{Maylow} The fuck are you doin' here ?

Quelques jours plus tôt, t'étais à Londres, encore plein de paillettes plein les yeux, parce que t'avais revu celui qui comptait le plus pour toi en c'moment, t'avais revu Andy, et t'avais passé tout le week-end avec lui. Alors forcément le jour où tu devais repartir, t'avais eu limite le coeur brisé, parce que t'avais passé de trop bons moments avec lui, et t'avais voulu l'embarquer avec toi à Cambridge. Mais monsieur avait du travail, alors t'avais été obligée de rentrer sans lui, t'avais retenu tes larmes jusqu'à l'aéroport, mais une fois l'embarquement commencé, t'avais pleuré comme un enfant de cinq ans. Tu lui avais promis de lui écrire tous les jours, tu t'en moquais de combien ça te coûterait.
T'étais de retour sur le campus lundi matin, et ton sourire était plus de la partie, parce que tu reprenais les cours en plus, et t'étais fatiguée, t'aurais préféré dormir plus qu'autre chose. T'étais pas en retard, c'était tout ce qui comptais, du coup t'avais le temps pour te prendre un café, et tu déambulais dans les couloirs de l'université, sans vraiment faire attention où tu mettais les pieds. Puis tu t'arrêtais net, le regard vide posé sur cette blonde que tu connaissais que trop bien "Willow..." tu murmurais, presque horrifiée de la revoir, tu t'attendais à tout, sauf à ça.

Reprendre les cours. Le rythme acharné qui m'avait noyée à la première défaillance quelques mois plus tôt. J'avais toute une série de zéros sur mon relevé de notes. Les partiels auxquels je ne m'étais pas montrée. Et dieu que cette situation m'était intenable.

Du coup, j'étais un peu surchargée de travail. Des bouquins plein les bras, des cernes sous les  yeux et un look trahissant clairement mon manque de sommeil couplé au stress grandissant, je courrais d'une salle à une autre. Mais cette fois-ci, je m'arrêtai net.

"May ?" c'était sa voix. Elle venait de dire mon nom. Oh, putain. Non. Elle était là ? Vraiment ? Encore ?... Sous le coup de la surprise, je sursautai à en décoller les pieds du sol. Mes livres s'écroulèrent sur le sol dans une avalanche de savoir à acquérir, de schémas de moelle épinière et de critiques de molière. Je tournai la tête vers elle. Croisai son regard. Mon coeur sembla lâcher. Vibrer. Bordel. Elle était belle. Merde. Mes bouquins. May. Focus.

"Je..." Je m'accroupis pour regrouper mes livres et faire oublier mon petit cataclysme. "Je ne savais pas que tu étais revenue." bafouillais-je, les gestes soudainement tremblants et maladroits.

T'étais en plein cauchemar, y'avait pas d'autre explication possible, ouais voila, en fait tu dormais encore et tout ça c'était qu'un putain de cauchemar. Tu te pinçais, non, c'était bien réel, elle était bien là devant toi. Tu savais pas quoi faire,tu la fixais, elle avait fait tombé ses bouquins qu'elle tenait dans ses bras quelques secondes plus tôt. Toi, tu hésitais entre la laisser en plan et lui tourner le dos, quitte à changer de direction. Mais non, t'étais pas une garce, pas à ce point en tout cas et ta gentillesse légendaire te perdrais. " J'étais pas censée revenir, c'est tout..." Elle paraissait nerveuse, tu la voyais trembler devant toi, tu soupirais et te penchais vers elle, tu l'aidais à ramasser ses bouquins, et tu te rendais compte aussi qu'elle était pas vraiment en forme. "Je pensais que tu serais partie...t'as pas l'air d'aller bien..."

Elle est plantée devant moi, elle et toute sa magnificence, et me voilà comme une conne à ramasser mes bouquins. Pas censée revenir. Evidemment. C'était bien pour ça que je m'étais permis de remettre les pieds dans cette université. Parce que je ne m'attendais pas à la revoir.

"J'étais repartie en Ecosse avec Zelda. Mais je devais revenir pour passer mon diplôme. Je ne pouvais pas vraiment me permettre d'arrêter mes études." Parce que je ne suis pas une gosse de riche comme la moitié des clampins qui se baladent dans ses couloirs. Et que je ne veux pas finir ma vie en temps que serveuse.

"J'ai trop de boulot à rattraper. C'est pas évident." Et là où j'aurais pu m'attendre à retrouver Finn qui avait au moins le mérite d'être un bon professeur, j'avais trouvé un parfait inconnu qui ne m'étais pas d'un grand secours. Je me relevai, récupérant mes livres des mains de May. "Merci." Je la regarde, timide. Cette situation est à la limite du supportable, mais il va falloir que je prenne sur moi. "J'espère qu'on pourra repartir de zéro. Si tu le veux bien." soufflai-je dans un sourire tout de même crispé.

T'avais encore du mal à réaliser que t'étais en face de Willow, comme si tout c'qui s'était passé entre vous n'avait jamais eu lieu, mais c'était pourtant pas la réalité, y'avait bien eu toutes ces tensions, ces mots blessants crachés aux visages de l'une et de l'autre. T'étais pas préparée à ça, la revoir, ici, aujourd'hui, quelques jours seulement après que tu sois revenue. Il fut un temps, où Willow et toi, étiez inséparables, aucun mec n'avait réussi à détruire votre amitié, et pourtant y'avait bien eu ce Finn... Rien que d'y repenser, t'avais cette impression de recevoir des coups de poing dans l'estomac, tu détestais ça.

