. Certains n'ont qu'une maman ou qu'un papa. Trois fois plus d'amour, trois fois plus de bisous, trois fois plus de câlin, trois fois plus de tout, pour toi. C'est peut-être pour ça que tu es devenu ce que tu es. Un peu trop surprotégé et couvé, du coup, tu as du mal à t'ouvrir aux autres et faire preuve de courage et de virilité.




C'est toujours quand on grandit, que les complications arrivent, toi, tu n'as pas échappé à la règle Axel. Tout petit, tout allait bien, tu as toujours eu une passion énorme pour le dessin et la peinture, cette passion est toujours restée, tu l'as toujours aujourd'hui, en plus, tes parents t'encouragent tout les jours à la garder. Tes parents étaient fiers de toi, ils le sont toujours autant d'ailleurs. La maternelle, c'était génial, tu passais ton temps à dessiner et à jouer avec tes petits camarades. En revanche, en grandissant, tu as commencé à te renfermer sur toi-même et pour causes, les moqueries de tes camarades de primaire te vexaient vraiment. Ils riaient tous de toi parce que tu avais deux papas, et pas un papa et une maman comme eux. T'était différent d’eux et à cause de ça, ils se permettaient de se moquer. Ça t'a vraiment fait mal au cœur, parce que à la maison, t'étais le plus heureux du monde avec tes parents, probablement bien plus heureux et aimé que la plupart des moqueurs qui se fichaient de toi. Cependant, le soir, dans ton lit, il t'arrivait souvent de pleurer, roulé en boule, caché sous la couette. Tu n'as pas pu le cacher bien longtemps, ta maman ne comprenait pas comment c'était possible d’être aussi méchant et moqueur envers un petit garçon comme toi. Tu étais, doux, gentil, calme, attentionné. Tes papas, eux, ils s'en voulaient un peu, ils rejetaient la faute sur eux à chaque fois, ils disaient que si les autres se moquait de toi, c'était parce qu'ils étaient deux hommes ensemble. A cause de ça, tes papas se disputaient souvent, et c'était à ton tour de t'en vouloir. Toi aussi tu pensais que c'était de ta fautes si ils se criaient dessus, le soir. Heureusement que ta maman était là pour recoller les morceaux de tout le monde, c'est grâce à elle que tes papas s'aiment encore autant que le premier jour.

Heureusement que tu avais la peinture et le dessin pour t'échapper. Quand tu peints et dessines, t'es dans ta petite bulle, plus rien ne peut t'atteindre. C'est grâce à ça que tu tiens le coup. Et en plus, tu as les félicitations de tes parents à chaque fois "Bravo petit chat, c'est magnifique!" Des dessins accroché sur le frigo, ça y en avait, sauf que toi, c'était pas des gribouillis minables que tu faisais.




En grandissant, rien ne s'est arrangé, tu t'es même probablement renfermé encore un petit peu plus sur toi, c'était pire. Des moqueries d'enfants, c'est à la limite, supportable. Mais quand on est ado, c'est plus les moqueries le pire, ce sont les coups qui pleuvent. Rien ne s'arrange en grandissant. On peut pas dire que Los Angeles est une ville ouverte d’esprit. T'as failli mal tourner toi, t'as échappé au pire. Dans tes écoles, il y avait de l'alcool, de la drogue, et tout le toutim, mais comme tu ne t’intégrais pas aux autres, tu n'étais pas de ce monde. Un mal pour un bien, finalement. En revanche, bien souvent tu te faisais taper dessus par des grosses brutes. Tu te défendais pas, non, t'es pas violent pour un sous, toi, Axel. T'es pas assez courageux et vaillant pour rendre les coups. Alors, à part te rouler en boule et attendre que ça passe, il n'y avait pas grand chose à faire. Tes papas ont bien tenté de porter plainte plusieurs fois. Ta maman, elle, elle était là pour te câliner et te consoler lorsque tu rentrais en larmes et couvert de bleu et d'égratignure. Tes papas en étaient mal à l'aise, toujours à rejeter la faute sur eux. Tu allais voir un psychologue toutes les semaines, ça ne t'as pas vraiment aidé à grand chose. Mais bon, ça rassurait tes papas, alors tu y allais, pour leur faire plaisir.

Quand on est ado, on a les hormones en ébullitions, t'as pas échappé à la règle, toi, encore une fois. Quand les garçons regardaient les filles et les sifflaient, toi tu étais sur un banc et tu regardais les garçons. Au début tu pensais que c'était dû au fait que tu avais été élevé par deux hommes amoureux. Du coup, t'essayais de te forcer à regarder les filles, ça te branchait pas plus que ça. T'as jamais vraiment eu de relations, à ton âge, tu en as honte d'ailleurs. T'as vingt ans aujourd'hui, il serait peut-être temps de tenter quelque chose avec quelqu'un, Axel. T'es trop timide, la moindre petite chose, t'es gêné, ça te met mal à l'aise, t'es pas rendu. Le moindre petit regard et sourire, ça te chauffe les joues, tu baisses la tête direct, quand ça t'arrive. Déjà t'as pas l'habitude qu'on te fasses des sourire, sauf à la maison. Tu sais pas trop si tu aimes les filles ou les garçons en plus.

Ta maman à été muté, tes papas ont décidé de la suivre. Tu étais plus que d'accord, quitter Los Angeles, pour toi c'était le pied. Quitter cet enfer, quitter cette violence. Maintenant tu as ici, une nouvelle vie, en fait. Pour le moment, ça à l'air de bien se passer, en plus, tu as un petit appartement, rien que pour toi.