Tu l'aidais quand même à ramasser ses bouquins, dans un silence presque glacial, tu t'étais jurée d'être hautaine et méfiante envers les personnes qui t'avaient blessée, mais toi aussi t'avais blessé Willow, elle qui était ta meilleure ami. Était, parce que aujourd'hui, tu avais l'impression d'être une parfaite étrangère pour elle, et inversement, parce que quand t'étais partie, tu le lui avais pas dit, parce que pour toi, votre histoire était terminée. Elle t'expliquait pourquoi elle était revenue elle aussi, tu pensais qu'elle serait revenue pour Finn, tu ricanais intérieurement, cet homme avait détruit votre amitié, t'y croyais toujours pas. T'as l'envie irrépressible de lui mettre une claque, t'attends juste la bonne occasion, tu te dois de lui mettre cette claque, que ça sorte, ça te démangeais. Puis elle te demandait si vous pouviez repartir à zéro elle et toi, c'était peut-être ce que t'aurais dû dire au début, mais tu pouvais pas, pas maintenant.

"Ecoute... je sais pas, je sais qu'on a toutes les deux mal agi, peut-être plus moi que toi, j'en sais rien, en fait je m'en fou, c'est du passé, mais rien que te de revoir, ça m'fait repenser à tout ça..."

Tu passais une main dans tes longs cheveux, tu t'rendais compte qu'elle t'avait manqué, peut-être trop, mais tu voulais pas le lui dire, peut-être qu'un geste suffirait. Tu lâchais ton sac, qui s'écrasa par terre dans un bruit sourd et t'attrapais la jeune femme dans tes bras, des larmes qui coulaient déjà sur tes joues, t'arrivais pas à la détester, et putain qu'est ce que tu aimais pas ça.

A qui la faute ? Finalement, je n'en sais rien. J'en ai voulu à May d'avoir été égoïste. D'avoir été prête à me laisser tomber pour un mec qui était revenu des années après leur rencontre. Un inconnu pour elle, en fait. Mais j'aavais eu la bêtise de le "cotoyer", lui aussi. Sans savoir. Puis par dépit. J'avais été stupide. Naïve, peut-être, de croire qu'il y avait une chance qu'elle partage mes sentiments. Je suis une femme ; de fait, loin de ce qu'elle recherche.

"C'est assez étrange, je te l'accorde." dis-je doucement alors que son sac tombe lourdement sur le sol. Elle me prend dans ses bras, sans me laisser le temps de comprendre. Bordel. Son odeur. Ses cheveux. Sa peau. Son corps. Je reste tétanisée le temps d'une seconde, prise dans un tourbillon nostalgique ; dans une centaine de souvenirs, d'images qui s'enchaînes et me laissent sans voix. Finalement, j'ose poser ma tempe contre la sienne, à défaut de pouvoir l'enlacer de mes bras encombrés.

Pendant ces quelques mois, je pense avoir réussi à passer à autre chose ; à me la sortir de la tête. Au moins suffisamment pour reprendre une vie normale. Pour fréquenter d'autres hommes, d'autres femmes. Mais l'on oublie pas un amour profond en un claquement de doigts. "Tu m'as manquée, May." avouai-je, presque malgré moi. J'en avais eu assez de me faire rejeter. D'être recalée en second choix après Finn. De subir toutes ces tensions. Je veux fuir tout ça. Et en même temps, j'ai enfin l'occasion de renouer une fantastique amitié.

T'avais pas réfléchi à c'que t'étais en train de faire, t'avais pensé pendant un instant que c'était ce qu'il fallait faire, que t'oublie tout c'qui s'était passé entre vous deux, tout c'qu'elle avait pu te dire, qu'elle avait pu te faire. Oublier pendant quelques secondes, pendant cette étreinte, qu'elle avait pu avoir des sentiments pour toi. T'espérais sincèrement qu'elle était passée à autre chose, parce que c'était pas facile pour toi de supporter ça une nouvelle fois. Mais revoir Willow, forcément, ça te faisait penser à Finn, et pourtant, en revenant ici, t'avais réussi à l'oublier, à trouver du réconfort avec tes amis, tes proches qui t'avaient acceptée de nouveau à bras ouverts. T'avais qu'un seul véritable amour sur ce campus, et c'était Nemo, parce que ces 4 derniers mois, c'était avec lui que t'avais gardé contact, crée une belle amitié. Alors Finn, tu l'avais oublié. Mais il revenait hanter tes pensées juste en prenant Willow dans tes bras, parce que lui aussi l'avait touchée, embrassée... et t'en frissonnais presque de dégoût, tu te souvenais de ce que t'avais pu lire sur le blog de CS... Willow et Finn avaient couché ensemble pendant que t'étais hospitalisée après t'être faite renversée par une voiture.

Elle te disait que tu lui avais manquée, tu voulais y croire, de tout ton coeur, mais repenser à Finn en train de toucher Willow... T'y arrivais pas, tu repoussais doucement la jeune femme et tu t'écartais d'elle, de quelques centimètres seulement.
"Toi aussi..." mais t'avais du mal à le penser vraiment, t'avais trop mal de repenser à tout ça, mais tu disais rien, tu préférais garder ça pour toi, encore une fois, encaisser et fermer ta gueule. Tu venais tout juste de la retrouver, pas question de la perdre une nouvelle fois.

"Alors comme ça, nous revoilà ici, toutes les deux, j'dois dire que je trouve ça plutôt comique..."